Le soleil est encore plus beau que d'habitude ce matin. C'est ce que j'aime en Arizona, il fait toujours beau et chaud. Je vis dans une petite maison avec mon père, Adam. La fin des vacances approche : dans une semaine je rentrerais au lycée, et ce sera mon anniversaire : J'aurais quinze ans. J'ai hâte de retrouver mes amis ! Je ne les ais pas vus des vacances, car la plupart partent tout l'été. Moi, je reste chez moi car nous n'avons pas l'argent pour partir en vacances. Je suis plutôt bonne élève, mais mon père n'a pas les moyens de m'inscrire dans un lycée prestigieux, c'est donc dans le lycée le plus proche de chez moi qui se situe tout de même à trois quart d'heure de route d'ici que je suis inscrite. Seulement, je sais que ce ne sera pas facile : mon père tient le garage automobile de notre ville, et n'a pas les moyens d'embaucher des employés, c'est pour cela que c'est moi qui m'occupe de la comptabilité, enfin, de toute la paperasse quoi. Je sais très bien que j'aurais beaucoup plus de travail maintenant que je suis au lycée, mais je ne peux pas me résoudre à laisser mon père s'occuper seul du garage.
Il y a de l'agitation en bas. Des visiteurs ? Personne ne vient jamais chez nous. Je décide de regarder discrètement pas ma fenêtre, c'est la que j'aperçois, garé dans la cour de notre maison, une voiture noir aux vitres teintées. Est-il possible de rendre une voiture si brillante ? J'ai beau avoir un père garagiste, je n'ai jamais vu pareille voiture. J'enfile un jean et un vieux t-shirt en vitesse, et descends rejoindre mon père pour en savoir un peu plus sur la présence de cette magnifique voiture. Celui-ci est assis dans la salle à manger, en compagnie d'un homme et d'une femme : l'homme porte un costume magnifique qui doit valoir une fortune ! Il semblerait qu'il ait une cinquantaine d'années. La femme elle porte un tailleur couleur perle, et des talons hauts. Aucun cheveu ne dépasse de son chignon. Ils sont de dos, je n'arrive donc pas à distinguer leurs visages. Ils ont l'air d'avoir une discussion sérieuse, et je veux en savoir plus. Je m'assieds donc dans les escaliers et écoute ce qui ce dit :
« Je penses que Mia ne mérite pas d'aller dans un pauvre petit lycée de secteur. Elle a des grandes capacités et mérites de rentrer dans une école prestigieuse. Je sais que tu veux qu'elle reste avec toi mais pense à ta fille.
-Gayle, tu réapparais après cinq ans d'absence. Tu ne trouves pas que tout ça est un peu exagéré ? Tu nous as abandonné et ta fille ne te l'a jamais pardonné. Elle ne voudra jamais partir avec toi. »
Je commence à comprendre. C'est moi le centre de cette discussion, et cette femme si élégante qui est assise dans ma salle à manger, c'est ma mère. Je décide de descendre les escaliers. Je viens me poster aux côtés de mon père, et défit celle qui est censée être qualifiée de maman du regard.
« Ma chérie ! s'exclame t'elle, ce que tu as grandit ! Tu es magnifique… »
Elle se lève et tend les bras vers moi. Je m'écarte et lui fait comprendre que je ne veux rien venant de sa part. Seulement, j'ai besoin d'explication après ce qu'il s'est passé :
« Pourquoi t'es là ? Comment tu peux oser venir chez nous après nous avoir laissé tomber de la sorte ! J'aurais honte à ta place. Tu croyais quoi ? Que j'allais t'accueillir les bras ouverts et te dire combien tu m'as manqué ? Pour moi t'existes plus. T'es plus rien. Et encore moins ma mère. »
Le silence règne dans la pièce. Ma mère ne me regarde plus, les yeux imbibés de larmes. L'homme qui est à côté d'elle lui caresse la main tendrement. Ca me dégoute. Il y a en moi une irrésistible envie de lui faire du mal. C'est pour cela que je décide de lui poser des questions. Je vais me servir un gobelet de café, et vient m'assoir aux côtés de mon père.
« Et bien maintenant que tu es là, racontes nous un peu. Comment ca se passe dans ta grande ville ? Manhattan c'est ça ? »
-Et bien, comme tu peux le constater, je me suis remariée, avec Bartholomew mais tu peux l'appeler Bart tu sais. Je l'ai rencontré à Manhattan. Ecoutes ma chérie, je sais que tu m'en veux beaucoup mais je pense qu'il faut que tu oublis tout ca… C'est pour ca que je suis venue te chercher, pour t'emmener à Manhattan. Tu vivras avec moi et Bart dans un nouvel appartement. Tu verras, il est très beau et très grand. Il a aussi un fils, Chuck. Il n'est pas bien plus âgé que toi, seulement deux ans. Il pourra te faire découvrir la ville. Nous t'avons aussi déjà inscrite dans un établissement très prestigieux, Constance Billard, c'est une école pour filles très réputée. Là-bas, tu suivras des études de qualité. Je te promets que tu t'y plairas.
-Mais qu'est-ce-que tu crois exactement ? Que je vais tout abandonner, mes amis, papa ! Tu n'as pas le droit d'arriver comme ca et de m'annoncer que je dois partir. En plus, pour rien au monde je ne voudrais vivre dans la même maison que toi ! Tu peux rentrer chez toi, dans ta petite famille de bourges, tu m'as abandonnée, tu n'as jamais pris de mes nouvelles en cinq ans ! Je pense que tu arriveras à finir ta vie sans moi.
-Ecoutes Mia, me dis Bart, ta mère a fait un long voyage pour venir te chercher. Elle veut vraiment que tu reviennes. Cette école est tout de même la plus réputée de tout Manhattan. Ce serait une chance pour toi d'y entrer. Tu as de grandes capacités et ce n'ait pas en restant au fin fond de l'Arizona que tu vas les exploiter. Travailler dans le garage de ton père n'est pas une bonne idée. Ca t'empêche de suivre tes études correctement.
-Mais est-ce-que je vous ai demandé votre avis ? Non il ne me semble pas. »
Il fallait en plus que le nouveau mari de ma mère s'y mette ? Jamais je ne pourrais vivre dans cette famille. Il n'était pas question que je quitte ma ville natale pour me retrouver dans une maison avec de parfaits inconnus.
« Ecoutes Mia, dis ma mère avec une voix calme, nous ne te laissons pas vraiment le choix. Si tu ne viens pas avec nous, c'est sur Adam que la faute retombera.
-Pardon ? Qu'est-ce-que mon père à voir avec ça ?
-Ton père, repris Bart, te fait travailler depuis plusieurs années sans que tu sois déclarée et surtout sans te rémunérer. C'est contre la loi. Si tu ne viens pas, nous dénoncerons ton père à la police.
-Mais c'est dégueulasse ce que vous faites ! Vous n'avez pas le droit !
-Mia, dit mon père en me prenant la main tendrement, ne t'inquiètes pas pour moi, Gayle et Bart ce sont engagés à me donner de l'argent et grâce à ça tu pourras partir et suivre des études dignes de ce nom, et moi je pourrais engager quelqu'un qui s'occupera de la comptabilité. Ce n'est pas à toi de faire ce travail… Je veux que tu sois heureuse mon ange.
- Promets-moi que l'on se verra souvent ! Lui dis-je les yeux pleins de larmes.
-Bien sur ma chérie… Je t'aime tellement ! »
