Titre : Toi, mon arc-en-ciel…
Genre : TS Songfic slash Ryûichi Sakuma / Seguchi Tohma
Résumé : Je suis tombé amoureux de toi il y a bien longtemps, juste parce que le ciel est passé du gris au bleu. Destins liés de Ryûichi et Tohma. LEMON SONGFIC
Rating : M
Disclaimers : Persos de « Gravitation » de Maki Murakami, la chanson « Good Friday » de Cocorosie et « Sleepless beauty » des Nittle Grasper.
Playlist conseillée pour ce passage / écoutée au moment de l'écriture : Cocorosie - Good Friday
Note : paroles de la chanson :
I once fell in love with you
Just because the sky turned from grey
Into blue
It was a good Friday
The streets were open and empty
No more passion play
On st. Nicholas avenue
I believe in st. Nicholas
Its a different type of Santa Claus
nom de famille + suffixe "san" : marque de respect et de distance affective.
prénom + suffixe "san" : marque de respect mais personne plus proche.
prénom + suffixe "chan" : marque d'intimité (famille ou ami) - cette idée d'intimité est renforcée si on emploie le diminutif du prénom.1ERE PARTIE : la pluie
I once fell in love with you / Just because the sky turned from grey / Into blue…
Je suis tombé amoureux de toi il y a bien longtemps, juste parce que le ciel est passé du gris au bleu…
Dès lors, nous ne sommes plus quittés. Rien ne nous séparait, pas même quand tu es parti aux Etats-Unis pour y prendre des contacts. Nos retrouvailles n'en ont été qu'intensifiées. Etre avec toi était un éternel ciel bleu. Aucun nuage, aucun vent froid. Juste l'éclat lumineux de ton regard et le soleil de ton sourire.
Le beau temps ne dure pas. Le nôtre aura duré presque vingt ans. Nous nous sommes connus, enfants ; nous nous sommes amusés, adolescents ; nous nous sommes aimés hommes, puis quittés.
Trois ans se sont écoulés depuis mon départ. Les choses ont changé, nous avons changé. L'avion atterrit dans quelques minutes et je suis très excité et inquiet de te revoir. Comment es-tu, Tohma-chan ? Seras-tu à l'aéroport à m'attendre ?
Quand Ryûichi descendit de l'avion, il y avait Noriko et Mr K. Son cœur se serra. Ainsi Seguchi n'était pas venu. Il avait repassé la scène de leurs retrouvailles des milliers de fois dans sa tête et là, tout espoir éclata comme une bulle de savon. Noriko lui sauta dessus, manquant de le renverser.
« Ryû-chan ! Tu es magnifique ! Tu m'as manqué ! Comment s'est passé ton vol ? Tu as faim ? Tu veux te reposer un peu ? »
Le chanteur ne put que sangloter doucement. Il se laissa entraîner à l'extérieur de l'aéroport.
« Ryû-chan ! Ne pleure pas ! Tu es enfin rentré chez toi !!!! »
La jeune femme pleurait elle aussi, mais de joie… Une goutte venant du ciel, puis deux, puis trois les tirèrent de leur étreinte. Noriko tira Ryûichi et ils s'engouffrèrent dans la voiture que K conduisait. Cheveux Violets bavassa tout le trajet, énumérant tous les potins de ces dernières années. Machin avait rencontré Bidule, Truc s'était cassé une jambe au ski, Tohma-chan s'était marié et avait monté la maison de production : NG Prod, Je-sais-pas-qui avait ouvert un restaurant. Tohma… marié ?? Tohma… marié…
Sakuma pâlit légèrement et serra sa peluche contre son cœur. Il n'écoutait plus.
« Tohma-chan… est… marié ?, réussit-il difficilement à articuler.
- Oui ! Tu ne savais pas ??? Ça fait deux ans pourtant ! Oh ! Je suis étonnée que tu ne le saches pas. »
Lui n'était pas étonné de ne pas le savoir. Etant donné la manière dont ils s'étaient séparés, pourquoi auraient-ils gardé le contact ?
« Eh ! Ryûichi ! Ça va ? »
Le chanteur regarda son amie. Elle avait l'air inquiet :
« Ryû-chan ! Qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi tu es tout pâle ? Tu as trop mangé dans l'avion ? Et ne serre pas ce pauvre Kumagoro ! Tu vas l'étouffer ! »
J'ai pris mon air benêt et j'ai ri.
« Noooooon ! C'est pas moi qui aie trop mangé dans l'avion, c'est Kuma-chan !
- Il a bon dos, ton Pinou ! », rétorqua gentiment la jeune femme.
Noriko avait toujours connu son ami avec le lapin rose mais personne ne savait depuis combien de temps exactement Ryûichi avait sa peluche. Personne excepté Tohma… Ryûichi soupira. Tout cela remontait à si loin. Ils n'étaient que des enfants. Le chanteur devait avoir sept ans. Il pleuvait à verse. Une bande de sa classe lui avait volé son doudou, une girafe bleue, l'avait mise en pièce et jetée dans les toilettes. Les méchants enfants réservaient le même sort à Ryûichi mais Tohma était intervenu. D'un an leurs aînés, il effraya la bande qui s'échappa sans demander son reste. Ryûichi ne sut jamais ce qui s'était passé et comment Tohma avait fait. Malheureux, le petit enfant qui avait perdu sa girafe s'était isolé du monde et se recueillait, pleurant à chaudes larmes sur les maigres restes de tissu bleu. Tohma avait monté la garde puis avait ramené le pauvre Ryûichi chez lui. Le lendemain, il avait amené sa peluche de naissance, Kumagoro, et l'offrit à Ryûichi pour le consoler.
« Tu ne seras jamais seul comme ça et il te protègera, lui avait dit le petit garçon blond. Il sait même se battre. Quand quelqu'un t'embête, tu prends Kuma-chan et le fait voler vers l'ennemi. C'est le Kumagoro magical beam. »
Depuis ce jour, le lapin rose et le chanteur ne s'étaient plus quittés.
La voiture roulait toujours à travers la ville. La circulation était importante à cette heure-là de la journée mais K avait plus d'un tour dans son sac.
« Je suis étonnée que Tohma ne t'ai rien dit pour son mariage, » répéta Noriko, toujours intriguée.
Nouveau soupir de Ryûichi. Si elle avait su ce qu'il s'était passé entre le chanteur et le claviériste trois ans auparavant, elle n'aurait pas autant insisté.
Flash-back, trois ans plus tôt…
La tournée nationale avait été fantastique et s'était soldée par quatre concerts exceptionnels à Tokyo au lieu des deux dates prévues. Ces vacances étaient plus que méritées avant un retour aux studios pour la préparation de leur troisième album. Noriko partait avec sa petite famille dans la baie d'Ise, son mari ayant pu avoir des congés.
« Et toi, Ryû-chan, tu fais quoi ? Vous partez quelque part avec Kumagoro ?, demanda Tohma.
- On va manger des glaces !, s'exclama gaiement le chanteur. Mais pas trop parce que sinon Kuma-chan ne rentrera plus dans ses petits vêtements roses. Il est gourmand, murmura-t-il sur un ton de confidence.
- J'en connais un autre de gourmand… Ça vous dirait de passer quelques jours avec moi ?
- Ouuiiiiiii !!! Tu vas où Tohma-chan ?
- Dans une retraite au calme, un sanctuaire caché dans les montagnes mystiques de l'Hokkaido..., répondit-il mystérieusement.
- Retraite ? Tu arrêtes de jouer ? »
Le musicien rit. Non, il n'arrêtait pas le groupe ! Il allait dans un ancien temple bouddhiste, là où les sages se retrouvaient pour méditer. De nos jours, le temple avait été aménagé pour accueillir ceux qui cherchaient calme et repos. Le rotenburo du temple le délasserait des fans et de la foule. Alors, Ryûichi voulait-il venir ??? Bien sûr ! Il applaudit ! Il adorait les sources chaudes et les bains en plein air.
« Bien... On part après-demain ? Vous serez prêts ? Je sais à quel point Kumagoro peut être long pour choisir ses affaires.
- Tu n'as qu'à nous aider Tohma-chan !, rit le brun.
- Ça aurait été avec plaisir, mais j'ai quelque chose à faire avant de partir.
- Tohma-chan veut passer du temps avec Mika-chan, gloussa le chanteur.
- Je dois rendre visite à la famille Uesugi, en effet, confirma Tohma avec un sourire sans chaleur. Mais ça ne sera pas long, ne t'inquiète pas. Allez, on va passer des super vacances rien que nous deux !
- En amoureux avec Kuma-chan.
- Oui, répondit le claviériste, un sourire chaud aux lèvres. Allez, file sinon Mr. K va me tuer, » conclut-il en donnant une petite tape sur ses fesses.
Ryûichi déposa un petit baiser sur sa joue et après un signe de la main énergique, il courut vers son manager. Tohma, lui, héla un taxi et s'y engouffra.
Le chanteur était surexcité et ne choisit que ses plus beaux vêtements. Il adorait Tohma ! Non, il ne l'adorait pas, il l'aimait. Et là, ils allaient être seuls…
ooOOoo
Les une heure trente de vol entre Tokyo et Sapporo s'écoulèrent rapidement. Là, ils louèrent une voiture et arrivèrent au bout de quarante-cinq minutes à l'entrée d'un temple.
« C'est un lieu de méditation alors... je vais être calme, expliqua Ryû.
- Tu peux être toi-même, on ne sera que toi, Kuma-chan et moi.
- Pas de moines ? Tu as loué l'endroit ?
- Plus ou moins. En fait, les moines n'utilisent plus cet endroit que comme source de revenus pour les gens en quête de repos et je connais un moine qui a écouté ma demande.
- Pourtant... je suis pas toujours reposant. Je vais... me reposer de moi-même, soupira-t-il, un imperceptible éclair de lassitude dans le regard.
- Je suis sûr que ces vacances nous feront le plus grand bien, à toi comme à moi. »
C'était un petit temple modeste. Ils sortirent les bagages de la voiture et Tohma lui fit faire le tour. Il y avait trois chambres sobres, une petite cuisine, un coin d'eau et des bains à l'extérieur. A 11h30 et 19h, une gentille vieille dame viendrait pour entretenir les bains et préparer les repas.
« Ça fait longtemps qu'on a pas été tous les deux, murmura Ryûichi.
- C'est vrai... trop longtemps… Je te montre ta chambre et on va prendre un bain pour se détendre du voyage ?
- Ouiiiii, » couina le brun.
Les deux jeunes hommes se préparèrent chacun dans leur chambre mais c'est Ryûichi qui fut prêt le premier. Sa serviette autour de la taille, il attendit son ami sur le seuil de sa chambre qui ne tarda pas à le rejoindre quelques minutes plus tard. Ce dernier le prit par la main :
« Viens, c'est par là, » expliqua Tohma en l'entraînant par la main vers le rotenburo.
Sakuma frémit légèrement :
« Tu ne m'as jamais pris par la main…, murmura-t-il. Ah si… »
Et un joli sourire éclaira les traits fins du chanteur.
« Ah oui ? Et quand ?, demanda Tohma.
- Quand on s'est rencontrés… Je pleurais et tu m'as ramené chez moi… J'avais sept ans.
- Oui… C'est vrai. »
Les bains étaient composés d'un bassin d'environ quatre mètres sur trois creusé naturellement dans la roche. Il fallait faire attention car la profondeur allait de quarante centimètres à un mètre quarante. Une barrière de bambou protégeait l'eau légèrement fumante. Seguchi dénoua sa serviette et la posa sur un petit banc en bambou. Sakuma déglutit. Il était en plein rêve.
« Ça me rappelle quand on prenait notre douche ensemble, parfois, murmura le blond en retirant la serviette de Ryûichi. On a bien grandi depuis, dit-il en contemplant son ami. Tu viens, Ryû-chan ? »
Une fois de plus, le chanteur accepta la main offerte.
« Attention, c'est chaud, » l'avertit le claviériste.
Ryû se glissa avec volupté dans l'eau chaude en gémissant doucement :
« J'adoooooore l'eau chaude. »
Il ferma les yeux et savoura la sensation de chaleur. Il ne les rouvrit qu'une fois installé. Seguchi s'assit à ses côtés et ne put détacher ses yeux de son ami. Ryû s'aperçut de l'insistance du regard.
« On dirait que tu ne m'as jamais vu, » gloussa-t-il.
Pris en faute, le blond rougit et détourna vivement le regard. Il n'avait pas voulu le gêner.
« Ça... ne me gênait pas…
- Ryû-chan..., commença Tohma, en le regardant à nouveau.
- Tout va bien ?
- Je... Je ne sais pas. Ces derniers temps... ont été tellement intenses que je ne sais plus où j'en suis, je crois.
- C'est... la tournée puis... ça devient sérieux avec Mika-chan.
- Non, ce n'est pas ça... »
Seguchi s'interrompit. C'était douloureux de parler. Il ne savait pas quels mots employer ou pas. Pourtant l'endroit était propice. Attention, il n'avait pas choisi d'amener Ryûichi ici dans le but de lui parler mais… la quiétude environnante s'y prêtait tellement… Il poursuivit donc.
« On se connaît depuis... si longtemps. Tu sais que je t'ai toujours aimé, tu es mon meilleur ami. Mais... Mais quand... quand je te vois sur scène... tu es tellement magnifique... Tellement... »
Ryû posa sa main sur celle de son ami, comme pour l'encourager. Tohma sursauta à ce contact.
« La musique... ça fait briller, expliqua simplement Ryûichi.
- Toi tu ne brilles pas... Tu es un dieu, » susurra Tohma.
L'autre musicien lui effleura la joue de sa main libre et, presque inconsciemment, il rapprocha ses lèvres de celles de Sakuma mais se reprit et recula.
« Pa... pardon.., bredouilla-t-il. Pardonne-moi. »
Il s'éloigna mais le brun le retint :
« Tu… Tu en as envie ? »
Tohma resta sans voix de longues secondes. Il parvint enfin à répondre :
« J'en meurs d'envie... »
Le cœur de Ryûichi explosa. Sans réfléchir, il glissa vers son ami et grimpa sur lui à califourchon. Il passa une main hésitante dans les cheveux blonds et colla presque ses lèvres à celles de Tohma :
« Tu es sûr ? »
Pas de réponse. Pas de réponse verbale du moins car une des mains du claviériste caressa la hanche du brun et son regard criait « J'ai envie de toi mais j'ai peur. »
« Tu es déjà allé avec un garçon ?, demanda doucement Ryû.
- Non…, répondit-il dans un souffle. Et… et toi ?
- Parfois… oui… »
Dès le début de sa sexualité, Ryûichi avait aboli les barrières fille et garçon. Il papillonnait de l'un à l'autre indifféremment. Parmi ses partenaires, il avait juste recherché un bien-être presque enfantin. Il pensait que le sexe lui apporterait l'amour, ou du moins le remplacerait. Mais à chaque fois il était déçu. Il manquait toujours quelque chose. Il poursuivait sa quête sans distinction de genre.
« Apprends-moi, s'il te plait…, » le supplia presque Tohma.
Faisant fi de son attachement à Mika-chan, il embrassa Tohma. D'abord sans la langue mais au deuxième baiser, Tohma l'invita à la glisser sa langue en entrouvrant doucement ses lèvres. Ryû s'insinua dans sa bouche et commença à onduler contre lui.
Gourmand, Seguchi approfondit le baiser pour le goûter pleinement. Il laissa même glisser une main le long du torse et l'explora. Jamais il n'avait touché de garçon mais il y avait souvent pensé et là, c'était Ryû de surcroît. Les caresses ardentes du brun contrastaient avec les caresses timides du blond sur le dos… puis la chute des reins… puis la fesse ferme…
« Dis-moi si je m'y prends mal... Je... Je ne suis pas très doué.
- Tu embrasses très bien, Seguchi-san, le réconforta Ryûichi.
- Tu m'inspires, Sakuma-san, » gloussa Tohma avant de reprendre possession des lèvres de son ami.
Tohma le prit par la taille et inversa leurs positions : lui aussi voulait se frotter. Le claviériste l'embrassa puis égara ses lèvres sur le visage, puis le cou tendre. Ses mains, elles, exploraient chaque centimètre carré de peau. Il ondulait de plus en plus frénétiquement. Il saisit une main coquine de Ryûichi, la porta à sa bouche et l'embrassa, le regard en feu. Après moult baisers, il délivra enfin la main et la fit glisser sur son cou, son torse, son ventre et l'amena à sa destination : son sexe gorgé de plaisir et d'envie. Ryû enroula ses doigts sur le sexe offert.
« Ryû-chaaaan..., » murmura Tohma en posant sa tête contre l'épaule de son futur amant, se laissant aller contre lui et saisissant aussi son sexe dur.
Ils se caressèrent ainsi quelques minutes.
« Tu veux me faire l'amour ?, murmura Ryû au creux de l'oreille et la grignotant.
- Oui, souffla Tohma. J'ai... J'ai tellement envie de toi... »
Le chanteur repoussa gentiment son futur amant. Il s'allongea dans l'eau, en appui sur ses coudes. Il écarta malicieusement ses cuisses et enjoignit Tohma à venir. Ce qu'il fit, le soutenant aux hanches.
« Je ne veux pas te faire mal.
- Ne t'inquiète pas…, » sourit le brun en l'attirant contre lui.
Ryûichi n'était pas particulièrement accro du sexe violent mais il eut peur que la préparation effraie Tohma et brise la magie du moment. Si tout se passait bien la première fois, ils auraient l'occasion d'approfondir l'art de faire l'amour à un homme. En attendant, il voulait Tohma, doué ou pas.
Seguchi se pencha pour l'embrasser et glissa sa main pour le guider sous l'eau. Il pénétra doucement et totalement Ryûichi et en geignit de plaisir. C'était si chaud et si étroit…
« Mon Ryûichi… Mon Ryûichi… »
Avant que le concerné ne puisse dire quoi que ce soit, il l'embrassa violemment et bougea en lui. Il maintint toujours Ryûichi aux hanches pour le pénétrer plus facilement et lui fit l'amour avec délice, sentant les mains de son amant sur ses fesses et son dos. Il se redressa et entraîna Ryûichi avec lui, en passant un bras autour de sa taille. Il resta accroupi dans l'eau et souleva le chanteur pour des pénétrations profondes et intenses. Les halètements et les griffures de son amant eurent raison de sa volonté. Il ne put se retenir davantage :
« Ryû... Ryû-chan... c'est..., gémit-il en se mordant la lèvre, je vais... Ooooh... »
Et il jouit dans un cri rauque et fit quelques va-et-vient puis s'arrêta, bouleversé par cette première expérience homosexuelle absolument intense et fabuleuse. Il étreignit Ryûichi contre son cœur.
« Tohma-chan... C'était si boooon…
- Oui... je savais que tu étais merveilleux, ça ne pouvait être meilleur. »
Le claviériste glissa sa main entre eux et sentit l'érection toujours présente de son amant :
« Je n'ai pas bien fini quelque chose, je crois… »
Toujours en lui, il le masturba doucement en grignotant ses lèvres avec amour. Le chanteur se tortillait de plaisir et jouit dans un petit cri.
« J'aime quand tu as ce regard..., murmura Tohma en l'embrassant tendrement et chastement, le laissant un peu respirer.
- Il ne tient qu'à toi de le revoir..., » gloussa Ryûichi les joues rosies de plaisir et le regard pétillant.
Et ce regard, Tohma eut l'occasion de le revoir des dizaines de fois pendant ces trois jours idylliques. Ils firent l'amour au petit déjeuner, au déjeuner et la nuit. La nuit et le jour se mélangeaient. Leur seul repère temporel était l'employée du monastère. Les deux amants restaient discrets le temps qu'elle était là mais à peine partie ils reprenaient l'éducation sexuelle du claviériste. Seguchi voulait toujours en savoir plus sur les plaisirs et pour une fois, Ryûichi lui apprit quelque chose. Mieux, il lui apprit ce qu'aucune femme ne lui avait fait découvrir. Il ouvrit une à une les portes des délices et le musicien découvrit des voluptés insoupçonnées.
Au matin du quatrième jour, Tohma se dit qu'il fallait peut-être allumer son téléphone, au cas où…
Les dix messages vocaux et les six messages écrits de Mika le firent sombrer peu à peu dans des abysses de peur et d'incertitude. Il devait prendre une décision rapide et nette pour sortir de ce puits sans fond.
« Pika, pika. Pikaa, pikaaaa, chantonnait Ryûichi, beau comme le jour, dans son plus simple appareil, un plateau chargé de gourmandises. Tohma ! On avait dit pas de téléphone !, » gronda-t-il en posant le plateau.
Il grimpa sur le lit, sur son amant, dans l'espoir de lui enlever l'objet maudit. Tohma fixait toujours le dernier SMS de Mika. « mais T où, BB ? Ton trésor. » Il referma le téléphone et sut où était sa place. Et ça n'était pas ici, avec un autre homme nu, fut-ce Ryûichi. Il le repoussa gentiment et se leva.
« Je dois rentrer.
- Y a un problème ?, demanda le chanteur.
- Oui, il y a un problème.
- C'est grave ?
- Ecoute... ça n'aurait pas dû se passer comme ça, » expliqua Tohma en enfilant son pantalon.
Ryû ne comprit pas que c'était « lui » le problème. Ainsi, il sauta du lit, et courut s'habiller. Quelques minutes après, il revient habillé, mais débraillé, les vêtements jetés n'importe comment dans le sac qui fermait à peine et sa peluche rose sous le bras.
« Je suis prêt ! Tadam !, s'exclama-t-il tout fier sur le seuil de la chambre du claviériste.
- Tu... n'es pas obligé de partir, tu sais. Je... Ecoute, je vais essayer d'être clair, Ryûichi-san. »
Le concerné fronça les sourcils. Ryûichi-san ? C'était bien la première fois en… C'était la première fois que Tohma l'appelait ainsi !
« Ryûichi-san, reprit Tohma, ce qui s'est passé ici ces derniers jours... c'était merveilleux mais ça doit rester un merveilleux souvenir, pas un regret ou une erreur. On ne doit pas changer le cours de nos vies pour ça. Je compte sur toi pour n'en parler à personne, surtout pas Noriko. »
Cette fois, c'est Sakuma qui tomba dans un gouffre d'incompréhension. Tout tournait soudainement autour de lui et il se sentit faiblir. Il ne comprenait pas ou plutôt, il comprenait très bien, trop bien. Tohma tirait un trait sur ces jours magiques.
« Je vais retrouver Mika. Je vais là où je devrais être, prit la peine d'ajouter le blond pour bien mettre les choses au point.
- Tu l'aimes ?
- …
- Tu l'aimes ?, insista Ryûichi.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?, finit par cracher Tohma.
- Et moi ? Je... je comptais pas alors ? »
Kumagoro glissa de l'étreinte de Ryû et tomba sur le sol. Ryû baissa la tête. Tohma perdit un instant sa détermination pour laisser place à la tristesse mais il se reprit et redevint impassible :
« Ryûichi-san... Tu compteras toujours pour moi. Tu es spécial... mais on n'aurait pas dû se laisser aller.
- Je... Je ne me suis pas laissé aller. Je... Je t'aime. Depuis... Depuis des années !
- On est amis d'enfance, c'est normal Ryûichi-san. Moi aussi je t'aime, murmura Tohma en posant sa main sur l'épaule de son ami.
- Ne... Ne me touche pas, cracha Ryûichi en se dégageant violemment et reculant d'un pas. On a fait l'amour chaque jour, chaque nuit. Tu... Tu avais envie de moi ! »
Tohma se troubla encore mais ce fut passager et ses traits de durcirent :
« On aurait pas dû. Ryûichi-san... excuse-moi, mais je ne peux pas… »
… t'aimer, se dit pour lui-même le claviériste.
« Donc... Je n'étais qu'une... aventure.
- ... On va dire ça. »
Il ne s'effondra pas physiquement mais il ressentit comme un coup de poignard en plein cœur.
« A chacun des orgasmes que j'ai eus, c'est ton nom que j'ai soupiré. Chacune de mes larmes était pour toi. Mes rires aussi. C'est… C'est pour toi que je chante. Toi et toi seul. »
A ce moment-là quelque chose d'inattendu se produit en Ryûichi. Le garçon gentil, dévoué et amoureux se mua en homme déterminé et haineux.
« Et tu oses me dire que... je n'étais qu'une aventure ? Une AVENTURE ? Les aventures c'est les putes que je ramène, pas mon meilleur ami ! Pas mon amour !
- Ryûichi-san...
- ARRETE de m'appeler comme ça ! Tu es comme les autres ! Tu es PIRE ! Toi... je te faisais confiance mais au fond tu ne pensais qu'à une chose… baiser l'Idole. La défoncer, l'avilir, la souiller !!
- Non…, » murmura faiblement Tohma.
Avant qu'il puisse réagir, Ryûichi l'empoigna par le col de la chemise :
« Regarde-moi ! Tu crois que je ne sais pas tous ces gens qui se foutent de ma gueule parce que je n'ai pas continué l'école ou ceux qui ne me baisent que pour le palmarès ? »
Seguchi détourna le regard.
« Tu fais partie de ceux-là ? Hein ?
- Arrête !, s'exclama le blond en se dégageant.
- NON ! C'est toi qui vas arrêter, ordonna Ryûichi en le giflant brutalement. Tu es comme les autres. Tu t'arrêtes au sourire et à l'air niais mais derrière ça... je souffre et… je suis désespérément seul mais ça... tout le monde s'en fout tant que j'amuse la galerie. »
Pour la première fois, Tohma paniqua. La colère de Ryûichi était plus que palpable et la fin des Nittle Grasper aussi.
« R.. Ryû-chan..., tenta-t-il de le raisonner.
- Je suis un homme, je veux être aimé comme un homme pas… comme un meilleur ami et... tu m'as déçu, » conclut trop calmement Ryû.
Il ramassa la peluche, dernier vestige de son amitié avec Tohma, puis son sac et partit. Il prit les clés de voiture qu'il y avait sur le meuble près de l'entrée. Sur le seuil, il se retourna et cracha dans un ultime sursaut de colère :
« Crève en enfer, Seguchi. Et crèves-y seul. »
Le moteur de la voiture ronronna et s'éloigna. Tohma courut derrière lui mais Ryûichi Sakuma, l'adorable garçon au lapin rose et au cœur fragile comme du cristal, était déjà loin, le visage ravagé par les larmes.
C'est un brusque orage qui a mis fin à ce qui aurait pu être la plus belle chose de ma vie. De notre vie, qui sait ? Nous avions délaissé les cerisiers aux pétales rose pâle virevoltants pour les hauteurs de l'Hokkaido et ses sources d'eau chaude. Nous étions seuls au monde dans notre paradis. Les mots tendres ont affronté leur timidité et se sont exprimés. Nos corps aussi ont parlé. Mais bien vite, les mots tendres se sont durcis et nos corps éloignés. Un hiver s'est installé entre nos deux cœurs. Tu as été froid et distant. Tu m'as rejeté. Le vent a recommencé à souffler et les nuages se sont amoncelés au-dessus de nos têtes. Nous étions venus chercher la paix dans ce temple mais nous n'y avons trouvé que nos malheurs. Je suis parti sur un coup de tête mais je n'aurais pas pu rester auprès de toi. Et toi, tu m'as laissé partir. Tu ne m'as pas retenu. Peut-être que c'était mieux comme ça. Quel avenir avions-nous ? Quel avenir avait cette petite flamme qui brûlait en nous mais qui était réprimée dans notre cœur ? Ne m'as-tu jamais aimé ? Ai-je mal interprété tes regards, tes attentions, ta tendresse ?
Les vents m'ont ramené vers toi. La voiture s'est arrêtée devant la salle de concert. Je suis fatigué. Oh j'ai dormi dans l'avion mais je ressens le décalage entre les deux continents.
Les Bad Luck sont fantastiques à ce qu'on m'a dit. J'ai insisté pour les voir. K nous trouve une place dans la foule en délire. Je sais que tu es là toi aussi. Dans les tribunes officielles. Mika est-elle à tes côtés ? Lui tiens-tu la main ?
Le concert devrait commencer. Pourquoi Shindo ne dit-il rien ?? Que se passe-t-il ? Je devais rester incognito mais je ne peux pas le laisser s'embourber. J'échappe à K et me coule jusqu'à la scène. Allez, Ryû-chan à toi de jouer !
Le public commençait à s'agiter. Pourquoi le chanteur restait muet et qui était ce type qui venait vers la scène ?
« Ima mo todokanu hikari no kanata azayaka ni mau omoi wo egakou
Michibiku kotoba ga koborete shimawanu you ni utsuru toki wo osorenaide. »
Un silence quasi religieux s'abattit sur la foule. Personne au Japon n'avait oublié cette voix profonde et rassurante. Elle s'était tue trois ans auparavant pour d'obscures raisons et elle revenait aujourd'hui. Le cœur des spectateurs s'emballa et tous laissèrent passer respectueusement le « chanteur surdoué » - comme la presse l'avait à juste titre surnommé - jusqu'à la scène. Ryûichi se débarrassa de sa casquette et de ses lunettes de soleil et grimpa aux côtés du Shindo Shuichi. Il posa son lapin sur une enceinte et poursuivit a cappella :
« Todokanu hikari no kanata azayaka ni mau omoi wo egakou
Michibiku kotoba ga koborete shimawanu you ni Utsuru toki wo osorenaide. »
Arrivé contre Shuichi, il le salua en s'inclinant et se retourna vers la foule :
« Salut TOKYO ! » salua-t-il plein d'entrain.
Encore sous le choc, le public ne dit rien. Un garçon brisa le silence :
« SAKUMA-SAMAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!! »
Et la foule hurla, l'acclamant. L'ex-chanteur des Nittle Grasper réussit à ramener le calme.
« Et tout de suite les BAD LUUUUUUUCK», annonça-t-il après un petit clin d'œil à Shuichi.
Il s'inclina devant la foule et s'éclipsa en trottinant dans les backstages. Il revint sur la pointe des pieds récupérer Kuma-chan. Une nouvelle salve d'applaudissements le salua et il rentra pour de bon en coulisse. Nakano Hiroshi, le bassiste, lança les premières notes de « No Style ». Les Bad Luck étaient gonflés à bloc, le public aussi. Le concert s'annonçait fabuleux.
A suivre : L'arc-en-ciel
On espère que cette histoire vous plait. Que les fans de Ryûichi ne nous frapperont pas de le rendre si malheureux. A bientôt au prochain chapitre
Biz de Stellar et Kris.
