Titre : Agneau sacrificiel
Auteur : Anders Andrew
Rating : K+
Notes : SPOILER Tome 7 - il s'agit d'une suite alternative au tome 6, chapitre 27.
Lorsque le jeune garçon qu'on appelait Smile se réveilla, il se trouvait dans une horrible cage en compagnie d'autres enfants aux regards vides.
Il se toucha la tête; quelqu'un l'avait surpris, alors qu'il sortait de la tente de Joker, et assommé par derrière. Une bosse naissant sur son crâne lui permit de vérifier cette hypothèse.
En un clin d'œil, il reconnut les enfants avec lesquels il partageait la cage : il s'agissait des enfants disparus à propos desquels il enquêtait.
Il tenta de leur adresser la parole, de les secouer, mais ils ne réagissaient pas. Ils ressemblaient à des marionnettes sans vie.
Alors Ciel agrippa les barreaux et regarda en dehors de la cage. Une terreur sourde lui serra le cœur tandis qu'il reconnaissait ces lieux maudits où, trois ans auparavant, il avait subi les derniers outrages.
Un homme seul se tenait dans les tribunes. Il était recouvert de bandages, à tel point qu'on ne pouvait le reconnaître. Cependant, il portait au doigt une chevalière, celle-là même à l'emblème du poinçon qui ornait les prothèses des artistes du Noah's Ark Circus.
« Te rappelles-tu de ce moment, comte ? », s'exclama l'étrange personnage en se tournant vers lui, le sourire aux lèvres.
Il avait un air étonnamment doux, malgré les bandelettes lui donnant des airs de momie, le rendant à la fois pathétique et répugnant.
- Moi, je n'y étais pas, hélas, pourtant j'aurais tellement voulu y assister. Mais quand je suis arrivé, c'était trop tard. Ils étaient tous morts…et tu n'étais plus là !
Un homme vêtu d'une d'une longue robe de cérémonie à capuche, le visage dissimulé sous un masque, vînt ouvrir la porte de la cage pour le tirer à l'extérieur. Anesthésié par le souvenir de l'horreur qu'il a vécu dans cet endroit et par l'incrédulité d'y être retourné, l'aristocrate se laissa faire sans résistance. Il parvînt néanmoins à reconnaître Joker à ses cheveux roux qui pendirent près de ses tempes quand il se baissa pour attraper Ciel.
Il le porta en direction de l'autel sacrificiel.
Le garçonnet se souvînt très clairement de ce qui s'était passé la dernière fois : la peur qui l'étranglait, mélangée à la souffrance. On l'avait marqué au fer rouge, comme du bétail, et on l'avait enfermé pendant plusieurs jours, sans possibilité de se laver ou même d'aller aux toilettes. Son corps tout entier exhalait une odeur de mort, et le pire était qu'il la sentait sans pouvoir rien y changer. Il était impuissant. Jeune et vulnérable.
On l'avait allongé et attaché au socle. Il était de toute manière bien trop affaibli pour pouvoir se débattre. Sa constitution fragile, associée aux mauvais traitements, l'avait vidé de ses dernières forces. Il en était arrivé à un stade où son esprit vacillait comme la flamme d'une bougie dans un courant d'air, sur le point de s'éteindre. Prendre la fuite valait peut-être mieux que ce désespoir.
Le pire était pourtant à venir. Quand il vit le maître de cérémonie lever la dague au dessus de lui, sa voix résonna dans un hurlement affreux, qui se termina en borborygme lorsque la lame plongea dans son torse, faisant remonter un flot de sang à sa bouche.
C'est alors que le démon était venu à lui.
- SEBASTIAN !, cria Ciel sur un ton autoritaire qui ne laissait rien transparaître de sa frayeur.
La lumière des chandelles qui éclairaient la salle s'éteignit alors qu'un vent glacial au parfum de soufre soufflait jusqu'à son adorable visage aux traits encore si enfantin.
- Tue-les tous…c'est un ordre.
Dans les ténèbres, une voix lui répondit :
- Yes, my lord.
