Requiem pour une vengeance
Requiem.
Ses doigts volent sur les touches.
Requiem.
Il est parti.
Requiem.
Une mélodie pure sautille dans l'air.
Requiem.
Triste, si triste.
Requiem.
Ses doigts volent sur les touches.
Requiem.
Ils écrivent leur histoire.
Requiem.
L'histoire d'un coeur en deux corps.
Requiem.
Cette musique est pour toi.
Requiem.
Elle va s'enrouler autour de ton âme.
Requiem.
Pareille à un linceul.
Requiem.
Ô, toi mon frère.
Requiem.
Toi qui est parti sans moi.
Requiem.
Nous avions partagé nos ailes.
Requiem.
Puisque nous ne sommes jamais quittés depuis notre naissance.
Requiem.
Il a violé ton corps.
Requiem.
Il a violé ton coeur.
Requiem.
Il a brisé notre âme.
Requiem.
Et souffle le vent, et tombe la pluie, et passent les nuées.
Requiem.
Par cette musique qui te rend hommage.
Requiem.
Je jure qu'à l'instant où ce piano se taira.
Requiem.
Sa vie sera soufflée, telle une bougie.
Requiem.
Son sang sera mon vin.
Requiem.
Que ces notes montent aux cieux.
Requiem.
Qu'elles descendent aux enfers.
Requiem.
Mon frère, tu sera vengé.
Requiem.
Une vie pour une vie.
Requiem.
C'est la loi éternelle.
La musique prend fin. Telle une plainte déchirante, elle a joué la souffrance de deux frères séparés par un fou. Il se lève. Se dirige vers la porte. Tous les anges, les anges protecteurs de la chapelle, à la beauté intarissable et intemporelle, lui crient de leurs lèvres de pierre, de ne pas se souiller du sang d'un homme. Mais il est sourd. Sourd, aveugle, et muet.
Un jet de sang. Une fontaine écarlate. Semblable, sur le mur, à un dessin d'enfant. Il se redresse. Ses mains sont rouges. Rouges du sang de celui qui lui a volé son frère. Son frère, avec ses grands yeux chocolat et ses cheveux de miel. L'androgyne aux cheveux d'ébène tourne son visage vers le ciel sombre. Il le sait, il le sent, son frère est là, quelque part. Mais il n'entend toujours pas l'essentiel.Il ne comprendra jamais cet essentiel: il a perdu son frère pour toujours en se condamnant à l'enfer.
