Un petit chapitre d'introduction pour une histoire qui me trotte dans la tête depuis un moment. Dites-moi ce que vous en pensez… J'ai deux histoires en cours et celle-ci devra attendre un peu mais si l'idée plait…
Depuis des semaines, mes journées se déroulaient de la même manière. Je me levais aux aurores, généralement après une courte nuit de sommeil, je prenais une douche puis dégustais un café sur la terrasse. Je me rendais ensuite dans ce bâtiment où je passais la journée à regarder de vieux dossiers. Mais quelque chose avait changé, quelque chose était perdu. Je faisais bonne figure…comme d'habitude mais le cœur n'y était plus. Et tout allait encore changer. Dès la semaine prochaine, je ne serai plus là.
J'allais devoir quitter cette ville que j'aime tant. Je ne sais pas ce qui me chagrine le plus…Quitter New York ou me sentir comme un objet qu'on se prête de services en services. Depuis que Peter était parti, On me baladait d'équipe en équipe. L'accueil n'était généralement pas très chaleureux. On se refilait le criminel de service.
Ils n'avaient pas voulu me redonner ma liberté mais j'avais de plus en plus l'impression qu'ils ne savaient pas quoi faire de moi. J'avais appris, deux jours auparavant, que je devais, à nouveau, être réaffecté…à Washington. Quand on m'avait dit ça, mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine. Washington, ça voulait dire revoir Peter et peut-être retrouver un peu de cette vie que j'avais perdue après son départ.
Peter était parti sans un mot, sans se retourner. Mais c'était un peu de ma faute. Ce soir-là, quand il m'avait annoncé qu'ils ne voulaient pas me laisser partir, j'étais tellement en colère que j'avais refusé de le revoir avant son départ. Depuis, je n'avais pas osé les appeler et je n'avais eu des nouvelles que par l'intermédiaire de Jones. Peu à peu, je m'étais retrouvé complètement isolé. June passait beaucoup de temps en dehors de la ville, Mozzie avait disparu mystérieusement après que je lui aie dit que je n'avais aucunement l'intention de m'enfuir.
Je ne sais pas à quel moment j'avais réalisé que je serais incapable de vivre à nouveau cette angoisse de la fuite… Se cacher, toujours regarder par-dessus son épaule…Je ne voulais plus de ça. Je n'avais plus envie de ça. Mais je n'étais pas préparé à devoir subir tous les jours cet isolement, cette impression de ne plus faire la différence. Peter m'avait donné ce sentiment de faire quelque chose d'important.
Aujourd'hui, je lisais des vieux dossiers. Au début, je m'étais concentré pour essayer de trouver de nouvelles pistes, d'orienter l'enquête sur un nouveau chemin mais j'avais vite compris qu'on m'avait placé là pour se débarrasser de moi. J'avais ressenti une telle colère que j'avais failli tout envoyer balader et puis, la lassitude et le dégoût avaient pris le dessus le jour où j'avais surpris une conversation entre deux agents.
Ils rigolaient en pariant sur le temps qu'il me faudrait pour jeter l'éponge et m'enfuir à nouveau. En fait, j'ai réalisé que, en plus de mon bracelet électronique, j'étais sous surveillance rapprochée. Deux agents postés en bas de chez moi et deux autres qui me suivaient partout où j'allais. Ils attendaient probablement que je tente de fuir pour me renvoyer derrière les barreaux.
A cet instant, j'avais décidé de les faire mentir. Ils ne parviendraient pas à réduire à néant tous les efforts que j'ai dû faire pour gagner la confiance de Peter, pour trouver ma place dans l'équipe. Je me suis accroché, jour après jour. Je venais au bureau, je me plongeais dans les dossiers et je faisais mes rapports consciencieusement. Ils ne pouvaient rien me reprocher.
Mais je savais que je ne pourrais pas tenir beaucoup plus longtemps.
J'avais essayé de savoir combien de temps ils comptaient me garder mais je n'avais obtenu aucune réponse. J'étais leur jouet et ils se plaisaient à me le faire comprendre. J'avais d'abord cru que Jones me soutiendrait mais il s'était contenté de m'offrir un café de temps en temps. Tous les jours, je me retrouvais ici, sur le toit pour avaler un déjeuner de plus en plus léger. Ça faisait longtemps que j'avais perdu l'appétit mais je me forçais pour éviter de tomber malade et leur donner un prétexte de me renvoyer en prison.
Washington…Je ne savais pas ce qui m'attendait là-bas. Je n'avais eu aucune information sur ce transfert. Je ne savais pas avec qui je vais travailler, ni dans quelles conditions j'allais devoir vivre. Je n'osais même plus poser de questions. Après tout, ils finiraient par faire ce qu'ils voulaient. Je regardais une dernière fois cette ville qui s'étendait à mes pieds en me demandant, une fois de plus si je pourrais y revenir un jour.
Les jours suivants passèrent très lentement puis vint enfin l'heure du départ. Je ne m'attendais pas à une petite fête mais j'aurais au moins aimé que les personnes avec qui j'avais travaillé toutes ces années, viennent me voir pour me dire au revoir. Mais à 18 heures, alors que je sortais du bâtiment, personne n'était venu me taper sur l'épaule pour me souhaiter bonne chance.
Tout avait été planifié pour le lendemain. J'avais déjà rangé dans quelques cartons les deux ou trois choses que je souhaitais prendre avec moi. En fait, je ne possédais pas grand chose. J'avais fini par m'endormir sur le canapé et, au petit matin, une voiture vint me chercher pour me conduire vers ma nouvelle demeure.
Je passai le trajet le regard fixé sur le paysage qui défilait devant moi. Quand la voiture s'est arrêtée devant cet immeuble sordide, j'ai compris que je n'aurais pas la même chance que j'avais eue à New York. Il faudrait que je m'adapte à cet environnement même s'il ne correspondait pas vraiment à celui que j'avais connu ces dernières années. Mais tout valait mieux que la prison et j'avais encore l'espoir de retrouver Peter.
L'agent qui me montra les lieux m'expliqua que je devais attendre que mon nouveau responsable vienne me rendre visite. Il précisa qu'il allait rester devant la porte. Ils ne m'avaient pas encore remis ma laisse et ils craignaient, sans doute que je prenne la fuite.
Je fis rapidement le tour de l'appartement qui se résumait à une pièce principale avec une cuisine ouverte sur un salon minuscule, une petite chambre et une salle de bains. Le tout rongeait par l'humidité et éclairé par la faible lumière qui passait par l'unique fenêtre du salon.
Je n'eus pas longtemps à attendre car on frappa à la porte seulement une heure après mon arrivée. Je me levai pour ouvrir la porte mais la poignée tourna avant que je n'aie eu le temps de faire un geste. Je ne sais pas ce qui me prit mais je me mis à espérer que Peter franchisse cette porte. Mais mon estomac se serra quand je vis l'homme qui pénétra dans la pièce.
-Bonjour, Monsieur Caffrey. Quel plaisir de pouvoir, enfin, travailler avec vous ! Je suis certain que nous allons bien nous entendre.
Je restai un long moment silencieux, ne sachant pas quoi penser.
-Je l'espère, Agent Kramer.
-Nous allons d'abord poser les bases de notre collaboration.
Je ne sais pas pourquoi mais je commençais à comprendre que l'indifférence de mes collègues de New York n'était rien à côté de ce que je m'apprêtais à vivre ici.
Pendant de longues minutes, Kramer m'expliqua ce que j'étais autorisé à faire et surtout ce qui m'était interdit. Pour faire court, j'avais le droit de me rendre au siège du FBI et revenir dans cet appartement. Même le trajet que je devais suivre pour m'y rendre avait fait l'objet d'une étude approfondie. Je ne devais pas dévier de ce chemin…Même pour aller chercher un café.
On me fournirait de quoi remplir mon réfrigérateur chaque semaine et je supposai qu'une bonne bouteille de vin ne ferait pas partie de cette liste.
Je devais travailler du lundi au samedi. Le dimanche j'avais quartier libre mais je ne pus m'empêcher de sourire quand Kramer m'annonça que je devais rester dans un rayon de 1 kilomètre autour de l'appartement.
-Des questions… ?
-Aucune.
Qu'est-ce que j'aurais pu demander… Si je pouvais espérer une autorisation pour aller visiter les musées de la ville… ? Si, un jour, ils arrêteraient de jouer avec moi comme si j'étais une marionnette ?
Non, Agent Kramer, je n'ai aucune question…En vous voyant franchir cette porte, j'ai parfaitement compris que tous ces mois d'attente n'avaient servi qu'à me préparer à ce moment.
Quand il me passa mon nouveau bracelet autour de la cheville, je compris qu'il ne me restait plus qu'à espérer un miracle. Je savais que je venais de mettre les pieds dans un cauchemar orchestré par Kramer. Cet homme avait, sans doute ruminé sa vengeance depuis des mois et je réalisai qu'il prenait un réel plaisir à m'avoir sous son contrôle.
