BONJOUR ! Joyeux Halloween !
Cette fic a été écrite dans le cadre du Défi d'Halloween sur le forum de KH (lien sur mon profil pour les petits curieux). Le thème en était Métamorphose.
La date limite était aujourd'hui, le 31 octobre, ce qui est logique. Le souci, c'est que... Heh. J'ai pas fini. Pas tout à fait.
Ce texte s'est agrandi sans mon consentement. À l'heure où j'écris ces lignes, j'avoisine les 21 000 mots, et il me reste, disons, un chapitre et demi à écrire.
Mais pas de panique ! J'ai peut-être échoué le défi, puisque la fic n'est pas encore complète, ceci dit, ne vous en faites pas, je ne serais pas longue à publier le reste ! Je vais vous laisser avec 3 chapitres aujourd'hui, 3 autres demain (ce sera la fête des morts, je serais encore dans le thème, non ?) et le reste le 2 novembre !
Comme ça, ceux qui préfèrent lire à leur rythme pourront le faire, et ceux qui aiment plutôt lire les fics longues d'une traite ne seront pas mécontents non plus.
Mais j'ai beaucoup trop parlé ! Je vous laisse tranquilles. Bonne lecture !
J-7 (Mardi)
Le miroir ne renvoyait pas l'effet escompté. Le reflet souriait, dévoilant des dents pointues qui n'arrangeaient pas son apparence sinistre, yeux rouges et peau translucide parsemée de veines noires luisantes. Saisi, Riku dû regarder ses propres mains, celles de son corps tangible, pour s'assurer quelles étaient toujours normales, dépourvues de griffes et de ridules sinistres.
Il se détourna du miroir en pied, ornée d'un cadre d'argent et d'obsidienne, seulement pour croiser son regard bleu dans presque tous les autres reflets de la galerie. Seul le miroir de l'équilibre les lui renvoyait rouges…
L'apprenti sorcier soupira de dépit. Il ne voyait pas ce qu'il faisait de travers, pourtant.
Cela faisait presque un an qu'il avait pénétré la galerie des glaces pour la première fois et trouvé le miroir de l'équilibre. La glace renvoyait la véritable nature des gens, ou plutôt, pour être plus précis, de quel côté leur coeur penchait dans la balance. Lumière ou Ténèbres.
Pour la plupart des élèves, c'était évident, instinctif. Ils ne se faisaient pas trop de souci, et s'ils se posaient des questions, ils venaient trouver le miroir et s'en trouvaient rassurés. Quelque soit l'orientation qu'ils aimeraient choisir, leur coeur s'inclinait en général naturellement vers celle-ci.
Pas Riku, pourtant. Et il ne voyait pas pourquoi.
Ses reflets renvoyèrent un millier de poings serrés à s'en faire blanchir les jointures. Il détestait cela. Se sentir impuissant à contrôler sa propre destinée.
Il ne restait qu'une semaine avant Halloween. Une semaine avant que les classes de première années de sorcellerie ne soient divisés entre Lumière et Ténèbres.
Et Riku ne voyait pas comment, en si peu de temps, il pourrait faire basculer ce qu'il s'était échiné à tenter de changer en lui pendant un an complet.
Dépité, il retourna sur ses pas pour traverser la galerie en sens inverse, passant devant une multitude de clones de lui-même, certains riants, d'autres pleurants, certains faisant mine de périr dans d'atroces souffrances en un hurlement muet, certains pourvus de plumes, de citrouille à la place de la tête, de moquette de salle de bain en guise de cheveux, …
La première fois qu'il s'était aventuré dans cette salle immense, il n'avait pas su retrouver son chemin, entouré de tas de regards perdus, tous le sien, confus et désorientés. C'était un professeur qui l'avait trouvé et guidé à l'aide d'un sortilège de fil d'Ariane. A présent, il connaissait par coeur le trajet jusqu'au miroir qui l'intéressait.
En sortant du bâtiment aux airs de vieille chapelle, il s'aperçut que le ciel avait pris une teinte orangée derrière la cime des arbres nus. Ah, il s'était attardé… Ce devait être l'heure du dîner, à présent.
Soudain, il croisa le regard d'un énorme corbeau aux plumes luisantes, posé sur une citrouille. Après une demi-seconde à le fixer, l'oiseau s'envola à tire d'aile en suivant le petit sentier de terre.
Foutu piaf. Riku ne savait pas encore qui l'envoyait, mais ce truc le suivait depuis pas mal de temps, déjà… Est-ce qu'il se figurait qu'il ne s'en rendait pas compte ? Il n'y avait jamais eu de corbeaux aux alentours de l'école !
Franchement…
Le réfectoire de l'école suintait de banalité. Pourtant, dans cette école particulière, avec ses murs en pierres, ses créatures sinistres à chaque coin de fenêtre, ses hurlements étranges et ses squelettes cachés dans les placards, la pièce sobre faisait presque l'effet d'un décor de science fiction.
En effet, passer d'un coup d'un seul d'une ambiance médiévale à une cantine tapissée de blanc, avec des plateaux de cantine banals, des tables et des chaises banales, de la nourriture banale, un plafond banal, des éclats de voix banals, … Disons qu'au début, cela surprenait.
Au crépuscule de sa première année dans cette école de magie, Vanitas commençait tout juste à s'y habituer, et à arrêter de se demander s'il passait le portail d'une autre dimension chaque fois qu'il allait manger.
Le seul détail qui ferait hausser un sourcil à quelqu'un d'extérieur, ce serait à la rigueur l'océan de chapeaux pointus qui s'étalait sur les têtes des élèves. D'ailleurs, bon, il s'avérait difficile de passer inaperçu lorsque…
« Où est passé votre chapeau, jeune homme ? »
Vanitas se contenta de fixer d'un air de défi le professeur de potion, qui le dardait de ses yeux verts globuleux.
« Encore oublié dans votre chambre ce matin, j'imagine ? »
Il attendit comme s'il guettait réellement une réponse, ce qui donnait toujours envie à Vanitas de lui envoyer un pot de moutarde à travers la gueule ou quelque chose. Finalement, le professeur finit par soupirer de façon désapprobatrice.
« Ce sera consigné dans votre dossier » maugréa-t-il avant d'enfin lui faire grâce de son absence.
Xion, assise à la gauche de Vanitas, se tourna vers lui.
« T'abuses, quand même, commenta-t-elle distraitement. Puis ça te va pas si mal. »
Oh, oui, il n'en doutait pas. Lorsque l'espèce de pyramide qu'on les obligeait à porter daignait tenir sur ses cheveux en bataille, il supposait que ça lui allait bien. Ou pas. Le souci était justement la masse capillaire qui possédait une fâcheuse tendance à ne pas se laisser emprisonner sous une prison de tissu. Bah.
« Pourquoi tu me fixes comme si j'avais oublié un truc important ? » demanda Xion après avoir aspiré une fourchette de spaghettis bolognaise.
Son ami, dépité, se saisit d'une de ses propres mèches de cheveux pour lui faire comprendre, aidé d'un regard fatigué. Déjà qu'il n'aimait pas s'expliquer, si on lui faisait répéter les choses en plus de cela…
La fille jeta un œil sur le sommet de son crâne d'un œil désintéressé, mâchonna le contenu de sa fourchette quelques secondes, puis une légère étincelle de compréhension brilla au fond de son regard.
« Aaaaah, oui, c'est vrai. Mais doit bien y avoir un sortilège de fixation pour arranger ça, nan ? »
Il haussa les épaules, s'en foutant éperdument. De toute façon, Xion commençait à s'endormir au-dessus de son assiette. Vanitas, en pote à moitié décent, enleva la nourriture du plateau avant qu'elle ne s'effondre dessus. C'était déjà arrivé plus d'une fois. Le choc du plastique contre son front réveilla momentanément la jeune fille, qui se redressa au moment où Axel débarquait juste à la droite de Vanitas, bruyant comme toujours.
« Saluuut ! J'ai loupé quoi ?
-Vexen a encore engueulé Vani pour le chapeau. Sinon rien.
-Ouais donc rien. Eh vous avez pas une gentiane en rab' pour le cours de botanique ? La mienne a pas poussé, j'sais pas… J'dois pas avoir la main verte.
-Etonnant » ironisa Xion.
Vanitas n'aurait pas dit mieux. Il n'aurait pas dit grand-chose, d'ailleurs. Il se désintéressa de la conversation et s'apprêtait à retourner à ses spaghettis et autres joyeusetés lorsqu'un éclat argenté attira son attention. Il leva la tête peut-être un peu trop vite pour le suivre du regard. Comme d'hab', il se sentit aussitôt comme en lévitation et cloué au sol en même temps.
L'autre se dirigeait vers une table libre, encore flanqué de ses deux amis niais et sans intérêt. Il paraissait peu enclin à s'intéresser à ce que les parasites lui disaient, cette fois-là. D'ordinaire, il faisait au moins semblant de s'intéresser à leurs bavardages... Pas dans son assiette, hm ? Vanitas comprenait sans comprendre. S'il devinait bien la cause de la morosité de Riku – parce que l'apparition avait un prénom, oui- , il voyait encore mal quel souci ça posait exactement.
C'est fou, même quand il faisait la tronche, il était beau. Ça changeait de Xion qui ressemblait à une patate renfrognée quand elle était de mauvaise humeur, ou d'Axel qui se plaignait beaucoup trop fort pour les tympans de n'importe qui.
« Eh, tu regarde qui comme ça ? » s'enquit soudain Xion en se réveillant pile au moment où il ne fallait pas.
Elle tendit le cou dans la fameuse direction sans s'encombrer de discrétion et haussa un sourcil.
« Oh, encore ce garçon ?
-Ah ? s'étonna Axel, soudain intéressé. Vanichat a un amoureux ? Trop mignon ! »
Le concerné se préparait à démentir lorsque son rouquin d'ami se mit à le taquiner en appuyant sur sa joue avec son doigt.
Il le regretta.
« Aïeuh ! Mais tu m'as mordu ! T'es un grand malade !
-Faut pas l'embêter, aussi, déclara doctement Xion. Tu sais comment il est. »
Et Vanitas n'aimait pas en arriver à de tels extrêmes, vraiment. Pas par égard envers les personnes qu'il mordait, évidemment, mais déjà pour des conditions hygiéniques. Sérieux, il ne savait pas où ça avait traîné, après tout. Et puis ça avait sale goût, un doigt. Sauf qu'il s'agissait parfois du meilleur moyen de se faire respecter, a fortiori dans son cas. C'qu'il fallait pas faire, hein…
« Sans blague, Vani, reprit doucement Xion. Tu devrais aller lui parler si tu l'aimes bien. »
Sérieusement ?
Il se contenta de la fixer jusqu'à ce qu'elle comprenne le contresens dans sa phrase.
« Ah. Ouais, c'est pas ce que je voulais dire ! Je suis sûr que t'as moyen de l'aborder sans vraiment parler. Axel, ne ris pas, c'était pas grivois comme remarque. Je veux pas savoir ce que tu imagines. Bref. Tu connais son nom, au moins ? »
Son nom, sa classe, sa date de naissance et son groupe sanguin, oui, mais est-ce qu'il fallait vraiment que Xion le sache ?
Après réflexion, il hocha lentement la tête. Àa ne servait pas à grand-chose de lui cacher des choses. Elle savait toujours quand il mentait.
« C'est un bon début ! s'illumina-t-elle.
-Eh, je le connais ! s'exclama Axel en se démanchant le cou de façon pas très fine pour apercevoir l'objet de tout ce pataquès. Enfin, pas personnellement, hein, c'est Roxas qui m'en a parlé. C'est le meilleur élève de l'autre classe de première année. Il a pas mal d'admirateurs. Tu me déçois Vani, t'es pas très original. C'est très classique tout ça. »
La remarque lui valut un majeur levé devant le nez.
A la table voisine, une masse invisible s'empara des desserts d'un groupe de troisième année, ce qui, sans être un spectacle très rare ici bas, amena suffisamment d'animation pour faire oublier à Xion et Axel le sujet de conversation, au grand soulagement de Vanitas.
« Y paraît que dans le dortoir des Ténèbres, y'a un Monstre des dessous de lit ! s'exclama Sora sans prendre la peine de mâcher ses spaghettis. Mais personne ne sait sous quel lit !
-C'est un mythe, sourit Kairi. Tu t'es encore fait avoir par ce que raconte Joshua.
-Ouais ben, heureusement, on aura pas à vérifier ! Hein, Riku ?
-Ahah, ouais... »
Bons dieux, il se sentait tellement transparent ! Il s'apprêtait à ce qu'ils percent son secret en deux secondes, tellement le stress suintait de tous les pores de sa peau.
Il ne leur avait toujours pas dit. Il ne savait pas trop comment s'y prendre, en fait. À une semaine d'Halloween, leur sortir joyeusement, hey, au fait, pendant un an j'vous ai dit que j'étais d'affiliation Lumière, mais j'vous ai menti dans l'espoir que ça finisse par être vrai, marrant, non ? ne lui semblait pas une très bonne idée.
Kairi allait le tuer. Pas qu'elle soit particulièrement ténébrophobe, mais le mensonge allait la mettre en pétard. Ça et l'espoir déçu qu'il passent leur scolarité entière ensemble.
Ils venaient de la même île et avaient passé leur enfance unis comme les trois doigts de la main d'un gobelin. Leur première année d'école de magie n'avait pas fait exception.
Riku ne voulait vraiment pas les décevoir…
« T'as pas faim ? s'enquit Sora en louchant sur son assiette.
-Nan.
-J'peux manger tes pâtes bolo ?
-Huhum. »
Kairi, les yeux rivés sur son assiette de pâtes également, fronça les sourcils.
« Ça va pas, Riku ?
-Si…
-Ah ouais ça se voit, t'as vraiment un ton enjoué, dis donc.
-Bof, moi j'vois pas la différence avec les autres jours, fit observer Sora.
-Si t'as peur pour la cérémonie, dit Kairi, tu peux aller dans la galerie des miroirs. On l'a tous fait sauf toi.
-Justement, à ce propos... »
Ce fut à ce moment que des cris de protestation résonnèrent à une table un peu plus loin. Des élèves perdirent leur chapeau pointu en courant après leurs desserts qui se faisaient la malle, baguette magique en main.
« Encore ces trucs invisibles… marmonna Sora en continuant de manger.
-Ouaip. Personne sait ce que c'est, c'est ça ?
-En effet, répondit Riku. Ces choses sont dans l'école depuis toujours. Et comme personne n'est jamais mort, on ne s'est pas décidé à chercher une solution.
-Pas grave, alors ! »
Et ils oublièrent totalement la conversation précédente, au grand soulagement de Riku, bien content de bénéficier d'un sursis.
Il leur dirait tout.
Juste pas aujourd'hui.
