Je viens de regarder Crimson Peak au cinéma, il est presque une heure du matin, je n'arrive pas à m'enlever la chanson du film de la tête et je suis une boule de sentiments – et j'ai pleuré comme une madeleine à la fin, aussi. Voilà. Vous avez maintenant à peu près une idée de mon état d'esprit quand j'écris ce qui suit.


Edith...
Doux murmure d'un fantôme, dernier souffle de cet homme qui n'est plus.

Thomas...
Et toutes deux, elles crient leur rage et leur peine, elles crient leur souffrance à ce monde écarlate qui ne les entend pas.
L'argile sanglante suinte des murs, bouillonne sous le plancher, se rassemble dans les tonneaux, change le blanc pur de la neige en quelque chose d'effrayant. Elle s'infiltre partout.
Et cette musique, cette musique qui résonne, échos tristes de la mélodie d'un amour, semble si mélancolique...
Les sanglants les étouffent. Elles suffoquent de rage. Mort, mort. Il est mort, et bientôt l'une d'elles le rejoindra. Pourquoi ce combat parait-il si vain, pourquoi ces cris animaux ont l'air si assourdis ? Il est mort, et c'est la fin, c'est la fin...

Amour romantique.
Elle y croyait tellement, à son prince charmant, à son sourire hésitant et à son besoin d'aide. À sa passion pendant la seule étreinte qu'ils ont pu partager, à sa prévenance et à sa gentillesse. Amour faux ?
Non, non, il s'est retourné contre sa sœur, s'est battu pour elle, a épargné le docteur Alan ! Il a changé, il a changé pour elle... N'est-ce pas ?

Amour malsain.
Ils étaient tout l'un pour l'autre. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Ils vivaient grâce à l'autre. Ils mouraient à cause de l'autre. Amour mortel ?
C'est faux ! C'est lui qui s'est mis à la trahir, il n'avait pas le droit d'aimer quelqu'un d'autre, pas le droit ! Elle ne voulait pas qu'il meure, mais ce qu'elle avait fait était ce qu'il fallait faire... Pas vrai ?

Il assiste à cette scène. Et devant ces deux jeunes femmes, si jolies auparavant, si méconnaissables à présent, il reste muet. Il observe leurs bouches tordues hideusement en une grimace haineuse, leurs yeux sombres, leurs visages tâchés de sang, leurs mains fermes sur leurs armes. Il ne dit rien. Ne dira plus rien.
À quoi bon...
Il a trahi les deux. N'en a sauvé aucune. Attend celle qui le retrouvera le plus tôt, les plaignant l'une comme l'autre. Qu'il est triste de voir un être humain brisé.
Quelle que soit l'issue de cette grotesque bataille, ça n'a pas d'importance parce que dans sa mort, il a entraîné ses deux aimées avec lui.

Et quel qu'en soit le résultat...
Elles. Sont. Déjà. Mortes.