Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

Pairing : Suspense...

Rated T

Résumé : Des heures sombres attendent l'Humanité. KIRA. Un adversaire aussi impitoyable que redoutable. Rien ne stoppera la construction d'un monde où la Justice sera Reine… L. Un célèbre détective aux capacités hors du commun. Il incarne la Justice dans le Monde. Aucun criminel ne lui résiste. Un cavalier solitaire qui veut envoyer Kira à l'échafaud. Au milieu ? Emelie Andersen.


Prologue


Ploc … Ploc … Ploc … Ploc …

Une pièce noyée dans la pénombre où se trouvaient des humains. Trois cadavres, baignant dans une mare de sang, gisait devant le corps tétanisé d'une petite fille. Celle-ci poussait des hurlements stridents en tentant de protéger quelque chose. En face d'elle, un homme pouvait donner la mort… d'un simple coup de crayon. Rien de plus simple… pour exterminer la race humaine. Cet individu se tenait d'aplomb devant elle, avec un rictus de satisfaction sur le visage. Ses cheveux dorés retombaient sur ses yeux menaçants : ils paraissant être de la couleur du sang. Ce dernier paraissait d'autant plus terrifiant à cause de l'obscurité de la pièce. Son visage renvoyait toute la folie qui semblait enfouie en lui. Inexorablement, l'homme s'approchait de la jeune fille, dont les yeux étaient dilatés par la peur. Désormais, ce n'était plus la fillette qui sanglotait… c'était ce qu'elle protégeait.

« Nathaniel, je trouve dommage de te tuer. Tu n'es encore qu'un bambin. Tu ne comprends pas tout ce qui se passe… Mais, je dois te tuer. Tes grands yeux gris me demandent pourquoi ? Nathaniel, tu semble avoir hérité de l'intelligence horripilante de ton père ! Je dois te tuer parce que tu es nuisible à mon ascension sociale ! Et je dois t'éliminer où le souvenir de Jeremiah planera toujours dans l'esprit de votre mère.

- Je ne te laisserai pas faire, Oncle Malcolm ! Notre mère n'épousera jamais une personne aussi déséquilibrée que toi !

- Déséquilibré ? Moi ? Eh bien, Nathaniel… Tu as de la chance. Il semblerait que j'ai un tour de retard sur la Mort ! » déclara Malcolm en prenant soin de détacher chaque mot.

Malcolm attrapa les poignets de la jeune fille et la jeta, tel un déchet, sur le mur opposé. Un craquement sourd se fit entendre. Elle venait de heurter violemment une commode, qui se pulvérisa sous l'effet du choc. Sa respiration était chaotique. Chaque lampée d'air était une souffrance pour la fillette. Elle était à bout de force. Ses membres ne répondaient plus. Des larmes coulèrent au coin de ses yeux : elle ne pouvait rien faire. Elle se haïssait pour ce fait. Son petit frère allait mourir devant ses yeux apeurés et impuissants. Pour détourner l'attention de Malcolm de Nathaniel, elle se mit à hurler comme une possédée, tout en l'insultant. C'était la seule façon de blesser son égo.

Les apparences sont parfois trompeuses

Tel était le fameux dicton… Et, aujourd'hui cette jeune fille y croyait dur comme fer. Personne de son entourage n'avait remarqué que les meurtres inexpliqués et à répétition, étaient perpétrés par Malcolm, le frère de son père. Un homme en apparence, responsable, calme et irréprochable. Pour la plupart, il était quasiment l'Homme Parfait car chacun à ses petits défauts. Il voulait montrer à ses proches qu'il pouvait réussir. Seulement, Malcolm était avide de pouvoir. Alors, une haine démesurée naquit envers son propre frère, Jeremiah. En plus d'avoir une intelligence exacerbée, il avait réussi faire chavirer le cœur de celle qui avait tant repoussé Malcolm : Grace Windsor. Et ce fut quelques temps plus tard que Malcolm trouva le « Death Note ». Plus communément appelé « Le cahier de la Mort ».

Les apparences sont parfois trompeuses

Seulement, ses cris – aussi stridents furent-ils – n'eurent pas l'impact escompté sur le comportement de son oncle. Celui-ci s'approchait, dangereusement, de Nate. Le petit garçon était recroquevillé dans l'un des coins de la pièce. Ses yeux de jais enfantins étaient effrayés. Il tentait de se protéger avec ses bras. En vain, malheureusement. Si Malcolm écrivait son nom dans le cahier… Ses bras ne serviront à rien. L'homme aux cheveux blonds s'agenouilla, près de Nathaniel River et entra dans un rire machiavélique. Ce petit garnement lui rappelait trop Jeremiah ! Il allait avoir sa revanche sur son crétin de frère. Toujours avec une démence alarmante, il commença à noter son nom sur le cahier. La jeune fille était aux premières loges, paralysée. De plus, sa gorge était atrocement douloureuse puisqu'elle venait de se déchirer la voix. Elle voyait le stylo faire des mouvements circulaires, d'une lenteur extrême. Elle avait l'impression que le temps semblait s'être ralenti. C'était les pires secondes de sa vie.

Tunk

Le stylo venait de tomber promptement sur le sol. Le corps de Malcolm s'écroula lourdement sur le plancher. Puis, un tas de sable apparut au milieu de la pièce… La jeune fille s'était figée : elle ne comprenait rien à ce qui se tramait. Son oncle avait disparu comme par magie. Toutefois, une chose était sûre. Nathaniel était encore vivant. Et cela n'était pas négligeable. Combattant la douleur tant bien que mal, elle se mit à ramper en direction de son frère. Toujours recroquevillé, il risqua un regard circulaire dans la pièce. Il n'y vit aucun signe de Malcolm. Ses iris grises s'arrêtèrent sur le corps rampant de sa sœur. Promptement, il se mit à sa hauteur en tentant de la redresser, un minimum. Ce petit bonhomme plaça sa grande sœur grimaçante contre le mur. Celle-ci était couverte de sang. Pour ne rien arranger, il s'agissait de son sang. La commode avait fait beaucoup de dégâts sur sa peau blanche.

« Lux… articula Nate, difficilement, secoué par les sanglots.

- Nia… Ne t'inquiète pas… Je ne te laisserai pas… seul…

- Peur… murmura-t-il, dans les bras de sa sœur.

- Viens… Ils finiront par venir… nous chercher… »

Nathaniel vint se nicher au creux de son cou, cherchant le réconfort fraternel. Ils restèrent des heures ainsi. Il finir par s'écrouler d'épuisement dans les bras ensanglantés de sa grande sœur, qui tentait de lutter contre le sommeil. Elle craignait de mourir dans cette pièce aussi sombre que l'esprit de l'Humanité, en ce moment même. Elle ne voulait pas partir maintenant. Laisser son frère seul dans ce monde… Elle ne voulait pas. Surtout si d'autres cahiers existaient. Ses paupières se fermaient pour se rouvrir l'instant d'après. Elle devait rester éveiller au cas où une personne viendrait les chercher. Soudain, une ombre apparut dans sa vision périphérique de la jeune fille. Quelqu'un s'était aperçut de leur disparition. L'individu était tapi dans l'ombre de la pièce. Par conséquent, la fillette ne voyait pas grand-chose. Même en plissant des yeux. Ses yeux azurs s'écarquillèrent de stupeur. Une créature inconnue se tenait devant elle. Son corps était comparable à celui d'un humain cependant, il était beaucoup plus longiligne. Ses membres étaient aussi beaucoup plus longs que celui des humains. Elle détenait une abondante chevelure ébène coiffé d'une longue et grosse tresse qui trainait sur le sol, avec une sorte de frange qui cache, quelque peu, ses yeux. Ce qui ressemblait à sa peau était d'une blancheur inouïe. Cette créature portait une sorte de combinaison noire qui contrastait avec sa peau blafarde. Sur sa peau et son visage se trouvaient des marques violettes, qui ressemblaient à des tatouages exotiques. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, ses yeux étaient nacrés, comme si elle était aveugle. Cette créature était d'une beauté semblable à la mort. Il ne manquait juste la faux. Son heure était-elle arrivée ?

« Je ne suis pas un Dieu de la Mort. Et surtout, je ne te veux aucun mal. Dois-je t'appeler par ton véritable prénom ? fit calmement la créature avec une voix féminine. N'endommage pas davantage tes cordes vocales, pour communiquer il te suffira de penser.

- Appelez-moi Emelie…

- Bien. Malgré ce qui vient de se passer, je ne peux effacer ta mémoire ainsi que celle de ton frère sans que cela ait des répercussions sur d'autres vies. Pour cela, j'en suis désolée puisque vous vivres avec ses souvenirs douloureux.

- Tu es une sorte de Dieu ? demanda simplement Emelie, les yeux emplis d'interrogations.

- Je me nomme Belphégor, Déesse de l'Humanité.

- Pourquoi avoir laissé mon Oncle déclencher une série de meurtres ? Si tu étais vraiment une Déesse de l'Humanité, jamais ces innocents n'aurait dû mourir… » Énonça Emelie avec une froideur peu commune.

- Emelie… Je suis peut-être une Déesse de l'Humanité mais je ne peux interférer comme il me chante dans une vie humaine. Je dois me plier à certaines règles.

- Pourquoi avoir laissé un cahier ayant le pouvoir de tuer entre les mains d'un Humain ? Tu devais bien savoir qu'entre de mauvaises mains, certains s'en serviraient pour assouvir des besoins personnels. Notre Histoire est là pour le démontrer.

- Les seuls droits que nous avons sont de préserver la race humaine. Donc, faire en sorte que les humains se reproduisent pour éviter l'extinction. Et de donner une seconde chance aux humains qui le méritent… Cette règle, tu la comprendras quand tu seras plus mature.

- Comment ça…

- Pour le moment, tu dois reprendre des forces. Je vais soigner tes blessures et celle de ton frère pour que vous puissiez vous mouvoir.

- Merci, Belphégor… »

Belphégor passa sa longue main devant les yeux océans d'Emelie. Elle s'assoupit doucement, appuyant sa joue contre la chevelure blanche de son frère. Pour le moment, elle était quelque peu rassurée. Son frère était vivant et c'était tout ce qui comptait pour elle. Elle avait promis de le protéger, quoi qu'il puisse advenir. Il était devenu sa raison de vivre. Puis, Belphégor s'agenouilla auprès de la jeune fille et plaça sa longue et fine main sur sa poitrine. Son membre se mit à briller d'un halo doré et toutes les contusions disparurent. Pour la Déesse, c'était évident. Cette petite était intelligente et elle en savait beaucoup au sujet du « Death Note ». Ses yeux nacrés se posèrent sur la silhouette frêle de la fillette. Après tant d'années de recherche, Belphégor venait de trouver l'humaine qui lui fallait. Une âme pure malgré les épreuves. Emelie devait être consentante pour cette mission délicate. Toutefois, la Déesse était presque sûre qu'elle se sacrifierait pour l'avenir de son jeune frère. Galadriel, Dieu de l'Humanité, avait trouvé son humain depuis un moment et il se demandait si Belphégor allait finir par accepter son statut.

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Emelie ne savait pas combien de temps il s'était écoulé depuis sa conversation avec la Déesse de l'Humanité. Dans un silence imposant, elle se mit à regarder autour d'elle. Elle se trouvait toujours dans cette maudite pièce, avec son frère accroché à elle. Un petit sourire s'afficha sur ses lèvres à la vue de Nathaniel. Il dormait toujours à son plus grand bonheur. Son attention fut détournée à cause d'une lumière dorée : Belphégor venait d'apparaître au milieu de la pièce. Sa sombre silhouette et sa terrifiante beauté étonnait beaucoup la fillette. Emelie allait demander une chose mais elle se figea presque aussitôt. Elle observa son corps avec minutie : elle ne portait plus de traces de quelconques blessures et même ses amygdales ne la faisant plus souffrir. Ses vêtements élimés et tachés de sang étaient les seuls vestiges de cette horrible soirée. Toutefois, en voulant se relever et sans réveiller Nathaniel, Emelie posa sa main sur un bout de verre. Promptement, elle retira sa main, non sans douleur. Pour stopper l'afflux de sang, elle arracha un morceau de son maillot.

« Je peux guérir ta blessure, annonça Belphégor surprise.

- Ce n'est qu'une égratignure. Il faut que je profite que je peux marcher pour emmener Nate dans un endroit sûr.

- Comme tu le souhaites. Je préfère m'assurer que vous arriviez en lieu sûr. Donc, je vous accompagne. »

Emelie saisit son petit frère pour l'installer sur son dos, tout en prenant soin de ne pas le réveiller. En compagnie de Belphégor, elle se mit en route. En ouvrant la porte, la jeune fille eut un hoquet de stupeur : toute la rue était recouverte d'une épaisse couche de neige. De plus, des flocons tombaient encore. Emelie sentit son frère frissonner dans son dos. Elle pouvait enlever et lui mettre son maigre gilet, mais la chaleur ne serait que temporaire. Il ne supporterait pas le voyage dans ce froid de décembre. Soudain, la température devint confortable et lui procura un sentiment de bien-être. Belphégor venait de faire apparaître tout cela. Après un remerciement de tête, la petite troupe se remit en route, laissant derrière cette maison hantée de souvenirs douloureux. Des larmes silencieuses coulèrent sur les joues d'Emelie. Elle devait faire le deuil de ses parents. Tourner le dos à son ancienne vie… Le trajet se fit dans un silence lourd et oppressant. Autant pour la jeune fille que pour la Déesse. Cette dernière devait se lancer : Emelie était son Humaine, avec qui elle allait partager son fardeau.

« Je ne vais pas me lancer dans un grand discours, Emelie. En tant que Déesse de l'Humanité, j'ai pour mission de trouver un humain pour traquer ces cahiers. Ils sont à l'origine de tous les maux de l'Histoire. Cependant, ce n'est pas sans risque évidemment. La mort peut te prendre à tout moment. Est-ce que tu comprends ?

- Tu penses que je suis cette humaine ? répliqua Emelie, avec mélancolie.

- Le comportement protecteur que tu as avec ton frère me pousse à le croire. Avant toute réponse, je veux que tu y réfléchisses. Ce n'est pas un choix sans conséquences, tu dois bien te douter. Compris ?

- Limpide, Belphégor… »

Sous la neige, le petit groupe continuèrent leur ascension vers un endroit dont seule, Emelie savait où il se trouvait.

. .xXx.

Non loin de là se trouvait un orphelinat nommé « Wammy's House ». Cet endroit recueillait des orphelins. La structure réunissait déjà un bon nombre d'enfants seuls. À sa tête, les jumeaux Wammy étaient la bonté incarnée. Grâce à l'une de leurs inventions, ils décidèrent d'utiliser leurs fonds pour construire un Orphelinat. La nuit était tombée depuis de nombreuses heures désormais. Le silence régnait dans les dortoirs et dans la plupart des couloirs de l'Orphelinat. Soudain, un bruit sourd brisa cette tranquillité nocturne. Cela provenait de la porte d'entrée de l'institution. Alors, un homme se dirigea en direction de la porte et l'ouvrit avec difficulté. Avec toute cette neige, il avait beaucoup de mal à la déplacer. En ouvrant la porte, le vent s'engouffra avec violence dans la pièce, amenant avec lui une fine pellicule de neige et une jeune fille. Le vieil homme l'observa un instant. Elle semblait avoir une dizaine d'années, pas beaucoup plus. Elle frissonnait malgré son gros manteau. Une ombre apparut dans l'entrée, un jeune garçon se coulait contre le mur, observant la scène avec un flegme à toute épreuve.

« Que fais-tu encore debout Leigh ! Rends-toi utile et cour chercher des couvertures et une boisson chaude ! Dépêches-toi !

- Bien, Mr Roger… répondit le garçon, en s'enfonçant dans les couloirs du pensionnat.

- Mr Quillsh et Mr James ! » hurla Roger à travers l'entrée.

Voyant la pauvre fillette qui ne réagissant pas, Roger prit l'initiative de prendre la dans ses bras pour l'installer sur un fauteuil. Elle paraissait avoir du mal à se mouvoir. Le froid avait du engourdir ses muscles. Au contact de leur peau, le vieil homme eu l'impression qu'il venait de se bruler : la peau de la petite était glacée. Tout en frictionnant ses bras, Roger l'observa une nouvelle fois. Elle possédait des yeux bleus étonnants. Un bleu digne des Cieux. Toutefois, ces derniers paraissaient être perdus dans le vide. Soudain, deux hommes apparurent dans la pièce. Ils se ressemblaient en tout point. Un costume noir avec une chemise blanche. Des cheveux sombres maculés de blanc ramenés vers l'arrière. Une moustache britannique. Et une peau ridée. Toutefois, une différence se cachait sur ces vieux jumeaux. L'un portait des lunettes rondes et l'autre en forme de demi-lune. Peut-être la seule solution pour les différencier.

« Roger, j'espère que vous nous déranger par à cause de Mello qui réclame du chocolat ?! demanda l'un des jumeaux en riant.

- Monsieur James, cette enfant vient de frapper à l'orphelinat. Seulement, elle ne semble pas réagir. Et, j'ai l'impression qu'elle tient quelque chose dans ses bras mais elle s'y accroche fermement. » déclara Roger en soupirant.

James s'approcha doucement de la jeune fille dont le regard plongeait toujours dans le vide. Alors, ses yeux rencontrèrent le regard azur de la petite. Il semblait empli de chagrin. Il remarqua que ses vêtements étaient tachés de sang et qu'ils étaient fort sales. Cette petite venait de vivre des heures sombres. Ce devait être une enfant intelligente pour venir jusqu'à l'Orphelinat. Elle devait avoir perdu ses parents, en déduisit James Wammy, co-fondateur de l'orphelinat. Le jeune Leigh réapparut dans l'entrée avec des couvertures sous le coude et un chocolat brûlant dans les mains. Avec une délicatesse qui surprit tous les adultes de la pièce, Leigh couvrit la jeune fille pour la réchauffer. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi tactile. Puis, ils centrèrent à nouveau leur attention sur la petite. Ils tentèrent de la faire dire quelque chose. Sans grand succès.

« Pourquoi s'enfonce-t-elle dans son mutisme ?! marmonna Roger, agacé.

- Vu l'état de ses vêtements, Roger, cette petite n'a pas eu des heures faciles avant de venir ici, indiqua Quillsh, calmement.

- Je suis navrée de vous déranger, Messieurs… »

Emelie eut toute l'attention des adultes, même celle du garçon. Elle venait de prendre une décision cruciale dans l'avenir de son frère. Pour se donner du courage, elle tapait à intervalle régulier dans ses bottes. Malgré tout, cela la bouleversait grandement. Pouvait-on la traiter de sœur indigne ? Elle faisait cela pour le protéger. Dans l'unique but de le protéger. Un mal pour un bien. Avec une délicatesse infinie, la jeune fille prit la grosse couverture contre elle. De fines larmes se formèrent au coin de ses yeux bleus. Cet acte était le sacrifice de la vie d'Emelie.

« Peu importe mon nom... Je vous demande un service. Un seul. De garder cet enfant dans votre orphelinat. »

Chacun leur tour James, Quillsh et Roger se regardèrent avec stupeur. Cela soulevait plusieurs interrogations. Pourquoi cette petite désirait-elle que cet enfant reste dans le pensionnat ? Pourquoi ne s'incluait-elle pas dans cette demande ? Et surtout, que leur étaient-ils arrivés pour que la fillette se retrouve à frapper à leur porte ? Tant de questions qui resteront sans réponse parce qu'elle était déterminée à ne rien révéler. Plus James la regardait, plus sa compassion pour elle grandissait. Les jumeaux se regardèrent et se comprirent d'un seul regard : cette enfant allait partir seule malgré son jeune âge. Il semblait évident que quelque chose était à entreprendre. Elle ne survivrait pas seule, sans une personne pour veiller sur elle.

« Les papiers le concernant se trouve dans ce sac. Et quand il se réveillera… Il demandera certainement où je suis. Il serait préférable de lui dire que je suis morte. »

Son visage baignait littéralement de larmes. Son regard bleuté regarda Nathaniel, qui dormait paisiblement. C'était pour son bien qu'elle agissait ainsi. Toutefois, elle tentait d'y croire. Emelie savait pertinemment que son petit frère accuserait très mal sa mort. L'un était le pilier de l'autre. Pour éviter que les adultes voient son moment de faiblesse, elle s'assit près de lui, en caressant son doux visage. Il ressemblait tellement à un ange avec ses cheveux blancs, son teint pâle et sa respiration régulière. Cette scène attrista davantage les trois hommes. Il était évident que la jeune fille se sacrifiait.

« Leigh, peux-tu t'occuper de notre hôte. Quillsh et moi-même devons avoir une discussion, expliqua James avec une certaine appréhension dans la voix.

- D'accord, James. »

Les jumeaux quittèrent l'entrée en murmurant vivement au sujet de la jeune fille. Quand à Roger, il décida de faire une ronde pour veiller à ce que tous les résidents soient dans leur chambre. Par conséquent, il ne restait plus que Leigh, Emelie et son petit frère. Chacun observait l'autre, sans un mot. Il possédait un physique assez spécial. Il détenait une crinière ébène en bataille. Ses yeux sombres étaient cernés. Sa peau était d'une extrême blancheur, comme la plupart des britanniques. Il était plus grand que la moyenne si toutefois, il ne se tenait pas aussi courbé. Emelie trouvait qu'il ressemblait à un geek. Ce n'était pas péjoratif, loin de là. Il paraissait assez taciturne pour son âge. C'était simplement l'impression que Leigh lui donnait. Jamais Emelie se permettrait de juger, surtout pas avec ce qui venait de se passer. Toujours sans un mot, il se mit à s'installer sur le fauteuil en face d'elle.

« Tu n'as pas donné ton prénom. Est-ce à cause du meurtrier qui rode ? » demanda Leigh, avec une impassibilité qui scia la jeune fille.

Un hoquet retentit dans la pièce. Emelie était vraiment surprise. Comment pouvait-il détenir ce genre d'informations ?! Ses pupilles bleus se dilatèrent, sous l'effet de la peur. Ses mains se mirent à trembler rien que de penser que Malcolm pouvait les atteindre. Toutefois, Belphégor lui avait assuré que son oncle n'était plus de ce monde. Elle se mit alors à respirer de façon régulière pour se calmer. Elle resserra la couverture autour d'elle et rencontra le regard froid du garçon. De nouveaux adjectifs s'ajoutèrent à sa liste. Mystérieux. Intriguant. Et terriblement intelligent.

« Tout comme Leigh n'est pas ton prénom.

- Qu'est-ce qui te pousse à croire ça ?

- Tu ne réagis pas instinctivement quand on prononce ce prénom. Donc, tu caches ta véritable identité.

- Ta capacité d'analyse est supérieure à un humain normalement constitué.

- Dois-je le prendre comme un compliment ?

- En effet. Tu abandonnes ton petit frère à cause de l'enquête ?

- Comment peux-tu prétendre que cet enfant est mon frère ?

- La ressemblance est frappante. Et la façon dont tu essaies de le protéger parte à croire que tu es sa grande sœur. De plus, tu ne nies pas. Je pense que tu… Enfin, vous êtes des victimes de cet Homme. Cependant ce qui m'échappe… Pourquoi êtes-vous encore en vie ? Il doit savoir que vous pouvez aller le dénoncer aux autorités. À moins que… Il est mort avec d'avoir pu le faire. Et ça voudrait dire que tu sais comment il procède pour tuer. »

Leigh possédait une redoutable intelligence. Son analyse était très poussée pour son jeune âge. Observation. Analyse. Déduction. Un schéma imparable que Leigh semblait manier avec brio. Emelie était bluffée.

« Je vois que ta capacité à résonner va au-delà du commun des mortels.

- Tu es vraiment surprenant comme fille, dit-il avec l'ombre d'un sourire. Le pire est que tu ne nies rien.

- Une tactique pour tromper l'ennemi. On ne sait pas démêler le vrai du faux.

- Vrai. Mais, je pense que mon raisonnement est juste à 70%. Comment procède-t-il pour tuer ?

- Ça ne sert à rien de demander étant donné que je ne sais rien.

- Faux. Tu ne sais pas mentir. Ma première question sur le tueur en est la preuve. Tu étais vraiment effrayée.

- Et même si c'était vrai, je ne dirai rien. Peut-être quand tu seras plus grand, murmura Emelie en souriant.

- Je suis plus vieux que toi, je te signale.

- C'est possible, Leigh.

- Tu pourrais simplement dire ton prénom. Ça n'engage à rien.

- Si je te demandais, me donnais-tu le tien ?

- Non.

- Alors, non. »

Borné est également à ajouter à la liste. Il ne lâchait rien ce Leigh. Heureusement, Emelie pouvait être aussi têtue qu'une mule quand elle le voulait. Oubliant un instant le garçon, elle se tourna vers son petit frère. Il dormait toujours. C'était une bonne chose autant pour elle que pour lui. Des adieux déchirants n'étaient pas envisageables. Et puis, Emelie savait que sa détermination faiblirait face au visage larmoyant de Nathaniel. Leigh profita de son inattention pour examiner la jeune fille. Elle détenait une chevelure blanche, comme une avalanche. Ses grands yeux bleus étaient comparables aux Cieux, tout aussi lumineux. Son teint pâle contrastait avec la blancheur de ses cheveux. Son nez en trompette et ses tâches de rousseurs lui donnaient un certain charme. Leigh détourna son regard : James et Quillsh venaient de revenir de leur bureau.

« C'était très gentil de lui tenir compagnie, Leigh. Cette demoiselle a-t-elle un prénom, demanda Quillsh en se tournant vers Emelie.

- Elle ne veut pas le dévoiler. Et ce n'est pas faute d'avoir essayer.

- Ce n'est pas bien grave. Tu sais qu'on ne peut pas te laisser partir comme ça. Ce ne serait pas très responsable de notre part. »

Dire qu'Emelie ne comprenait pas serait un énorme mensonge. Elle se doutait que ces deux adultes ne la laisseraient pas partir à sa guise. Seulement, la jeune fille devait accomplir une lourde tâche désormais. Au péril de sa propre vie. Habituellement, Emelie se serait mise en colère. Elle était tellement fatiguée, résignée même. Elle ne trouvait plus la force de s'opposer vivement aux jumeaux Wammy. Pour le moment, sa détermination n'était pas ébranlée, loin de là.

« Je comprends. Mais, sous ne pourrez pas me garder indéfiniment prisonnière de ces murs. Un seul moment d'inattention et je m'envolerai. »

James et Quillsh se regardèrent : cette petite était vraiment décidée. Ses yeux azurs paraissaient inébranlables. Rien ne pouvait la faire changer d'avis. Et utiliser son frère pour la soumettre, serait une torture psychologique. Autant James que Quillsh ne permettraient cela. Les jumeaux se regardèrent une nouvelle fois. Cette fois-ci, la tristesse se lisait sur chacun de leur visage. Emelie ne comprenait pas ce qui se tramait. Une décision silencieuse venait d'être prise, visiblement. Leigh se mit en face de James : il lui attrapa violemment les mains.

« James, vous ne pouvez pas partir ! Vous n'allez pas abandonner votre frère ? Quitter votre Orphelinat ? Comment Quillsh va faire sans vous ? Et qui va s'occuper des crises de Mello ?

- Leigh… tu as un comportement bien égoïste ! Tu sais bien que je n'abandonne personne. Pour ce qui est de mon frère, notre séparation n'était qu'une question de temps. Normalement, elle devait se faire à ta majorité Leigh. Finalement, elle arrive plus tôt. La vie est ainsi. Quillsh est une personne intelligente, l'Orphelinat est entre de bonnes mains. Et puis, je compte sur toi pour montrer la voix de la sagesse à Mello.

- Je me fiche complètement d'être égoïste. C'est un trait de ma personnalité. Quillsh a besoin de vous. L'un sans l'autre vous n'êtes rien ! James, vous savez aussi bien que moi que Mello n'écoute que vous.

- Ne pense pas que cette séparation ne va pas nous affecter. Notre décision est prise, Leigh. C'est une décision commune. Douloureuse mais obligatoire. Pour Mello, il doit apprendre à grandir. Je ne pourrais pas être constamment derrière lui. Je ne suis malheureusement pas éternel. Il doit apprendre à se contrôler.

- Mais…

- Ce n'est pas parce que James quitte l'Orphelinat qu'il ne reviendra jamais, Leigh. James aura toujours sa place ici. »

Quillsh s'était agenouillé pour être à la hauteur de Leigh. Ce dernier ne voulait pas que James parte. C'était tout à son honneur mais tous savaient que son comportement était égoïste. Leigh avait déjà perdu une famille. Il ne voulait pas connaître cette douleur. Pas encore. Quillsh se redressa, non sans grimacer. Sa jeunesse était loin derrière lui. Il ébouriffa les cheveux de Leigh pour le réconforter. Il ne montrait rien mais le vieil homme savait qu'il encaissait mal leur décision. James reporta son attention sur Emelie, qui le regardait avec incompréhension.

« Si tu le souhaites, je peux devenir ton tuteur légal.

- Vous ne pouvez pas les abandonner pour une simple inconnue !

- Je ne peux pas te laisser partir sans protection !

La fillette tourna la tête et regarda dans le vide. Comme si une chose invisible se trouvait près d'elle. Belphégor, protectrice, couvait Emelie du regard. Ses iris nacrés se firent doux à son encontre. Elle hocha la tête pour la rassurer. Par conséquent, la jeune fille tendit la main en direction de James. Elle acceptait son marché. Un sourire bienveillant s'afficha sur le visage des jumeaux Wammy. Cette petite était entre de bonnes mains.

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James entreprit de faire ses valises, avec l'aide de Quillsh. Pendant ce temps, Roger avait emmené la petite à l'Infirmerie. Susan s'occupa de faire la toilette d'Emelie et de lui trouver des vêtements à sa taille. Elle revient en compagnie de Leigh. Désormais, elle était vêtue d'un gros manteau indigo et des bottes noires. Pour lutter contre le froid, elle possédait des moufles et un bonnet gris. Ils étaient sur le point de partir. Les adieux étaient imminents. Le visage de Quillsh était plus que triste. Quitter son jumeau ne devait pas être facile. Une pointe de culpabilité envahit Emelie. Qui était-elle pour enlever James à sa famille ?

« Ne t'en veux pas. James est assez grand pour prendre des décisions raisonnables. Et celle-ci est plus que raisonnable, petite. Je ne veux pas que tu t'en veuilles pour ça. Compris ?

- D'accord… »

Emelie se mit à regarder ses bottes. Elle ne peut s'empêcher de culpabiliser tout de même. Elle venait de séparer deux jumeaux. Ce n'était pas rien. Toutefois, James paraissait déterminé à l'accompagner dans sa quête avec Belphégor. Son regard bleuté passa de Quillsh serrant son frère dans ses bras à Leigh, toujours aussi expressif. Emelie ne comprenait pas comment ce garçon faisait pour rester aussi stoïque devant une telle scène. Sa nervosité augmenta d'un cran. Fébrilement, elle se mit à jouer avec ses doigts. La jeune fille désirait faire une demande à Leigh. Elle avait peur de se faire découvrir en faisant cela…

« Je peux te demander un service, Leigh ?

- L'envie de te demander ton prénom en échange me démange…

- Tu ne lâches rien, hein ?! Pourras-tu donner ça à mon frère ?

- Considères que c'est fait.

- Je te remercie. »

Sans que Leigh ne puisse acquiescer un quelconque mouvement, la jeune fille lui embrassa la joue. Pour la première fois depuis son arrivée à l'Orphelinat, Emelie vit le visage du garçon prendre vie. Il était plus que surpris. Les joues incolores de la jeune femme se mirent à rougir. Mais, un grand sourire se peint sur son visage. Elle pouvait partir tranquille. Quillsh et Roger veilleraient à l'intégration de son frère et Leigh le protègera. Ou tout du moins, elle l'espérait. Nathaniel était entre de bonnes mains.

« Essaie de ne pas te faire tuer, gamine !

- Compte sur moi, crétin ! »

Après les embrassades à chacun, Emelie se dirigea vers son frère, toujours endormi. Tendrement, elle déposa un léger baiser sur son front. Puis, elle prit la main ridée de James et s'engouffrèrent dans la tempête de neige. Sans se retourner. Leigh quitta l'entrée pour arpenter les couloirs de l'Orphelinat. En arrivant dans sa chambre, il se laissa tomber dans son lit. Les rayons lunaires baignaient littéralement la pièce. Il tendit les mains pour avoir les bras tendus. À côté de lui, reposait deux peluches de moutons. Leigh se devait de les donner en main propre au petit frère de la jeune fille. Cela n'était pas le plus intriguant. Ce dernier tenait quelque chose entre ses doigts. Une pièce. Cette dernière semblait être en or. Elle était à l'effigie d'Alexandre le Grand. Pourquoi détenait-elle une telle chose ? Qui était cette jeune fille ? Leigh se promit de découvrir cette gamine. Elle avait tout de même dit que c'était un crétin. Un sourire franc se peigna sur son visage blafard. Une énigme à la hauteur de son intelligence. Elle ne perdait rien pour attendre cette gamine.