Salut !
Voici le premier chapitre du "Christa's side" ! On entre dès le début dans le background de Christa, j'espère que ma version de ce personnage vous plaira. =3
Je m'excuse aussi pour le retard... J'avais promis que je le publierai dimanche, et on est déjà mardi... Je n'ai aucune excuse, j'ai tout simplement com-plè-te-ment oublié. (^_^)"
Pour ceux qui n'ont pas lu le "Ymir's side" de "Repères", je vous conseille d'en lire les 5 chapitres AVANT de lire celui-ci, puisque ces 2 parties de ma fic ("Repères", donc) sont intimement liées et que les événements de ce chapitre se déroulent après ceux des 5 chapitres précédents.
Je ne sais pas de quoi sera fait le chapitre suivant, je ne sais pas quel "side" ce sera et je ne sais pas non plus quand est-ce qu'il sera écrit et posté (j'espère avant la semaine prochaine).
J'espère que ce chapitre (un peu court, comme d'habitude, mais je fais ce que je peux _) vous plaira, et n'hésitez pas à laisser des reviews !
Ch 6 - Jeudi 15 septembre, midi
"J'ai quelque chose sur le visage ?
- Non."
Christa se tortilla sur sa chaise, mal à l'aise. Ymir était assise en face d'elle, le menton dans le creux de la main, ses yeux fixés sur elle. L'expression de son visage était neutre, de cet air maintenant familier qu'elle arborait parfois en la regardant. À chaque fois que Christa croisait son regard et lui demandait le pourquoi de ce regard pesant, Ymir détournait les yeux, parfois en grommelant ce qui ressemblait à "Rien", parfois sans rien dire.
Mais pas cette fois-là.
La petite blonde baissa le regard sur son assiette et se mit à jouer avec sa fourchette sans jamais la porter jusqu'à sa bouche. Elle se demanda pourquoi la présence d'Ymir l'apaisait alors que son regard la mettait mal à l'aise. Elle ne la connaissait que depuis quelques jours tout en ayant l'impression de l'avoir toujours connue. Lorsqu'elles n'étaient que toutes les deux, son masque de gentille fille parfaite disparaissait naturellement ; elle ne s'en rendait compte que lorsqu'elle devait le rendosser.
Peut être était-ce la franchise et le naturel d'Ymir qui brisaient son masque si facilement. Peut être était-ce la fatigue de toujours jouer un rôle qui aidait la vraie Christa à sortir. Peut être avait-elle attendu toute sa vie de rencontrer une personne sur laquelle les faux semblants n'avaient aucune prise. Peut être était-ce le fait de pouvoir enlever ce masque qui en rendait le port si pénible. Peut être n'était-ce pas une bonne chose. Peut être devait-elle cesser de fréquenter Ymir. Peut être était-ce déjà trop tard.
Personne n'aime les vilaines filles.
Elle enviait l'honnêteté et la liberté d'Ymir.
Elle leva la tête, rencontra le regard de celle qui, en quelques jours, était devenue son amie. Combien de fois lui avait-on dit qu'il ne fallait pas dévisager les gens, que c'était impoli ? Ici, en face d'elle, elle n'avait pas besoin d'être polie. Elle n'était pas obligée d'être 'Christa', elle pouvait être elle-même. Elle pouvait dévisager celle qui ne s'en privait pas depuis plus de dix minutes.
Ymir était grande et athlétique. Sa peau mate était constellé de tâches de rousseur, autant sur les joues que sur les bras et la nuque que dévoilait son tee-shirt. Son visage aigu, aux traits fins et nets, était encadré par deux mèches d'un châtain sombre presque cuivré. Ses cheveux courts étaient retenus par un élastique qu'elle savait noir, dégageant son cou.
Lentement, prudemment, elle remonta vers ses yeux. Ils étaient d'un brun clair et mouvant aux reflets d'or liquide, immuables et hypnotisants.
Insondables et intenses.
"Tes yeux…"
La voix d'Ymir, basse et lointaine, la fit remonter des profondeurs dorés dans lesquelles elle s'était plongée.
"On dirait un ciel sans nuages."
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, déjà levée pour aller débarrasser son plateau. Christa jeta un coup d'œil vers son assiette, qu'elle avait à peine touchée. Son estomac se noua en prévision de ce qui l'attendait.
Elle n'avait pas faim.
Lorsqu'elle rejoignit la grande brune à la sortie de la cafétéria, celle-ci lui tendit une pomme, qu'elle refusa d'un signe de tête.
"Non merci, je n'ai plus faim.
- Te fous pas de moi, t'as rien mangé." Elle fronçait les sourcils, une lueur d'inquiétude dans le regard.
"Je t'assure, je n'ai pas-
- Si tu ne manges pas cette pomme tout de suite, je te l'enfonce dans la bouche."
Son sourire se fana. Le ton de sa voix était dur, froid et sans appel. Elle prit la pomme et la croqua sous le regard inquisiteur d'Ymir, qui tourna les talons à sa troisième bouchée. Elle lui emboîta le pas sans y penser, tiraillée entre irritation et reconnaissance.
Irritation, parce qu'elle n'avait vraiment pas faim et qu'elle n'était plus une gamine depuis - trop - longtemps. Elle n'avait pas besoin qu'on s'occupe d'elle.
Reconnaissance, parce que personne ne s'était vraiment soucié d'elle depuis ce qui lui semblait des siècles. Ymir s'inquiétait pour elle et le lui montrait à sa manière, sans prendre de détours .
À l'extérieur, le ciel était blanc tâché de bleu et l'air était chaud, mais supportable grâce au vent qui soufflait aléatoirement ses rafales. Christa laissa Ymir les mener vers un banc inoccupé sur le côté duquel elle se laissa tomber en lui laissant la place nécessaire pour s'asseoir. Elle étendit ensuite ses bras sur le dossier et pencha sa tête en arrière, les yeux clos. Un rayon de soleil filtra de derrière les nuages, inondant son visage de sa lumière jaune. Sa peau cuivrée brillait. Une goutte de sueur glissa le long de son front jusqu'à sa joue, traversa le champ de tâches de rousseur et descendit jusqu'à atteindre la ligne de sa mâchoire. Elle y resta accrochée une fraction d'instant puis dévala la pente de son cou avant de disparaître sous le tissu bleu de son tee-shirt. Sa taille était soulignée par une ceinture noire cloutée. Ses longues jambes s'étendaient devant elle, couvertes d'un pantalon noir coupé droit et terminées par des baskets, l'une légèrement pliée et l'autre tendue.
Les yeux de Christa remontèrent lentement vers son visage endormi. Elle n'avait jamais remarqué que ses cils étaient si longs, ni à quel point elle était belle, à sa manière. Ce n'était pas une beauté standard ou élégante, ou même raffinée… C'était plus difficile à saisir, plus subtil et surtout plus vrai. Elle n'était pas seulement belle à voir, elle inspirait le respect. Christa eut un pincement au cœur. Elle n'était qu'elle même et elle était magnifique.
Le soleil repassa derrière les nuages et l'ombre retomba sur Ymir, brisant l'état de contemplation dans lequel elle s'était plongée. Elle redirigea son regard droit devant elle. Quelle heure était-il ? Elle sortit son téléphone de sa poche, il lui indiqua treize heures moins vingt. Christa soupira.
Déjà...
Contre son dos, le bras d'Ymir était chaud. La cours était calme, le fond de l'air était agréable. Elle n'avait pas envie d'y aller. Toutes les fibres de son corps lui disaient de rester là, de profiter de ces minutes arrachées à ses obligations, de poser sa tête contre l'épaule d'Ymir et de s'endormir dans sa chaleur, comme deux jours plus tôt dans les jardins d'Utgarde. Mais Christa n'avait pas le droit d'être égoïste.
Elle poussa un nouveau soupir et se leva à contrecœur, la mine sombre. Elle enviait tellement Ymir et son sommeil profo- Une main ferme se referma sur son poignet, la tirant en arrière.
Peut être pas si profond que ça, en fait…
Christa lutta pour se libérer, mais Ymir la tenait d'une poigne de fer et elle finit bien vite par retomber sur le banc.
« Aïe ! Ymir, lâche-moi ! Qu'est-ce qui te prend ? »
La prise sur son poignet se relâcha un peu, mais pas suffisamment pour lui permettre de s'en échapper.
« ...greumpft 'chi.
- Hein ?
- ...reste 'ci. » répéta-t-elle en marmonnant dans sa barbe, les yeux mi-clos et les sourcils froncés.
« Je dois y aller, Ymir, laisse-moi partir. Rendors-toi.
- mpf. T'peux cr'ver.
- Ymir, lâche-moi, il faut vraiment que j'y aille...
- Non. T'pas envie d'partir. Reste.
- Mais si, j'ai très envie de partir !
- M'teuse. » grogna-t-elle en refermant les paupières.
Le cœur de Christa se serra.
Tu n'as pas idée à quel point…
« Je vais être en retard, Ymir... S'il-te-plaît... » supplia-t-elle en dernier recours.
« ...grmpf. Sois pas en r'tard. »
Ses doigts lâchèrent son poignet avec dépit et son bras repris sa place sur le dossier du banc. Christa lui jeta un dernier regard plein de regrets, puis elle tourna les talons en direction d'Utgarde.
Madame Reiss ne supportait pas qu'elle soit en retard.
« Guten Nachmittag, Vater. »
[Bonjour, père.]
Ce mot sonnait toujours aussi étranger lorsqu'elle le prononçait.
« Ah, Historia ! J'ai failli attendre.
- Je suis désolée, père.
- Tu dois être plus rigoureuse. Viens, assieds-toi. »
Christa s'approcha du lit où reposait Monsieur Rei- son père et pris place sur la chaise du garde-malade. Il lui tendit sa main et elle la baisa, avant de la reposer délicatement sur le matelas. Il lui prit la main et y exerça une légère pression. Sa peau était froide.
« As-tu eu les résultats du test de compétence de français ?
- Oui, j'ai eu la note maximale.
- Très bien. Et les élections des délégués ? Quand sont-elles ?
- Demain à 8h, père.
- Tu as prévu de t'y présenter, n'est-ce pas ?
- Oui, père. J'ai déjà fait savoir à mon professeur principal que j'étais volontaire.
- Bien. »
Un silence pesant s'installa. La chambre sentait le parfum haut de gamme et le médicament. Par la fenêtre, elle pouvait voir les nuages qui recouvraient maintenant totalement le ciel. Il faisait chaud et lourd, la transpiration coulait dans son dos en la faisant frissonner. La main de Monsi- de son père était moite autour de la sienne.
Monsieur Reiss. Son père. Ces deux mots ne s'associaient pas dans son esprit. Ils étaient séparés par un gouffre infranchissable, une faille dont elle ne connaissait que trop bien la cause. Mais Monsieur Reiss était malgré tout son père.
Elle se sentait mal.
« Hum, père ?
- Oui, Historia ?
- Le- Les cours vont bientôt reprendre, suis-je autorisée à prendre congé ? Je ne voudrais pas être en retard. »
La main moite lâcha la sienne en y laissant une tâche de sueur. Cette chambre était beaucoup trop petite.
« Cela serait en effet regrettable. Tu as mon autorisation.
- Merci, père. Auf wiedersehen, Vater.
[Au revoir, père]
- Auf wiedersehen, Historia. »
