Bonjour/Bonsoir/Bonne insomnie camarade ! J'ignore à quelle heure de la journée tu viens lire cette fanfiction, mais quoiqu'il en soit, je suis heureuse de t'y voir. Ceci est ma première fanfiction, et même si j'ai beau avoir lu et relu les chapitres, il y demeure peut-être encore quelques irréductibles fautes d'orthographe que j'espère, dans ton humble tolérance, tu me pardonnera.
Quelques indications pour la suite : le début de cette fic prend place directement après le chapitre 50 mais elle modifie certains passages antécédents. Tu le comprendra si tu lis l'histoire. Bien entendu, cet fic apportera un dénouement à l'histoire d'Isamaya. Elle se développe essentiellement autour d'Eren et de Levi, et se déroulera sur plusieurs années.
Le titre de la fic est un clin d'œil à la chanson éponyme de My Cheminal Romance, qui m'a bien inspiré pour écrire cette histoire.
Pour ce qui est du rythme de publication, je compte publier un chapitre tous les vendredi soirs, tant que j'ai des chapitres en rab. 10 à ce jours.
Voilà, c'est tout pour le moment, maintenant je t'invite à lire et à te faire plaisir. N'hésite pas à me laisser une trace de ton passage en postant une review. Sur ce, bonne lecture à toi, camarade.
Piqûre de rappel : les Bataillons d'exploration se sont lancés à la poursuite des Titans Shifters afin de récupérer Eren. Durant l'affrontement, Eren sauve Mikasa en ordonnant aux géants, qui se jettent sur le Titan Cuirassé. Les Bataillons réussissent donc à s'enfuir, et reprennent la route en direction de la civilisation...
Le ciel lourd tombait sur la ligne d'horizon, derrière le convoi. Celui-ci, réduit à la moitié de ses effectifs, fendait l'air à pleine allure. Il n'y avait plus de raison de se presser mais la menace de tomber sur un groupe isolé de titans était toujours bien présente au creux des tripes des survivants. Aussi, tous filaient le plus vite possible sur leurs montures, pressés de retourner derrière les murs, bien que ceux-ci ne leur garantissent plus une si grande sécurité. Cependant, la seule présence des barrières de pierre autour d'eux et la certitude de dormir au sec ce soir motivaient les troupes.
Eren ouvrit les yeux brusquement, pris d'une soudaine quinte de toux. Il se releva de façon soudaine et imprévue, la main sur la bouche. Il toussa fortement, les yeux pincés de douleur. Il sentait un liquide chaud lui coulait dans son poing fermé, et il ne douta pas qu'il crachait du sang. Encore une fois. Il se rallongea sur le chariot sans même accordé un regard autour de lui et fixa le ciel au-dessus de lui. Les reflets rougeâtres du soleil couchant se cachaient entre les épais nuages gris annonciateurs de pluie et un vent frais hérissait ses cheveux bruns. Le garçon soupira et son souffle léger se cristallisa dans l'air en un petit nuage de brume. Il leva sa main face à son visage et observa son propre sang s'évaporer de sa peau, comme le faisait celui des titans. Cette constatation ne lui fît ni chaud ni froid et il reposa son bras contre le bois dur du chariot. Ses yeux vaguèrent longuement vers le ciel sans qu'il n'esquisse le moindre geste. Lui, Eren Jäger, d'ordinaire intenable, restait prostré dans ce minuscule chariot de bois qui ne cessait de secouer son corps douloureux. Chaque secousse trop brutale lui tirait une grimace, mais il ne se plaint pas et ne fit aucunes remarque. Ses pensées étaient rivées loin du présent.
Eren songeait en particulier à sa mère. Qu'aurait-elle pensé de lui à cet instant, en voyant son fils dans un si piteux état, le corps à moitié fumant de recomposition ? L'aurait-elle reconnu comme étant l'enfant qu'elle avait mis au monde, comme étant bien son propre fils et non pas un monstre créé de toutes pièces par un médecin sanguinaire et mégalo ? Le cœur d'Eren se serra à cette pensée amère. Il n'en savait rien et ne le saurait probablement jamais. Le secret de son existence malsaine était perdu quelque part au fond d'une cave, entouré de titans affamés et il n'y aurait certainement jamais accès. Il peinait à se remémorer le son de sa voix ou les traits de son visage, il oubliait lentement la façon de penser de sa mère, et il oubliait peu à peu ses mimiques, ses réactions, son sourire. Le jeune soldat serra les poings si forts que ses ongles transpercèrent la fine peau tout juste reconstituée. Ses mains se remirent à saigner sans qu'il y prête attention. Eren voulait hurler. Il aurait voulu crier toute la rage qu'il renfermait en lui, hurler sa haine, sa douleur, sa peur aussi peut-être. Il avait l'impression d'étouffer derrière ce sentiment d'impuissance. Il aurait voulu crier pour que tous l'entendent. Ses amis, ses camarades, son père. Pour que toutes les personnes dans ce bas-monde puissent l'entendre. Au lieu de ça, il était réduit au silence, caché derrière une administration militaire corrompue et qui l'empêchait d'effectuer son véritable devoir de soldat. Il aurait voulu hurler à la face de ce monde combien il était injuste de souffrir autant sans pouvoir agir et de devoir regarder les autres mourir autour de lui sous prétexte que sa vie était plus précieuse que la leur. Eren ne supportait plus ce traitement de faveur. Alors qu'il aurait du se retrouver au milieu des autres, soutenant son camarade blessé ou soufflant une parole réconfortante à un ami, il se trouvait éloigné de tous. Il était mi-homme, mi-titan. Il n'était ni homme, ni titan. Il n'était ni soldat, ni guerrier. Il n'était rien d'autre qu'un perdant, un poids inutile sur les épaules de son caporal-chef. Il était encombrant et inutile.
Eren rouvrit ses yeux quand un cri survint sur sa droite. Il se releva et sortit la tête du chariot. Il considéra les pertes du bataillon, et estima que le nombre de soldats avait diminué de moitié depuis l'incident sur le mur. Il n'aperçut pas le caporal Levi et il sentit une pointe d'angoisse l'envahir. Son attention se porta soudainement vers l'arrière du triste convoi. Quatre titans d'une dizaine de mètres de haut se ruaient à toute allure vers eux, et même si le chariot sur lequel il se trouvait roulait à une vitesse largement respectable, le second, qui transportait les cadavres des soldats tombés au combat, était bien trop lourd pour distancer les monstres gigantesques. A la vitesse à laquelle courait les monstres, ils atteindraient le chariot dans moins de cinq minutes. Eren se redressa sur les genoux, et observa avec horreur les soldats survivants jetés les cadavres au sol. La scène se passa presque au ralenti devant ses yeux. Les corps tristement empaquetés roulèrent sur l'herbe humide sans faire de bruit et il ne pu retenir le cri de protestation qui franchit ses lèvres. Les regards se tournèrent vers lui au moment où il se jetait de son chariot pour courir vers ceux qui avait été ses frères d'armes, ses camarades, ses amis, et dont il se sentait responsable de la mort précipitée qu'ils avaient eu à subir. Personne ne réagit, abasourdi par le réveil soudain du blessé, par sa réaction incontrôlée, et parce qu'ils n'étaient pas assez fou pour faire face à cinq titans pour sauver ce misérable semi-titan.
Eren heurta le sol avec violence en chutant mais se releva aussitôt, le menton égratigné, pour continuer sa course effrénée. Il arriva à hauteur des corps en même temps que les titans et son cri se répercuta dans les tympans de tous. Il se jeta sur le premier corps venu, l'attrapant contre son torse, les larmes baignant son visage. Il ne voulait plus dire adieu à ses amis. Il ne voulait plus les voir tomber autour de lui, il ne voulait plus connaître la douleur vive et brûlante de leur perte et celle, lancinante et têtue, de leur absence. Il voulait qu'on le laisse faire son deuil. Il serra contre lui le tissu taché de rouge et hurla à nouveau lorsqu'un titan se saisit d'un autre corps. Il hurla de toutes ses forces et avec toute la volonté qu'il lui restait. Ses yeux écarquillés rencontrèrent ceux, surpris, du titan, qui s'immobilisa face à lui. Le geste suspendu, le monstre le fixait avec étonnement. Il ne bougeait plus. Sa large mâchoire au faciès humain était à deux doigts du garçon, dont les lèvres tremblaient d'inquiétude. Eren se dit qu'il était foutu cette fois-ci, et que personne ne viendrait secourir l'imbécile qu'il était. D'ailleurs il ne méritait même pas d'être sauvé pour avoir fait un geste si stupide. Il regarda son reflet dans les yeux luisants du géant, et baissa la tête. Le silence avait prit possession de l'instant. Les sabots des chevaux s'étaient tus, le fracas des pas de titan avait cessé. Il supplia une dernière fois, du bout des lèvres. Il implora l'être gigantesque face à lui, il l'implora avec toute son humanité et toute sa peine. Le murmure qui s'échappa de ses lèvres parut presque inaudible :
« S'il vous plaît... Laissez-nous... »
Il y eut un lourd moment de flottement. Eren ne bougea pas, attendant le choc fatidique qui lui coûterait la vie, mais rien ne vint. Il releva la tête lorsqu'il sentit un souffle chaud lui caressait la nuque. Le titan reposa le cadavre qu'il avait saisit et se redressa de toute sa hauteur. Eren le regarda faire sans comprendre, sans y croire. Le géant mit fin à leur contact visuel en faisant demi-tour, suivit par ses quatre camarades, laissant Eren agenouillé dans la terre, un cadavre serré contre lui. Abasourdi, le jeune soldat se remit à pleurer de soulagement et enfouit son visage dans le tissu mortuaire alors que les pas de course des titans s'éloignaient de lui.
Il se releva lorsqu'un cheval revint à sa hauteur. La tête blonde d'Armin se jeta à ses côtés et le secoua vivement, mais Eren ne comprit pas un traître mot du sermon que lui fit son ami. Ses yeux étaient rivés vers l'horizon où il apercevait la silhouette gigantesque des titans s'éloignait paisiblement. Les lèvres entrouvertes et dans une grande et lente confusion, il aida à remettre les corps sur le chariot et reprit sa place initiale sous les regards effrayés des soldats. Le convoi reprit la route dans un silence suspicieux et lourd, mais le jeune soldat n'y fit pas attention. Il s'assit à côté de Mikasa, toujours inconsciente et remonta ses genoux contre son torse. Pourquoi le titan venait-il de l'épargner ? Pourquoi, encore une fois, restait-il en vie alors que sa bêtise aurait du lui coûter la vie ? Pourquoi, alors que d'autres mouraient fièrement sur le champ de bataille ? Les mots de Reiner lui revinrent en tête soudainement :
« Tu n'es pas comme les autres, Jäger, il faut t'y faire. Nous avons besoin de toi ici. Pas eux. »
C'était vrai. Encore une fois, il ne servait à rien. Il sentit un hoquet de tristesse lui montait à la gorge alors il fit quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis bien longtemps. Il s'allongea aux côtés de sa sœur adoptive et glissa sa tête dans le creux de son cou. La chaleur et l'odeur rassurante de la jeune fille l'apaisèrent presque immédiatement. Il ferma ses yeux et la fatigue l'emporta dans un sommeil sans rêves.
