SAVONNETTE

Ils étaient tous les deux, sous la douche, leur corps collés l'un contre l'autre… Leurs yeux ne se quittaient, tandis que leurs doigts s'effleuraient, se découvraient, s'entremêlaient… Leurs souffles se mélangeaient, ils partageaient désormais le même oxygène, et leurs lèvres allaient presque se toucher, puis…

« Ça va j'vous dérange pas, les pédales ? »

Uno lança un regard enragé au gardien, resserrant son étreinte sur le petit Nico qui, de son côté, se contenta d'arborer une expression totalement innocente.

« La ferme, gardien d'mes deux, va r'garder ailleurs et fous-nous la paix ! s'écria le natté.

-Eh ? Et en quel honneur, au juste ? J'te rappelle que j'dois vous surveiller parce que vous arrêtez pas d'vous barrer, les mioches ! rétorqua Hajime d'un air renfrogné. »

Le borgne aux cheveux verts tira la langue au gardien d'un air puéril, en passant ses bras autour du coup du numéro onze, le fixant d'un air totalement abandonné à sa personne. Il se mit sur la pointe des pieds, pour que sa bouche soit toute proche de l'oreille de son camarade de cellule et amant.

« Laisse-le, il est juste jaloux parce que personne ne l'aiiiime ~ »

Une aura sombre entoura instantanément le gardien du bâtiment 13, qui croisa ses bras contre son torse pour pester dans son coin. Nico arbora un petit sourire en fermant son œil unique, puis il se laissa aller tout contre le natté qui l'accueillit avec plaisir entre ses bras.

« Bah alors Nico, Uno t'as pas encore fait ramasser la savonnette ? »

Les regards des deux détenus se tournèrent vers celui qui venait de prononcer cette phrase, d'un air fier. Hajime, n'ayant pas apprécié la dernière remarque du plus petit des deux prisonniers, avait décidé de contre-attaquer.

Sans se départir de son assurance habituelle, Uno se saisit de la savonnette, et la jeta intentionnellement par terre, lançant un court regard à Hajime, avant de déclarer assez fort pour être entendu.

« Oh non, j'ai fait tomber la savonnette… Nico, tu veux bien la ramasser ? »

Il n'y avait aucune émotion dans sa voix, on sentait qu'il n'était pas sincère, pourtant, Nico se pencha en avant et exécuta la demande du bicolore. Sans plus attendre, le numéro onze se saisit des hanches de son partenaire, lança un petit regard insistant dans la direction d'Hajime qui avait dégluti, pâle comme la mort, puis entama des coups de hanches dans le vent, arrachant quelques gémissements au détenu passionné d'animes.

Bien sûr, tout ceci était faux. Pourtant, le gardien du bâtiment treize partit des douches communes, pour se réfugier au bureau des surveillants, laissant les deux détenus à leur « affaire de savonnette ».


« Chef ? Vous avez déjà raccompagné les détenus de la cellule treize ? demanda Seitarû, étonné. »

L'expression du gardien en chef était passablement effrayante, comme à son habitude, pourtant, il semblait perturbé.

« Je sais pas lesquels sont les plus chelous dans cette cellule. »