OS écrit pour la Nuit du FoF sur le thème Allumer.
C'est plutôt OOC, mais c'est le but, enfin, le but, c'est de montrer que quelque chose change.
Bonne lecture !
Les yeux d'un garçon
Minami était une personne pure, que l'on soit clairs. Dans sa vie, en dehors de sa famille, il y avait deux choses importantes : le patinage, et Yuri Katsuki.
Jusqu'ici, ça ne lui avait posé aucun problème de conscience, parce que, comme lui, Yuri Katsuki était plutôt pur, en tout cas, dans sa façon de patiner. Et puis quelque chose était arrivé, soudain, aussi violemment qu'un tremblement de terre ou une apocalypse zombie. Certains appelleront ça l'adolescence, mais mince, il avait déjà dix-sept ans. À présent, il les comprenait, ses camarades de classes. Enfin, pas forcément les garçons. Il ne devait pas être tout à fait normal. Cette catastrophe naturelle, Viktor Nikiforov l'avait baptisée Éros, mais ça n'était pas si conceptuel, pas si complexe que la notion d'Éros.
C'était les yeux d'un garçon.
Parce que Minami avait appris à ses dépends qu'une chose aussi minuscule que des yeux pouvait foutre le feu à tout son corps, pour qu'il soit aussi rouge que ses cheveux, aussi brûlant que le Sud dont il portait le nom, et qu'allumer quelqu'un, comme on allume une bougie, une clope ou une cheminée, ça voulait dire quelque chose.
Et Minami avait peur.
Parce qu'il savait pour l'avoir vu que Yuri ne voulait pas l'allumer lui, non, celui qui devait brûler, c'était Viktor Nikiforov, lui n'était qu'un vulgaire dommage collatéral, pour une flamme unilatérale. Autant le dire, il se consumait tout seul, il se flinguait au feu dans l'obscurité de sa chambre, et il allait juste finir comme un tas de cendres froides, seul et noirci comme sa pureté condamnée au bûcher par une étincelle cruelle qui ne viendrait même pas le voir.
Alors, il fit tout ce qu'il savait faire. Il se rua à la patinoire, et mit au point un nouveau programme. Cette chorégraphie, il voulait la créer lui-même. Un programme court, puisqu'il brûlerait vite. Il n'aurait jamais cru s'assimiler un jour à un méchant de Disney, pourtant, il avait passé des nuits entières à arranger la chanson de Frollo.
Tant pis s'il tombait, tant pis si les trois quadruples de ce programme le laissaient sans souffle, tant pis s'il foutait ses jambes en l'air (ah), tant pis s'il foirait ses combinaisons et tant pis s'il ne se ressemblait plus. Alors, tandis qu'Hellfire remplissait ses écouteurs, il se laissa se ruiner les jambes sous les yeux désespérés de son entraîneur. Il ne pouvait rien faire pour lui. Il allait détruire son image si jamais il dansait ça en public. Mais Yuri Katsuki l'avait fait, et ça avait fonctionné. Alors il espéra, tandis que la glace frappait son visage, qu'un jour son aîné regarde ce programme, et se reconnaisse en cette Esméralda infernale, en cette brûlure dans ses veines. En tentant de se rattraper de son dernier quadruple, il se prit la barrière, mais continua. Puis recommença. Le gérant de la patinoire n'osait pas l'interrompre. C'était évident pourtant, qu'il se foutait en l'air. Minami lui-même le savait. Mais il avait compris les filles de sa classe. Il avait compris que si quelqu'un avait la cruauté de nous allumer et de partir sans brûler avec nous, on pouvait se laisser cramer le sang, oui, qu'on pouvait faire tout ça pour une chose minuscule.
Pour les yeux d'un garçon.
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Voilà !
Hm. Oui, je shippe Yuri et Minami. Et alors ? La différence d'âge n'est pas si importante.
Dites-moi ce que vous en avez pensé !
