Disclaimer : Les personnages évoqués en-dessous ne m'appartiennent pas, c'est dommage. Je ne fais que m'amuser avec eux.
Béta : Arianrhod (vraiment courageuse de s'être attelée à la correction de toutes les fautes parfois (souvent) énormes que ce texte comportait)
BAD DAYS
Prologue
Une carte tomba sur la table avec un bruit mat, un éclair lumineux qui venait d'une bougie mourante anima brièvement l'image du chevalier idéal qui sembla vivant. Une autre tomba, une femme puissante, l'impératrice dont les yeux perçaient l'éclat glacé de la carte. Clac, une autre les recouvrit, la mort qui souriait en dansant. Un léger soupir souffla la bougie.
oOoOo
Jack regardait le soleil se lever, il adorait ces moments de calme qui lui permettaient de souffler, une respiration à travers le rythme incessant de ses missions, des activations de la faille et des sollicitations des uns et des autres.
Il gonfla lentement ses poumons alors que l'astre rouge sortait des nuages et venait caresser son visage de ses doux rayons estivaux. Jack expira doucement au moment où le vent s'engouffrait dans son long manteau. La bourrasque tourbillonna autour de lui et le fit glisser. Il se rattrapa du bout des doigts à l'étroite corniche mais ceux-ci glissèrent et il tomba. La chute lui parut à la fois courte et interminable. La douleur, elle fut inexprimable. Il eut à peine le temps de jurer, de penser à son équipe et il sombra dans la mort.
Il était tombé dans un terrain vague, probablement abandonné par un promoteur immobilier. Quelques mouvements spasmodiques agitèrent encore son corps, puis plus rien.
Son silence et son immobilité encouragèrent un weevil qui errait par là, à récupérer son corps. On peut dire beaucoup de choses sur les weevils, mais ils savaient profiter des occasions qui tombaient du ciel. Il chargea le capitaine sur son épaule et l'emmena dans son antre, son petit nid douillet, via des tunnels égoutiers, trop sales pour qu'un humain ne s'y risque de sa propre volonté.
Jack reprit une large goulée d'air vicié et méphitique. Il toussa bruyamment, causant la frayeur de sa vie à la créature qui le portait. Celle-ci le jeta contre le mur. Il sentit ses os qui n'avaient pas encore fini de ressouder, craquer à nouveau et la douleur inonder son corps. Le weevil lui sauta dessus, lui coupant la respiration et lui arracha la gorge. Il avait eu à peine le temps de comprendre ce qui se passait que c'était déjà fini.
La bestiole secoua la tête de droite et de gauche comme pour tenter de comprendre. L'atroce blessure à la gorge de Jack se referma sous ses yeux. Puis il recommença à bouger, ce fut trop pour le weevil qui, bien que limité intellectuellement, comprit vite qu'il avait affaire à plus coriace que lui. Il s'enfuit alors que Jack reprenait lentement conscience, à demi-immergé dans l'eau bourbeuse.
Il toussa, recracha l'eau immonde qui malheureusement s'était infiltrée et se redressa, couvert d'ordures. Il tanguait, tremblait et dut s'appuyer contre le mur pour se remettre. Deux morts l'une à la suite de l'autre, c'était trop. Et en plus, il ne savait pas où il se trouvait. Il tenta d'appeler le Hub, pas de réseau, pas de réponse.
Il pesta, cracha encore une fois et se mit lentement en route, ralenti par l'air irrespirable qui lui donnait le tournis. Il continua malgré tout, en ayant la désagréable sensation que son cerveau était diminué. Il passa la main derrière sa nuque, apparemment tout était là. Il avait le sentiment d'oublier quelque chose, quelque chose d'extrêmement important. Il continua de marcher sans voir son chemin, au milieu de l'eau qui dégoulinait le long des murs et de l'odeur qui empestait royalement. Au bout d'un certain temps, il s'arrêta et sortit un antique briquet de sa poche pour s'orienter.
Au moment où la flamme jaillit, il comprit ce qu'il avait oublié. Le gaz, le méthane qui parfois se formait dans des poches d'air au beau milieu des égouts. Une explosion titanesque le valdingua contre le mur, le plafond s'écroula alors qu'il était projeté à plus de 15 m de hauteur Après un vol de quelques secondes, longues comme l'éternité, il retomba, bras et jambes entremêlé comme un pantin à qui on a coupé les fils. Il eut juste le temps de constater que là, au moins, il voyait le soleil avant d'être capturé à nouveau par les voiles miséricordieux de la mort.
Il se réveilla. Il était seul, couvert de morceaux de brique et de pierre, de terre et de sang. Il se tortilla et réussit à sortir seul de sa tombe de gravats. Sa tête le faisait souffrir, son dos et ses jambes aussi.
Il entendit le bruit des sirènes et malgré son engourdissement consécutif à sa troisième mort, il regarda autour de lui à la recherche de victimes. Il lui semblait être dans le quartier des docks abandonnés. Ni cri, ni hurlement ne lui indiquait d'autres victimes que lui. Secoué, le cœur au bord des lèvres, il sortit son téléphone qui avait miraculeusement survécu, lui, aux chutes et explosions. Cinq nouveaux messages, il ne les consulta pas. Les doigts tremblants, il appela Ianto pour qu'il vienne le chercher. Jamais il n'avait été aussi secoué. Il avait besoin de réconfort, de l'aide d'un beau et fort gallois pour se remettre, et accessoirement un café bien tassé.
Il tomba immédiatement sur la messagerie " Ianto Jones, laissez moi un message, je vous rappellerais" la voix douce de son amant lui mit les larmes aux yeux.
- Rappelle-moi, s'il te plait.
Sa voix tremblait, il était dans un état lamentable.
Il tenta le Hub, Toshiko, l'air angoissé lui répondit.
- Tosh, il soupira. Je suis aux docks, quelqu'un peut venir me chercher ?
- tu es sur le site de l'explosion ? demanda-t-elle, j'ai une activation de la faille juste à coté et je n'arrive pas à joindre Owen ou Gwen
- et Ianto ?
- aux archives, il vient juste de descendre. Tu veux lui parler ?
- je viens de lui laisser un message, fit Jack en se frottant la tête, il reprit d'un ton professionnel, Tu disais activation de la faille.
- oui, Dock 27, ça a l'air gros, je t'envoie Gwen et Owen dès que je les ai localisés. Jack, tu es sûr que ça va ?
- mais oui, dit-il affectant un ton tout joyeux, tout va bien, je vais me faire une nouvelle rencontre du troisième type, dis aux enfants de ramener les fleurs.
- plaisante pas, c'est peut être dangereux.
- qu'est-ce qui ne l'est pas ? Enfin, je suis celui qui a le plus de chance de m'en sortir, non ?
- oui, Jack, mais tu ne m'as pas l'air dans ton état normal...
- mais si, ça va bien. Ne t'inquiète pas, voyons, fit-il d'un ton paternaliste qui déplut souverainement à la jeune femme qui lui répondit d'un ton glacial.
- franchement Jack, parfois tu pourrais nous parler au lieu de nous laisser dans le vague. Je commence à en avoir marre ! Bon courage !
Elle raccrocha. Jack haussa les épaules et se mit en recherche du dock 27. Coup de chance dans cette journée qui s'annonçait assez difficile, il se trouvait juste à coté.
Ce qui fut moins plaisant, c'étaient les tentacules qui sortaient de l'immense dock. Il découvrit le charmant propriétaire de ces bras tentaculaires. Une pieuvre, gigantesque, et qui semblait prendre de plus en plus de place, jusqu'à se trouver trop à l'étroit dans l'entrepôt abandonné. Celui-ci fragilisé par l'explosion, craqua et s'effondra. La bête agita ses longs membres et Jack vit comme dans un cauchemar apparaître un camion de pompiers d'un coté, son équipe de l'autre et la bête au milieu.
Le véhicule des soldats du feu s'arrêta en découvrant le spécimen et commença à reculer lentement puis plus vite quand la pieuvre vit le camion rouge des pompiers, le prenant pour un jouet. Elle se gonfla et se propulsa vers eux.
Jack bondit à son tour et grimpa sur un tentacule poisseux, collant et puant. Il monta, monta jusqu'à son crâne sur lequel il tenta de se tenir. Les yeux de la créature étaient presque aussi grands que lui. Elle se déplaçait à toute vitesse, attirée par le camion des pompiers qui actionnait maintenant toutes ses sirènes et ses feux lumineux. La peur sans doute les avait poussés à appuyer sur tous les boutons pour effrayer la bête. Erreur !
Jack laissa glisser le haut de son corps devant les yeux globuleux, s'accrochant tant bien que mal aux plis de la peau froide et humide de l'animal.
- Bouhhh dit-il en surgissant juste devant la bête.
Celle-ci eut un sursaut de peur et se figea net. Elle se dégonfla aussi vite qu'elle avait pris du volume, tandis que Jack se cramponnait du mieux qu'il pouvait. Il fut chahuté, balancé, brinqueballé à travers les airs mais il ne lâcha pas prise. La bête atteignait maintenant une taille plus raisonnable.
Owen et Tosh s'approchèrent, la bête tenta de reculer mais Jack pouvait maintenant la tenir par un tentacule. Le capitaine sauta à terre, tout content d'avoir battu son record de rodéo marin. Le céphalopode tenta de l'abattre contre un mur, c'en suivi un bras de fer humain/poulpe du plus bel effet. Pendant que Jack l'occupait ainsi, Owen lui fit une injection dans la tête.
Jack adressa un large sourire à la bête qui papillonna des yeux et sombra peu à peu dans le sommeil. Il jubilait en la maintenant doucement, beaucoup trop près d'elle à son goût et la bête trouva le moyen de le lui faire comprendre.
Vlloupf ! Il se reçut en plein visage une giclée d'encre noire qui le recouvrit de la tête aux pieds. Ses épaules s'affaissèrent alors qu'Owen et Gwen explosaient de rire.
- ce n'est pas drôle, dit il en essuyant ses yeux, il voyait trouble et ne goûtait absolument pas la plaisanterie.
- si, siii, hoqueta Gwen, qui dut se tenir à Owen pour ne pas se tortiller de rire au sol.
- tu veux un petit noir pour te remettre ? fit le médecin.
- ahaha, très drôle... fit-il d'un air glacial.
- arrête de broyer du noir, ça ne te va pas au teint.
Jack s'éloigna du couple de joyeux plaisantins et commença à attacher les bras du céphalopode pour l'emmener au hub.
Le médecin et l'ancienne policière se calmèrent enfin, du moins tant qu'ils ne regardaient pas leur chef dans les yeux. Jack tenta de se débarrasser du plus gros de l'encre à l'aide d'un chiffon, sans résultat probant. La pieuvre paraissait beaucoup plus petite une fois endormie, à peine la taille humaine, ce qui était déjà impressionnant pour une créature de ce type. Ils s'interrogèrent sur son origine Terre ou Outre terre. Jack l'ignorait et regimba lorsqu'il dut se mettre à l'arrière et laisser le volant à Owen.
- L'encre, ça tâche lui serina Gwen et Ianto ne sera pas contente que tu lui salisses les sièges.
La voix de Ianto retentit dans l'habitacle au même moment, à croire qu'il suivait les aventures de ses collègues à travers la vidéo-surveillance. A bien y réfléchir, il était coutumier du fait.
- les pompiers s'occupent du feu et de l'explosion du dock 13 mais ils ne veulent rien avoir à faire avec le monstre du dock 27. Cela ne paraîtra pas dans les journaux. Jack est là ?
- oui, Ianto, il est à l'arrière avec le monstre.
- ah tant mieux, Tosh se faisait un sang d'encre.
- Pfffffrrr, les deux compères éclatèrent de rire à nouveau, un fou rire qu'ils n'arrivaient plus à contrôler.
- t'inquiète pas, il va bien, il est juste un peu sombre.
Jack serra les dents. Ce n'était vraiment pas sa journée.
Au Hub, il descendit sans avoir desserrer les dents. Son humeur massacrante avait finalement contaminé les deux drilles qui maintenant s'en voulaient de s'être moqué de lui. Mais il n'avait pas l'intention de leur pardonner.
- le céphalopode au 9ème sous sol, celui qui communique avec la mer et plus vite que ça. Réunion d'équipe dans 5 mn. Ianto, tu tombes bien ! continua-t-il du même ton rogue en s'adressant à son réceptionniste qui arrivait avec un gros paquet dans les mains. Tu me prépares un bain, un café, des vêtements propres et plus vite que ça.
- bonjour Monsieur, fit Ianto sans se démonter, tout est prêt, ça n'attend plus que vous.
- ouah, ça fait du bien d'avoir un employé qui travaille correctement et qui me montre du respect. Mais je t'ai déjà dit de m'appeler par mon prénom.
- Monsieur est attendu dans la salle de réunion par M Onisuka.
- Ben voyons, fit Jack, en colère, quand ce n'est pas le jour, ce n'est pas le jour. Tu le fais patienter et tu viens me rejoindre, je vais avoir besoin d'aide...
- c'est comme ça que tu appelles ça en ce moment ? C'est vrai que chasser du Weevil, ça ne faisait pas sérieux.
- Owen, je t'ai donné un ordre, bon sang, Gwen, tu vas avec lui.
- je n'ai rien dit, moi, se plaignit la jeune femme...
Jack ne répondit pas mais lui décocha un tel regard qu'elle aida le docteur à descendre le poulpe sans mot dire. Jack se tourna vers Ianto qui visiblement s'amusait beaucoup.
- oui, monsieur ? demanda-t-il à Jack qui se sentait bouillir.
- viens avec moi ! jeta-t-il, Ianto le suivit allègrement.
Une fois passés hors du visionnage des caméras, Jack se tourna vers lui et le plaqua contre le mur, sans plus de cérémonie. Ianto le repoussa à l'aide de son carton, protégeant son précieux gilet de l'encre qui maculait Jack.
- quoi ? gronda Jack, quoi encore ? Je n'ai pas le droit à une consolation ?
- non, douche, récurage et surtout réunion avec M Onizuka. Tu vas t'amuser... dit-il avec un fin sourire.
Jack n'avait qu'une envie, celle de le mordre pour lui apprendre à se refuser à lui. Il avait passé la plus désagréable des matinées et apparemment ça allait continuer. Et il ne pouvait pas même compter sur son habituellement loyal et amoureux Gallois. Il aurait mieux fait de ne pas poser le pied par terre ce matin.
Mais en y réfléchissant, il se rappela que c'était Ianto qui l'avait réveillé ce matin et poussé hors du lit parce qu'il était en retard. Le temps qu'il réagisse, ils étaient sortis de la chambre et la routine les avait entrainés, weevils, activation, rapports, pas même le temps d'un petit câlin. DE plus le gallois avait disparu de son radar à sexy boy très rapidement.
- où étais-tu ce matin, demanda Jack tout en le maintenant fermement.
- Mon costume ! Si tu le taches, tu le repayes... et je ne jouerais pas les mannequins.
- on verra ça, je répète : où étais-tu ce matin ?
- Je me suis occupé du check-up du SUV, dit le Gallois avec une lueur de panique dans les yeux, Jack était méconnaissable, et paraissait tout à fait dangereux. Il n'avait pas peur de lui habituellement, mais il était dans un tel état de nerfs qu'il l'effrayait.
Jack le relâcha en voyant cette peur au fond de ses yeux. Il n'aima pas cette sensation qui s'était emparé de lui. Ianto était un jeune homme franc, loyal, il n'avait rien avoir dans cette avalanche de coups du sort. Personne ne pouvait être responsable de cela.
- M Onikusa t'attend, mais je vais lui expliquer la situation et le faire patienter.
- C'est l'expert financier de Unit, c'est ça ? demanda confirmation Jack qui savait pouvoir compter sur la mémoire et l'organisation de son gallois.
- Yep, il a l'air impatient de faire ta connaissance.
- même si j'ai coupé tous les liens avec TW, il en reste encore avec l'organisation Unit, et je dois leur rendre des comptes, dit-il d'un air épuisé.
- ok, je comprends. Va prendre ta douche, je m'occupe d'Onisuka.
Ianto lui fit un petit clin d'œil coquin et lui effleura les lèvres d'un baiser léger. Les entrailles de Jack se mirent à bouillir, il avait envie du jeune homme immédiatement, maintenant, tout de suite. Il se força à raisonner. La tâche était rude tant l'envie était intense. Hormones en ébullition.
- Ianto, file, ou ton nouveau costume va être taché…
Il tremblait en disant cela. Ianto s'en alla avec une telle démarche que Jack gémit. Il s'appuya contre le mur pour reprendre sa respiration. Il avait oublié combien l'effet de Ianto sur lui était puissant.
Il se reprit et monta aux vestiaires. Tout était prêt, des vêtements pliés, repassés et propres, jusqu'aux serviettes moelleuses à souhait. Ianto avait une fois encore devancé ses ordres, cela lui plut une nouvelle fois. En un tour de main, il fut nu et commença à se nettoyer. Le passage du gant de crin sur sa peau eut un effet euphorisant peu commun, toutes les cellules de son corps lui semblaient en folie. Il se satisfit de lui-même, faute de Ianto sous la main.
Apaisé pour un temps, il se releva et prit une douche. Il avait l'air humain, mis à part quelques tâches d'encre qui s'attardaient encore. Tant pis, il demandera à Ianto de le frotter, quand il aura un peu plus de temps pour cela.
Sans avoir eu le temps de réellement se poser, il descendit à la salle de réunion où l'attendait Onizuka. Ça n'allait pas être une partie de plaisir, mais cela n'allait pas durer longtemps. Il comptait sur son équipe pour le tirer de là si besoin.
A suivre ...
