Et grandir…

Chapitre 1 : Prologue

Il faisait nuit.

Quelque part dans le Pays du Feu, aussi invisible et silencieux que les ninjas qui l'habitent, le village de Konoha était endormi… ou presque. Jamais complètement. Jamais sur les deux oreilles.

Et ce soir-là, dans ce village aussi inoffensif qu'un dragon assoupi d'un œil, c'était un tournant dans l'histoire des ninjas qui se déroulait, à l'insu du reste du monde. Discrètement.

oOo

- On peut savoir où tu vas comme ça ?

Sakura se figea, la main tendue a deux centimètres de la porte d'entrée. Elle sentit les battements de son cœur accélérer, martelant à ses oreilles comme des coups de tambour.

Sans modifier sa position, elle répondit le plus calmement possible à son père. En allant droit au but, toutefois. Elle manquait sacrément de temps.

- Je m'en vais…

- J'avais cru comprendre, oui, siffla Nire Haruno en examinant le sac à dos plein à craquer de Sakura. Ce que j'aimerai bien savoir c'est « où » et « dans quel but ».

- … Définitivement. Et loin d'ici, je ne sais pas exactement où. De toute façon, tu sais très bien pourquoi je fais ça, alors ne poses pas la question.

L'homme croisa les bras et secoua sa tignasse bleue d'un air réprobateur. Ce n'était pas qu'il trouvait le comportement de sa fille déplacé… C'était même plutôt le contraire ! Mais sa loyauté envers Konoha – ou ce qu'il en restait, désormais – le poussait à la retenir. Ça et les larmes qui coulerait bientôt sur le visage de Kashiwa.

- Ne me fait pas croire que tu n'es pas d'accord avec moi, dit Sakura comme si elle avait lu dans ses pensées. Tu sais aussi bien que moi que la mort de Tsunade-sama était préméditée !

- … Oui, c'est vrai, admit-il à contrecœur.

Oui, c'était vrai. L'excuse qu'avait donner le gouvernement actuel du village était plutôt pitoyable, d'ailleurs, et il ne faisait aucun doute que la vérité était cachée à ses propres habitants.

Depuis que Danzô avait prit la place du Hokage, une rumeur avait enflée à Konoha comme un abcès douloureux que l'on osait pas déranger, un bourdonnement incessant qui donnait des sueurs froides aux dirigeants du village, parce que le fragile équilibre que s'efforçait de maintenir la Racine était chaque jour plus menacé. Et si par malheur les Pays voisins décelaient cette faille dans l'organisation de Konoha, aucun d'eux n'auraient de scrupules à s'y engouffrer, déclenchant ainsi les conflits que les pays plus faibles s'efforçaient d'étouffer, désespérément. Si un seul ninja désertait, la rumeur atteindrait les frontières. Si la rumeur atteignait les frontières, la paix était foutue.

Mais tous ceux qui avaient connus la guerre resteraient à leur place, quel qu'en soit le prix. La plupart des habitants étaient prêts à tous les sacrifices nécessaires pour ne plus connaître cette ère de fin du monde qui avait assailli le village, des années plus tôt. Konoha ferait en sorte qu'aucun ninja n'atteigne les frontières vivant.

Les blessures d'une Guerre Mondiale mettaient plus d'une vie à se cicatriser.

En revanche, ce n'était pas le cas des plus jeunes générations qui n'avaient jamais appris à courber l'échine quand quelque chose leur déplaisait…

- Combien êtes-vous à déserter, ce soir ? demanda-t-il à tout hasard.

- … Je ne sais pas. Mais je ne suis pas seule !

- Je sais. Beaucoup de ceux de ta promotion seront à tes côtés, je suppose.

- Et tous les jônins trop intelligents pour se laisser berner par la Racine ! lança-t-elle, sa voix tremblait du défi et de la colère qu'elle avait accumulée les dernières semaines écoulées.

Pauvre petite fille naïve.

Ce fut à ce moment-là que Nire prit conscience d'une douloureuse réalité : Sakura, aussi forte et intelligente soit-elle, venait tout juste d'avoir seize ans, et son inexpérience de la vie – bien que ridiculement faible pour quelqu'un d'aussi jeune – était encore trop importante.

Il savait que s'il la laissait partir, il ne la reverrait sûrement jamais, qu'elle réussisse à survivre ou non. Les shinobis de sa génération étaient bourrés de potentiel, d'enthousiasme et de bêtise. Ils étaient tous promis à un avenir exceptionnel et représentaient un grand espoir pour l'avenir de Konoha, c'était quelque chose que tout le monde savait (à part eux-mêmes, peut-être. L'orgueil ayant tendance à amoindrir les talents, on faisait en sorte de limiter les dégâts… Bien qu'il y ait parfois quelques fuites.). Les dirigeants de Konoha ne pouvaient pas se permettre de les laisser s'échapper, et les chasseurs de déserteurs les traqueraient toute leur vie s'il le fallait.

Autrement dit, il devait choisir entre laisser son unique fille bousiller sa vie en la laissant suivre ses idéaux, loin de la protection du village et en se mettant le monde entier à dos… ou bien lui faire prendre contre son gré la voie de la raison, auprès de sa famille et ses amis, en sécurité et bien vivante. Et malheureuse.

C'était son rôle de père de la guider dans le droit chemin, jusqu'à ce qu'elle puisse l'emprunter seule. C'était son rôle de père que de veiller à sa sécurité et au destin qui serait le sien. N'importe qui l'empêcherai de partir. N'importe qui la remettrai à sa place sans prendre la peine d'y réfléchir à deux fois. N'importe qui choisirait la vie de sa fille plutôt que des idéaux stupides que tous les adolescents avaient en tête un jour ou l'autre.

N'importe qui.

Nire se souvint furtivement de son propre père, à l'époque où lui aussi avait tenté de se battre pour ses rêves de gamin. À cette époque, il avait été corrigé et n'avait plus tenté de se rebeller depuis. Plus jamais.

Et c'est comme ça qu'il avait du quitter le champs de bataille. Une entaille profonde, définitive, lui lacérant le dos, et une autre – Ô combien plus douloureuse – qui lui avait écorché l'âme. Depuis ce jour, impossible de malaxer du chakra : la blessure avait coupé net un des courants de méridiens principaux.

Sans arme, il est impossible d'être entendu dans ce monde de shinobis. Sans brandir un poing menaçant, la voix d'un homme est silencieuse parmi les hurlements de rage des combattants. Sans autre pouvoir que celui d'un infirme, impossible de faire marche arrière et d'affronter son père et ses rêves.

Impossible.

Impossible.

La porte de la maison claqua et le bruit mat résonna un instant dans le petit vestibule.

Nire Haruno n'était certainement pas n'importe qui.

oOo

Sakura se faufila le plus discrètement possible dans les ruelles de Konoha. À cette heure de la nuit, le village était paisible et les passants peu nombreux. Mais elle sentait la tension qui régnait derrière l'apparence d'un jour ordinaire qui s'était achevé, comme le calme avant la tempête, lourde, poisseuse. Le sentiment que quelque chose se passerait ce soir-là.

Quand elle arriva finalement devant les énormes battants de la sortie du village – la seule issue possible – elle ne fut qu'à moitié surprise de n'y trouver presque que des individus de moins de vingt ans.

Tous étaient fiers, prometteurs, une génération de shinobis soigneusement sélectionnée dès le plus jeune âge par le Troisième Hokage. Ceux qui deviendraient les meilleurs, l'élite, ceux qui avaient le plus de chance de survivre parmi tous les élèves de l'Académie. Tous, choisis parmi beaucoup d'autres pour devenir les précurseurs des générations à venir, certains pour la vivacité de leur esprit, d'autres pour leur puissance brute, mais tous, tous, doués d'une volonté infaillible et d'idéaux gravés dans leur chair. Ensemble, ils se complétaient comme les doigts d'une même main et formaient une équipe invincible, soudée. Ensemble, ils étaient capables de tout.

Tout, y compris de respecter leur nindô envers et contre tout. Chacun savait parfaitement où était sa place, la protégeait et restait campé sur ses postions quoi qu'il arrive. Et ça, c'était Naruto Uzumaki qui le leur avait apprit, s'en qu'aucun d'eux n'en prenne véritablement conscience. Bien sûr.

Ils savaient tous ce qu'ils avaient à faire, et ne se dérangerait sûrement pas pour ceux qui n'avaient pas le cran de les retenir sans non plus oser les chasser. Ceux qui avaient livré sans états d'âme le démon-renard à l'Akatsuki pour échapper à leurs représailles et à leurs pouvoirs terrifiants… sans se douter qu'ils signaient leur propre arrêt de mort.

Leur premier objectif était de tirer Naruto du guêpier dans lequel on l'avait fourré, afin d'empêcher la catastrophe qui était en train de se mettre en place. Sans tuer Sasuke Uchiha si possible – inutile de sauver un Jinchuuriki si c'est pour qu'il reprenne conscience la rage au ventre et qu'il vous massacre jusqu'au dernier sans prendre la peine de se demander le pourquoi du comment.

C'était une évidence, comme pour toute les batailles, alors personne ne se posa la vraiment la question : aucun d'entre eux ne savait combien allaient survivre à cet assaut. Mais tout le monde savait que personne à Konoha ne survivrait si des sacrifices n'étaient pas faits pour cela. Et les sacrifices en question s'étaient obligeamment désignés d'eux-mêmes.

En second lieu, le groupe éclaterait en plusieurs morceaux et ils s'éparpilleraient à travers les Pays, où ils se cacheraient. Pendant plusieurs années, si la Racine finissait par être démantelée. Toute leur vie, si elle persistait à gouverner Konoha. Ce qui était le plus probable.

Certains partiraient se réfugier au Village du Sable – qui avait rompu le pacte d'alliance entre les deux Pays à partir du moment où Naruto avait disparu de la circulation – d'autre dans des villages reculés où les ninjas vivaient surtout dans les histoires et les contes de fées. Mais la plupart d'entre eux ne savait pas où aller après avoir récupérer Naruto, et certains ne comptaient même pas survivre.

Ils n'étaient qu'une vingtaine, à vrai dire. C'était peu pour changer le visage du monde, mais ils étaient là, parés, jusqu'au bout des dents, nerveux comme une meute de loups prêts à partir en chasse. Sakura savait qu'ils étaient capables de le faire (et elle s'incluait dans ce « ils » !), et d'en revenir vivants. Elle le savait, elle le sentait.

Et tous autant qu'ils étaient continueraient d'aimer et de protéger leur village, où qu'ils soient, où qu'ils aillent. Ils étaient de Konoha et ils le revendiqueraient bec et ongle, par les armes s'il le fallait vraiment.

Ino, Shikamaru et Chôji était là, ensembles et confiants. Trois personnes qui se complétaient comme s'ils s'emboîtaient l'un dans l'autre. Ino-Shika-Chô qui ne formait qu'un seul être. L'équipe la plus unie qu'elle avait jamais vu. L'équipe gagnante. Ils ne pouvaient pas y rester.

Sentant son regard, Ino lui sourit fièrement et les garçons lui adressèrent un signe de tête. Elle leur répondit d'un clin d'œil avec un sourire en coin.

Kiba et Akamaru, accroupis dans un coin, indissociables eux aussi. Ils n'avaient pas grand-chose à faire d'un quelconque régime politique ou même de la façon dont étaient dirigé le village. Mais un loup ne quitte pas la meute où qu'elle aille, et la meute de Kiba était là où était son cœur, pas entre les mains d'un gouvernement. La meute d'Akamaru était seulement Kiba. Elle les fixa un moment avant de détourner son regard.

Shino était absent et Sakura savait qu'il ne suivrait pas le mouvement. La place d'un Aburame était au cœur même de Konoha, aussi pourri soit-il. Elle espéra qu'il ne regretterait pas son choix. Mais elle en doutait fortement.

En revanche, elle fut surprise de constater la présence de Rock Lee et de Tenten. Elle les connaissaient pour être particulièrement droits et fidèles dans leurs engagements et elle n'avait pas imaginer les voir là avec leur indécollable sourire aux lèvres. Tenten lui adressa un signe main et Lee lui envoya un baiser de loin. Elle leur sourit.

Un peu plus loin, Hinata et Neji Hyuuga, nerveux, byakugan activé.

« La porte est entrouverte, l'oiseau va s'échapper » ne put s'empêcher de penser Sakura en les voyants côte à côte. « Mais le premier pas vers la liberté est toujours le plus dur, même moi j'en sais quelque chose ».

Doucement, elle s'approcha, se sachant repérée au moment même où elle avait esquissé un geste dans leur direction. Mal assurée, Hinata lui sourit faiblement mais Neji resta de marbre, méfiant. Compréhensible, de leur part.

- Je ne pensais pas que vous réussiriez à vous échapper, tous les deux, chuchota-t-elle.

Elle les vit échanger un regard, visiblement mal à l'aise. Elle eu sa réponse avant d'avoir pu poser la question.

- Et bien… lui répondit Hinata sur le même ton. En fait… nous avons été surpris bien avant… bien avant d'avoir pu atteindre la porte de la maison.

Elle rougit et baissa la tête.

Sakura avait presque touché la poignée quand son père l'avait interpellée. Elle essaya de ne pas être fière d'elle.

- Hiashi-sama nous a mis dehors avant que nous n'ayons pu penser à faire marche arrière, acheva Neji avec une expression qu'il s'efforçait de rendre impassible.

- … Ah.

C'était pour le moins… inattendu. Un silence maladroit flotta un moment.

- Hum… fit-elle pour essayer de le combler. Hanabi est là, elle aussi ?

- Hanabi n'a que onze ans, Sakura-san, dit Hinata en fronçant les sourcils. Elle est bien trop jeune pour nous accompagner ou avoir une quelconque idée de ce problème.

Elle n'était décidément pas habituée à voir Hinata répondre aux gens en les regardant dans les yeux. Son regard était encore plus pénétrant que celui de son cousin !

Pendant un moment, ils regardèrent les autres arrivants. Quelques jônins, mais très peu. Leurs professeurs, d'autres qu'elle savait peu fidèles au gouvernement de Konoha. Mais elle ne vit Kurenai Yuuhi nulle part, ce qui était compréhensible étant donné qu'elle venait juste d'avoir son bébé. Sakura n'osa cependant pas recroiser le regard d'Hinata.

- Est-ce que vous savez où iront les autres après avoir récupérer Naruto ?

Elle ne termina pas sa pensée. « En supposant qu'ils survivent ».

- Je sais que Kiba-kun veut voyager, murmura Hinata. Il dit qu'il veut servir d'intermédiaire entre les différents groupes de rebelles. Jouer le rôle du messager, en fait.

- Lee et Tenten veulent aller au Pays de la Terre, continua Neji. Ils n'ont pas précisé la raison.

-Je vois, dit simplement Sakura.

Hinata tourna des yeux hésitants vers Ino, Shikamaru et Chôji.

- Heu… je crois qu'ils iront à Suna. Il paraît qu'ils ont de bons contacts là-bas.

- Et j'y vais aussi, fit une voix douce.

Sakura sursauta – elle était la seule à ne pas l'avoir vu arriver.

- Sai ! s'exclama-t-elle aussi bas que le lui permettait ses cordes vocales. Mais qu'est-ce que tu fiche ici ?

Le jeune homme tenta un sourire mais laissa tomber en voyant l'expression de son équipière.

- J'ai… choisi mon camp, dit-il en baissant les yeux.

Oh. Pourquoi pas. Après tout, Sakura avait confiance en lui. Il avait fait ses preuves.

Mais curieusement, elle paraissait la seule à en être vraiment convaincue, parmi ses amis. Sans compter Naruto, bien sûr.

Pendant que les Hyuuga lorgnaient Sai d'un air méfiant (qui continuait à leur sourire tant bien que mal, et elle admirait sincèrement son courage), elle se demanda subitement où ils iraient, eux. Neji et Hinata avaient passé leur vie enfermés entre quatre murs, ils n'avaient sûrement pas le moindre contact à l'extérieur de Konoha. Elle était pratiquement sûre que l'adaptation à leur nouvelle vie serait plus difficile pour eux que pour n'importe qui d'autre.

- Je pense suivre Lee et Tenten aux Pays de la Terre, dit soudain Neji sans tourner la tête.

Sakura se rappela l'existence du byakugan juste avant de sursauter.

« Bravo, ma fille, tu progresse ! Bientôt tu pourras éviter de l'oublier à chaque fois… » se morigéna-t-elle.

- Et toi, Hinata ?

La jeune Hyuuga la regarda par politesse mais rougit légèrement.

- Je… hum… En fait…

Elle gratta le bout du nez et en profita pour baisser les yeux.

- Je pensait rester avec Naruto-kun après l'avoir secouru, acheva-t-elle précipitamment en élevant un peu trop la voix.

- Chut ! la réprimanda son cousin en fronçant les sourcils.

En plein dans le mile. Elle l'aurait parié !

Hinata releva à nouveau la tête. Courageuse, n'est-ce pas ?

- Et… et toi, Sakura-san ? Je suppose que tu vas essayer de reprendre contact avec Sasuke-kun.

Crash. Game over.

- … Ouais. Mais je vais sûrement me faire buter avant d'avoir ouvert la bouche. Surtout si on arrive à tirer Naruto de son trou à rat, ça va pas lui plaire qu'on lui foute encore ses plans en l'air.

Elle vit nettement le front d'Hinata se plisser derrière sa frange.

- Mais il ne t'as pas tué, jusque-là, non ? fit-elle visiblement perplexe. Il ne le fera sans doute pas cette fois non plus. Il a toujours évité de s'en prendre aux ninjas de Konoha, si on y regarde de plus près.

Sakura réfléchit un instant mais finit par secouer la tête.

- Simple coup de chance. On s'en ait sortit de justesse à plusieurs reprises, tu sais. Je crois que Naruto avait raison au moins sur un point : le seul moyen de faire entendre raison à cet imbécile serait de lui casser la gueule tellement fort que ses neurones finiraient par se remettre en place d'eux-mêmes !

Hinata esquissa un sourire mais reprit bien vite son sérieux.

- Peut-être pourrais-tu lui faire du chantage, suggéra-t-elle très sérieusement.

- Je ne vois absolument pas avec quoi je le ferais chanter, répliqua Sakura sans s'attarder sur la question. Le seul truc qu'il voudrait encore avoir ce serait une pute qui voudrait bien lui faire des tas d'enfants pour refonder son clan de tarés.

Hinata la regarda avec des yeux ronds (ce qui n'était absolument pas mignon avec le byakugan), et même Neji tourna la tête vers elle en haussant les sourcils.

- … Bah quoi ? Qu'est-ce que j'ai dis ?

Les deux cousins se regardèrent en silence.

- C-ce n'est pas important, affirma Hinata en secouant la main. Absolument pas !

- … Mais tu devrais y penser sérieusement, Sakura-san, lui glissa Neji dans un murmure.

- Neji-niisan !

- Mais c'est pourtant vrai… insista-t-il en regardant sa cousine de côté.

- Ce n'est pas une raison ! C'est très irrespectueux de ta part !

Sakura ne comprenait absolument pas de quoi voulait parler ses deux amis, mais les voir se disputer comme frère et sœur, à voix basse en plus, n'était pas quelque chose que l'on pouvait voir tous les jours ! Un sourire aux lèvres, elle rangea ce souvenir dans un coin de sa tête et se promit de ne jamais l'oublier.

Quand le dernier ninja arriva, ils se levèrent tous d'un même mouvement.

- Il est plus de deux heures du matin, annonça Kakashi Hatake au petit rassemblement. L'alerte a été repoussée le plus longtemps possible mais nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre plus longtemps.

Ils approuvèrent tous silencieusement, respectueux envers leur aîné comme les gamins inexpérimentés qu'ils étaient. Une fois de plus, les adultes dirigeraient les opérations jusqu'à la fin de leur mission. Ensuite… et bien ensuite ils partiraient de leur côté et tâcheraient de devenir à leur tour des adultes rodés par la vie. Et vite, parce qu'il vaudrait mieux éviter de se faire berner plusieurs fois aux jeux de la cour des grand, si l'on tenait à la vie !

Du coin de l'œil, Sakura vit Ino se trémousser sur place en dansant d'un pied sur l'autre. Un an plus tôt, elle aurait juré sur ce qu'elle avait de plus cher – elle ne savait pas vraiment quoi, mais ça n'avait plus aucune importance à présent – que son amie se tortillait pour tenter de chasser ses peurs et ses hésitations. Aujourd'hui, elle savait qu'elle n'éprouvait rien d'autre que de l'impatience.

Impatience de partir, impatience de se battre, impatience d'être libre…

Impatience de grandir.

Ino sentit son regard, qu'elle lui rendit du coin de l'œil, complice. Elles se connaissaient par cœur.

Sakura ne savait pas si ce regard serait le dernier qu'elle échangerait avec sa meilleure amie. Mais une chose était sûre : ils étaient là, réunis, solidaires les uns aux autres.

Ils étaient invincibles.

Naruto ne mourrait pas !

oOo

à suivre …