Auteur : Abby and Jes

Titre : L'empreinte de l'amour

Couple : Remus/Draco

Genre : Romance/Drame

Rated : M

Disclaimer : L'univers Harry Potter appartient, entre autres, à JKR.

Distribution : Abby s'est glissée dans la peau de Draco, et Jes dans celle de Remus.

Statut : Finie à l'écriture. 13 chapitres

Bêta correctrice : The Great Victoria Grant

Résumé : Cette fameuse nuit du 30 juin 1997, quelques minutes avant sa mort, Albus Dumbledore avait proposé son aide au jeune Malfoy. Et si jamais Draco avait décidé d'accepter, s'il avait choisi de ne plus rentrer au manoir Malfoy ? Comment se seraient déroulés les événements ? Que serait devenu Draco ? Venez le découvrir…

Périodicité de publication : Un chapitre par semaine voir plus, si nous sommes gentilles.


Note Abby : Hello les amis ! Nous revoilà avec une troisième coopération et on a réussi à attendre...et bien, 1 heure et 29 minutes exactement. Ah ah, et dire que Jes pensait que je refuserais un Remus/Draco et une nouvelle chance d'écrire avec elle, non mais franchement. Anyway, enjoy please !

Note Jes : Nous n'avons pas tenu plus d'une heure et demie suite au Twoshot Stupiditea avant d'entamer cette fic. J'espère de tout cœur qu'elle vous plaira autant que je l'aime !


L'empreinte de l'amour

Chapitre 1

POV Draco

Je levai ma baguette et la pointai sur Dumbledore en essayant de contrôler mes tremblements. Le vieil homme me regarda et me sourit doucement, ce qui me déstabilisa encore plus. Je ne voulais pas être ici, je ne voulais pas faire ça.

« Draco, dit-il calmement, tu n'es pas un tueur, tu ne veux pas faire ça. Tu vaux tellement mieux que ça. »

Il avait raison, je ne désirais pas faire ça. Mais je n'étais pas sûr de valoir mieux, et je n'avais pas le choix de toute façon.

Après l'échec de père dans la salle des prophéties au Ministère, si j'échouais à mon tour, mes parents et moi serions vraiment en difficulté.

Mais c'était à cause d'eux que j'étais là aujourd'hui, à cause des choix qu'ils avaient fait.

Dumbledore me sourit une fois de plus, rassurant, et je baissai ma baguette. Je ne voulais pas faire ça, je ne pouvais pas.

Je sursautai quand les Carrow, Bellatrix et Severus se retrouvèrent à mes côtés, ne les ayant pas entendus arriver. Les trois premiers commencèrent à me dire que je devais le faire, que je devais tuer Dumbledore, m'encourageant, mais je ne pouvais pas. Le directeur supplia pour sa vie et Severus s'avança vers lui alors que les trois autres riaient. Avant que je n'aie pu réaliser ce qu'il se passait, mon parrain avait lancé un Avada Kedavra sur le vieil homme qui était... mort.

Albus Dumbledore était mort.

J'étais incapable de réagir alors que ma gorge se serrait et qu'une nausée me prenait.

Je me repris cependant en sentant Severus agripper mon bras et m'entrainer à sa suite. Quand nous arrivâmes en bas de la tour d'astronomie, ils se mirent à courir et j'hésitai une seconde. Pas très loin de là se tenait le corps sans vie de Dumbledore, et même si je n'avais jamais apprécié le directeur de Poudlard, je n'avais pas souhaité sa mort.

« Draco ! M'interpella Severus durement. Dépêche-toi ! »

Je secouai la tête et me mis à courir à mon tour. Il fallait qu'on parte d'ici avant que l'alerte ne soit donnée. Mon souffle se fit de plus en plus court alors qu'on entrait dans la forêt interdite. Il fallait qu'on se dépêche de rentrer au manoir pour...

Je m'arrêtai alors que les autres Mangemorts continuaient de courir. Je ne voulais pas rentrer au Manoir. Je ne voulais pas retourner ni auprès de l'autre et ni auprès de mes parents. Je ne voulais pas assister encore et encore à toute cette violence, toute cette peur.

Ma maison était devenue le repère du diable.

Je vis Severus se retourner au loin et me regarder étrangement mais je n'avais pas envie qu'il revienne me chercher. Je ne désirais pas le suivre. J'inspirai profondément avant de me remettre à courir, sauf que je n'allai pas à droite comme l'avaient fait les autres, j'allai à gauche. Je ne savais pas jusqu'où je pouvais aller et où j'allais arriver mais je ne pouvais pas rentrer au Manoir, plus jamais.

Je courus pendant près de cinq minutes avant de m'arrêter, essoufflé et à bout de nerfs.

Je m'étais enfui, j'avais assisté à la mort de Dumbledore sans rien faire et j'avais quitté le Seigneur des Ténèbres.

Les Aurors et les Mangemorts allaient se mettre à ma recherche et je n'avais aucune idée desquels seraient le moindre mal. Le baiser du Détraqueur ne me faisait absolument pas envie mais je ne voulais pas non plus me faire manger par Nagini. Je m'appuyai contre un arbre et essayai de retrouver mon souffle, en vain. Me souvenant de ce qu'il venait de se passer dans la Tour d'Astronomie, une nouvelle nausée me prit mais cette fois-ci, je n'arrivais pas à me contrôler.

Après un moment, je m'essuyai la bouche et reculai pour m'adosser contre un autre arbre avant de me laisser glisser au sol et de fermer les yeux.

Comment est-ce que j'en étais arrivé là ?

Quand est-ce que tout avait si mal tourné ?

En fait, je savais exactement quand ça avait mal tourné.

Je rouvris les yeux en entendant une branche craquer non loin de moi et observai les environs, alerte. Si Severus m'avait retrouvé, j'étais foutu. Je savais que mon parrain m'appréciait, mais sa loyauté allait avant tout au Maître.

Si les Aurors m'avaient retrouvé, j'étais tout aussi foutu.

Alors quelle ne fut pas ma surprise en voyant le Survivant sortir de l'ombre pour se poster à quelques mètres de moi.

C'était donc le grand Harry Potter qui m'avait trouvé.

Ouais, j'étais juste tout aussi foutu… Quoique, ma mort serait peut-être plus douce. Je me relevai et sortis ma baguette, avec l'idée de me défendre au moins un peu, ou de faire semblant. Je m'attendais à ce qu'il m'insulte et m'attaque mais il resta là, à me fixer. Ce qui m'énerva prodigieusement.

« Alors quoi, qu'est-ce que tu attends, Potter ? Crachai-je avec toute la verve que je possédais encore.

- Pourquoi as-tu baissé ta baguette ? Demanda-t-il. Pourquoi ne les as-tu pas suivis ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?! »

Il me regarda et s'assit au sol, avant de dire :

« J'aimerais que tu répondes Malfoy. S'il te plaît, c'est très important. »

Je soupirai et reculai pour m'adosser de nouveau contre l'arbre. Je ris d'un rire sans joie en baissant la tête mais sans lâcher ma baguette, même si j'avais de plus en plus l'impression qu'elle me brûlait.

« Je ne sais pas, Potter. Disons que je n'en n'avais pas envie.

- C'est bien ce qu'il me semblait. Je... j'avais déjà eu un doute quand je t'ai vu pleurer ce jour-là, dans les toilettes du deuxième étage. Je... si tu le désires, je peux t'offrir l'aide que Dumbledore voulait te donner.

- Tu ne peux pas arrêter deux minutes de jouer les Sauveurs, n'est-ce pas ?! »

Je m'énervai une fois de plus en redressant la tête. J'étais en colère parce que j'avais envie d'accepter. Je voulais que quelqu'un m'aide mais je ne pouvais pas accepter l'aide de Dumbledore. Il était mort, j'avais failli le tuer et ensuite, je n'avais rien fait pour retenir mon parrain. Et puis, je détestais Harry Potter. Je détestais Harry Potter à peu près autant que le Mage Noir. Je laissai ma tête retomber contre le tronc d'arbre et fermai les yeux. J'avais vraiment très mal à la tête et je n'avais qu'une envie, rentrer chez moi, me coucher et dormir. Sauf que je n'avais plus de chez moi.

« Je ne joue pas les sauveurs. Je tente juste d'aider un garçon qui a été forcé de choisir un camp, qui a été forcé de tuer un homme. Malfoy, je sais, j'ai vu que tu n'es pas aussi mauvais. J'ai vu l'hésitation dans tes yeux, cette... envie d'accepter. Alors cesse de geindre, ravale ton orgueil et fais ce qui est bon pour toi, s'énerva-t-il.

- Ce qui est bon pour moi ? Depuis quand quelque chose d'aussi trivial est-il censé t'intéresser ? Intéresser qui que ce soit d'ailleurs. »

J'avais vaguement l'impression de me plaindre mais je m'en fichais. J'en avais envie.

« Depuis que j'ai failli te tuer, depuis que j'ai compris la vérité. Depuis que tu as cessé de les suivre Malfoy. Maintenant, dit-il en se relevant, je vais rejoindre le château et aider si besoin. Viens-tu avec moi, où es-tu contre moi ?

- Aider à quoi ? Ramasser le corps de Dumbledore ? Répliquai-je en m'étranglant sur le dernier mot. »

Je me baissai et posai les mains sur mes genoux en sentant de la bile remonter de mon estomac. Ce n'était pourtant pas le premier mort que je voyais ! Pourquoi est-ce que je réagissais de cette façon ?!

« Bien sûr, je suis certain que tout le monde au château sera ravi de me voir, repris-je acerbe. Et je préfèrerais une mort plus paisible qu'un lynchage en règle, veux-tu ?!

- Personne ne te tuera si je leur dis que tu es des nôtres. Et tu ne l'as peut-être pas vu, mais il y avait d'autres Mangemorts qui attaquaient les élèves et les professeurs. Nous devons aller aider. Viens avec moi, choisis le bon côté cette fois. »

Choisir ?! Le bon côté ? Je n'étais même plus sûr qu'il y avait vraiment un bon côté dans toute cette histoire. Je fermai les yeux et inspirai profondément. J'avais le choix, chose qui ne m'était pas arrivé depuis... oui, depuis très longtemps.

Je rouvris les yeux et les posai sur le Sauveur qui attendait toujours que je prenne une décision.

Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre de toute façon ?!

Retourner voir le Mage Noir et laisser son serpent m'avaler tout cru ?

Je frissonnai à l'idée que je rejetai immédiatement. Je pouvais toujours essayer de m'enfuir et de disparaitre mais je n'avais jamais vécu seul et les probabilités pour que j'arrive à quitter le pays avant que Tête de Serpent ou les Aurors ne me rattrapent étaient... proches de zéro.

En dessous de zéro même, plus probablement.

Ouais, tu parles d'un choix. J'acquiesçai vaguement et rangeai ma baguette avant de suivre Potter hors de la forêt.

Nous revînmes aux abords du château où les élèves étaient tous en pleurs et certains étaient même blessés. Je détournai le regard et passai la main sur ma nuque alors que les regards furieux des personnes autour de moi me transperçaient.

Il allait vraiment falloir que le Survivant soit convainquant pour que je puisse éviter le lynchage. Mais après tout, ils le suivaient tous comme des petits chiens non ?! Je souris, désabusé, en me rendant compte qu'actuellement, le seul à vraiment le suivre comme un chien, c'était moi.

POV Remus

J'étais dans ce clan de Loups-garous, sur demande d'Albus, mais je devais avouer que je n'y étais pas bien.

Les voir comme ça, si à l'aise avec ce qu'ils étaient, alors que moi, je me sentais si mal et ne cessais de me remémorer cette fameuse nuit de mes cinq ans au cours de laquelle Fenrir, ce monstre, m'avait mordu.

Je tremblais, soupirant, et continuais à creuser pour les prochaines plantations. Le village, enfin... les quelques maisons alentours où vivaient des Loups-garous, étaient en autarcie et vivaient des récoltes de leurs terres.

Les maisons ou ce qui s'en approchait, étaient construites à l'aide de quelques pierres et rondins, sans le moindre confort, elles tenaient debout par miracle parfois. Nous cuisinions sur des feux de camp, que l'un de nous surveillait chaque nuit. Les quelques femmes présentes passaient leur temps entre la cueillette, la lessive et la reprise des vêtements qui, je devais l'admettre, avaient souvent besoin d'être rapiécés. La petite rivière qui passait aux alentours nous permettait de nous laver un minimum. Pour la nourriture, la chasse était le meilleur moyen de remplir quelque peu nos estomacs.

Je ne comprenais pas encore ce que je faisais ici, vu qu'il était clair qu'ils n'allaient jamais rejoindre le camp de la Lumière, Fenrir leur faisait trop peur et ce dernier était dans l'autre camp.

Je vis au sol l'ombre d'un hibou et levai la tête.

Je déposai la pelle et tendis le bras, accueillant l'animal qui semblait fatigué.

« Je suis désolé, je n'ai rien pour toi. »

Je n'avais d'ailleurs rien mangé depuis deux jours.

Je pris tout de même le parchemin enroulé autour de sa patte et le hibou s'envola pour se percher sur un arbre tout proche.

Je rangeai le courrier, et pris le chemin de l'endroit où je dormais. Une fois sur place, je fermai la porte et lus :

« Remus,

Je ne sais pas comment te l'annoncer autrement. Il faudrait que tu reviennes de là où tu es. Nous avons besoin de toi, j'ai besoin de toi. Il est arrivé une tragédie. Albus Dumbledore est mort. Je... nous sommes au QG et attendons ton retour au plus vite.

Affectueusement, Harry »

Je sentis une larme couler et criai soudain ma peine, me relevant et jetant la table dans un coin.

Il avait été si bon envers moi, si gentil. Il m'avait permis de vivre normalement, d'avoir des amis, d'aller à Poudlard. Il m'avait donné la chance d'avoir un travail où j'avais pu m'épanouir avant que Snape ne vende la mèche sur ma condition.

Je sentis rugir en moi le monstre mais m'apaisai, ne voulant pas qu'il se fasse présent en dehors des pleines lunes.

Je fis mes bagages, enfin... je mis mes quelques affaires dans un sac et sortis ensuite de là. J'allai annoncer mon départ au chef qui ne fit qu'acquiescer, l'air de s'en foutre totalement.

Ils ne se rendaient pas compte qu'une guerre allait éclater, et qu'ils allaient être encore plus chassés une fois le Mage Noir au pouvoir. Je ne croyais pas en ses promesses sur les créatures magiques.

Nous étions des Sang-mêlé, pas des Sang Pur.

Je n'attendis pas et transplanai dans une ruelle proche de la maison de Sirius.

Penser à lui me fit du mal, me souvenant comme si c'était hier de sa chute, m'en voulant de l'avoir haïs toutes ces années où je l'avais cru coupable de la mort de mes amis.

Une fois sur place et l'adresse pensée, la maison apparue et je n'attendis pas pour gravir les quelques marches.

Je frappai ensuite à la porte.

Quand Arthur vint m'ouvrir, son visage montrait toute la tragédie que notre camp venait de subir.

Albus était mort.

« Je suis venu dès que j'ai appris, dis-je en entrant. »

Je me passai la main dans les cheveux, me sentant encore plus fatigué que d'ordinaire.

« Merci d'être revenu aussi vite. Harry a très mal pris la nouvelle, comme tu dois t'en douter.

- Oui, je m'en doute. Où est-il ?

- Dans la cuisine, les autres sont dans le salon. »

Je hochai la tête et retirai ma veste, ou ce qui y ressemblait, posai mes affaires dans un coin et marchai ensuite vers la cuisine.

La pièce n'avait pas changé, toujours aussi sombre, une grande table au centre, les murs recouverts d'une ancienne tapisserie à motifs géométriques vieillie par endroits et décollée à d'autres. Les armoires où était rangée la vaisselle étaient abimées pour la plupart. La cuisine en elle-même était rudimentaire, les Black ayant toujours eu des elfes de maisons. Mais il était tout de même assez aisé de s'en servir pour faire de bons petits plat que Molly se faisait souvent un plaisir de nous préparer. Et le plafond peint en noir rendait la pièce plus sombre, triste et terne encore. Heureusement que les gens s'y trouvant rendaient tout cela moins déprimant.

Je vis Molly, ainsi que Bill, Fleur, Tonks et Kingsley dans le salon. Je les saluai, mais ils durent comprendre que je voulais voir Harry, car ils ne tentèrent pas de me parler, se contentant de me saluer et me sourire.

Cela me faisait toujours aussi bizarre que des gens connaissant ma nature puissent me sourire, mais je prenais ce que la vie me donnait.

Une fois dans la cuisine, je sentis une bonne odeur et me demandai ce que Molly, car il ne faisait aucune doute que c'était elle, avait pu cuisiner d'aussi bon.

« Harry. »

J'allai vers lui, ignorant les autres. Je le pris dans mes bras rapidement, le serrant contre moi.

Il était tout ce qu'il me restait de mes amis. Et je me devais de prendre soin de lui, d'être là pour lui comme l'auraient voulu James et Lily, voire Sirius.

« Je suis désolé, murmurai-je dans ses cheveux.

- Merci. Merci d'être là.

- Je serais toujours là pour toi, dis-je avant de reculer et de regarder son visage. »

Seulement, cette odeur était délicieuse et mon ventre vide gronda. Je dis alors :

« Qu'est-ce qu'a pu préparer Molly qui sente aussi bon, je dois avouer que j'ai une petite faim. »

Il me regarda, confus, avant de bafouiller :

« R-rien du tout. Elle n'a rien fait.

- Oh, qu'est-ce qui sent... »

Je me figeai, mon regard s'étant posé sur le fils Malfoy. Et… quelque chose en moi explosa. Je repris contenance et reculai, avant de dire :

« Je vais aller discuter avec les adultes. Je suis heureux que tu ailles bien.

- Quoi ? Tu... tu es sûr que tu vas bien ?

- Oui oui, le rassurai-je avant de sortir. »

Une fois en dehors de la pièce, je me posai contre le mur le plus proche, fermant les yeux.

Cela ne pouvait pas être possible. Je ne pouvais le permettre.

Et puis... bon sang, je pourrais être son père.

Je me sentis encore plus monstrueux que je ne l'étais et la voix inquiète de Molly me fit revenir sur terre.

J'allai devoir être encore plus vigilent pour garder le monstre enfermé.

POV Draco

Je me figeai et sentis plus que je ne vis Lupin sortir de la pièce.

À peine m'avait-il vu qu'il avait fui. Je ne pensais pourtant pas être si effrayant que ça. Et quand son regard avait croisé le mien, j'avais ressenti quelque chose de vraiment très étrange que je me refusais pour l'instant d'identifier clairement.

Je secouai la tête pour me remettre les idées en place mais commençai malgré tout à fixer la porte par laquelle Lupin venait de partir. Je ne comprenais pas pourquoi il avait fait cette tête-là en me voyant. Je fronçai les sourcils avant de soupirer.

Ouais, il était sûrement parti parce qu'il connaissait le rôle que j'avais eu dans l'assassinat de son mentor. Il me détestait probablement encore plus.

Sans que je ne puisse comprendre pourquoi, cette pensée me fit mal. Je me passai la main sur le visage et soupirai en mettant cette douleur sur le compte de la mort de Dumbledore.

Évoquer l'incident avait toujours une fâcheuse tendance à me faire me sentir mal. Je me détournai de la porte pour me retrouver face à Potter qui m'observait étrangement. Je n'étais descendu de ma chambre que pour un verre d'eau et je n'avais aucune envie de discuter avec le Survivant, ou de l'écouter s'épancher sur ses malheurs.

Je le contournai et pris un verre que je remplis d'eau avant de le boire cul-sec et de recommencer l'opération une seconde fois. Je passai ensuite le verre sous l'eau et le posai à côté de l'évier puis remontai à l'étage avant que qui que ce soit n'ait pu m'adresser la parole.

J'entrai dans la petite chambre qui était maintenant devenue la mienne. Un lit une place trônait en son centre et à côté se trouvait une commode. Il y avait un fauteuil plus ou moins confortable à gauche de la porte et un canapé à moitié défoncé sur le mur de droite. Au moins, cette pièce-là ne comportait aucun tableau ou tapisserie immonde.

Cela faisait trois jours que j'étais là maintenant et j'avais réussi à ne pas adresser la parole à grand monde. Il fallait dire qu'à part Weasley Mère, aucun ne semblait avoir très envie de me parler non plus. Je restai un Malfoy et un ancien Mangemort, je pouvais toujours m'accrocher avant qu'ils ne me fassent confiance. De toute façon je n'étais pas sûr de le vouloir.

Ma marque se mit à me brûler et je retirai ma chemise, espérant ainsi limiter la force de la douleur, mais ça ne changea rien du tout. Cela faisait trois jours que le Mage Noir ne cessait de me torturer de cette façon et j'avais jusqu'à présent réussi à cacher ma douleur. Ils m'avaient retiré ma baguette dès le premier jour, me laissant dans l'impossibilité de poser un Silencio sur la porte. Alors je me retrouvais à étouffer mes cris dans l'oreiller, le matelas ou n'importe quoi qui me permettait de refermer les dents dessus et de ne pas faire trop de bruit.

La nuit, c'était plus délicat, parce que quand je dormais, je ne pensais pas à rester silencieux et même si Weasley Mère était venu me voir la première fois que j'avais hurlé dans mon sommeil, elle avait ensuite cessé, mettant mes cris sur le compte de cauchemars. Il était vrai que je faisais des cauchemars, mais eux ne me faisaient pas crier ainsi.

Je m'allongeai sur mon lit, à plat ventre, tout en enfonçant ma bouche dans l'oreiller. Ça faisait vraiment très très mal. Encore heureux qu'il soit parfois trop occupé pour penser à moi parce que sinon, je serais probablement devenu fou. Des larmes commencèrent à couler le long de mes joues et à inonder le coussin alors que mon corps tremblait de plus en plus fort. C'était vraiment très douloureux, à tel point que ma respiration se faisait de plus en plus difficile.

Bientôt, j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir et j'essayai de me contrôler. Priant Merlin et Salazar que quelqu'un finisse par occuper le Mage Noir suffisamment longtemps pour que je puisse me reprendre. Mais aucun des deux ne dut m'entendre car la douleur se fit encore plus présente et je gémis doucement en serrant mon bras contre moi.

Faites que ça s'arrête. S'il vous plaît, faites que ça s'arrête.

Des tâches noires commencèrent à apparaitre devant mes yeux et alors que je croyais que j'allais m'évanouir, la douleur cessa soudainement, me coupant le souffle. Je repris quelque peu mes esprits, prenant peu à peu conscience de la présence à mes côtés et d'une main sur mon épaule. Je serrai les dents en sentant une boule m'obstruer la gorge et j'essayai de reprendre ma respiration tout en repoussant la nausée qui commençait à s'emparer de moi tellement la douleur avait été intense cette fois-ci. Et ça avait duré longtemps, plus encore que d'habitude. Je fermai les yeux et me concentrai sur ma cage thoracique qui montait et descendait et sur les battements de mon cœur qui pulsaient contre mes tempes.

« Monsieur Malfoy, que se passe-t-il ? J'ai entendu vos gémissements de douleur jusqu'en bas.

- Rien du tout. Et je... je vous emmerde, articulai-je entre deux inspirations douloureuses quand je reconnus la voix de Lupin. »

POV Remus

Ces paroles me firent du mal, mais elles étaient méritées, pour le monstre que j'étais.

Je le lâchai et m'apprêtai à retourner en bas pour avertir Molly, mais il gémit une fois de plus et, bien que j'aurais voulu que cela n'arrive jamais, mon loup... cette bête en moi, ce parasite, sembla en colère. Je pris une grande respiration et demandai, tout en me levant malgré tout :

« Qu'avez-vous ? Nous ne pouvons pas vous aider, si ne savons pas ce que vous avez.

- Je n'ai rien... je... arg. »

Il se remit à s'agiter et à crier contre le coussin qu'il maintenait contre sa bouche en serrant son bras gauche toujours plus contre lui.

Et je compris.

Je ressentis de la colère alors que personne dans cette maison n'avait pensé à cette éventualité. Malfoy était peut-être de trop, mais je n'avais jamais aimé les personnes mises de côtés.

Je repris place et posai de nouveau la main sur lui, essayant de lui faire comprendre qu'il n'était pas seul, personne ne devait jamais être seul.

La solitude était dangereuse et triste.

Il continua de s'agiter quelques secondes avant de commencer à se calmer à nouveau, essoufflé et tremblant.

« Souhaitez-vous quelque chose ? »

J'avais envie de l'aider, enfin, le monstre en moi voulait l'aider bien plus que moi, mais je ne pouvais pas non plus laisser ce jeune homme souffrir sans lui porter assistance. Je ne pouvais m'écouter et descendre, afin de taire cette partie de moi qui était une fois de plus ensevelie sous cette odeur qui venait définitivement de lui.

« N-non. Je vais... bien. »

Je ne dis rien et après un effort plus dur que je ne l'aurais cru, je le lâchai et fus dehors rapidement, avant de l'entendre de nouveau gémir.

Je fermai les yeux et même si je voulais descendre, je ne pus que revenir sur mes pas et le soulever afin de l'installer sur mes genoux.

Seulement, il cessa une fois de plus de gémir.

Et alors il fit une chose que je n'aurais jamais crue possible. Il passa ses bras autour de mon cou et s'accrocha à moi comme à une bouée de sauvetage.

Quant à moi je retirai les mains que j'avais posées sur lui et restai droit comme un i, mal à l'aise. Je chuchotai, la voix étrangement douce par rapport à d'habitude :

« Que faites-vous ?

- Juste... je, bafouilla-t-il essoufflé. Ça s'arrête quand vous... me touchez. Juste une...minute. Juste une.

- Très bien, dis-je gardant tout de même mes distances. »

Le temps passa et plus il avançait, plus je me sentais mal. Je me haïssais encore plus que d'habitude en ressentant de la joie à le tenir dans mes bras. Et je ne pouvais même pas partir, Harry ne comprendrait pas et je ne pouvais pas non plus me détacher de lui, il souffrait et je ne pouvais tout simplement pas le laisser dans cette douleur volontairement.

Je tentais de faire le vide en moi, oubliant tout. La méditation m'avait déjà aidée par le passé.

« Remus ? Que se passe-t-il ? »

C'était la voix d'Harry et j'ouvris les yeux, pour le voir devant la porte qu'il avait refermée, le visage vraiment interrogatif. Je me rendis compte aussi que le corps agrippé à moi s'était endormi.

« Je... ce n'est pas ce que tu peux penser. Il... il...

- Remus ? Il quoi ? Demanda-t-il gentiment même si visiblement très surpris.

- Il souffrait à cause de la marque, avouai-je.

- Et... il a fini dans tes bras... »

En effet... je ne pouvais nier ce fait.

Je fermai les yeux et repris une longue respiration, mais cela ne fut pas une bonne idée, car l'odeur fut encore plus forte et le monstre en moi en fut heureux, même très excité. Certes, dans le bon sens du terme et pas de manière corporelle, et cela était une bonne chose, je ne pensais pas être assez fort pour supporter ça. Je serais dans l'obligation de quitter Harry et je ne le voulais pas.

« Remus, qu'est-ce qu'il se passe exactement ? »

Je secouai la tête et sentant le corps contre moi se réveiller, je regardai Harry de manière suppliante.

Je n'étais pas prêt à devoir affronter ce que mon monstre avait découvert. Et je l'étais encore moins pour informer Harry, le fils de James et Lily, de ce fait.

« D'accord, d'accord tu... tu m'expliqueras plus tard. »

Il sortit de la pièce et le soulagement m'enveloppa tout entier. Je sentis mes mains trembler fortement et sentant le corps contre moi bouger, je fermai les yeux, me mordant les lèvres pour ne pas l'étreindre comme la chose en moi le souhaitait.

Quand son visage se posta devant le mien, sentir son souffle me l'ayant fait comprendre, je reculai un peu. Désirant éviter tout incident, je restai silencieux.

Je ne savais vraiment pas quoi dire de toute manière.

Il semblait perdu et fronça les sourcils en avisant notre position. Il rougit légèrement et se releva rapidement. Trop rapidement apparemment parce qu'à peine était-il debout que ses jambes flanchèrent et il se retrouva à genoux sur le sol.

Je fus à ses côtés trop rapidement à mon goût et le relevait, avant de le déposer sur son lit.

Voyant son regard tout aussi perdu que le mien ne devait l'être, je sortis de la pièce et retournai en bas.

Je pris place sur un des fauteuils libres mais... le monstre en moi n'en fut pas du tout content et je grognai, chose rare chez moi. J'avais toujours réussi à le contenir hors des nuits de pleines lunes.

Je me levai alors, enfilai mon manteau et quittai la maison pour prendre l'air et surtout, récupérer ma raison.

Je n'allai pas loin, un parc se situant devant la maison et pris place sur un banc, tout au fond du parc.

Je me mis à réfléchir aux choses que je pourrais faire mais aucune n'était vraiment réalisable. C'était une chose que les monstres comme moi ne pouvaient combattre. Mais je me le devais. Je ne pouvais pas le laisser vouloir ce jeune garçon, le condamnant à une vie à mes côtés, dans la pauvreté, mais surtout en danger.

Et puis, son si jeune âge était aussi une raison valable pour que j'essaie de toutes mes forces de rester éloigné de lui. Je devais le faire tant que la guerre ne serait pas finie et priai intérieurement pour qu'elle prenne fin rapidement, quitter Harry n'étant pas une possibilité.

« Remus ? »

Je me redressai et vis justement Harry devant moi, un manteau sur le dos, les mains dans les poches. Il semblait mal à l'aise.

Pourquoi était-il comme son père, ne pouvait-il pas juste me laisser tranquille ?

« Est-ce que ça va ? Demanda-t-il. Ou en fait, je sais que ça ne va pas, et je voudrais... t'aider, si je peux ? »

Il prit place près de moi et je répondis, souriant, tentant de le rassurer :

« Tu ne peux rien faire Harry, pas dans l'immédiat en tout cas. Je... je dois juste rester fort et concentré, et ça ira. Ne reste pas dehors, on pourrait te voir, lui dis-je.

- Il n'y a personne, Remus. Et je rentrerai en même temps que toi. Tu n'as pas toujours besoin de rester fort et concentré tu sais ?!

- Si, je le dois encore plus maintenant. Mais ne t'inquiète pas, je ne partirai pas. »

Je lui souris, puis me passai la main dans les cheveux, fatigué et affamé.

« Très bien, soupira-t-il. Molly a fait à manger, tu viens ?

- Non, je préfère rester ici un moment. Vas-y toi, je vous rejoindrai dans un petit moment.

- Remus, s'il te plaît. Parle-moi. Je veux être là pour toi comme tu l'es pour moi. Je suis là pour toi. »

Voyant la vérité dans ses yeux et n'étant pas assez fort pour combattre tout ça, je me laissai aller pour une des rares fois de ma vie et le pris dans mes bras, avant de sangloter, las et sans force.

Albus nous avait quitté, la guerre était plus présente que jamais, Harry n'avait plus que moi et pire que tout, le monstre en moi avait jeté son dévolu sur un garçon qui pourrait être mon fils.

« Parle-moi Remus.

- Je ne suis qu'un monstre Harry. Je... je ne suis qu'un monstre, répétai-je.

- Ce n'est pas vrai. Tu es l'un des hommes les plus gentils et généreux que je connaisse. Pourquoi est-ce que tu dis ça ?!

- Malfoy, le jeune Malfoy, soufflai-je en me reculant. Le monstre en moi, il le veut. Je suis un monstre Harry. En moi se cache une bête assoiffée de sang, de chair. Et maintenant, elle m'oblige à vouloir un jeune de ton âge.

- Ah... ce n'est pas... je veux dire, je comprends que cela te perturbe mais ce n'est pas ta faute Remus. C'est le loup en toi. Et Malfoy et bien... je suis sûr qu'il se débrouillera. Il serait chanceux de t'avoir.

- Tu ne comprends pas, m'énervai-je avant de me calmer. Il n'y a aucune chance dans le fait d'avoir été choisi par un monstre de mon espèce. Aucune chance.

- Tu n'es pas un monstre Remus. Si c'était moi qui étais un loup-garou, tu penserais que j'en suis un ?

- Non, non, dis-je le pensant réellement.

- Alors pourquoi est-ce que cela doit être différent quand il est question de toi ? »

Je restai bloqué, ne sachant pas quoi répondre à cela.

« Tu ressembles tellement à ta mère, soupirai-je. »

Il rit doucement et prit ma main dans la sienne avant de murmurer :

« Merci. Viens manger maintenant, s'il te plaît. »

Je hochai la tête et me levai.

POV Draco

Je continuai de fixer le plafond sans vraiment le voir, passant encore et encore la main contre la marque sur mon bras. Elle avait arrêté de brûler depuis un bon moment maintenant et j'étais de nouveau totalement calme, la douleur étant partie. Je soupirai en repensant à mon comportement vis-à-vis de Lupin. La première fois qu'il s'était éloigné et que la douleur s'était apaisée, j'avais pensé que c'était une coïncidence. Et puis, il m'avait lâché et la brûlure avait repris le pas sur tous mes sens et je m'étais de nouveau calmé quand il avait posé sa main chaude sur moi. Essoufflé et tremblant, j'avais pourtant continué d'être désagréable, parce qu'il n'y avait aucun moyen pour que je me colle à Lupin et le supplie, même pas en rêve.

Sauf qu'il était reparti et la douleur s'était faite tellement intense que quand il m'avait pris sur ses genoux, je m'étais accroché à lui comme un désespéré.

Pathétique.

Je me passai la main sur le visage, voulant m'éclaircir les idées, mais tout ce à quoi je pouvais penser, c'était que la douleur partait quand Lupin me touchait, et je n'aimais pas ce que cela pouvait impliquer. Je me sentais encore nauséeux et je devais rassembler toute ma volonté pour ne pas juste me précipiter aux toilettes. Si je me laissais aller, j'allais vraiment devenir malade et je ne voulais pas de ça. Même s'il ne m'en restait plus beaucoup, je tenais à conserver un peu de dignité, même juste un tout petit peu.

Et bon sang, m'accrocher à Lupin comme je l'avais fait n'était en aucun cas digne.

Je grognai, souhaitant penser à autre chose alors que les mêmes pensées ne cessaient de tournoyer dans mon esprit. De légers coups furent frappés à la porte et j'enfilai ma chemise. Weasley Mère entra après que je l'y aie autorisée et me dit que le dîner était prêt.

« Je n'ai pas faim, répondis-je.

- Est-ce que tu vas bien ?

- Oui.

- Alors dans ce cas, viens manger s'il te plaît Draco. »

Je soupirai, agacé, mais me levai et la suivis jusqu'à la cuisine où je m'assis sur une chaise. Je ne regardai personne et me concentrai sur mon assiette pour l'instant vide, espérant qu'elle le resterait parce que je ne me sentais vraiment pas en l'état d'avaler quoi que ce soit.

Bien sûr, Monsieur Weasley attrapa mon assiette et la remplit avant de la reposer devant moi. Je pris ma fourchette et commençai à jouer avec la nourriture avant de relever la tête en sentant quelqu'un me fixer. Je croisai le regard de Lupin et détournai immédiatement les yeux avant de revenir à mon assiette. Vivement que le repas se termine, que je puisse sortir d'ici. Quelle idée j'avais eu d'accepter de suivre Potter, franchement.

« J'aimerais comprendre, commença Remus, comment vous avez pu omettre que nous avions un garçon marqué à cette table, qui a fui Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Il est de nature qu'il se venge par le biais de la marque à toutes les personnes qui prennent le courage de fuir ses rangs. »

Je soupirai fortement en lançant un regard noir à Lupin, de quoi il se mêlait celui-là maintenant ?! Je repoussai mon assiette toujours aussi pleine et croisai les bras sur ma poitrine, défiant quiconque d'ajouter quelque chose.

« Draco ne nous a rien dit, répliqua Weasley Mère en m'observant attentivement. »

Je reniflai de dédain en levant les yeux au ciel. Comme si j'allais leur dire quoi que ce soit, franchement.

« Il n'aurait pas dû avoir besoin de vous le dire, vous auriez dû le savoir et travailler à ce qu'il souffre le moins possible. »

Et maintenant, il se souciait de moi. Sérieusement ?! Je souris, désabusé, tout en secouant la tête. Lupin avait pitié de moi, vraiment parfait. Je pense que je n'étais jamais tombé aussi bas.

« Malheureusement, à part tuer V... le tuer, il n'y a pas vraiment d'autres solutions possibles, dit Shacklebolt. »

Je ris d'un rire sans joie. Magnifique. Autrement dit, j'avais le temps d'attendre parce que vu la vitesse à laquelle ils avançaient, Tête de Serpent ne serait pas mort demain, c'était certain.

« Il doit bien y avoir des potions qui le soulageraient, fit-il avec une voix... remplie de colère contenue.

- Pas à notre connaissance, non, répliqua un Auror. La douleur est connue pour être physique et psychologique. Et... et bien, personne ne s'est jamais vraiment penché sur la question non plus. Les Mangemorts ont tendance à finir à Azkaban ou à mourir. »

Lupin se leva soudain et quitta la pièce. Potter me regarda, avant de le suivre.

D'accord.

Je n'avais absolument pas compris ce qui avait bien pu se passer. La seule chose rassurante était que vu le regard que s'échangeaient les personnes restantes à table, je ne devais pas être le seul. Décidant que le repas était terminé, du moins pour moi, je me levai de table et remontai dans ma chambre avant de prendre un livre que j'avais trouvé et de le relire pour la cinquième fois.

Ça devenait vraiment ennuyeux mais je n'avais rien d'autre à faire ici et je refusais de demander quoi que ce soit à qui que ce soit. J'allais déjà avoir assez de dettes envers ces gens, inutile que j'en rajoute.

Je m'assis sur le lit et m'adossai contre la tête de lit avant de reprendre ma lecture, jetant de temps en temps un coup d'œil à la marque. Je savais que ça ne changerait rien, mais j'avais tendance à la surveiller, me disant qu'ainsi, je pourrais peut-être anticiper la douleur.

Evidemment, cela ne fonctionnait jamais. Je soupirai une fois de plus, malgré tout satisfait que Tête de Serpent soit trop occupé pour ne serait-ce que penser à moi. Au bout d'un moment, je déposai le livre et m'allongeai sur le ventre sans prendre la peine de me changer, épuisé. Il ne me fallut que quelques secondes pour m'endormir.

OoOoOoOoO

Je fus réveillé par un cri et réalisai après peu de temps que c'était moi qui hurlais, mon bras me brûlant atrocement. J'enfonçai la tête dans le matelas en essayant de respirer calmement mais la douleur était trop forte et mon souffle se coupa quand j'eus l'impression qu'on m'arrachait la peau. Je serrai les dents le plus possible, ne souhaitant pas me couper la langue en plus, même si j'avais de plus en plus de mal à réfléchir proprement. Je sentis les larmes commencer à couler le long de mes joues alors que la douleur semblait s'étendre à tout mon corps. Je savais que j'étais trop tendu et que ça n'aidait en rien mais je...

J'attrapais ce que j'identifiais comme étant l'oreiller avant de le coller contre ma bouche que j'ouvris afin d'enfoncer mes dents dans autre chose que mes lèvres.

J'avais envie que ça s'arrête, il fallait que ça s'arrête. Bon sang, j'avais même envie que Lupin me rejoigne et que je puisse de nouveau me montrer pitoyable et pathétique si tant est que la douleur s'en aille.

Je transpirai excessivement, sentant les battements de plus en plus rapides de mon cœur pulser contre mes tempes et ma respiration se bloquer pendant plusieurs secondes avant que je puisse de nouveau prendre une inspiration.

J'entendis du bruit et ouvris les yeux, prêt à supplier pour que Lupin me rejoigne, priant pour que sa présence de loup-garou apaise réellement la douleur d'une manière ou d'une autre. Il y avait de la lumière dans la pièce mais je ne distinguais rien d'autre que des tâches noires. Si au moins j'avais eu ma baguette, j'aurais pu me couper le bras, j'étais sûr que ça aurait fait moins mal. Je refermai les yeux, et claquai des dents contre ma lèvre, me l'ouvrant avant que je ne sente une main sur ma nuque et que la douleur ne commence à refluer.

Salazar merci, je pouvais de nouveau respirer plus ou moins correctement.

Je tremblais toujours autant et j'étais collant de sueur mais les battements précipités de mon cœur commencèrent à ralentir et la douleur dans mon bras disparut totalement au bout de quelques minutes supplémentaires. Plus il le faisait et plus c'était douloureux, et j'étais à peu près sûr que si mon cœur n'avait pas été aussi solide, j'aurais déjà fait un arrêt.

Dans ces cas-là, je souhaitais vraiment que mon cœur cesse de battre et que j'arrête de ressentir.

La main sur ma nuque resta là où elle était, sans bouger, alors qu'une autre toute aussi chaude se trouvait sur mon bras. Incapable de savoir si elle y était avant ou non, je décidai de ne pas m'attarder sur la question pour l'instant.

Qu'est-ce que j'en avais à faire de toute façon franchement ?!

Il me fallut encore quelques minutes pour récupérer complètement et je réalisai que Tête de Serpent devenait de plus en plus doué pour me faire souffrir à travers cette foutue marque parce que j'avais de plus en plus de mal à m'en remettre. J'entendis des chuchotements et de l'agitation dans la chambre mais décidai de ne pas m'en inquiéter pour l'instant, j'étais loin d'en avoir le courage de toute façon.

POV Remus

Quand je l'avais entendu crier, ne dormant pas, je n'avais pas pu résister une seule seconde et j'avais été devant sa porte rapidement. Je l'avais ouverte et étais entré, ne désirant pas à un seul moment combattre ce besoin. J'avais ensuite posé la main sur sa nuque, ne me permettant pas autre chose et j'avais attendu, alors que le bruit de son cœur m'avait fait comprendre que cette vague de douleur avait été plus importante encore.

Molly, certainement accablée par la culpabilité, arriva suivie par Harry, la tête endormie. Quand il réalisa, il vint près de moi et posa sa main sur mon épaule et Molly sortit en murmurant si bas que je fus sûrement le seul à entendre, qu'elle allait chercher un verre d'eau.

Je posai ensuite ma main libre sur son bras, désirant voir la marque, pour tenter de la comprendre. Comme si en la voyant, j'allai pouvoir la détruire, ainsi que la douleur allant avec.

Le jeune Malfoy revint à nous et cligna des yeux, avant de soupirer et de se passer la main dans les cheveux. Harry, se balançant d'une jambe à l'autre, murmura soudain :

« Je... je pense que je vais vous laisser maintenant. »

Il croisa Molly en sortant et elle vint déposer le verre sur la table de nuit avant de demander :

« Est-ce que je peux faire quelque chose ?

- Je ne sais pas, répondis-je en regardant Malfoy. »

Ce dernier grogna et Molly dut prendre ça pour un non parce qu'elle sortit après m'avoir demandé de rester avec lui.

« Ça va ? Demandai-je, n'ayant toujours pas enlevé la main posée sur sa nuque. »

Il grogna de nouveau mais ne fit pas le moindre geste et je sentais que son corps était toujours aussi tendu.

« Veux-tu que je parte ? Murmurai-je.

- Non ! S'exclama-t-il aussitôt avant de reprendre plus doucement. Juste une minute. »

Je pris place au sol, déplaçant la main sur son poignet et dis :

« Tu as tout ton temps. Je ne partirais pas tant que tu ne me le demanderas pas. »

Il marmonna vaguement et soupira avant de poser ses yeux sur moi, m'observant.

Je lui rendis son regard, restant silencieux.

Le silence de la pièce, à part nos respirations, était apaisant.

Petit à petit, je pus voir ses paupières se fermer de plus en plus et son visage se détendre. Je murmurais, une fois ces derniers complètements clos :

« Je suis désolé.

- Pourquoi ? Marmonna-t-il, à moitié endormi. »

L'ayant cru dans le pays des songes, je ne répondis pas tout de suite, espérant qu'il s'endorme et oublie dès le lendemain, mais il ouvrit ses yeux, ses beaux yeux gris et répéta sa question.

Je détournai alors le regard, gardant malgré tout ma main sur sa peau et avouai :

« Pour ce que je suis, ce qu'il se passe avec... le monstre en moi.

- Ouais, et j'ai prévu d'être très en rogne contre vous. Mais pour l'instant, je m'en fous. »

Je ne répondis rien et posai la tête contre le bois dur de la table de nuit.

Je pus entendre sa respiration s'apaiser ensuite et son pouls, que je pouvais sentir, diminua un peu, me montrant qu'il dormait.

Je me permis alors de le regarder à nouveau, la bête en moi le voulant bien trop fortement. Je détaillai ses traits, son nez, sa bouche, son menton.

Je descendis ensuite à son cou et j'eus envie d'y enfouir le nez pour le respirer. Enfin, le loup en moi le voulait, moi, j'en étais effrayé.

Je n'avais jamais imaginé vivre ça. Déjà avoir des amis, ou même aller à Poudlard avaient été plus que ce que je n'avais jamais espéré depuis mon plus jeune âge.

Et là...

Je ne pouvais pas accepter ça, je ne le voulais pas.

Mais cette partie de moi si rageuse, si destructrice le voulait et j'étais sûr qu'au bout d'un certain temps, j'allai être dans l'impossibilité de la contenir.

J'espérai que je serais loin de lui à ce moment-là.

Je ne pus pas fermer l'œil de la nuit, ne cessant de le regarder. J'avais mal d'être ainsi installé, sur le sol froid, appuyé en partie contre le lit et la table de nuit, mais je ne désirais bouger pour rien au monde.

Je savais au fond de moi que j'étais foutu, et à cet instant, celui où le soleil commençait à baigner la pièce de sa lumière, j'eus l'envie plus que tout que mes amis soient là, pour m'aider, me soutenir, me retenir.

Quand ses yeux s'ouvrirent de nouveau sur moi, il sembla surpris, puis il jeta un œil à son poignet que je tenais toujours.

« Vous avez dormi là ? Par terre ? »

Je hochai la tête et bougeai un peu les jambes, sachant que j'allai devoir me lever.

« Je suppose que vous pouvez me lâcher, maintenant, dit-il en grimaçant bizarrement. »

Je ne répondis rien et me forçai à le lâcher. Vu qu'il ne gémit pas de douleur, je me levai, grimaçant légèrement et, tout en lui jetant un dernier regard, allai vers la porte.

J'étais prêt à quitter la pièce mais il murmura :

« Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ? Demandai-je en me retournant légèrement.

- Pourquoi êtes-vous resté ?

- Parce qu'il ne voulait pas te laisser, répondis-je avant de quitter la pièce. »

Je fus dans la cuisine rapidement et Molly étant déjà debout, je la saluai, gardant tout de même une certaine rancœur envers elle.

Puis, Harry et Ron descendirent, Hermione était chez ses parents, selon Arthur. Je ne savais pas encore si c'était plus sécurisant de la laisser là-bas ou de la ramener ici. Et Ginny avait été envoyé en France, dans la famille de Fleur, Ron ayant refusé de quitter Harry, il était donc resté. Comme j'aurais refusé de quitter James, Sirius et… Peter.

« Bonjour Remus, me dirent Harry et Ron en cœur.

- Bonjour les garçons, bien dormis ? »

Ils grimacèrent étrangement et Ron marmonna :

« Avant et après la crise de Malfoy, ça a été.

- Oh... Désolé, ne pus-je m'empêcher de dire.

- Pourquoi t'excuses-tu ? Demanda Harry.

- Ce n'est pas votre faute, affirma Ron en même temps.

- Je ne sais pas, soufflai-je tout en me levant et en me servant une tasse de café.

- Comment va-t-il ? Demanda Molly.

- Bien je présume, répondis-je en reprenant place à table. Seulement, je m'inquiète beaucoup. Son rythme cardiaque était fortement élevé.

- Élevé comment ? Me questionna Harry.

- Dangereusement élevé. S'il n'était pas aussi jeune, il aurait pu faire un arrêt cardiaque, répondis-je soudain en colère et apeuré.

- Ah, soupira Ron. Mais du coup, pourquoi il n'est pas rentré chez lui ? Je veux dire, s'il savait qu'il allait souffrir à ce point...il ne fait rien ici de toute façon.

- Je ne connais pas la réponse à cette question, avouai-je.

- Il n'avait pas vraiment le choix, je suppose, souffla Harry en se grattant la nuque. Il était censé... tuer Dumbledore. Mais il ne l'a pas fait alors... je ne suis pas sûr qu'il aurait été super bien reçu. »

Je commençai à comprendre.

« Nul doute qu'il aurait subi la colère de... »

Je ne finis pas ma phrase, le jeune Malfoy entrant dans la cuisine.

Il nous jeta un regard noir et se servit une tasse de thé avant de s'asseoir plus ou moins délicatement sur la chaise la plus éloignée du reste d'entre nous.

« C'est bon, grogna-t-il, vous pouvez continuer de parler de moi comme si je n'étais pas là. Ce n'est pas comme si j'écoutais ce que vous racontez de toute façon. »

Je pris une grande inspiration pour rester assis et ne pas aller le prendre dans mes bras.

OoOoOoOoO

J'étais sous la douche et l'eau chaude détendait mes muscles endoloris. Passer cette nuit au sol n'avait pas été une si bonne idée, mais je ne pouvais la regretter.

Je profitai du moment, la douche étant un luxe que nous n'avions pas eu au camp et me décidai ensuite à me savonner. Seulement, avant que je puisse me rincer, j'entendis un gémissement.

Je tendis l'oreille, arrêtant l'eau et un autre gémissement me fit sortir de la douche rapidement, faisant fi de la mousse encore présente. Je pris la serviette et l'enroulai sommairement autour de moi, avant de me précipiter dans sa chambre.

Le voir, tête enfouie dans son oreiller, son corps semblant convulser de douleur et son cœur battant bien trop rapidement, je pris place au sol, et posai la main sur le bas de son dos, inquiet.

POV Draco

Après le petit-déjeuner, j'étais immédiatement remonté à l'étage.

Oui, j'étais de mauvaise humeur mais j'étais en droit d'être de mauvais poil !

Non seulement le Mage Noir s'amusait de plus en plus à jouer avec ma marque et Lupin semblait être le seul à être capable d'apaiser cela mais en plus, ils se permettaient de parler de moi comme si je n'étais qu'une pauvre petite victime pathétique. Alors oui, j'étais furieux.

Une fois de nouveau dans ma chambre, je m'assis sur le lit en tailleur en repensant aux mots de Lupin quand il m'avait quitté le matin même. Il avait dit « qu'il ne voulait pas me laisser » et je doutais que Lupin parle de lui à la troisième personne. Ce qui signifiait que c'était le loup en lui qui ne voulait pas me laisser. Ce qui signifiait, en gros, que j'étais dans le pétrin.

Parce qu'être choisi comme celui que le loup-garou voulait pour en-cas jusqu'à la fin de sa vie, ça ne faisait définitivement pas parti de mes plans. Je soupirai et secouai la tête en me rappelant que de toute façon, mes plans ne finissaient jamais comme prévu. Ils étaient bons pourtant, mais Tête de Serpent ou mes parents ou encore le grand Harry Potter finissaient toujours par se ramener et quelque chose plantait, et ensuite, la situation empirait jusqu'à ce que quelqu'un meure, ou souhaite mourir.

Je me laissai tomber en arrière en soupirant, agacé. J'avais choisi de venir ici et pourtant, je commençai à regretter mon choix. En fait non, parce que dans un sens, c'était toujours mieux qu'Azkaban ou le Manoir mais... je me sentais inutile, et je m'ennuyais, et j'avais mal la moitié du temps à cause du Mage Noir qui ne semblait pas vouloir m'oublier.

Je passai le doigt sur mon poignet, celui que Lupin avant tenu toute la nuit dans sa main, et frissonnai en me rappelant la chaleur de sa peau contre la mienne. J'avais aimé qu'il soit là, et je détestais aimer ça.

Je fermai les yeux quelques secondes, fatigué, mais les rouvris rapidement, la douleur dans mon bras recommençant. Je me retournai et enfonçai le visage dans l'oreiller, refusant d'alerter tous les bons Samaritains qui peuplaient cette foutue baraque. Tête de Serpent attendait habituellement plus longtemps avant de réattaquer et il ne me fallut que quelques secondes avant de commencer à perdre la tête.

Mon cœur s'emballa bien plus rapidement que d'habitude, probablement pas tout à fait remis de cette nuit et j'étouffai un cri alors que la douleur amplifiait encore. Cependant, je sentis bientôt la main de quelqu'un dans mon dos et je commençai à me détendre. Parce que c'était Lupin, et qu'une fois de plus, son touché avait fait reculer le pouvoir de Tête de Serpent. Sa main était dans le bas de mon dos et je le sentis s'installer une nouvelle fois par terre à mes côtés. Je me calmai plus rapidement que cette nuit, la torture n'ayant durée qu'une minute ou deux tout au plus et mon cœur ralentit jusqu'à reprendre son rythme normal.

« Bon sang, jurai-je au bout de quelques instants supplémentaires, il ne le faisait pas aussi souvent avant.

- Il doit surement devenir de moins en moins patient au fait que tu résistes aussi longtemps.

- Hm. Ou il sent qu'un truc le bloque et il n'est pas content. Potty voudrait pas genre, aller le tuer maintenant ? Demandai-je.

- Il ne demanderait pas mieux je pense, mais il n'est pas prêt.

- Bien sûr, ça aurait été trop beau. »

Je rouvris finalement les yeux pour les poser sur un Lupin à moitié nu et couvert de mousse, beaucoup plus attrayant à mes yeux qu'il n'aurait dû l'être. Il avait quelques cicatrices sur le torse et il dégoulinait d'eau et de mousse. Ce qui fit que je ne pus m'empêcher de rire un peu.

« Vous perdez toute crédibilité en tant que vilain loup-garou comme ça, vous êtes au courant ? Me moquai-je. »

Il se jeta un regard et rougit, avant de dire :

« Il ne faut pas se fier au physique, je reste un monstre malgré cette apparence.

- Oui, il parait. Enfin, j'ai toujours pensé que vous deviez être une espèce de loup-garou raté de toute façon... »

Il me dévisagea bizarrement et répéta ensuite :

« Un loup-garou raté ?

- Greyback est grand et méchant et il sort ses crocs toutes les trois minutes pour grogner et baver. Vous êtes... trop gentil pour être une vilaine bête je suppose. Mais ne vous excitez pas, je ne suis pas encore sûr que ce soit un compliment. »

Je pris sa main dans la mienne et m'assis en tailleur sur le lit avant de poser ses doigts sur ma cheville. Je me passai ensuite la main sur le visage avant de souffler :

« Il faut vraiment que j'arrête de parler.

- Non, c'est intéressant. Te rends-tu compte que tu imagines une catégorie de personnes en t'imposant une seule image, qui ne reflète en rien cette communauté. Fenrir est vraiment à part. Je reviens d'un camp de Loup-garou et ils me ressemblent tous, bon... avec un peu plus de muscle. Mais ils ne bavent pas ni ne sortent les crocs. Par contre, les nuits de pleine lune, il vaut mieux rester loin de nous.

- Vous dites ça comme si vous n'étiez pas exactement comme moi. Vous aussi vous faites des cas à part une généralité. Et ouais, je suppose que je n'ai plus qu'à espérer que Tête de Serpent meure avant la prochaine pleine lune n'est-ce pas ?!

- Je ne comprends pas ce que tu veux dire. »

Je soupirai et levai les yeux au ciel avant de répliquer :

« Ça ne me surprend même pas. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c'est juste de pire en pire à chaque fois et... ça ne me fait pas particulièrement plaisir mais votre présence fait disparaitre la douleur. A la pleine lune, vous allez avoir autre chose à gérer que moi, et le Mage Noir s'ennuiera probablement tout autant qu'aujourd'hui. J'espère juste que mon cœur tiendra la nuit, c'est tout. »

Ses yeux devinrent deux billes noires, avant de devenir dorés puis de redevenir normaux. Je clignai des yeux et il dit :

« J'ai encore quelques potions Tue-loup, je serais donc inoffensif et... et je serais juste sous la forme d'un loup normal. Tu pourrais passer la nuit avec moi, tu ne risquerais rien. »

Je laissai un rire nerveux s'échapper de ma gorge avant d'ajouter :

« Je sais que j'ai dit que je vous trouvais plutôt inoffensif pour un garou, mais pas à ce point. Pas inoffensif au point que je passe la pleine lune dans la même pièce que vous.

- Je ne te ferais pas cette proposition si je n'étais pas sûr et certain que tu sois en sécurité. »

Je haussais un sourcil, clairement dubitatif. Je réfléchis à la situation et finis par me dire qu'après tout, entre mourir assurément d'une crise cardiaque suite à une douleur atroce et mourir peut-être après que Lupin m'ait croqué... ouais, le choix était vite fait. Je haussai les épaules et posai mon regard sur son corps une nouvelle fois avant de souffler, plus acerbe que je ne l'avais prévu :

« Vous devriez vous habiller, vous me faites de la peine comme ça.

- Mes affaires sont dans la salle de bains. Et toi, tu es ici. Je ne peux donc pas y aller et te laisser souffrir. »

Je me passai la main dans les cheveux en réfléchissant à la situation. Il était clair que je préférais avoir Lupin à portée de main au cas où l'Autre déciderait de recommencer sa torture. Mais je préférais également que Lupin s'habille.

« On peut tester, voir s'il a arrêté. Et vous pourrez aller vous habiller. De toute façon, vous n'avez pas prévu de me coller pendant les prochains mois, ou que sais-je, années, qu'il faudra encore au grand Harry Potter pour défaire le Mage Noir, si ?! »

Il ne répondit pas et détacha sa main de ma cheville.

J'inspirai en attendant la douleur mais rien ne vint. Je lui indiquai la porte de la tête et il finit par sortir. Je me laissai retomber sur le matelas en soupirant. J'avais trouvé les derniers mois épuisants, mais ils ne seraient rien comparés à ceux qui allaient venir, je le sentais et ça ne me plaisait pas du tout. Lupin revint quelques minutes plus tard et se posta à côté de moi, habillé, avant de me demander :

« Tout va bien ? »

Je hochai la tête vaguement en l'observant se passer la main dans les cheveux, apparemment embêté. Voyant qu'il ne se décidait pas à parler au bout de plusieurs secondes, ma patience ayant atteint ses limites, je pris les choses en main et lui dis :

« Parlez. On ne va pas rester là pendant des heures à se regarder dans le blanc des yeux.

- Je dois descendre, tu m'accompagnes ou tu restes ici ? »

L'accompagner signifiait l'avoir littéralement à portée de main à chaque instant, mais cela voulait aussi dire que j'allais devoir rester avec les autres pendant des heures et les écouter déblatérer sur des sujets très probablement inintéressants en me lançant des coups d'œil curieux, merci bien, mais non merci.

« Je vais rester là. Il s'est peut-être lassé. Et puis si ce n'est pas le cas, je suppose que ce serait... gentil de votre part de monter.

- Oui, il en va de soi. »

Je ne répondis rien et il sortit avant de refermer la porte derrière lui. Je me passai la main sur le visage, épuisé, avant de me pencher pour reprendre mon livre et ainsi ma lecture.

Le temps ici allait vraiment être très long.


Nous espérons que ce premier chapitre vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis, nous ne mordons pas :p
Abby and Jes