Quelle Cruaute.

Douleur. C'était le seul mot qui lui venait. Il ne parvenait plus à penser à rien d'autre. Ah, si. Une autre chose occupait son esprit. Mourir. Mourir en mettant fin à cette souffrance qu'il ressentait et qui avait le don de l'épuiser si rapidement. Il était là, gisant dans une flaque de son propre liquide rougeâtre et flasque. Il se surprit à penser qu'il se sentait comme si il était dans un bain chaud. Mais c'était loin d'être le cas. Il le comprit lorsqu'il remarqua que sa température corporelle devenait de plus en plus basse. Il tremblait, il le sentait.

Sa vue ce brouillait. Dans un dernier effort, il releva les yeux sur le cadre, accroché au mur, en face de lui. Sa fille et sa femme, souriantes. Il se sentait coupable de leur infliger cela. Comment allaient-elle surmonter cela, en trouvant son cadavre étendu dans le salon ? Après tout, c'était sa faute. Il avait toujours été un salaud de première, provoquant à toutes occasions une petite partie de poings, dans les bars et les rues. D'habitude, il gagnait sans problèmes. Mais, comme un boomerang, le malheur qu'il avait semé lui revenait en pleine gueule.

Il avait fallu que cela arrive ce soir là. Soir où dehors, les flocons blancs tombaient et s'accrochaient sur le sol, qui serait probablement glissant le lendemain matin. Soir où, les enfants attendraient patiemment le lendemain, allongés dans leurs lits, en pensant aux cadeaux qui les attendraient sous le sapin. Sa fille, elle, recevrait pour tout cadeau un cadavre. Il s'en voulait pour cela, mais il n'y pouvait rien. Le sang coulait, son effort, pour regarder le cadre, lui donnait des vertiges, alors qu'il était déjà au sol.

Ce coup de couteau marquerait la fin de sa vie si minable. Si il avait imaginé qu'un parfait inconnu arriverait dans son salon, le soir de noël, pour venir venger l'un de ses amis. Sûrement un pauvre type qu'il avait tabassé. Oh, il aurait aimé ce défendre, et refaire le portrait de cet intrus dans son foyer, mais il n'avait pas songé à la possibilité que l'autre porte une arme blanche. Et comme un abruti, quand l'autre avait fuit, le laissant là, un couteau dans le ventre, il n'avait eu de meilleur idée que de l'enlever. Quel abruti, il savait pourtant bien que cela provoquerait une hémorragie.

Il avait une femme chirurgienne, et il allait mourir d'un malheureux coup dans le ventre. Il se sentait, soudain, plus bas que terre, et aurait aimé avoir droit à une mort plus respectueuse. Mourir, à un âge avancé, endormi dans son lit aurait été une bien meilleure fin. Ou bien, peut être, en sauvant des vies, dans un incendie dans l'immeuble voisin. Il y avait bien façon d'avoir une belle fin. Mais lui, n'y aurait pas le droit.

Il aurait voulu attendre sa fille et sa chère et tendre, les deux seules femmes de sa vie, ses deux pupilles, son atmosphère, mais il n'en avait pas la force. Il aurait tellement apprécié leur montrer à qu'elle point il les aimer, bien qu'il ne leur montrent pas forcément. Elles étaient ces deux raisons de vivre. Et il ne réalisa qu'à ce moment là, un pied dans la tombe, agonisant sur le parquet du salon, qu'il aurait dû leur montrer son amour plus tôt. Mais alors qu'il fermait les yeux, qu'il ne parvenait plus à soutenir ces paupières, il savait que c'était trop tard.

« Quelle cruauté. » fût sa dernière pensée, envers ce monde qui venait de lui enlever la vie, sans même lui laisser le temps de dire adieu à ce qu'il aimait tant. Ce serait certainement les pensées de sa femme et sa fille, lorsqu'elles rentreraient, à leur tour, pour trouver l'homme de la maison blanc, froid, et sans vie.