Love styles

« Désolé, je crois que tu m'a confondu avec l'autre ange. Tu sais, celui en imper sale qui est amoureux de toi. »

La phrase avait perturbé Dean, même s'il ne l'avait pas montré sur le moment. Sérieusement ? C'était quoi toutes ces insinuations sur sa vie sexuelle ? D'abord, il y avait tous ces idiots qui croyaient que lui et son frère étaient en couple – et il n'allait même pas aborder le sujet des fans des bouquins écrits par Chuck – maintenant, il fallait aussi qu'on l'accuse d'être une source de fantasmes pour un être cosmique complètement alien ?

Il était maudit ou quoi ?

« Heum… Cas ? »

« Oui ? »

Putain, comment formuler ça ? Alors que l'ange dardait son regard trop bleu sur lui ?

« Eh ben… Pendant tout ce bordel avec le Titanic et la Moire psychopathe… Balthazar a dit que tu en pinçais pour moi. »

Dean ne savait pas trop ce qu'il espérait. Mais en tout cas, il ne s'attendait pas à ce que Castiel fronce les sourcils, l'air fâché, et lâche :

« J'aimerais bien qu'il arrête de parler de mes secrets sans mon consentement. Est-ce trop lui demander, que d'exiger qu'il respecte mon intimité ? »

Est-ce que trente et un ans, c'était trop jeune pour avoir une attaque ? Parce que Dean se sentait sur le point d'en avoir une, là, tout de suite.

Un ange – une longueur d'onde céleste vivante inter dimensionnelle – avait flashé sur lui. Le Grand Patron avait réellement une dent contre lui, de toute évidence.

Le chasseur blond eut un sourire gêné et se gratta furieusement la nuque.

« Cas, on est amis mais… »

« Je n'attends rien de toi » déclara tranquillement l'ange.

Les neurones de Dean se déconnectèrent brièvement.

« Pardon ? »

« Je n'attends rien de toi » répéta Castiel. « Je t'aime, Dean. Je n'ai aucun désir de copuler avec toi. Je suis tout simplement amoureux de toi. »

« Ah » lâcha l'humain. « C'est… possible, ça ? »

L'ange… fit la moue, il n'y avait pas d'autre expression.

« Tu sais que j'éprouve une grande admiration et un grand respect pour l'humanité, Dean, mais vous êtes affreusement imprécis pour ce qui est de parler de l'amour. Sais-tu que le grec ne reconnaît l'existence que de quatre amours différents, alors qu'il n'en existe pas moins de quarante-deux en énochien classique ? »

La mâchoire du blond se décrocha.

« Quarante-deux ?! »

« En effet. Il n'y a pas qu'une façon d'aimer, contrairement à ce que tu sembles croire. Ton amour pour Sam est-il le même que ton amour pour Bobby ? »

« Putain, Cas, on avait dit pas de sentimentalisme à la con ! » s'énerva le chasseur, aussi rouge qu'un homard tombé dans une casserole d'eau bouillante.

« Réponds » insista l'ange.

Le blond éprouvait la furieuse envie d'être ailleurs, mais impossible d'échapper à ces yeux qui lui fouillaient l'âme.

« …Non » avoua-t-il piteusement. « C'est pas pareil. »

Castiel eut un gentil sourire.

« Tu vois bien. Ce sont deux types d'amour très différents, aussi différents entre eux que l'amour que tu as pour moi ou l'amour que j'ai pour toi. »

« Cas, bordel ! » explosa le chasseur. « Je ne suis pas gay ! »

« Je n'ai jamais dit que tu étais homosexuel » protesta doucement l'ange. « Et je ne te demande pas non plus de m'aimer comme je t'aime. »

Ah. Qu'est-ce qu'il pouvait répondre à ça ?

« …Pourquoi tu m'aimes, alors ? »

Les yeux bleus étincelèrent l'espace d'une fraction de seconde.

« Parce que je n'ai pas le choix. »

« Tu veux dire quoi, là ? »

« Même un ange ne peut contrôler son propre cœur, Dean. Je n'ai pas décidé de t'aimer. L'amour vient, c'est tout. Je t'aime, voilà tout. »

C'était la déclaration la plus absurde que le chasseur avait jamais entendue – et dans sa carrière de coureur de jupons invétéré, il y en avait eu des dizaines. Parce que, franchement, qui aimait les gens juste parce que ?

Les anges, apparemment.

Je t'aime, voilà tout.

Absurde. Très con. Très naïf. Le simple énoncé d'une évidence.

Ça allait si bien à Castiel, une déclaration pareille.

Je t'aime, voilà tout.

Avant que l'humain n'ait pu rouvrir la bouche, l'ange s'était envolé dans un battement d'ailes.