Les deux visages
Disclamer : Tous les personnages et lieux appartiennent à J.K Rowling, sauf quelque uns qui vous devinerez tout seul.
Résumé : « Nous sommes actuellement le 5 mai 1997, jour marquant le fin de votre exil du monde sorcier. Vous avez donc à nouveau le droit de traverser nos frontières. » Ava Potter, sœur de James, redoutait ses mots et les conséquences qu'ils auraient. Ne tient pas compte des trois derniers tomes. Et Sirius est toujours bel et bien vivant.
Note : J'avais déjà commencé à publier cette histoire il y a quelques temps. Je retente ma chance, avec quelques modifications ! Bonne lecture !
Prologue
« Esquimau »
La célèbre gargouille gardant l'entrée du bureau directorial tourna sur elle-même au son de la voix d'Harry, laissant place à un trou béant. Le jeune sorcier monta les quelques marches et frappa sur l'immense porte en bois.
« Entre Harry » lui intima une voix familière.
Il fut accueilli par les innombrables objets en métal qui faisaient un bruit continu et par le regard grave d'Albus Dumbledore. Il trônait derrière son bureau, impressionnant dans sa robe de sorcier pourpre brodée d'or. Ses yeux bleus brillaient derrière ses lunettes en demi-lune. Il fit signe à Harry de prendre place devant lui, sans dire un mot.
« Vous vouliez me parler Professeur ? »
Le matin-même, Harry avait reçu, par hibou, un mot du directeur lui priant de se rendre à son bureau pendant la pause déjeuner. Le jeune homme, intrigué, avait répondu favorablement. Peut-être allait-il lui parler de Voldemort.
« Oui... ce que je vais te dire ne sera pas plaisant à entendre, mais il est temps que tu saches. »
Que pouvait-on bien lui cacher ? Le retour de Voldemort lui pesait déjà bien lourd.
Dumbledore ouvrit un dossier posé devant lui et en tira une vieille photo jaunie. Comme coutume chez les Sorciers, les protagonistes présents dessus s'agitaient et semblaient même rire. Son professeur la lui tendit et il fut surpris de poser ses yeux sur les adolescents qu'étaient son père, Sirius, Remus et Peter. Seule une jeune fille brune, au côté de Sirius, lui semblait inconnue. Harry leva un regard interrogateur vers Dumbledore et une question muette passa entre eux.
« Je te présente Ava, la sœur de ton père... »
La brûlure fut vive et il lâcha le cliché sous le coup de l'émotion. Ava Potter, une tante fantomatique devenue réelle en un instant. Il n'était plus sûr de vouloir connaître la suite.
L'horloge du salon carillonna l'heure du goûter. Ava sursauta et leva les yeux de ses croquis. Une fois de plus, elle s'était laissée emporter par son travail. Elle posa ses crayons, rangea son matériel dans la pochette et laissa ses dessins en plan sur la table du salon. Elle reprendrait un peu plus tard dans la soirée, en attendant son mari. Alec était psychiatre au St Thomas' Hospital à Londres. A ce lieu, elle lui devait leur rencontre. Un contexte particulier certes, mais cela était une autre histoire.
Passionné par son travail, il en oubliait souvent sa vie de famille. Mais Ava l'avait accepté et elle somnolait souvent sur le canapé le soir, entre le coucher des filles et l'arrivée d'Alec.
Elle enfila une veste légère, recoiffa ses longs cheveux bruns, attrapa ses clefs et s'engouffra dans l'air doux d'un mois de mai étonnamment ensoleillé. L'école maternelle de Louisa, sa fille cadette, se trouvait à quelques pâtés de maisons de là. Quelques années auparavant, Ava avait exigé de déménager dans la banlieue londonienne. L'ambiance citadine de Londres lui pesait trop et elle préférait travailler dans un lieu plus tranquille. Alec avait cédé sans trop de difficultés, conscient de la fragilité psychologique enfuie au fond d'elle, qui parfois menaçait de ressortir.
Elle arriva devant l'école à l'heure de la sonnerie et déjà les enfants affluaient dans la cours de récréation. Ava salua quelques parents et guetta l'arrivée de sa fille, qui en bonne dernière, franchit les grilles une dizaine de minutes plus tard.
« Bonjour ma puce, sourit-elle en embrassant les joues rosies de Louisa. Alors qu'est-ce que tu as fait cet après-midi ? »
« On a fait des dessins dehors, s'exclama-t-elle en tendant la feuille qu'elle tenait dans ses mains. Regaaarde ! »
Ava distingua tant bien que mal une masse marron et verte et reconnut des arbres. La perception enfantine l'étonnerait toujours.
« Et j'ai écrit mon prénom aussi. Comme tu m'as montré. »
Louisa pointa le bas de la feuille et elle semblait fière d'elle. Ava sourit, attendrie.
« Il est vraiment beau ma chérie, je le mettrais avec les autres, dans ma pochette spéciale. »
Elle attrapa la menotte de sa fille et elles rentrèrent. Le trajet du retour fut assez long. Comme à son habitude, Louisa tenait à monter sur tous les petits murets et s'arrêtait au moindre petit truc. Lorsque Ava proposa de préparer des crêpes une fois à la maison, Louisa s'enthousiasma tellement que sa mère fut obligée lui courir après.
Essoufflées, elles franchirent enfin le pas de la porte et s'attelèrent à la préparation des crêpes.
Ava achevait de nettoyer la cuisine (les mûrs avaient été repeints de pâte) lorsque Lena, l'aînée, rentra du lycée. Les écouteurs dans les oreilles, elle posa négligemment son sac contre la console dans l'entrée.
« Salut M'man, dit-elle en revenant dans le monde réel. Hmm ça sent bon les crêpes, j'espère que Louisa n'a pas tout mangé. »
« Tu le sauras après avoir cherché le courrier, j'ai oublié d'y aller… »
« Mais Maman, je viens d'enlever mes pompes. »
« Chaussures, je préfère. Eh ben tu les remets. Tu en as pour deux minutes. »
Grognant une dernière fois pour le plaisir, Lena mit ses chaussures et sortit d'un pas lourd. Ava soupira. Tout cela pour une histoire de boite aux lettres. Sa fille venait tout juste de fêter ses 17 ans et son activité favorite était de râler. Rien que pour embêter sa pauvre maman qui attendait avec impatience que cette mauvaise période passe. Heureusement, son caractère de cochon n'avait aucune incidence sur ses résultats scolaires et ses professeurs la trouvaient agréable. A croire que sa rogne permanente était réservée à ses parents. Crise d'adolescent diraient certains. Mais Ava restait perplexe et Alec la rassurait tant bien que mal. Ses absences constantes le laissaient souvent en marge de tout cela.
Lena revint dans la cuisine tout aussi bruyamment qu'elle en était sorti. Elle posa les quelques lettres sur le plan de travail, sauf une qu'elle garda en mains.
« Dis Maman, qui aurait l'idée d'envoyer une lettre avec comme adresse 'Mrs Morrison Ava au 132 Yellow Street'... ? » Demanda-t-elle avec une franche curiosité, oubliant toute mauvaise humeur.
Cela rappela vaguement quelque chose à Ava. Elle lui prit la lettre et l'écriture verte lui sembla familière. Elle ouvrit l'enveloppe cachetée et fit guère attention au symbole du tampon. Deux lettres à la calligraphie fine en découlèrent. Les premières lignes la firent pâlir. Ava lâcha soudainement les deux feuillets, comme s'ils l'avaient brûlée. Son cœur s'affola et sa respiration se saccada.
« Maman, que se passe-t-il ? » Demanda Lena, légèrement paniquée.
Elle voulut s'emparer des lettres mais Ava claqua sa main dessus. Elle les froissa entre ses doigts, tellement fort que ses jointures en devinrent blanches.
« Prépare le goûter pour ta sœur et toi. Elle t'attendait. Les crêpes sont dans le four, tièdes, et il y a du sucre et du chocolat dans les placards. »
Sans un mot de plus, Ava traversa le salon rapidement et monta à l'étage, sous le regard éberlué de Lena. Elle s'enferma dans sa chambre. Assise sur son lit à baldaquin, les lettres froissées au creux de son poing, elle pleura silencieusement. Elle avait presque réussi à oublier tout ça. Elle avait presque réussi à vivre normalement.
« Mrs Ava Morrison,
Nous sommes actuellement le 5 mai 1997, jour marquant la fin de votre exil du monde sorcier. Vous avez donc à nouveau le droit de traverser nos frontières.
Avec nos meilleures salutations »
Deux phrases aussi froides qu'impersonnelles. Deux phrases pour annoncer la fin du calvaire. Mais deux phrases qui ne répareront en aucun cas le mal qui a été fait.
Elle n'avait pipé mot durant tout le procès, enfermé dans un silence douloureux. Au moment de la sentence, elle avait fermé les yeux l'espace d'une minute et retenu ses larmes. Elle ne leur donnerait pas cette satisfaction A peine un instant plus tard, le craquement de sa baguette magique brisa quelque chose en elle. Coupable, exilée et surtout incapable de se défendre. Pourquoi ne leur avait-elle pas crié qu'elle était innocente ? Parce qu'elle-même n'en était pas sure… Sa mémoire lui avait fait défaut, comme si son esprit avait voulu occulter les événements de cette fameuse nuit. Une barrière protectrice, avait souligné le psychomage présent durant toute la séance, la rendant encore plus coupable aux yeux de tous.
On lui avait intimé de se lever. Elle se retourna et constata les dégâts. Son père croisa son regard, consolant sa mère, effondrée dans ses bras. Elle y lut une grande tristesse et elle devina qu'il la croyait innocente. Son frère et ses amis la fixaient, horrifiés. Enfin, elle vit son petit-ami, dont le regard semblait lui dire « comment as-tu pu faire ça ? » Elle voulait être ailleurs, dormir pour ne plus jamais se réveiller. Elle allait vivre son exil seule. Elle n'aurait plus aucun contact avec ses parents.
Dans le tumulte de la foule présente, elle entendit juste le Juge préciser qu'il serait préférable de l'interner dans un centre psychiatrique moldu. Chez les fous, ils l'enfermaient chez les fous. Quand elle put enfin sortir de la salle du tribunal, elle demanda d'une voix enrouée si elle pouvait se rendre aux toilettes. Si les Aurors furent surpris de l'entendre parler, ils ne le montrèrent pas. Une fois enfermée dans la cabine, deux gardes devant la porte, elle s'effondra et dut mettre le poing dans la bouche pour ne pas hurler.
Quand elle sortit des toilettes un long plus tard, elle croisa le chemin de ses parents à elle dans le hall du Ministère. Les yeux rouges, le regard accusateur et surtout une grande incompréhension. Elle ne put l'assumer. Jamais ces parents ne sauraient ce qui est réellement arrivé à leur fille, jamais ils ne sauraient les raisons de la folie meurtrière qui a traversé les murs de Poudlard cette nuit-là. Seule Ava détenait la vérité, du moins c'est que tout le monde croyait.
La suite ?
