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L'univers de Percy Jackson, de Les Héros de l'Olympe et tous les personnages évoqués appartiennent à Rick Riordan.

Bonne lecture ! ;D


Même pour un demi-dieu, j'avais compris depuis très longtemps que la chance, c'était décidemment pas mon truc. Toute ma vie, il m'était arrivé les pires tuiles, et toujours au pire moment. À 11 ans, j'avais appris que j'étais un demi-dieu au moment exact où j'avais plus besoin que jamais que les monstres ignorent mon existence. Quelques années plus tard, on m'avait annoncé que parmi tout les sang-mêlé qu'il y avait dans le monde, c'était moi l'objet d'une prophétie qui était sensé prédire ma propre mort. Même à présent que tous ca était derrière-nous et qu'aucunes prophéties n'étaient venues bouleverser mon quotidien depuis bien longtemps, la malchance semblait toujours être après moi.

Quand j'avais tenté pour la première fois de faire ma demande en mariage à Annabeth, j'avais été interrompu avant même d'avoir pu mettre un genou à terre par un lion de Némée, et le seul moyen de le vaincre avait été de lui balancer ma bague de 15 000 $ au fond du gosier. Il s'est étranglé, mais moi, j'ai perdu trois ans de salaire – et j'ai dû pendant plus de vingt minutes fouiller frénétiquement à genoux les restes calcinés d'un monstre, sous le regard interloqué de ma future fiancée, avant de finalement l'admettre -. Quand enfin un peu plus tard j'avais réussi à faire ma demande, ma belle-mère avait failli me faire la peau en apprenant nos fiançailles, persuadée que j'étais un très mauvais parti pour sa fille, et que je ne lui attirerais que des ennuies, ce qui jusqu'à maintenant s'était avéré totalement vrai. Ca ne m'aurait pas particulièrement inquiété si elle n'avait pas été capable de me réduire en poussière d'un claquement de doigt. Annabeth avait eu beaucoup de mal à la convaincre de ne pas me changer en tarentule.

Mais aujourd'hui, enfin, c'était le grand jour. J'avais réussi. J'allais épouser Annabeth Chase.

Si vous n'avez jamais vu Annabeth organisé un mariage, alors vous n'avez jamais vu établir de plan de bataille, qui que vous soyez. Elle s'est jeté sur le problème de la disposition des convives dans la salle comme un général disposant ses armées, elle a méticuleusement vérifié et revérifié le nombre de couverts comme si elle s'assurait que chacun de ses soldats seraient armés pour le combat. Elle a tenu à choisir elle-même chacun des plats qui serait servis à la réception, jusqu'au dernier grain de raisin. Quand j'avais eu le malheur de faire une suggestion, j'avais cru un bref instant qu'elle allait m'arracher la main que j'avais posé sur son épaule. C'est ce jour-là, en la voyant vociférer comme une furie après un cyclope pâtissier terrifié, que j'avais compris que le mariage ne serait pas un long fleuve tranquille. Le mal que j'ai eu à la convaincre qu'on ne pouvait pas obtenir que les neufs muses jouent à la cérémonie en est un assez bon exemple.

Maintenant, ce n'était plus qu'une question de minutes avant que je fasse mon entrée. Voilà comment je me suis retrouvé dans une pièce secondaire de l'église, une sorte de chambre je crois, devant un grand miroir, à tenté de me rendre présentable pour le plus beau jour de ma vie avec l'aide de Grover, mon témoin et meilleur ami. Et je mourrais de trouille. Je fixais mon reflet avec inquiétude. Il me renvoyait l'image d'un homme d'une vingtaine d'année aux yeux verts inquiets, avec des cheveux noirs pas du tout assez bien coiffés, et un costume qui aurait pu être plus impeccable.

-Tu sais quoi ?, ai-je soudain déclaré d'une voix blanche en fixant mon reflet. Je viens de réalisé que j'ai 21 ans, et que je ne sais toujours pas nouer une cravate. Tu réalises ? Annabeth va m'en vouloir pour toujours. Elle n'avancera jamais vers l'autel rejoindre un homme sans cravate, je…

-Percy, Percy, calme-toi !, s'est esclaffé Grover. Tu es parfais.

Les satyres vieillissant moins vite que les humains, il avait peu changé, en toutes ces années. Toujours les mêmes boucles brunes, la même dégaine dégingandé. Seules ses cornes représentait une réelle transformation depuis notre adolescence : il avait maintenant les belles cornes « d'un bouc adulte et en bonne santé ». Il ne portait qu'un haut de smoking, ce qui offrait un contraste saisissant avec le bas de son anatomie, des pattes de chèvres couvertes de poils bruns. En revanche, en toute ces années, il avait prit de l'assurance. Il n'était plus le jeune bouc peureux et un peu timide que j'avais connu autrefois. Même sa magie silvestre s'était un peu améliorer. Je savais pouvoir compter sur lui, même en cas de bataille. Il m'a forcé à détaché le regard de mon reflet pour nouer ma cravate pour moi.

-Tout se passera bien !, a-il affirmé en faisant rapidement un de ses nœuds étranges et compliqués. Tu l'as dit toi-même, Annabeth a absolument tout organisé elle-même, on a même réussi à cacher aux poneys fêtards qu'il allait y avoir un mariage. Alors arrête de t'inquiéter comme ca !

-Tu vois, tu ne portes pas de pantalon, et pourtant tu sais nouer une cravate, toi…

-Cesse de t'inquiéter avec cette cravate, par les dieux! Après tout ce qu'on a vécu, je n'arrive pas à croire que tu puisses t'inquiété d'un mariage !

-Tu as fais ce que je t'ai demandé ?, lui ai-je soudain demandé.

-Les armes ? Oui, j'y ai pensé. Tous les invités reçoivent quelque-chose en arrivant : glaive, poignard…

-Vous leur avez bien dit de les cachés ?!Si Annabeth voit une seule épée elle va devenir folle!

-Ne t'inquiète pas, on jurerait assisté à un mariage ordinaire… sauf que certains invités n'ont qu'un œil, quelques bras en plus ou des ailes. De toute façon personne n'aura besoin de se battre aujourd'hui.

Je n'en étais pas aussi sûr que lui.

Annabeth avait eu beaucoup d'exigences pour ce mariage. Enormément. Mais il y avait une chose, une condition qu'elle avait posé comme absolument non-négociable (certains l'avait appris à leur dépends). Elle voulait se marier dans une église. Une église de mortels, à l'extérieur de la colonie, comme tout le monde. Tous nos amis avaient été invités à ce mariage, et malgré le nombre d'année depuis lequel nous avions quittés la colonie des sang-mêlées, presque l'intégralité de nos connaissances étaient des demi-dieux. Chiron s'y était fermement opposé, mais elle n'avait rien voulu entendre. Ma future femme avait une idée très précise de ce que devait être son mariage, et dans ses rêves, il se passait dans une église. Peut-importe si des mortels devaient voir cyclopes et centaures en costumes cravates entré dans le bâtiment… ou si l'odeur d'une centaine de demi-dieux réunis au même endroit devait attirer mille et uns monstres à la cérémonie. C'était exactement comme mettre tous ceux que nous aimions sur un plateau et placé au-dessus un énorme écriteau « buffet à volonté ». Finalement, nous pensions avoir trouvé une solution. La mère d'Annabeth nous avait fait un cadeau de mariage : à titre exceptionnel, une barrière semblable à celle qui entourait la colline des sangs-mêlés protégeait l'église que nous avions « loués » pour l'occasion et ses environs. Tous les mortels qui auraient voulu s'en approcher n'aurait rien vu à son emplacement, et les monstres non-autorisés ne pouvaient pas entrer. Le tout doublé d'un écran de brume qui empêchait tout mortels qui aurait eu besoin de se rendre dans la cathédrale de prêté le moindre intérêt à sa disparition. Très efficace, le curé lui-même était venu jusque devant la porte sans la voir et était reparti sans se poser de questions, se souvenant soudain d'une affaire urgente. Ma bien-aimée avait eu son église. Mais moi, je me sentais plus rassuré en sachant les invités armés jusqu'aux dents, juste au cas où. On appelle ca un compromis.

-On n'a aucunes raisons de s'inquiéter, soupira Grover. Quand la cérémonie sera terminée, Chiron utilisera la magie que lui a accordée Athéna, il tapera dans ses mains et les meubles de l'église seront remplacés par les tables de banquet. À aucuns moments on n'aura à sortir du bâtiment, on pourra danser, manger, et tout ca sous la protection d'Athéna.

-Je sais tout ca Grov', j'étais là aussi aux répétitions figure-toi. J'ai juste l'impression qu'on n'est pas assez prudent.

-Pourquoi tu ne vas pas voir Annabeth pour lui en parlé, si tu as si peur ? C'est trop tard pour annulé la cérémonie – je n'aimerais pas être à la place du gars qui osera planter cette femme devant l'autel – mais au moins ca éviterait à tout le monde d'avoir à cacher leurs armes dans leurs costumes. J'ai vu Thalia tenter de planquer sa lance dans sa robe, elle est raide comme un piquet et par moment la lame jaillit de ses cheveux !

-Quand j'ai essayé d'entré dans la pièce où Annabeth se trouvait, j'avais à peine entrouvert la porte qu'un poignard s'est fiché dans le mur à quelques centimètres de mon oreille, et qu'elle m'a hurlé que ca nous porterait malheur si je la voyais avant la cérémonie. Elle a plus d'un poignard, Grov', j'ai préféré ne pas insisté. Toute cette organisation, ca lui a mit les nerfs à fleur de peau.

-Oh… Je vois. Bon, ton costume est bien ajusté, ta cravate parfaitement nouée et j'ai renoncé à sauvé ta coiffure, tu es parfais cette fois. Inutile de continuer à te chercher des excuses, maintenant c'est le moment vieux. Tu vas devoir entrer en scène. Arrête de trembler, ca va être un moment inoubliable.

A cet instant, ni lui ni moi ne savions à quel point il avait raison. Ca allait être un moment absolument… inoubliable.

J'ai pris une grande inspiration. Lentement, les grandes portes se sont ouvertes devant moi sur la salle remplie de monde. Mes amis, ma famille, tous les yeux fixés sur moi. La salle était une des plus grandes que j'avais jamais vu, il y aurait eu de la place pour encore trois ou quatre fois plus de bancs.

-Et c'est parti…, ai-je murmuré.

Je me suis avancé dans la longue allée d'un pas peut-être un peu trop rapide, aux aguets. Oh surtout ne vous méprenez pas, j'étais heureux, sincèrement. C'était mon mariage. Simplement, j'allais commencer à en profité et à me détendre quand Annabeth et moi aurions dit oui, pas avant. Une fois que nous serions mari et femme, le ciel tout entier pourrait nous tomber dessus, je l'affronterais avec le sourire. Je voulais juste que rien ne gâche la cérémonie. L'église bénéficiait de la même barrière que la colonie, or les défenses de la colonie avaient déjà été déjouées plusieurs fois.

Je suis passé devant mes amis souriants. Ils avaient été nombreux à venir, presque tous ceux que j'avais connus à la colonie des sang-mêlé. Tyson, qui tapait dans ses mains avec entrain. Thalia, qui avait réussi à obtenir une permission d'Artémis juste pour pouvoir être présente. Nico et Hazel. Piper, Jason, Frank. Leo qui a levé les pouces en l'air à mon passage et articulé silencieusement «Bravo mec ! ». Les frères Alatir, des représentants d'une bonne partie des bungalows, la totalité des Athéna, quelques satyres, Kitty O'Leary qui prenait cinq siège à elle toute seule et bavait sur les genoux de la dryade terrifiée à coté d'elle, Rachel Elisabeth Dare, Argos qui pleurait carrément d'émotion (et était donc trempé de la tête aux pieds), même Clarisse était venu. Elle portait peut-être une robe pour la première fois de sa vie, mais étonnamment, elle était là. Il y avait même quelques la foule, j'ai vuma mère, des larmes d'émotions débordant de ses beaux yeux bleus. J'avais eu beau insister, elle avait voulu venir. Et à cet instant, j'ai compris que malgré tout, j'étais content qu'elle soit là. Content qu'ils soient tous présent aujourd'hui.

Je me suis arrêté devant l'autel, face à Chiron –oui, Chiron, nous allions être mariés par un centaure devenu légalement prêtre dans les années 60, grâce à une formation par internet. On ne pouvait décemment pas prendre un prêtre mortel…

-Je te félicite, Percy, m'a-il murmuré. C'est sans doute la meilleure décision que tu ais pris.

Sur un geste de mon ancien professeur, les nymphes et les satyres qui composaient l'orchestre ont commencés à jouer la mélodie rituelle sur leur flute de bois. Le rendu était un peu étrange, la musique prenait des intonations sylvestres, mais ca restait agréable à l'oreille. Pendant quelques minutes, plus rien ne bougea. Puis soudain, des murmures admiratifs ont parcourus la salle. Je me suis tourné vers l'entrée. Et mon cœur a manqué un battement.

Enfin, elle était là. Elle s'est avancée dans l'allée, souriante, au bras de son père qui semblait bien plus nerveux (avant même que quiconque l'ai prévenu de venir armer, il s'était déjà équipé d'un revolver chargé avec des balles en bronze céleste). Mais à cet instant, j'ai oublié toute mes inquiétudes. Les invités. Mon beau-père. Chiron. Il n'y avait plus qu'elle. Annabeth n'était pas simplement magnifique. Elle était éblouissante, lumineuse. Sa longue robe immaculée était d'un blanc si pur qu'il semblait briller à la lumière. Ses beaux cheveux d'or tressés avec soin s'agitaient doucement autour de son visage parfait tandis qu'elle marchait vers moi avec grâce et légèreté, rayonnante de bonheur. Ses yeux gris, qui pendant toutes ces semaines d'organisation avaient prit la teinte des nuages d'orages, évoquaient à présent à nouveau l'éclat de l'argent fin. Chacun de ses pas résonnaient dans la cathédrale comme une douce mélodie, la promesse de jours meilleurs. Jamais je ne prendrais le risque de le dire à voix haute, mais Aphrodite en personne aurait eu l'air d'une gorgone à coté d'elle (et je sais de quoi je parle, j'en ai vu de très près vous pouvez me croire).

Elle s'arrêta finalement à coté de moi. Sous son voile, un sourire rayonnant de joie éclairait son beau visage. À cette seconde, j'ai compris que quoi qu'il puisse arriver par la suite, ca aurait valu le coup. Ne serait-ce que pour cet instant magique.

-Tu es… magnifique, ai-je bredouillé, subjugué.

Elle m'a fait un clin d'œil et s'est tournée vers Chiron, qui a alors commencé un discours mortellement ennuyeux :

-Mes amis, nous sommes réunis en ce jour pour célébrer devant les dieux et les Hommes l'union de deux âmes par…

Bien vite, sa voix sembla s'éloigner pour devenir un lointain bourdonnement à mes oreilles. Jusque là, tout se déroulait comme prévu. Tout était parfait. Grover avait peut-être raison en fin de compte, il n'y avait pas de raisons de s'en faire. Athéna en personne avait érigé une protection autour de l'église, quel genre de monstre pourrait la briser ? Peut-être même qu'elle pourrait empêcher notre odeur de parvenir à l'extérieur. Encore quelques minutes, et plus rien de tout ca n'aurait d'importance.

Je tentais de me re-concentrer sur les paroles de Chiron, quand soudain, une voix souffla à mon oreille :

« Prends garde, Percy. Prends garde »

J'ai sursauté. Poséidon. Je me suis retenu à grande peine de faire volte-face. Il n'y aurait personne, je le savais. Mais j'avais entendu la voix avec autant de clarté que si son propriétaire s'était tenu derrière-moi. J'avais senti son souffle chaud dans mon cou. Et j'avais l'absolue certitude qu'il s'agissait de Poséidon. Plus d'une fois j'avais entendu ses avertissements, toujours un instant avant un désastre. Mon père venait de me faire son cadeau de mariage.

-Prends garde ?..., ai-je répété, comme pour moi-même.

-Qu'est-ce que tu dis, chéri ?, a chuchoté Annabeth, attentive au discours du centaure.

Prends garde. Ca ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Sans plus me préoccuper de la cérémonie, j'ai lâché la main d'Annabeth, fait volte-face puis dégainé Turbulence.

Et soudain, avec un sinistre fracas, tous les vitraux de la cathédrale ont explosés dans un bel ensemble.