Prologue
Les derniers couples quittent la salle de réception. Je m'installe sur le rebord de la fenêtre et allume une cigarette. Le déclic du briquet se répercute sur les murs en marbre et résonne dans la grande demeure. La trop grande demeure. Vulgaires acteurs.
En vérité, ils s'en foutent, tout le monde s'en fout ; rien ne peut les affecter. Et ça me tue. Ca me tue de songer à tous ces gens là qui t'ont déjà oublié, qui peut-être même ne savaient rien de toi. Ils ne savent rien de toi et désormais, ils ne sauront jamais plus rien. C'est trop tard. Moi-même je doute de t'avoir réellement connu.
Est-ce que tu me manques ? Non, bien sûr que non. Je sais que tu vas surgir d'une minute à l'autre, que tu vas t'assoir à côté de moi sur le rebord de cette foutue fenêtre, que tu vas sortir une clope de ta veste et me fixer de tes prunelles grises vides de tout sentiment, de toute émotion, sans rien dire.
Est-ce que je t'aime ? Non, bien sûr que non. Ce que je ressens pour toi est bien plus fort. Bien trop fort pour être appelé "Amour". Je dirais que je te déteste, oui c'est ça, je te hais, du plus profond de mon coeur, je te hais tellement que ça me dégoûte, ça me bouffe, ça me tue.
Nous n'avons pas été capables de s'aimer comme des gens normaux, l'Amour c'était pas fait pour nous et nous le savions tous les deux. La Haine nous suffisait amplement. Mais c'est trop tard.
Pourquoi m'as-tu abandonnée ? pourquoi ? J'ai besoin de toi. Maintenant que je n'ai plus personne à détester, maintenant que je n'ai plus personne de qui rêver, plus personne à qui penser... Je t'en supplie, regarde moi! j'en viens à te supplier ; reviens. Est-ce que je peux vivre sans toi ? Non, bien sûr que non.
