Bonjour à tous !

J'ai tellement adoré ce jeu vidéo que j'ai pensé en écrire l'histoire, pour ceux qui n'aime pas jouer, ou pour ceux qui veulent, tout simplement, redécouvrir cette magnifique aventure.

En espérant que cela vous plaise. Les commentaires sont les bienvenus.

L'histoire et les personnages de cette fiction ne m'appartiennent pas.

Prologue

Ville Natale

Austin, Texas.

26 septembre 2013

I

« Tommy, je-… Tommy. Tommy, écoute moi, c'est l'entrepreneur. C'est l'entrepreneur. Je peux pas perdre ce boulot. Insista l'homme, de façon catégorique. Je comprends… »

Il était déjà une heure avancée de la nuit quand Joel arriva chez lui. Son visage marqué par la fatigue, à la fois empreint de contrariété et d'inquiétude, le faisait paraitre plus vieux que sa trentaine d'année. Seule sa voix retentissait dans la maison silencieuse et plongée dans la pénombre, quoique légèrement éclairée par la lumière de la lune qui passait par les fenêtres, dont les volets n'étaient pas fermés.

Rentrer à cette heure de la soirée ne lui plaisait guère, et la conversation téléphonique qu'il avait avec son frère n'arrangeait en rien son humeur, déjà exécrable.

Faisait-il exprès de ne pas comprendre sa situation? Tommy et lui avaient toujours eu de bonnes relations, néanmoins, étant son ainé de quelques années, Joel manquait cruellement de patience envers lui.

Se dirigeant machinalement vers la lampe du salon, qu'il alluma, il put apercevoir Sarah sur le canapé, surement réveillée par la vive lumière près de son visage.

« On en parle demain matin… dit-il en soupirant. Ok, bonne nuit. »

Il raccrocha et jeta son téléphone portable sur la table basse. Il n'avait pas pensé que Sarah serait encore là à cette heure, il aurait dû faire plus attention. Ce n'était pas la première fois qu'elle s'endormait en attendant qu'il rentre; c'était même assez fréquent. Il s'en voulait de ne pas pouvoir s'occuper d'elle tous les soirs. La laisser se débrouiller seule du haut de ses douze ans lui donnait mauvaise conscience même si elle devait en avoir l'habitude depuis le temps. Son travail l'accaparait trop, et il était hors de question qu'il le perdre. Il y avait investi trop de lui-même pour être licencié de la sorte.

Les beaux yeux de Sarah se posèrent sur lui et elle lui lança un petit « Hey ! ».

Son regard, ses cheveux, sa peau claire et son visage fin la faisait tant ressembler à sa mère, malgré son petit air de garçon manqué qu'elle avait hérité de lui, qu'il avait toujours ce petit pincement au cœur en voyant sa fille.

Joel avait perdu sa femme quelques années plus tôt à la suite d'un malheureux accident de voiture. Il avait cru ne jamais s'en remettre, mais au cours des années la vie avait repris son cours. Il ne l'oublierait jamais, mais ses pensées dérivaient de moins en moins souvent sur ce tragique épisode. Peut-être était-ce pour cela qu'il ne passait pas beaucoup de temps à la maison. Cela lui rappelait trop son passé. Son deuil n'avait pas duré plus de quelques mois, il s'était vite ressaisit, autant pour sa fille que pour lui-même, ressortant plus fort de cette épreuve. Il s'était bien aperçu que cela l'avait changé. Il s'attachait beaucoup moins aux autres depuis, et au fond de lui il savait que la véritable raison était qu'il avait peur de les perdre aussi…

Aujourd'hui, ils avaient réussi à remonter la pente ensemble. Sa fille était heureuse, du moins il en avait l'impression, et lui également. Ils avaient une vie normale, banales diraient même certains. Ils ne faisaient pas de vagues, étaient appréciés des gens du quartier, Sarah faisait même partie de l'équipe de football junior de la ville.

Cette tragédie les avait rapprochés, créant un lien entre eux que rien ne pourrait jamais rompre, ils en étaient persuadés.

« Tu me fais une place ?Demanda Joel en s'installant confortablement, tandis qu'elle se redressait pour lui laisser un côté du canapé.

- T'as eu une rude journée ? »

Le brun ne voulait pas s'étendre sur le sujet. Ses problèmes professionnels il les gardait pour lui, il ne voulait pas l'inquiéter. Il devait rester fort et garder ses soucis pour lui. Il regrettait déjà d'en avoir parlé à son frère plus tôt dans la soirée.

« Qu'est-ce que tu fais debout? Il est tard,annonça-t-il, sans avoir une idée précise de l'heure, ayant cassée sa montre depuis plusieurs jours.

-Oh mince ! Qu'elle heure il est ?S'exclama la jeune fille en se tournant vers la pendule du salon, dont les aiguilles indiquaient minuit moins dix.

-Il est largement l'heure d'aller te coucher.

-Mais c'est encore aujourd'hui ! » Lui répondit Sarah, l'air joyeux.

Il n'avait pas envie de plaisanter ce soir, cette histoire au travail lui avait pris la tête. Tout ce qu'il voulait c'était prendre une bonne douche et aller se coucher.

Du coin de l'œil, il la vit descendre du canapé et se baisser pour attraper quelque chose sous le guéridon. Sarah voulait surement lui montrer un magazine de football de son équipe favorite comme d'habitude, mais il n'avait vraiment pas la tête à ça ce soir.

« Oh non chérie, pas maintenant, je suis trop fatigué pour ça, se justifia-t-il d'une voix lasse, se passant la main sur les yeux.

-Tiens. »

Il fut étonné en regardant ce qu'elle lui tendait.

« C'est quoi ça ? Lui demanda-t-il en saisissant une boite.

-Ton anniv'. » Dit Sarah, en se réinstallant à ses côtés avec un sourire.

Ça lui était complètement sortit de l'esprit. Trente-deux ans... Il lui semblait encore que c'était hier l'anniversaire de ses vingt ans, passé aux cotés de sa femme, alors enceinte de Sarah. Elle lui avait organisé une soirée surprise avec tous leurs amis de l'époque, dont ils avaient bien profité. Aujourd'hui, il n'avait plus de nouvelles, d'aucun d'eux. La vie avait fait qu'ils avaient tous pris des chemins différents. Lui avait eu très tôt une famille à entretenir, tandis qu'eux étaient partis à l'université dans de grandes villes du pays, et ils avaient perdu contact.

Heureusement, Sarah était là pour penser à lui. Il avait tellement de choses à gérer qu'il en arrivait à oublier son propre anniversaire. Il fallait décidemment qu'il se consacre un peu plus à eux.

Il sourit légèrement, et ouvrit le cadeau de sa fille.

« T'arrêtez pas de te plaindre que ta montre était cassée, commença à expliquer Sarah, tandis qu'il la mettait au poignet. Alors, je me suis dit… Elle te plaît ? »

Joel ravala son sourire et regarda la montre quelques secondes, l'air embêté.

« Oh chérie, c'est… Il rapprocha le cadeau de son oreille et tapota sur le verre.C'est gentil, mais…

-Quoi ? Couina Sarah, anxieuse à l'idée que son présent ne lui plaise pas.

-Je crois qu'elle s'est arrêtée

-Quoi !? Non, non, non ! »

Elle s'empressa de saisir le bras de Joel pour vérifier. Cette montre lui avait valu toutes ses économies, elle était vraiment déçue qu'elle ne fonctionne pas. Au fond ce n'était pas si grave, elle retournerait au magasin le lendemain, mais ça la contrariait tout de même. Elle avait attendu ce moment toute la soirée. La jeune fille voyait bien que depuis quelques jours son père avait l'air fatigué, elle avait espéré que son cadeau lui redonne un peu le moral.

Elle fixa le cadran, indiquant la bonne heure, et aperçut l'aiguille des secondes fonctionner parfaitement. Elle sentit un poids s'envoler. Son père s'était juste moqué d'elle, elle aurait dû s'en douter, c'était bien son genre. Elle repoussa son bras en faisant semblant de rigoler et se coucha sur son côté du canapé, la tête sur l'accoudoir. Elle ne s'attendait pas à un merci, il ne le disait jamais, mais ça petite blague prouvait bien que ça l'avait touché, et ça suffisait à Sarah.

« Avec quel argent t'as acheté ça ?

- La drogue. Je vends des drogues dures,répondit-elle d'une voix provocante. S'il voulait jouer à ça elle jouerait aussi.

-Ah cool, tu vas pouvoir m'aider à rembourser l'emprunt.

-Pff… Ouais, dans tes rêves. »

En seulement quelques minutes, elle avait réussi à lui remonter le moral. Cette gamine était géniale, pensa Joel en allumant la télévision. Il avait envie d'aller se coucher mais dix ou quinze minutes de plus en compagnie de sa fille ne pourrait lui faire que du bien.

Il observa Sarah se rendormir du coin de l'œil. Il lui en voulait un peu d'avoir puisé dans ses économies pour lui, il aurait préféré qu'elle s'achète quelque chose qui lui fasse plaisir, bien qu'il soit heureux qu'elle ait pensé à son anniversaire.

Une bonne heure et demie plus tard, après s'être posé mille et une questions, Joel éteignit la télévision, las de cette journée. Il prit Sarah profondément endormie dans ses bras et la monta dans sa chambre, tout en se disant qu'elle était bien plus lourde que quelques années auparavant. Tout passait tellement vite. En un clin d'œil son adorable petite fille était devenue une adolescente casse-cou au fort caractère.

Il aimait bien cette pièce de la maison. Elle ne ressembler en rien à la chambre d'une jeune fille de douze ans : des posters d'équipe de football et de films d'action pour ado accrochés aux murs et des vêtements étaient éparpillés partout. Elle avait vraiment besoin d'une présence féminine…

Il la déposa dans son lit, en décidant qu'il lui préparerait un bon petit déjeuné le lendemain pour la remercier de son cadeau et de son attention. S'il s'organisait bien, il ne serait même pas en retard pour aller bosser, si le différent qu'il avait eu avec son chef aujourd'hui ne lui faisait pas perdre son poste.

« Bonne nuit, trésor » Murmura-t-il à sa fille, en replaçant une de ses mèches de cheveux blonds derrière l'oreille.

La sonnerie du téléphone sortie Sarah de son sommeil. Émergeant lentement de son rêve, elle se redressa un peu, tout en remarquant que sa lampe de chevet n'était pas éteinte. Elle se souvenait s'être couchée sur le canapé, mais pas d'être monté dans sa chambre. Son père devait y être pour quelque chose.

La blonde décrocha le combiné posé sur sa table de chevet, se demandant qui appelait en pleine nuit.

« Allô ?

-Sarah, chérie, faut que je parle à ton papa! Scanda la voix à l'autre bout du fil.

-Oncle Tommy ? Il est quelle heure ? Demanda la jeune fille, un peu perdue.

-Je dois parler à ton père ! Il y a des- »

Sarah entendit la ligne grésiller puis plus rien, hormis le « bip » qui annonçait la fin de l'appel.

« Oncle Tommy ? Allô !? » Insista elle, angoissée par la voix affolée de son oncle.

Mais rien. Il avait raccroché. Que ce passait-il pour qu'il appelle en pleine nuit ?

Elle ne put que conclure qu'il avait dû arriver quelque chose. Elle reposa le téléphone et aperçut alors la carte d'anniversaire quelle avait faite pour son père sur la table de chevet. Elle avait complètement oublié d'y donner. Cela attendrait demain.

Elle se rappelait de ce qu'elle y avait écrit au mot près, après tous les brouillons qu'elle avait fait.

« Cher Papa,

Voyons…Tu n'es jamais là, tu détestes la musique que j'écoute, tu méprises carrément les films que je regarde et pourtant, bizarrement, tu arrives chaque année à être le meilleur des pères. Comment tu fais ? Bon anniversaire, papounet !

Bisous, Sarah. »

Elle sortit de sa chambre, sans prendre le temps d'enfiler ses chaussons, et se dirigea vers celle de Joel pour lui raconter l'étrange appel de son frère.

Elle n'envisageait pas l'hypothèse d'un décès, à part son oncle et son père, elle ne connaissait aucun autre membre de leur famille. Plus de grands-parents, pas de cousins, sa mère ayant été fille unique, son oncle et son père constituaient ses deux seuls proches. Tommy avait l'air paniqué, son appel ne faisait pas penser à l'annonce d'un décès.

En arrivant devant la chambre de son père son inquiétude vis-à-vis de son oncle ne fit que croitre. La porte était ouverte et la télévision allumée, elle l'avait entendu en se rapprochant.

« Papa ? Tu es là ? »

En avançant dans la pièce elle remarqua surtout le lit vide. Pas d'affolement, il devait être dans la salle de bain ou au rez-de-chaussée, se rassura-t-elle en se tournant machinalement vers la télévision. Une journaliste, micro à la main, se tenait devant un bâtiment en flamme, entourée de pompiers. En bas de l'écran, une bande indiquant les dernières nouvelles annonçait : « L'infection se serait-elle propagée jusqu'à Austin ? », ce qui eut le mérite d'attirer l'attention de la jeune fille.

« Il semblerait que ce que nous avons d'abord pris pour une émeute soit lié à la crise pandémique qui touche le pays. D'après nos sources, les patients souffrant de l'infection montrent des signes croissants d'agressivité et...»

Sarah, tiraillée entre le désir de trouver son père pour lui demander de rappeler son oncle et intéressée par ce que la reporter racontait, décida de rester juste quelques secondes de plus devant le poste de télévision. Elle reconnut alors le bâtiment en feu derrière la journaliste. C'était le grand immeuble en plein centre-ville, devant lequel elle donnait rendez-vous à des amies pour trainer un peu en ville quelques fois. Cela lui fit un peu mal au cœur… De nombreuses personnes habitaient dans ce bâtiment. Pourvus qu'elles aient toutes pu s'échapper.

Cela faisait quelques jours que les gens parlaient cette pandémie. Elle n'écoutait pas les infos, préférant les chaines sportives ou de musiques, mais elle avait entendu dire que des centaines de personnes s'étaient précipitées dans les hôpitaux de la région, suite à un virus. Lequel ? Elle n'en savait rien. Ses professeurs parlaient d'une maladie inconnue, peut-être même incurable, mais elle était plus intéressée par les histoires de sa copine Lucy que part cela. Elle se disait qu'elle aurait dû être plus attentive, mais elle n'aurait jamais cru que sa propre ville serait touchée… Ces genres de choses, on pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres. Loin de nous.

Elle entendit un des pompiers demander à la reporter d'évacuer les lieux à cause d'une fuite de gaz. C'était donc ça ? Une simple fuite de gaz. Un pompier se mit à crier à la journalise de dégager, mais elle n'y fit pas attention et reprit son micro.

« On dirait qu'il se passe quelque chose derrière nous…

-Madame, ne restez pas ici ! Il faut- »

La suite de la phrase fut abrégée par une explosion, qui eut à peine juste le temps d'apparaitre à l'écran avant que l'image ne saute, tandis qu'un énorme fracas retentit au dehors. Les yeux de Sarah furent tout de suite attirés par la fenêtre devant elle, donnant sur la ville en train de s'embraser à quelques kilomètres de là.

« Hé... C'était quoi ? » Gémit-elle en s'approchant de la fenêtre.

Une seconde explosion retentit, laissant apparaitre un énorme nuage de fumée, englobant les immeubles d'Austin. Elle sentit son cœur accélérer. Ce qu'elle venait de voir lui parut tellement irréel qu'elle tourna le dos à la fenêtre et sortir de cette chambre, en mettant les bras autour de sa poitrine.

« Papa ? Papa ?!S'affola-t-elle, sentant une boule se former dans sa gorge.

Elle entendit le chien des voisins aboyer. Des frissons la parcoururent tandis qu'elle descendait les escaliers. Elle voulait voir son père. Lui raconter ce qu'elle venait de voir pour qu'il la prenne dans ses bras et la réconforte. Il lui caresserait les cheveux et lui dirait « Ce n'est rien chérie, calme toi », de sa voix grave et rassurante, comme il faisait toujours quand elle faisait un cauchemar, et ce qu'il venait de ce passer y ressemblait étrangement.

« Papa ? Papa ?!»Insista-t-elle, n'ayant aucune réponse.

Aucune lumière n'était allumée au rez-de-chaussée. Elle appela son père encore une fois, même si elle se doutait qu'il n'était pas là que ferait-il dans le noir de toute façon ? Des voitures de police, gyrophares allumés, passèrent en trombe sur la route en face de la maison, angoissant plus encore la jeune fille.

Elle entendit vibrer sur sa droite et se rapprocha du plan de travail de la cuisine, où le portable de son père affichait huit appels en absences, tous de Tommy. Il avait également des messages qu'elle ne put s'empêcher de lire, inquiète. « Où es-tu ? », « Appelle-moi ! », « Je suis en chemin ! »

Sarah ne comprenait pas ce qu'il se passait. Le reportage, les explosions, les appels et les messages de son oncle prouvaient que quelque chose de grave était en train de se produire. Mais quoi exactement? Se demanda-t-elle en se rapprochant du salon. Le chien du voisin, qui n'avait cessé d'aboyer depuis tout à l'heure, émit un glapissement aigue et avant qu'elle ne regarde par la baie vitrée pour voir ce qu'il se passait à l'extérieur, la porte vitrée du bureau s'ouvrit, laissant Joel entrer en trombe dans la maison.

« Tu es là… Lui dit-elle d'une petite voix soulagée en se rapprochant de lui.

-Sarah, tu vas bien ? Lui demanda son père, l'air angoissé et essoufflé, tandis qu'il attrapait un petit coffre, caché dans un des tiroirs du bureau.

-Euh… Ouais. »

Ce que contenait ce coffre, elle le savait très bien. Il y avait un ou deux ans de ça, son père, sachant qu'elle était souvent seule chez eux, lui avait appris à se servir d'une arme. Juste pour se défendre, au cas où. Tout le monde faisait ça ici. Certains amis à elle prenaient même des cours de tir. Joel était contre, mais il était plus rassuré de savoir qu'elle pouvait se défendre. Il lui avait juste appris à manier un petit revolver, et Dieu merci, elle n'avait jamais eu à s'en servir. Qu'allait-il faire avec ça ?

« Est-ce quelqu'un est passé ? Demanda Joel en rechargeant son arme.

-Non… Quelqu'un devait passer ?

Elle s'inquiétait de le voir si affolé. Et puis, que faisait-il dehors à cette heure ? Pourquoi lui et son oncle étaient si inquiets ? C'était surement à cause des explosions, bien que Sarah ne voyait pas pourquoi. Elles s'étaient produites à une dizaine de kilomètres d'ici, ils ne risquaient rien. Du moins elle l'espérait.

« Ne t'approche pas des portes ! Ne… bouge pas d'ici ! Lui ordonna son père.

-Papa, tu commences à me fais peur… Qu'est-ce qu'il se passe ?

-C'est les Cooper. Y a un truc qui cloche, je…. Je crois qu'ils sont malades.

-Quelle maladie ? » Demanda la blonde sans rien comprendre à ces élucubrations, mais s'inquiétant pour ses voisins.

Elle venait à peine de poser sa question quand quelqu'un se cogna contre la porte vitrée juste à côté d'elle, les faisant sursauter.

« Putain… Jimmy ! S'exclama Joel, tandis que leur voisin les fixait à travers la vitre, s'acharnant dessus en poussant des sortes de hurlements étouffés.

- Papa ?

- Chérie, viens là, viens là ! S'affola-t-il lui tirant le bras pour qu'elle recule vers le salon.

Pourquoi Jimmy Cooper s'acharnait-il ainsi sur leur porte en pleine nuit ? Qu'est-ce qu'il lui arrivait? Lui qui était si calme d'habitude. En l'observant quelques secondes à la lumière de la lune, Sarah remarqua de larges tâches foncées sur sa chemise. Est-ce que c'était…du sang ?

Elle entendit son père crier une nouvelle fois le nom de leur voisin avant que ce dernier ne brise la vitre, projetant des débris de verre dans toute la pièce, et ne se retrouve au sol dans leur bureau. Sarah recula instinctivement, effrayée par la violence dont il venait de faire preuve, tandis que Joel se mettait entre elle et l'intrus.

« Jimmy, reste où tu es ! Lui ordonna-t-il, pointant son arme sur lui, sous les yeux écarquillés de Sarah. Jimmy, je te préviens ! »

L'homme se releva précipitamment et c'est alors que Sarah découvrit son état. Ses vêtements étaient déchirés, et du sang suintait de plaies à la tête et à l'abdomen. Il avait la bouche béante, comme si sa mâchoire été cassée, et sa tête penchait d'un côté. Il n'avait plus rien de l'homme qu'elle connaissait. Plus rien d'un homme tout court.

« Oh mon dieu… » Marmonna-t-elle, en mettant ses mains devant sa bouche, sentant son estomac se révulser.

Jimmy se rua dans leur direction, en poussant un cri qui provoqua un long frisson dans le dos de la blonde. On aurait dit qu'il avait inspiré de l'air pour crier, ce qui donnait à sa voix quelque chose d'inhumain.

Sarah n'esquissa pas un geste, trop choquée pour cela. Elle le vit juste se rapprocher dangereusement de son père, puis elle entendit un coup de feu, qui lui vrilla les tympans. Son cri se bloqua au niveau de sa gorge, tandis que Jimmy tombait au sol, mort sur le coup. Son père venait de le tuer juste sous ses yeux... Il venait de lui tirer dessus à bout portant dans leur maison... Elle vit le cadavre de Jimmy à terre, du sang rependu sur son corps. Était-ce dû au coup de feu ou était-il déjà dans cet état en arrivant, elle n'aurait su le dire.

Elle le connaissait bien, son père et lui s'invitaient quelque fois à diner. Il avait un fils, plus vieux que Sarah de quelques années, et sa femme était toujours souriante et bienveillante à son égard. Elle avait encore vu Jimmy ce matin. Elle l'avait salué alors qu'elle attendait le bus pour les cours. Elle se souvint s'être dit qu'il avait l'air malade, le teint pâle et les yeux cernés, mais comment avait-il pu en arriver à cet état ? Était-il devenu fou ?

« Oh bon sang ! » Lança Joel, en rangeant son arme dans l'arrière de son jean, et en trainant sa fille à l'autre bout de la pièce, pour l'éloigner.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux en voyant des tâches de sang sur le visage de son père. Le sang de Jimmy, ne put-elle s'empêcher de penser, se sentant faiblir.

-Tu… Tu l'as tué… » Laissa échapper Sarah, le regard fixé dans les yeux du brun.

-Sarah…

- Je l'avais vu ce matin… Ajouta-t-elle, encore sous le choc, sa mâchoire tremblotante.

- Écoute-moi. Ce qu'ils se passent devient dangereux. On est plus en sécurité ici, on va devoir partir, tu comprends ? Lui expliqua Joel calmement, essayant de ne pas plus l'affoler.

-Ouais…» Répondit-elle machinalement, sans réfléchir.

Elle ne savait plus quoi penser. Qu'allaient-ils faire ? Partir ? Mais pour aller où ? Chez oncle Tommy ?

Une lumière provenant de la vitre à côté de la porte d'entrée éclaira le rez-de-chaussée, laissant le temps à Sarah d'apercevoir la flaque de sang qui s'élargissait sous le corps de Jimmy, et une voiture se gara devant la maison.

« C'est Tommy, viens ! »

Joel l'attrapa par la main et ils sortirent en courant dans la cour, se rapprochant de la voiture. Tommy était sorti du 4x4, l'air aussi alarmé que son frère.

« Où est ce que tu étais passé ?! T'es au courant de ce qui ce passe dans le coin?! Lui lança Tommy, furieux.

-On peut dire ça, oui. Répondit-il en foudroyant son jeune frère d'un regard. Allez chérie, monte vite

Il lui ouvrit la portière arrière, en essayant de contrôler les tremblements de ses bras.

Il avait été obligé ! Il ne voulait pas lui tirer dessus, il ne voulait pas tuer Jimmy ! Mais qu'elle autre solution avait-il ? C'était lui ou eux. C'était la première fois qu'il tiré sur quelqu'un, mais il n'avait pas eu le choix. Il fallait protéger Sarah de ça.

Il se réconforta un tant soit peu en se répétant que ce n'était pas Jimmy, il était devenu… autre chose.

Depuis plusieurs jours, les journaux et les infos faisaient état d'une crise nationale. Une pandémie qui, selon leurs sources, touchait plus de 30% de la population du sud du pays s'était rependue comme une trainée de poudre à travers les États-Unis. On ne savait ni d'où cela provenait, ni comme y remédier. Les individus touchés par cette maladie devenaient violents et agressifs. Les médias appelaient à l'attention générale.

Un vrai film de science-fiction, s'était dit Joel le matin même en lisant le journal, où il était question d'une augmentation d'admission de 300% dans les hôpitaux de la région, suite à une mystérieuse infection, qui atteindrait même les récoltes. C'était bien connu, l'auditoire, terrorisé par les médias, accourait chez les médecins et les hôpitaux aux moindres maux. La presse à scandale… Le fléau des temps modernes, lui avait dit son frère.

Il avait trouvé ça moins drôle quand il avait regardé les informations, n'arrivant pas à trouver le sommeil après sa douche. « La crise pandémique aurait-elle atteint Austin ? », c'était ça les dernière nouvelles. Quand les premières images de foule en délire dont sa ville natale faisaient l'objet, il s'était dit qu'il fallait en savoir plus. Il avait alors pris ses jambes à son cou et s'était rendue chez Jimmy, pour savoir s'il était au courant de quelque chose. Travaillant au commissariat il devait même être informé en priorité.

Il allait arriver devant le domicile de son voisin, quand il pensa à rebrousser chemin. Il n'allait pas le réveiller en plein milieu de la nuit. Surtout qu'il devait déjà avoir été appelé en renfort. Il se disait qu'il lui en parlerait demain, quand il le vit. Cet homme, à quelques centaines de mètres devant chez lui. Il se demandait qui cela pouvait-il bien être en plein milieu de la nuit, et le héla. L'homme s'était tourné vers lui brusquement, poussant un étrange cri et s'était précipité dans sa direction. Joel ne savait pas pourquoi, peut-être était-ce instinctif, mais lui aussi s'était mis à courir, sentant une montée d'angoisse au plus profond de lui-même. Il avait fui devant cet homme qui ne paraissait plus en être un.

Il reconnut à peine Jimmy quand il se retourna quelques secondes plus tard pour voir la distance qui les séparée. Que lui arrivait-il ? Pourquoi agissait-il ainsi ? Pourquoi était-il si effrayant ? Était-il malade ?

« Putain de merde, t'as du sang partout sur toi ! » s'exclama Tommy, sortant Joel de ses pensées.

-C'est pas le mien. Tirons nous d'ici.

-Il parait que la moitié des habitants de la ville ont perdu les pédales. Leur annonça Tommy en se réinstallant derrière le volant.

-Est-ce qu'on peut juste y aller, s'il-te-plait ? Insista Joel, encore sous le choc.

-Une sorte de parasite, ou je ne sais quoi. Tu vas me dire ce qu'il s'est passé ? Demanda Tommy, en manœuvrant.

-Plus tard. Répondit Joel, n'ayant pas envie de revivre les dix dernière minutes de son existence.

-Hé Sarah, comment ça va chérie ? Lui demanda son oncle, en voyant son teint pâle et les larmes sur ses joues.

-Ça va... »

Non, elle n'allait pas bien. Les battements de son cœur ne voulaient pas se calmer, et elle s'efforçait d'empêcher ses larmes de couler. La moitié de la ville serait devenue comme Jimmy ? Il était tellement effrayant. Après réflexion, elle était presque soulagée que Joel l'ai abattu. C'était horrible de penser cela, mais ça la rassurait de savoir qu'il... Qu'il était mort en fin de compte. Comment allait-elle pouvoir dormir de nouveau avec ces images dans sa tête ? Bien que terrifiée, elle se sentait en sécurité auprès de son oncle et de son père. Tommy allait les conduire dans un endroit sans danger, où ils ne risqueraient plus rien et tout cela serait terminé. Ce ne serait plus qu'un horrible souvenir qui s'estomperait avec le temps, comme celui du décès de sa mère.

« Tu peux mettre la radio oncle Tommy? Demanda-t-elle, voulant penser à autre chose.

-Ouais, bien sûr

-Merci»

Tommy l'alluma, mais ils ne captèrent aucunes fréquences.

« Plus de téléphone, plus de radio, génial. Lança Joel,en soufflant.

-Y a à peine une minute le journaliste voulait pas se la fermer. Répondit son frère,tout en restant vigilant vis-à-vis de la route.

-Ils ont dit où aller ?

-Il disait, euh…Commença Tommy, essayant de se rappeler de plus de détail possible. L'armée installe des barrages sur la nationale. On entre plus dans le comté de Travis.

-Ça veut dire qu'on doit décamper d'ici. »

Arrivé devant un carrefour, Joel conseilla à Tommy de prendre la 71, pour sortir plus rapidement de la ville. Si on ne pouvait plus se rendre à Travis, il n'y avait pas d'autre choix que la nationale, en espérant que l'armée n'ait pas installé de nouveaux barrages, et autant éviter Austin.

Tommy s'arrêta à un stop, laissant passer deux voitures de police à toute vitesse, gyrophares allumés, en direction d'Austin. Sarah imagina la panique qui devait régner dans les rue de la ville, après ces deux explosions et cette… infection… Combien de personnes malades, comme Jimmy devait-il y avoir là-bas ? Se demanda-t-elle, en pensant à ses amis.

« Ils ont dit le nombre de morts ? Voulu-t-elle savoir, appréhendant la réponse, tandis que Tommy se dirigeait vers l'est, en direction de San Marcos.

-Surement un paquet. Ils ont trouvé toute une famille mutilée dans leur propre maison. Lui répondit son oncle, qui n'avait pas pensé à ménager ses paroles ce qui n'échappa pas à Joel.

-Tommy ! »

Le plus jeune des frères fit une petite grimace et s'excusa, espérant que ses paroles n'auraient pas choquées sa nièce. Mais après ce qu'elle venait de vivre cela ne lui fit rien.

Ils continuèrent de rouler quelques centaines de mètres en silence. À un tournant, les phares éclairèrent une voiture accidentée, le parechoc avant enfoncé contre un poteau, du sang étalé contre les portières. Le conducteur blessé avait surement voulu sortir de la voiture et avait laissé des trainées ensanglantées. Heureusement la hautes végétation aux alentours cachées certainement le corps, à moins qu'il n'ait trouvé un moyen de partir de là.

Joel ne put s'empêcher de regarder, imaginant la scène.

« Nom de Dieu, comment c'est arrivé ? demanda-t-il, ne pouvant réellement imaginer ce qu'il se produisait en ce moment même.

-Personne ne le sait. Lui répondit Tommy. Mais c'est pas seulement ici. Au début, ils parlaient juste du sud. Maintenant, ils parlent aussi de la côté est, et de la côte ouest…»

Tandis que son oncle parlait à son père, Sarah, dont les battements de cœurs ne s'étaient pas apaisés, revoyait la scène avec Jimmy repasser en boucle dans sa tête. Elle n'arrivait pas à penser à quelque chose d'autre. Elle le renvoyait foncer vers eux et entendait le coup de feu.

Elle aperçut de la fumée non loin d'eux. Au fur et à mesure que la voiture avançait, des flammes apparurent, hautes de plusieurs mètres.

« Oh, merde… » Marmonna Tommy, en ralentissant.

Les deux hommes arrêtèrent de parler, captivés par ce qu'ils voyaient. Un bâtiment était en feux. Au vu des flammes l'incendie avait dû prendre au second étage.

Sarah connaissait cette ferme. Elle allait souvent y voir les animaux avec son père il y avait maintenant quelques années, puis Joel c'était disputé avec le propriétaire, pour elle ne savait plus quelle raison, et elle n'y était jamais retourné. Maintenant elle brulait devant ses yeux… La voir ainsi, partir en fumée, lui faisait mal au cœur.

« C'est la ferme de Louis.

-J'espère que cet enfoiré s'en est tiré. Dit Tommy, en accélérant, ne pouvant plus rien y faire.

- Je m'en fais pas pour lui. » Affirma Joel, ne comptant pas aller l'aider de toute façon.

Sarah regarda la ferme en feu s'éloigner et disparaitre derrière un tournant. Que ce passait-il ? Est-ce que le monde devenait fou ? Comment autant de choses délirantes pouvaient telles se produire sous ses yeux ? D'où tout cela pouvait-il bien provenir ?

Et si jamais cela leur arrivait à eux aussi ? Si jamais ils avaient contracté la maladie ? Sarah commença à trembler. Allaient-ils devenir comme Jimmy ?

« On est malade ? » Demanda-t-elle, le cœur au bord des lèvres.

Joel se retourna vers elle et lui fit un petit rictus, qui devait s'apparenter à un sourire rassurant.

« Non. Bien sûr que non.

-Comment tu le sais ? Ajouta-t-elle, avec une pointe de colère dans la voix, sans le vouloir. Comment pouvait-il en être si sûr alors que leur voisin l'était ? Qu'elle l'avait croisé le matin même ! Peut-être qu'elle aussi allait se transformer en monstre et agresser son père ou son oncle, comme Jimmy…

-Ils disaient que c'était les gens de la ville. Mentit Tommy, en tournant à droite vers le centre hospitalier de Deerwood. Tout va bien, Sarah.

-Jimmy ne travaillait pas en ville ? Lui demanda-t-elle avec espoir.

-Si, c'est ça. Lui répondit son père, en rentrant dans le mensonge de son frère.

-Alors tout va bien. Crois-moi. » Luiaffirma Tommy.

La jeune fille acquiesça, ils avaient raison. Ils ne risquaient rien.

Des gens marchaient le long de la route devant eux, à quelques mètres de là. À première vue, il s'agissait de deux adultes avec un enfant. Tommy ralentit.

« Voyons ce qu'ils veulent. Lança-t-il, comptant rétrograder pour pouvoir s'arrêter.

-Mais qu'est-ce que tu fabriques ? S'exclama Joel en lui attrapant le bras. Continue. »

Pourquoi faisait-il ça ? Se demanda Sarah, étonnée par l'intervention de son père. Peut-être que ces gens avaient besoin d'aide ? Peut-être étaient-ils autant effrayés qu'elle…

« Ils ont un gosse, Joel ! Insista Tommy, le bras toujours agrippé par le brun.

-Nous aussi. Répondit ce dernier, d'un ton ferme.

-Mais on a de la place ! Ne put s'empêcher d'ajouter Sarah, ne comprenant pas pourquoi son père ne voulait pas aider ces personnes, en train d'agiter les bras pour attirer leur attention.

-Continue, Tommy ! » Ordonna son frère en le foudroyant du regard.

Tommy obéît. Il accéléra et évita l'homme qui s'était mis au milieu de la route pour les arrêter. Sarah ne compris pas ce qu'il leur criait, mais elle était sûre qu'il était en train de les supplier. Néanmoins, elle préféra ne pas regarder. Elle se sentait honteuse de ne pas s'être arrêté. Non, elle avait honte pour son père. Il l'avait déçu. Était-il en train de devenir un monstre pour ignorer ces pauvres personnes certainement autant effrayés qu'eux ?

« Vous n'avez rien vu. Quelqu'un d'autre passera. Dit Joel, toujours d'un ton ferme, alors qu'ils se rapprochaient du centre hospitalier de la ville de San Antonio.

-On aurait dû les aider. Ajouta Sarah, tandis qu'une ambulance, sirènes allumées, les frôlait à toute allure. Peut-être qu'eux prendront les personnes en bord de route, espéra-t-elle.

-Oh, ça craint ! » S'exclama Tommy, sortant Sarah de ses pensées.

Devant eux, un bouchon de plusieurs kilomètres bloquait la nationale 71. On pouvait voir les centaines de voitures arrêtées le long de la route. Tout le monde avait dû vouloir éviter le barrage que l'armée avait installé, au plus grand désarroi de la petite famille.

« Il a fallu que tout le monde ait la même putain d'idée ! Râla Tommy, en s'arrêtant derrière une voiture, tandis qu'un hélicoptère de police passait au-dessus de la route.

-On pourrait faire demi-tour… » Commença à suggérer Joel, regardant le conducteur de la voiture devant eux sortir et faire de grands gestes, en rageant inutilement contre l'état du trafic.

Subitement, un homme en blouse d'hôpital arriva en courant vers le conducteur en colère et le plaqua contre sa voiture, faisant sursauter les occupants du 4x4, choqués par cette violence inattendue. Ils entendirent la passagère hurler, alors que l'agresseur jetait l'homme à terre. Les phares permirent à Joel et à Tommy d'apercevoir le sang sur la blouse du patient, avant que celui-ci ne se jette sur sa victime. Sarah ne put voir ce qu'il se passait, se trouvant à l'arrière du véhicule, mais les deux hommes, à l'inverse, purent contempler l'horreur qui se déroulait sous leurs yeux de tout leur saoul.

« Putain de merde. » Ne put s'empêcher de laisser échapper Tommy.

L'homme à la blousse était littéralement en train de mordre le conducteur, qui se débattait comme il pouvait. Il lui arrachait des bouts de chairs avec les dents, juste sous leurs yeux.

La passagère de la victime, dont les cris n'avaient cessé de s'intensifier, n'aperçut pas le second agresseur accourir et entrer par la portière conducteur, avant de se jeter sur elle lui réservant certainement le même sort qu'à son partenaire.

Joel fut le premier à réagir.

« Fais demi-tour ! Cria-t-il pour se faire entendre, par-dessus les hurlements de la passagère.

-Oh bon sang… » Répondit Tommy, choqué, sans pouvoir esquisser le moindre geste.

Joel secoua légèrement son frère en prononçant son prénom pour le faire sortir de sa léthargie. Ce dernier ne réagit que quand le premier agresseur se releva et les fixa quelques secondes, avant de se mettre à courir vers eux.

« Tommy !

-Putain ! répondit-il en passant la marche arrière.

Il réussit à faire demi-tour à toute vitesse. L'agresseur vint se cogner avec un grognement contre la vitre arrière, faisant sursauter Sarah. Elle réussit à l'apercevoir. Le visage et la bouche remplit de sang, il poussait les mêmes cris que Jimmy Cooper. Ils étaient malades… Comment devenait-on malade comme cela, et aussi rapidement ? C'était un vrai cauchemar !

« Putain, mais qu'est-ce qu'il vient d'arriver !? T'as vu ça, bordel ? S'exclama Tommy, en passant derrière un magasin fermé, accélérant pour mettre le plus de distance possible entre eux et les agresseurs.

-Oui, j'ai vu aussi ! Lui répondit son frère, en regardant autour d'eux, pour surveiller les alentours.

-Bordel… » Finit par ajouter Tommy, qui sentait son corps tressaillir.

Joel indiqua à son frère de tourner à gauche, devant la superette discount.

Ce fut une mauvaise idée. Une vingtaine de personnes courraient vers eux en criant, fuyant certainement les bouchons, s'éloignant le plus possible du centre hospitalier. Tommy du piler pour ne pas rentrer dans quelqu'un.

« Pourquoi ils courent comme ça ? » Demanda Sarah, affolée par tous ces cris.

Des coups de feu retentirent non lion d'eux, rappelant à Sarah la mort de Jimmy, et elle sentit à nouveau son ventre se crisper. Les citadins en train de s'enfuir poussèrent encore plus de cris, la faisant paniquer.

« Sors-nous de là.Dit Joel, voyant bien que la situation devenait des plus dangereuse.

- Je fais de mon mieux… » Répliqua son frère, constatant qu'un grand camping-car était garé en plein milieu de la rue, leur bloquant le passage.

Un homme d'un certain âge, qui s'était mis à courir avec affolement en entendant les coups de feu, se cogna contre le capot de la voiture et les fixa quelques secondes. Sarah lui trouva l'air complètement égaré. Ce dernier reprit ses esprits et continua sa route. Elle hésita… Ne devraient-ils faire comme lui ? Laisser la voiture là et partir en courant ? Et si toutes les routes étaient bloquées, par où passeraient-ils avec leur voiture ? Elle se demanda si toutes les villes, tout le pays était touché… si s'enfuir quelque part servait réellement à quelque chose ?

« On peut pas rester ici Tommy !Lança son père, d'une voix forte.

- Merde, je ne peux pas leur foncer dessus Joel ! S'exclama le plus jeune homme des deux.

- Alors fais demi-tour ! S'écria son grand frère, perdant le contrôle de ses nerfs.

- Ils sont aussi à mon cul ! » Lui répondit Tommy, en vérifiant par la vitre arrière du véhicule.

Joel allait répliquer, quand il s'aperçut que le plus gros de la foule était passé. Il se rendit compte qu'il y avait certainement assez d'espace pour faire passer le 4x4 entre le camping-car et le bâtiment, à gauche de la route. C'était le seul moyen de s'échapper d'ici.

« Là, Là ! Là ! Indiqua-t-il, en pointant le passage du doigt.

-Accrochez- vous! » Leur lança Tommy en accélérant, tout en montant sur le trottoir pour passer.

Ils frôlèrent trois fuyards en passant de justesse entre le mur et le véhicule abandonné. Ils faillirent renverser une quatrième personne qui eut tout juste le temps de les éviter, mais ils étaient de l'autre côté. Plus que quelques kilomètres et ils pourraient s'échapper par la nationale et partir loin d'ici.

Tommy continua à accélérer, soulagé d'avoir pu s'échapper de ce cul de sac et ne porta aucune attention à la voiture débouchant à vive allure au carrefour suivant. Sarah eu à peine de temps de les prévenir que le véhicule les percutait. Toutes les vitres du côté gauche du 4x4 explosèrent, projetant des débris de verre dans tous les sens. La jeune fille leva ses bras instinctivement pour se protéger le visage, et fut brutalement projetée sur le côté par la violence du choc. Elle se cogna la tête contre la portière arrière et perdit connaissance, alors que la voiture se renversait.