Pour le meilleur et pour le pire

Je sais que ce n'est pas mon meilleur OS mais l'idée me trottait dans la tête depuis un bon moment ^^ Bonne lecture !


La robe blanche choisit spécialement pour ce jour est soigneusement fermée dans mon dos. Les boucles d'oreilles de ma grand-mère sont accrochées et mises en valeur par mes cheveux relevés en un chignon. Le collier flatte le léger décolleté visible. Je me trouve belle et après une dernière vérification dans le miroir, je remarque la jarretelle qui n'attend que d'être glissée le long de ma jambe pour reposer sur ma cuisse.

Je la prends en main et malgré moi, mon esprit repense à ce moment cinq ans plus tôt lorsque mon premier mari l'avait enlevée avec ses dents. Je soupire et m'apprête à la mettre quand j'entends trois petits coups à la porte.

Déjà ? Non, le mariage ne commence pas encore. Ça ne peut pas être mon père !

-Entrez !

Une tête familière passe la tête dans l'ouverture suivit par son corps tout entier. Il referme la porte derrière lui.

-Tobias, qu'est-ce que tu fais là ?

-Je-je...tu es magnifique !

-Merci, dis-je en rougissant.

-Mais je dois avouer que tu étais encore plus jolie avec tes cheveux posés sur une épaule et avec une autre robe...tu sais, il y a cinq ans...

-Tobias, qu'est-ce que tu fais là ? Répété-je, visiblement perturbée par sa présence.

-Je voulais juste voir comment tu allais. Ce n'est pas parce qu'on est divorcés que je ne m'inquiète plus pour toi.

Je souris et le prends dans mes bras.

-Merci beaucoup.

Il remarque la jarretelle dans ma main et sourit.

-Besoin d'aide pour mettre ça ?

-Tu sais comment faire ? Dans mes souvenirs, tu as plutôt préféré l'enlever.

-Je pourrais le refaire, plaisanta-t-il avant de reprendre plus sérieusement. Mais je veux juste t'aider.

-Non, imagine que quelqu'un entre. Ça serait vraiment bizarre de nous voir tout les deux ensemble une heure avant mon mariage.

-Oh allez, Al sait qu'on s'entend bien et qu'on est amis.

-Bon d'accord, sale pervers !

Il prend le tissu puis pose mon pied sur une chaise laissant apparaître mes escarpins blancs. Il se met à genoux devant moi et remonte ma robe jusqu'à mon genou alors que je hausse un sourcil vers lui.

-Quoi ? Il n'y a rien que je n'ai pas vu !

Je le laisse glisser ses mains sur mon mollet puis mon genou. Ses mains remontent sous la robe jusqu'à ce que je sente la légère pression sur ma cuisse. Il place une main sur chacune de mes cuisses puis me regarde avec un petit sourire timide. Mon souffle devient irrégulier alors que ses mains brûlent ma peau et enflamment mon cœur. Il bat si vite que je suis persuadée qu'il peut l'entendre. Son sourire ne me quitte pas, tout comme ses mains.

Ce sourire, je ne le connais que trop bien. Je le voyais lorsqu'il rentrait tard le soir du travail, lorsqu'on se parlait à nouveau après une dispute ou même quand on signait les papiers du divorce. Ce sourire qui me montre qu'il est désolé.

Avant que je ne puisse réfléchir aux conséquences de mes actes, j'attrape le col de sa veste et le tire vers moi pour poser mes lèvres sur les siennes. Il répond immédiatement à mon baiser et ses mains qui caressaient mes cuisses sont maintenant entrain de tenir ma nuque pour que je ne m'éloigne pas de lui.

Je le savais il y a presque trois ans lorsque je signais ces papiers que c'était une erreur. Je l'aime encore et je sais que lui aussi. On a eu tort d'apposer nos noms sur ce papiers. Mais nous l'avons fait par désespoir.

Les disputes devenaient de plus en plus violentes à la maison et ma fausse couche a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Après deux semaines de disputes, on engageait tout les deux un avocat.

Aujourd'hui, avec le recul et étant plus ou moins remise de la perte de mon enfant, je sais que l'homme de ma vie est dans mes bras et n'est pas celui qui attend devant l'autel.

J'aime Al, mais je ne suis pas amoureuse. Je crois que j'étais amoureuse de l'idée d'être heureuse à nouveau. Je pensais qu'être avec lui allait effacer mon passé mais il m'a rattrapée aussitôt. Même si je le voulais, je ne pourrais pas y échapper parce que Tobias sera toujours la preuve que j'ai pu aimer quelqu'un follement et ce n'est pas ce que je ressens pour Al.

Tobias me pousse contre le mur à côté de la porte. Je soupire contre sa bouche lorsque ses mains entrent en contact avec la peau nue de mes bras. Il les fait glisser doucement de haut en bas, m'arrachant des frissons. Je sais que ce que je fais est mal. Je vais me marier dans une heure mais je suis là à embrasser mon ex-mari en réagissant comme une fille de dix-sept ans qui embrasse le garçon qui lui plaît pour la première fois. Tobias me serre avec son corps contre le mur et il sépare nos lèvres pour pouvoir parler.

-Ne fais pas ça ! Je t'en supplie...

Je ne réponds pas et à la place, je le pousse contre le canapé qui est dans la pièce. Je ne devrais pas faire ça mais je le fais quand même avant que ça ne me soit complètement interdit. Je ne sais pas combien de temps on passe à s'embrasser mais je suis complètement sous son emprise, je n'arrive pas à m'arrêter.

Ce n'est qu'au moment où je me rends compte que je vais me marier dans moins d'une heure et que ce n'est pas avec l'homme qui est dans mes bras que j'arrive à stopper ce que l'on fait. Je m'écarte de lui en essayant de ne pas faire attention à son regard. Je sais bien que je le blesse en faisant ça mais qu'est-ce que je peux faire d'autres ?

Il m'aide à me rendre présentable pour la cérémonie et lorsqu'il juge que je suis bien, il m'enferme dans ses bras.

-Je te le redemande. Ne le fais pas...

-Je suis désolée Tobias.

-Je t'aime toujours.

Il embrasse mes lèvres puis sort de la pièce. Les larmes se forment dans mes yeux mais je ne les laisse pas couler.

Quelques minutes plus tard, ma mère et celle d'Al entrent.

-Tris ! Tu es magnifique, ma puce !

-Merci.

-Tu es prête ? Me demande ma future belle-mère.

Je hoche la tête avec un faible sourire mais la réponse est non. Je ne suis pas prête. Mon père entre à son tour et m'offre son bras que j'accepte. Il me guide vers le jardin où le mariage à lieu. On attend que la musique commence pour y aller. Il voit que je suis nerveuse et replace des mèches de cheveux derrière mon oreille.

-N'aie pas peur. Tout va bien se passer !

Comment est-ce que tu peux en être si sûre ? Ai-je envie de demander mais je me retiens. Il soupçonnerait quelque chose. Et ma dernière envie est qu'il se rende compte que j'ai embrassé mon ex, une heure avant mon mariage avec un autre homme.

La musique nous surprend tout les deux. On avance doucement vers l'autel et je vois Al qui me regarde avec un énorme sourire. Will, son témoin, lui dit quelque chose qui ne fait qu'encourager Al à sourire plus. Je plaque un sourire sur mon visage.

Tout le monde dans l'assistance me regarde avancer vers mon futur mari en souriant, sauf un homme assis en retrait. Il a un verre en main et me regarde. Je risque un regard vers lui. Il a l'air désemparé. À ce moment, j'ai peur qu'il n'interrompe le mariage pour nous empêcher de le faire mais ça ne lui ressemble pas. Tout ce qu'il veut c'est mon bonheur. Mais après tout, serait-ce si mal qu'il le fasse ?

J'arrive auprès d'Al qui me prend la main. J'écoute la cérémonie d'une oreille mais mon esprit divague.

Tobias est venu mais il n'est pas venu pour me voir me marier. Il veut me récupérer. Serions-nous assez forts pour traverses nos problèmes et les régler ? Sommes-nous suffisamment remis de la fausse couche pour essayer de construire quelque chose ?

Lorsque je le vois, je n'ai plus cette envie de lui crier dessus ou de pleurer comme avant. Non, maintenant quand je le regarde, je ne vois que cet homme merveilleux pour lequel j'ai dit oui un jour. Je lui ai dis oui pour le meilleur et pour le pire, dans la santé comme dans la maladie.

Et cet homme m'aime toujours aujourd'hui. Il me l'a prouvée pendant chaque secondes où nous étions ensemble tout à l'heure. Il a peur de me perdre et lorsque je dirais ces quatre mots, tout sera fini entre nous. Comme si rien ne s'était passé. Mais ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas le laisser partir non plus.

-Monsieur Al Mayer, voulez-vous prendre pour épouse Mademoiselle Béatrice Prior ici présente ?

-Oui, je le veux ! Dit-il sans hésitation.

Son regard ne me quitte pas et tout l'amour qu'il porte pour moi m'est transmis par ce simple regard.

-Mademoiselle Béatrice Prior, voulez-vous prendre pour époux Monsieur Al Mayer ici présent ?

Du coin de l'œil, je vois Tobias qui prend une bouteille de champagne puis entre dans la maison. Je fais un pas en avant et pose ma main sur la joue d'Al.

- Je suis désolée...

-Tris ? S'inquiète-il.

-Est-ce que tu m'aimes ? Chuchoté-je.

-Plus que tout.

-Tu veux que je sois heureuse ?

-Bien sûr.

-Alors laisse-moi partir.

Il me regarde choqué et blessé.

-Qu-quoi ? N-non. Je ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas me faire ça, pas maintenant !

-J'espère que tu arriveras à me pardonner un jour.

Je dépose un baiser sur chaque joue puis me retourne et remonte l'allée en gardant la tête haute malgré les regards de tout le monde posés sur moi. Je lâche le bouquet au bout de l'allée puis pars en courant dans la maison.

Je trouve Tobias dans le seul endroit où il pourrait être, la pièce où nous étions avant. Il a les deux mains sur l'ouverture de la fenêtre, le verre et la bouteille sur la table à côté de lui, les épaules affaissées, le regard perdu sur la route où le mariage est invisible. J'ouvre la porte en grand et entre. Le bruit de la robe qui frotte contre la moquette le fait se retourner.

-Toutes mes félicitations Mme Mayer. Dit-il d'une voix monotone.

Je m'approche de lui et me poste à quelques centimètres de lui.

-Mlle Prior, s'il vous plaît. Rectifié-je.

-Tu...tu n'as pas dit oui ?

-Je ne pouvais pas. On s'était promis pour le meilleur et pour le pire tout les deux. Le pire est passé et j'ai hâte de voir à quoi ressemblera le meilleur.