La guerre nous a tous fait grandir beaucoup trop vite.
Il me semble si loin le temps où nous étions tous les trois à Poudlard. Moi et Harry plus préoccupés par le prochain match de Quidditch, toi obnubilée par tes devoirs.
Pourtant, Harry avait déjà ce poids sur les épaules, cette responsabilité qu'encore aujourd'hui j'ai du mal à accepter….

Harry était le héros, toi le cerveau et moi l'imbécile heureux. Ça a toujours été comme ça.
Je souhaiterais que rien n'ait changé, être toujours cet imbécile heureux, capable de rire de tout et inconscient des dangers qui nous entouraient….

Mais j'ai la preuve, sous mes yeux que cette époque est révolue. Il est loin le temps où ma plus grande peur était une araignée géante….

C'est toi, qui gît sous mes yeux, à moitié nue, battue, violée, morte… tuée par ces mangemorts…

Les larmes coulent sur mes joues sans que je puisse détourner mon regard de ton corps sans vie…
Tu es près de moi, pourtant, je sens tes mains sur mon bras ; Quelque part dans ma tête, j'entends ta voix qui m'appelle, qui me supplie te regarder. Cette voix qui me dit que tu es encore en vie, que ce que je vois n'est pas vrai…
Je le sais, mais je n'arrive pas à détourner les yeux.

Oui… c'est bien la preuve que nous avons grandi… cet épouvantard de toi… la preuve que plus jamais rien ne sera comme avant…
Je sais que cette image ne quittera plus jamais mon esprit. Toi, morte, humiliée, blessée dans des derniers instants… morte….

- RON !

Je sursaute et cette fois mes yeux rencontrent les tiens. Tu pleures, toi aussi, et à travers tes sanglots, tu murmures des mots que je ne comprends pas.

Tu me sers soudain dans tes bras et je sens cette odeur d'amande douce et de vieux parchemin que j'aime tant :

- Je suis là… je suis là, Ron…

Je ferme les yeux, essayant vainement de chasser cette horrible vision de ma tête en te serrant plus fort contre moi.
Par Merlin, jamais je ne me le pardonnerai… jamais je n'oublierai…

Je sais que tu es là, mais je ne peux plus m'arrêter de pleurer de manière irrationnelle :

- Ron, s'il te plaît… parle-moi…

- Je t'aime…

Je te sens tressaillir dans mes bras. Tu as raison, je suis un idiot. Pourquoi ai-je attendu si longtemps pour te le dire… Même quand tu étais dans mes bras, presque morte, je n'ai pas pu te le dire… et maintenant… maintenant j'ai besoin de te le dire. Te le dire encore et encore….

Tu lèves les yeux vers moi, surprise et caresse doucement ma joue :

- Ron… ?

- Je t'aime tellement…

Tu souris tristement et m'aide à me relever avant de m'éloigner de ton corps sans vie. J'entends quelqu'un, probablement Harry, crier « ridikulus » tandis que nous sortons.

Nous quittons la pièce et nous arrêtons dans le couloir, tu te postes devant moi et me fixe de ton regard chocolat, prenant fermement mon visage entre tes mains :

- Ce n'était pas moi, Ron…

- Tu… tu…

- Non, Ron !

- Ça aurait pu arriver… ! Tu étais presque morte quand je t'ai trouvée… ils t'avaient… ils t'ont…

Je suis incapable de continuer et enfouis mon visage dans tes cheveux.

- Ron…

Ta voix tremble, et je sais que malgré tous tes efforts, toi non plus tu n'oublieras jamais…

Doucement tes lèvres rencontrent les miennes et pendant un instant, j'oublie la douleur, la peur et la tristesse qu'a provoquées cet épouvantard….

- Je t'aime, moi aussi…

La guerre est finie mais a laissées des séquelles…

Nos cauchemars, cet épouvantard, les cicatrices sur ton corps… tout ça ne disparaîtra probablement jamais. Mais maintenant, on est tous les deux pour le supporter.

Alors mes lèvres t'embrassent à nouveaux, et tout le reste disparaît…
Plus rien n'a d'importance à part toi… plus rien n'aura jamais d'importance à part toi…
Parce que je t'aime et que tu es tout pour moi…
Oui, tous les deux, on surmontera ça...