Une petite fic toute courte et pleine de angst de TsubasaRC! Bien que ce soit un manga que j'aime beaucoup, il m'a fallu Tokyo Revelations pour que je m'y replonge de façon intense... À partir de ce moment-là, la série prend un ton que j'ADORE.
N'ayant toujours pas lu ce qu'il y a au-delà de l'arc de Tokyo, j'ai donc décidé d'écrire un petit quelque chose du point de vue de Fye à propos de Kurogane et des choses qu'il ressentait à ce moment-là. Je vais sûrement écrire d'autres trucs sur mon nouveau vampire préféré dès que j'en saurai plus...
J'aurais voulu passer ma vie à le taquiner, à me moquer de gentiment de lui. Il faut dire, c'est si facile, avec lui. C'est peut-être pour cette raison que je n'ai pas pu résister.
Mais sans m'en rendre compte, je le laissais m'atteindre de plus en plus.
C'était mon erreur : alors que je ne cherchais pas à le comprendre vraiment, lui avait déjà vu au-delà de l'épaisse couche de superficialité dont je m'étais couvert pour me percer jusqu'au cœur de son regard écarlate. Ainsi, je me laissais faire, j'essuyais mes larmes pour mieux lui sourire, toujours lui sourire, et continuer à le taquiner.
Jusqu'à ce que tout éclate au Pays de Tôkyô.
Parce qu'il était allé trop loin.
J'avais souffert énormément en me faisant arracher l'œil par Shaolan, mais même éperdu de douleur, je réfléchissais. Et si j'avais voulu mourir, c'était suite à une décision rationnelle. Parce qu'un Shaolan possédant la moitié de ma magie ne devait pas continuer à être. Un Shaolan sans âme avec un tel pouvoir serait trop dangereux pour tous les mondes dans lesquels il circulerait.
Mais Kurogane m'a contraint à vivre. En me faisant boire son sang mêlé à celui du vampire Kamui, il a lié ma vie à la sienne. Alors qu'il avait déjà dépassé les limites que je m'étais imposé.
Trop près, trop près. Beaucoup trop près. Le confort doux-amer à ses côtés était devenu une insupportable prison sanglante. Trop près, jusqu'à sa peau et ses veines contre mes dents et mes lèvres.
Il nous fallait toujours peu de mots pour nous comprendre, pourtant. Qu'il me force à vivre, qu'il me donne son sang et ses forces, qu'il affirme qu'il ne laisserait personne d'autre que lui me tuer… et surtout que malgré tout ce qui s'était passé le regard qu'il baisse sur moi reste le même… Il n'avait pas besoin de le dire pour me faire comprendre à quel point il tenait à moi. Nous sommes adultes, nous savons nous faire comprendre.
Alors devenu vampire, après l'horrible douleur de la transformation de mon corps, une douleur bien pire que celle de mon œil qui se faisait arracher par un enfant que j'aimais, le premier regard conscient que j'ai jeté sur lui fut un mélange de haine et de soif. Même si, pour lui, ça ne changeait plus rien.
Et ensuite, après un long sommeil peuplé de songes étranges, alors que j'ouvrais mon œil unique, il était encore là. Avec toujours, toujours ce même regard. Alors je lui ai fait comprendre qu'il était allé trop loin en lui disant : « Bonjour, Kurogane ! »
Je ne voulais plus le taquiner. Je ne voulais plus l'approcher, sauf pour en faire ma proie et lui faire du mal. Je ne voulais pas lui pardonner son geste, jamais.
Parce que ça lui redonnerait sa place près de moi. Parce que sinon je ne pourrais pas m'empêcher de l'aimer. Parce qu'il avait toujours raison et me comprenait rien qu'en me regardant et que je voulais me détourner à tout prix.
Je voulais son sang, et lui mettait ma chair et mon cœur à vif.
J'aurais voulu avoir le courage de lui demander de me rendre la vie qu'il avait enchaînée à la sienne. Mais malgré mon œil arraché et mon corps mutilé, malgré mon pouvoir affaibli et la lueur de mon âme presque éteinte, malgré le fait que mon passé n'importait plus maintenant…
Ma fierté m'empêcherait éternellement d'accepter Kurogane et l'amour que j'avais pour lui, et celui qu'il avait pour moi.
