Ce premier chapitre était à la base un One Shot pour le concours 'Edward & Bella, une rencontre, une nuit'. En l'écrivant, je m'étais dit qu'il serait intéressant d'avoir une suite, c'est pourquoi j'ai décidé d'en faire une fic à part entière aujourd'hui.

En me relançant dans l'écriture, je sais que je m'engage et que ça me prendra du temps. J'espère être la plus régulière possible dans les posts, tout dépendra de mon emploi du temps, mais une chose est sûre, j'irai au bout.

Aux nouveaux lecteurs qui me découvriront, bienvenus dans mon monde ! Et aux anciens qui me connaissent déjà, heureuse de vous retrouver !

Enjoy it !

Odrey -)

Chapitre 1 : Attention à l'atterrissage

New York était une ville insupportable. Beaucoup la trouvaient formidable et en parlaient avec des étoiles dans les yeux, mais pour moi, elle était synonyme de frénésie et de folie. Cependant, je n'avais pas eu le choix que d'y aller cette fois-ci car Rosalie avait eu un empêchement. D'habitude, elle se chargeait de la côte Est et moi de la côte Ouest, voilà ce que c'était d'avoir des fournisseurs et des clients partout dans le pays, constamment dans un avion à sillonner les USA.

Rosalie et moi étions amies depuis la fac, l'époque à laquelle j'étais sortie avec son frère, Jasper. Une lointaine époque… Aujourd'hui, Jasper et Rosalie étaient mes meilleurs amis. Nous partagions un grand loft à Seattle, c'était à la fois notre bureau et notre logement, au grand dam de Jacob, mon copain. Cela faisait 2 ans que nous sortions ensemble, mais il me reprochait toujours de ne jamais être là et me mettait la pression pour qu'on s'installe ensemble, sujet que j'évitais le plus souvent. Je n'étais pas sûre de m'engager sur ce chemin avec lui, et plus je repoussais et plus l'écart se creusait entre nous.

Alors que mes escarpins foulaient le bitume d'un trottoir new yorkais en plein Manhattan, mon téléphone sonna. Je m'arrêtai sur le coté pour ne pas gêner la foule pressée, et fouillai dans mon sac à main pour attraper ce maudit objet.

« Oui Rose ? » m'écriai-je pour couvrir le tumulte de la rue alors que je me remis en marche vers mon hôtel.

« Bell's, ça va ? Comment s'est passé ton rendez-vous chez Volturi ? » demanda-t-elle.

« Tu plaisantes j'espère ! Tu sais que j'ai horreur de négocier avec ces types, ils me regardent tous comme si j'étais de la chair fraiche ! Je sais pas comment tu fais avec eux toi… En tout cas, là je rentre à l'hôtel pour faire mes bagages et je file à l'aéroport, j'ai hâte de rentrer » dis-je en souriant alors que j'essayais tant bien que mal de ne pas rentrer dans des gens.

« Euh…oui…en fait c'est pour ça que je t'appelais… » balbutia-t-elle. Je stoppai net mon chemin et quelqu'un me percuta.

« Eh ! Vous pouvez pas faire attention ? » cria la femme en ramassant un gigantesque paquet cadeau.

« Désolée » m'excusai-je avant de rependre mon chemin. « C'est quoi ce bordel Rose ? Qu'est-ce qu'il se passe ? » grognai-je. Je détestai quand elle me disait ce genre de choses, ce n'était jamais bon en général.

« L'agence de voyage m'a appelé, ton vol est annulé et ils n'ont pas su me dire pourquoi. »

« QUOI ? C'est pas possible Rose ! On est fin décembre, c'est les fêtes de fin d'années, les aéroports vont être bondés ! Je ne veux pas rester ici ! » paniquai-je.

« Ecoute, calme-toi. Après négociations, j'ai réussi à te trouver un autre vol mais tu ne devras pas faire la difficile… »

« Accouche » râlai-je en sentant l'énervement parcourir mes veines.

« Bon, il y a un vol prévu demain à 17h, par contre ce sera en classe éco et avec une escale à Chicago… »

Je soupirai. Je savais que Rosalie avait dû faire des pieds et des mains pour me dégoter ce vol, et au final tout ce qui comptait, c'était de pouvoir passer les fêtes avec ma famille.

« Merci Rose. Envoie-moi le billet électronique sur mes mails, je vais voir si l'hôtel peut me les imprimer. »

« D'accord Bella, je te transmets tout ça. » dit-elle avec soulagement.

« Jazz est rentré de L.A. ? » demandai-je.

« Oui, il y a deux heures. Il t'embrasse. »

« Moi aussi. Je te rappelle demain Rose. Bisous »

« Bisous ! »

Je raccrochai et fourrai avec rage mon téléphone dans mon sac à main avant de lever la tête et m'apercevoir que j'étais arrivée. Encore une raison qui faisait que je n'aimais pas NY, c'était à des heures d'avion de Seattle, et demain allait être une vraie torture.

« Bonsoir, je voudrais savoir si je peux prolonger mon séjour d'une nuit, mon vol a été retardé. » demandai-je à la concierge de l'hôtel en passant prendre ma clé.

« Je vais voir si votre chambre est libre » répondit-elle en tapant à son ordinateur. « Il n'y a aucun problème mademoiselle Swan »

« Merci, j'ai eu des messages pendant mon absence ? »

« Oui, Mr. Black a cherché à vous joindre, il vous demande de le rappeler dès que possible. » dit-elle avec politesse.

« Merci » répondis-je avant de me diriger vers l'ascenseur.

Jacob allait devoir attendre encore un peu, j'en avais marre qu'il m'appelle tous les jours quand j'étais en déplacement. D'ailleurs j'avais pris l'habitude de le mettre en rejet automatique sur mon téléphone quand je n'étais vraiment pas disposée à lui parler, c'était pour ça qu'il avait appelé l'hôtel aujourd'hui.

J'aimais Jake, mais plus le temps passait et plus j'avais l'impression d'étouffer avec lui, sa jalousie excessive me rendait malade même si je savais qu'il faisait des efforts. Pour éviter de m'énerver un peu plus à cause de lui, je pris la décision de m'offrir un moment de détente dans la baignoire à bulle.

Le lendemain, alors que je me préparais pour ne pas rater ce précieux avion, je me surpris à sourire à mon reflet alors que je me maquillais. Qui aurait crû que Bella Swan serait devenue une vraie fille coquette alors que j'étais un garçon manqué au lycée ? Rosalie avait réussi à me transformer en quelques mois, depuis, j'aimais être jolie et je vouais une véritable passion aux talons hauts. Heures interminables d'avion ou non, j'enfilai mes bas, ma jupe crayon grise, mon chemisier noir en mousseline qui laissait deviner mon soutien-gorge push-up, et enfin mes escarpins vernis noirs. Voyant l'heure défiler, j'attrapai mon épingle à cheveux et rassemblai mes longs cheveux bruns en un chignon lâche avant de passer mon manteau et sortir de ma chambre avec mes bagages.

Un groom m'aida à avoir un taxi et je pris la route en direction de l'aéroport JFK. Là-bas, tous les terminaux étaient bondés de new yorkais excités quittant leur soit disant ville adorée pour les vacances. Je me frayai un passage pour aller dans ma file d'embarquement, étant légèrement en retard, je me mis à trotter avec ma valise. Finalement, je réussis à trouver mon comptoir et me faufilai dans la file d'attente. J'étais soulagée d'être enfin arrivée car je n'aurais pas fait cent mètres de plus tant j'avais eu chaud. Je déboutonnai mon manteau pour me rafraichir puis tendis mes mains vers mes cheveux pour refaire mon pitoyable chignon. Alors que ma poitrine était tendue en avant, mes yeux rencontrèrent ceux d'un homme.

Un homme d'une beauté à faire fantasmer toutes les filles de la planète.

Quand il réalisa que je l'avais vu, il détourna le regard immédiatement mais son profil laissa deviner un petit sourire en coin. Complètement décontenancée par cette vision, mes mains retombèrent d'elles-mêmes et je balayai rapidement des yeux la foule pour vérifier si c'était bien moi qu'il avait regardé.

Décidant qu'il n'y avait rien de suspect dans son geste, je m'affairai à préparer mon billet et mes papiers d'identité. Une fois fini, je relevai la tête et suivis l'avancée de la file d'attente. Elle était organisée en 'accordéon', si bien que je m'étais rapprochée du bel inconnu et lui faisais presque face. Il était entrain de pianoter sur son téléphone et je fus surprise de me mordre légèrement la lèvre quand il passa sa main dans ses cheveux de couleur bronze. Evidemment, il choisit ce moment précis pour lever les yeux et me prendre en flagrant délit. Embarrassée, ce fut à mon tour de détourner le regard et de réprimer un sourire. Mais qu'est-ce qu'il me prenait bon sang ?

Ne le regarde plus Bella ! Je te rappelle que t'es avec Jacob, alors pas de flirt !

Je me raclai la gorge et sortis un livre de mon sac pour me concentrer sur quelque chose d'autre que cet adonis. Enfin, ce fut mon tour d'enregistrer mes bagages. Après les formalités d'usage, je ne conservai que mon sac à main et mon ordinateur. Je me dirigeai ensuite vers une nouvelle file d'attente pour passer les contrôles de sécurité. J'en avais déjà ras le bol de cette journée, et pour ne rien arranger, je retrouvais non loin de là mon inconnu qui attendait tout comme moi.

J'allai reprendre ma lecture quand ce foutu téléphone sonna. Un numéro inconnu.

« Bella ? C'est moi » dit la voix de Jake. Et merde ! Il m'avait appelé depuis un autre téléphone.

« Quoi Jake ? » chuchotai-je en regardant autour de moi.

« Bonjour à toi aussi mon amour » dit-il avec ironie. « Tu ne m'as pas rappelé hier » dit-il avec reproche.

« Je suis désolée… » répondis-je avec culpabilité, je l'avais complètement oublié.

« Moi aussi. » dit-il simplement avec sécheresse.

« Je t'ai dit que j'étais désolée ! Tu ne va pas me faire une scène ? » murmurai-je en m'énervant. Il soupira.

« Ecoute Bella, tu me manques…j'ai hâte que t'arrives, c'est tout. » dit-il. A nouveau, je recroisai furtivement le regard de mon inconnu.

« Oui j'ai hâte d'arriver aussi… » dis-je en regardant le sol.

« Je t'aime Bella ». J'eus un soudain moment d'hésitation.

« Ok, bye ! » dis-je avec crispation. « Bisous ! » rajoutai-je avant de raccrocher et éteindre mon portable. Mais pourquoi avais-je agi de la sorte ? Jacob allait me maudire en rentrant.

Je me forçai à ne pas relever les yeux vers lui, et fis mine de lire mon livre. Quelques minutes plus tard, ce fut à moi de passer et poser mes affaires sur le tapis roulant avant de passer le portique. Je pestai intérieurement quand il sonna. Une femme en uniforme vint immédiatement vers moi pour passer son appareil.

« Enlevez vos chaussures et vos bijoux s'il vous plait. » dit-elle. Je m'exécutai mais son appareil sonna à nouveau. « Venez avec moi s'il vous plait ». Je la suivis un peu plus loin et elle commença à passer ses mains sur moi pour voir si je ne transportais rien. Alors que ses mains glissaient sur mes flancs et ma taille, je vis que mon inconnu me regardait avec une étrange expression tandis qu'il ramassait ses affaires. « Vous pouvez y aller » me dit la femme finalement.

Un peu énervée par la situation et de me sentir épier de la sorte, j'attrapai mes escarpins avec colère et me penchai pour les enfiler. Quand je pus récupérer tous mes biens, je ne m'attardai pas et fis claquer mes talons sur le sol pour aller à la salle d'embarquement pleine à craquer. A coups de regards charmeurs, un jeune homme me laissa gentiment son siège. Malheureusement ce genre de tactique était à double tranchant et pour mon plus grand malheur, cet abruti commença à me faire la conversation.

« Je m'appelle Mike. Mike Newton »

« Enchantée. » dis-je simplement en sortant mon téléphone. J'espérais qu'il comprenne qu'il fallait qu'il me lâche maintenant, je n'avais voulu que son siège, rien de plus.

« Vous êtes de New York ? » continua-t-il. Punaise !

« Non. » répondis-je en allumant mon appareil pour lire mes mails.

« Ah…eh bien moi non plus ! ». Je ne répondis pas, ni le regardai. « Et vous êtes d'où ? »

« Excusez-moi ? » dit une autre voix masculine. Ils s'étaient passés le mot ou quoi ? Je soupirai et levai les yeux.

C'était mon inconnu aux yeux magnifiquement verts… est-ce qu'il y avait quelque chose de moche chez lui ?

« Oui ? » dis-je avec une petite voix sans pouvoir détourner mon regard du sien.

« Mon Smartphone à l'air d'avoir rendu l'âme…je me demandais si vous m'autoriseriez à vérifier rapidement mes mails sur le votre… » demanda-t-il en passant sa main dans ses cheveux. Je restai un instant à le contempler jusqu'à ce que l'abruti bouge à coté de moi et me sorte de ma rêverie.

« Euh…oui bien sûr ! » répondis-je avec une voix aigüe en fermant les applications que j'utilisais. Je lui tendis mon téléphone et réalisai du coin de l'œil que Newton était parti.

« Merci ». Il resta debout devant moi et utilisa mon téléphone avec concentration. Un peu gênée, j'attrapai une mèche de cheveux qui s'était échappée et la remis dans mon chignon. « Voilà. Encore merci » dit-il avec une voix veloutée. Je relevai les yeux et lui souris timidement en reprenant mon appareil. Il m'offrit à son tour un sourire en coin puis il s'éloigna de moi.

Une belle gueule, des yeux à vous transpercer l'âme, des cheveux à faire rêver, et une voix…hum… une voix à vous donner envie de vous déshabiller entièrement. Ce mec était un spécimen unique sur terre qui devait faire chavirer le cœur des filles…et même des mecs, j'en étais sûre.

« …Le vol AA4567 à destination de Chicago est prêt pour l'embarquement porte 56… » dit une voix au micro.

Je me levai de mon siège et pris mes sacs avant de faire la queue. Encore. Je réussis finalement à atteindre l'avion.

« Bonjour » me dit une hôtesse avec un grand sourire forcé. Je lui tendis mon billet. « Première rangée à droite. Bon voyage »

« Merci » répondis-je.

Je me faufilai entre les sièges en regardant les numéros inscrits en haut.

« 34…35…36…37… ah, on approche » murmurai-je pour moi-même. Quand je découvris mon numéro, je baissai les yeux vers les sièges et mon cœur fit un saut périlleux en découvrant mon top model de voisin.

« Re-bonjour » dit-il avec son sourire en coin avant de se lever. Evidement, j'avais été placée à coté du hublot. Les classes éco n'étaient pas aussi spacieuses que les classes affaires, et je dus me tortiller pour accéder à mon siège. Quand je me retournai pour enlever la ceinture qui se trouvait sur mon siège, je surpris une fois de plus son regard sur moi.

Je rêve où il regardait mes fesses là ?

Je réprimai un sourire et finis par m'assoir avant de boucler ma ceinture. Mon voisin et moi restâmes silencieux tandis que les autres passagers s'installaient. Et dire que ce matin je pensais pouvoir dormir un peu sur ce vol, comment le pourrais-je avec un homme comme ça si près de moi ?

Le commandant finit par annoncer le décollage et quelques minutes plus tard les hôtesses firent leurs séances de yoga avec leurs gilets de sauvetages.

Voilà près de ¾ heures que nous étions assis l'un à coté de l'autre et que nous ne nous étions pas adressés la parole. Nous nous échangions des regards furtifs et des sourires polis, mais ni l'un, ni l'autre n'avions prononcés un mot. Commençant à avoir des fourmis dans les jambes, je décidai de faire un tour aux toilettes.

« Excusez-moi… » dis-je pour attirer son attention. « Puis-je ? » ajoutai-je en faisant signe que je voulais passer.

« Naturellement. » répondit-il en se levant immédiatement pour me laisser passer. Une fois extirpée de mon siège, je tirai sur ma jupe pour la remettre correctement. Il se rassit et je commençai à marcher dans l'allée en direction de la porte. Je pris un malin plaisir à prendre mon temps pour faire mon chemin, car je pouvais sentir son regard sur moi.

Si t'aimes regarder mes fesses, regarde un peu ça !

Je rougis à ma pensée et finis par presser le pas. Mais je devenais complètement folle ma parole ? Qu'est-ce que j'avais ? Voilà que je jouais à l'allumeuse ! Il fallait que j'arrête de fréquenter Rosalie, son comportement déteignait trop sur moi. Et elle, elle n'avait pas d'homme dans sa vie !

Tout en pestant contre mon comportement, j'étais inconsciemment entrain de retoucher mon maquillage et me recoiffer devant le miroir des toilettes.

Tu ne reverras jamais ce type de toute façon…tu peux bien tester ton sex-appeal et voir s'il est toujours là non ? D'autant plus qu'il s'agit d'un canon, c'est un véritable défi !

Je me souris dans le miroir et passai mon majeur autour de mes lèvres pour être sûre que mon rouge à lèvres ne dépasse pas, puis sortis de ma cachette. Telle une mannequin, je marchai droit vers lui et lui souris quand je fus à coté. Il se releva et me laissa passer.

« Si vous deviez y aller, je dois vous avertir qu'il n'y a plus de savon » dis-je pour briser le silence.

« Merci pour l'info. » me répondit-il avec sourire. « Une hôtesse est passée pendant que vous étiez absente, voulez-vous boire quelque chose ? »

« Oh j'aurais bien pris un thé »

« Madame, s'il vous plait, pourrions-nous avoir un thé ici ? » demanda-t-il quand elle passa près de nous.

« Bien sûr, j'arrive » dit-elle.

« Merci » dis-je à mon top model. « Je ne crois pas qu'on se soit présenté. Je suis Rosalie Hale » mentis-je. Si je m'offrais un moment de flirt, autant garder ses précautions…

« Enchanté, je m'appelle Emmett McCarthy » répliqua-t-il avec un grand sourire en tendant la main. Je tendis la mienne mais au lieu de la serrer, il la porta à ses lèvres pour y déposer un chaste baiser en ne quittant pas mes yeux.

Ok, il marque un point là. Je suis sous le charme. Note personnelle : penser à exiger de Jacob qu'il me fasse le même baisemain.

« Vous allez à Chicago pour les vacances ? » demandai-je.

« Non, je n'ai pas pu avoir de vol direct pour San Francisco » expliqua-t-il. « Et vous ? »

« La même chose, mais je vais à Seattle. »

« Vous étiez à NY pour affaires ? » demanda-t-il après un silence.

« Exactement. Je ne pourrais pas y vivre… » dis-je en riant.

Nous commençâmes à discuter, à rire, et à …flirter. Car je n'étais pas la seule à faire de l'œil, monsieur me sortait aussi ses petits sourires en coin, m'effleurait la peau l'air de rien, me taquinait gentiment pour me faire rire. Et le pire, c'était que j'adorais ça. Ça faisait plus de deux ans qu'un homme ne m'avait pas séduit ainsi et me faire sentir femme de la sorte. Je me sentais attirante dans son regard. Ce n'était peut être pas sincère, mais ça m'était bien égal.

« Hum…les voitures, hein ? J'adore ça moi aussi, je possède une Porsche cabriolet 911 carrera, je l'ai acheté il y a quelques années et je l'ai retapé entièrement avec un ami » dis-je en pensant à la voiture de Rose qu'elle chérissait tant.

« On a des points en communs à ce que je vois… » me dit-il dans une voix suave en se penchant sur l'accoudoir.

« Ça m'en a tout l'air… » répondis-je sur le même ton.

L'avion tourna et les rayons du soleil vinrent illuminer ses yeux, je pensais que je ne me lasserais jamais de le regarder. Sachant que je ne verrai plus jamais cet homme dans une heure, j'immortalisai cette image dans ma tête.

« J'aime beaucoup votre chemisier Rosalie… » dit-il en venant toucher le tissu de mon col. A ce contact, mon cœur s'emballa spontanément, et ma respiration devint plus difficile quand sa main descendit jusqu'au premier bouton avant de partir.

« Me-merci… » balbutiai-je. Il était très fort… Avait-il l'habitude de flirter avec des inconnues ? En même temps avec un physique pareil, il ne devait pas s'en priver.

« …mesdames, messieurs, nous allons commencer la procédure d'atterrissage, veuillez regagnez vos sièges et attacher vos ceintures. Merci… » dit la voix du commandant de bord.

Et voilà, mon flirt avec Mister Univers allait prendre fin. Toutes les bonnes choses avaient une fin de toute façon. Nous nous sourîmes et nous recalâmes dans nos sièges. Les minutes qui restèrent avant l'atterrissage se firent dans le silence et sans contact, comme si nous nous préparions à nous séparer.

« Rosalie, ce fut un réel plaisir de faire ce voyage en votre compagnie » me dit-il avec révérence quand nous franchîmes les portes de l'aéroport.

« Plaisir partagé Emmett » dis-je sincèrement.

« Au revoir » me dit-il dans un ultime regard.

« Au revoir… » murmurai-je avec un serrement au cœur.

Il partit vers le tapis des bagages attendre que son sac arrive. Je tournai la tête vers les grandes baies vitrées pour tenter de reprendre contenance, ce voyage était loin d'être terminé.

« Eh merde ! » dis-je pour moi-même en voyant le temps qu'il faisait. Tellement absorbée par Emmett, je n'avais pas vu l'orage qui s'abattait sur la ville, ni la pluie battante. C'était presque apocalyptique et totalement déprimant. Comme si j'avais besoin de ça.

J'allai me poster à quelques mètres de lui et attendis mes affaires. Je pris sur moi pour ne pas lever les yeux sur lui, me concentrant sur le tapis roulant. Quand mon sac arriva, je le pris aussi vite que je pus et me dirigeai vers l'écran qui indiquait les vols en partance.

« Nan mais c'est pas vrai ! Dites-moi que je rêve ! » râlai-je en voyant que mon vol était retardé et reporté à 8h le lendemain.

Ni une, ni deux, je me précipitai au comptoir d'America Airlines avec la ferme intention d'avoir des explications. Manque de bol, j'avais été bien stupide d'espérer être la seule dans ce cas, une trentaine de personnes s'agglutinaient devant le guichet et la pauvre hôtesse ne savait plus où se mettre. Je m'approchai néanmoins et découvris qu'Emmett se trouvait là aussi, son vol se faisait avec la même compagnie que moi apparemment.

« Ecoutez ! Je suis désolée, les avions ne peuvent pas décoller à cause de la tempête, tout devrait rentrer dans l'ordre à l'aube ! » cria l'hôtesse en mettant ses mains en porte-voix.

« Fait chier tiens ! » bougonna mon top model en se retournant. Sans me voir, il s'éloigna à quelques mètres et sortit son téléphone.

« …Si, je t'assure Em, je suis bloqué à Chicago…demain matin…ok, je te laisse, je dois prévenir Tanya. A plus. » l'entendis-je dire. Ok, son téléphone marchait très bien, il m'avait sauvé la mise à New York avec le bouffon de Newton.

A mon tour, je tapai rapidement un texto à Rosalie pour l'avertir de mon retard puis je me dirigeai vers le point d'information le plus proche. S'il fallait que je passe la nuit ici, autant aller dans un hôtel.

« Bonjour, pourriez-vous me donner une liste des hôtels les plus proches s'il vous plait ? » demandai-je à l'employé. Il me tendit une feuille avec le nom des hôtels et les numéros de téléphone.

« Je dois vous avertir que vous risquez d'avoir du mal à trouver une chambre. Vous êtes nombreux dans cette situation… » me dit-il en hochant le tête lentement.

« Oui merci de me le rappeler » dis-je avec sarcasme en prenant sa feuille. C'était à ce moment là qu'Emmett choisit de me rejoindre.

« Désolé de vous dire ça, mais j'aurais adoré vous retrouver dans une autre situation que celle-ci… » me dit-il avec un sourire en coin. Alors que j'avais été sur le point d'envoyer un pain dans la tronche de l'employé, le voir et l'entendre m'apaisa immédiatement.

« Réciproquement » dis-je en lui souriant à mon tour.

« Vous cherchez une chambre aussi ? » me demanda-t-il.

« Oui, mais je sens que ça ne va pas être facile… »

« Je le crains. Vous voulez bien partagez votre feuille ? »

« Bien sûr. Attendez, on va se mettre à un peu l'écart pour éviter le brouhaha. » dis-je en allant dans un coin un peu moins surpeuplé.

Chacun muni de nos portables, nous commençâmes à téléphoner. Je commençais à paniquer en voyant que sur les cinq hôtels que j'avais contacté, aucun n'avait de place pour moi.

« Alors Rosalie ? » me demanda Emmett.

« Toujours rien…et vous ? »

« Rien encore… »

Nous soupirâmes et continuâmes nos appels.

« …C'est vrai ? Vous avez une chambre ? Formidable ! » l'entendis-je dire. Mais pourquoi n'avais-je pas contacté cet hôtel avant ? Pfff. « Ok, je vous donne mes coordonnées… ». Sur ce, il me lança un regard et s'éloigna de moi si bien que je ne l'entendais plus. Tant mieux !

J'étais entrain de taper un autre numéro avec colère quand Emmett revint près de moi.

« Rosalie ? »

« Oui ? » répondis-je avec sécheresse sans lever les yeux de mon clavier.

« Euh…j'ai réussi à avoir une chambre… »

« Grand bien vous fasse ! ». C'était puéril comme réaction mais j'étais vraiment contrariée à ce moment et je n'avais pas besoin de l'entendre se féliciter. Il pouffa de rire ce qui m'interpella et levai la tête. Il se foutait de ma gueule là ?

« En fait, je voulais vous proposer de la partager… » dit-il avec embarras en passant sa main dans ses cheveux.

« Ahh… ». C'est tout ce qui pu sortir de ma bouche à ce moment. L'ambiance venait subitement de changer, lui comme moi semblions beaucoup moins entreprenants que dans l'avion soudainement. Devais-je dire oui ? Je doutais que cette chambre dispose de deux lits séparés, mais comme le disait le dicton, 'nécessité fait loi' et je n'avais pas envie de dormir sur le carrelage de l'aéroport. « Euh…je ne voudrais pas m'imposer… » dis-je timidement.

« Vous ne vous imposez pas Rosalie, je vous le propose. Je vous invite dans ma chambre, qui aurait crû que je dise ça à une personne que je connais à peine ? » rit-il en secouant la tête de droite à gauche.

Peut être que je m'étais trompée finalement, il n'avait peut être pas l'habitude de flirter avec des inconnues…

« Dans ce cas, j'accepte… » répondis-je timidement sans certitude de ce que je faisais.

Après tous les mensonges que je lui avais fait avaler aujourd'hui, il était temps pour moi d'assumer mes actes et d'aller jusqu'au bout de ce que j'avais commencé.

« Venez » m'invita-t-il. « Il faut prendre une navette, c'est par là »

Je resserrai ma prise autour de la lanière de mon sac à main et le suivis.

Note personnelle n°2 : Penser à ne surtout pas dire à Jake que j'ai partagé la chambre d'hôtel d'un autre homme.

« Vous n'avez pas mal aux pieds avec des talons pareils ? » me dit-il en donnant un coup de menton en direction de mes pieds alors que nous avancions.

« Vous plaisantez ? Je suis plus à l'aise dans ces chaussures que dans des baskets ! Je peux vous courir un marathon avec ça ! » dis-je en éclatant de rire.

« Vous êtes sacrément courageuses, vous les femmes ! » rit-il à son tour.

Quand la navette arriva, je me précipitai dehors en tirant ma valise d'une main, et tendant de l'autre mon sac à main au-dessus de ma tête pour me protéger de la pluie. Arrivés dans l'hôtel, Emmett se dirigea vers l'accueil, il s'adressa à l'employé avec une voix si basse que je n'arrivais pas à l'entendre.

« Voilà j'ai la clé. » me dit-il quand il revint vers moi.

« Au fait, je voudrais payer la moitié- » commençai-je.

« Non, non, sûrement pas. Vous êtes mon invitée je vous rappelle… » me dit-il avec un clin d'œil en faisant signe de le suivre.

« Oui mais bon, c'est un hôtel onéreux… ». Evidemment, les hôtels de ce prix étaient les derniers à être pris d'assaut.

« Ne vous en faîtes pas pour ça, je vous offre la chambre et vous m'offrez votre compagnie, d'accord ? » me taquina-t-il.

« Bien sûr, j'avais oublié que j'étais une escort girl, je suis nouvelle dans le métier, il faut m'excuser » dis-je en riant alors que nous nous engouffrions dans l'ascenseur.

Quand nous arrivâmes devant la porte de la chambre, une boule se forma dans mon ventre. Entrer dans une chambre avec un quasi inconnu était vraiment étrange et me mettait mal à l'aise. Néanmoins, je pris sur moi et pénétrai dans la pièce. Emmett alluma les lumières et je m'avançai pour poser mes bagages.

« A quelle heure est votre vol demain ? » me demanda-t-il en posant ses bagages à son tour.

« 8h. Et vous ? »

« 8h45. On pourra partir en même temps, c'est bien. »

« Oui. » répondis-je.

Gênés, nous restâmes tous les deux debout en face de l'autre en évitant soigneusement de se regarder pendant quelques secondes. Le temps du flirt me semblait bien loin à présent.

« Vous avez faim ? On pourrait aller manger quelque chose dans le restaurant de l'hôtel ? » dit-il soudainement comme si c'était l'idée du siècle.

« Oui, je n'ai rien mangé depuis un moment. Je vais me rafraichir et j'arrive ! » dis-je en me jetant sur ma valise pour y prendre ce dont j'avais besoin.

Je me précipitai dans la salle de bain, posai mes affaires près du lavabo puis plaquai mes mains de chaque coté en me regardant dans le miroir.

« Je vais devoir dormir dans le même lit que cette bombe sexuelle… est-ce un cadeau du ciel ou un putain d'enfer ? » chuchotai-je à mon reflet. « Mais dans quoi je me suis fourrée encore ? Et en plus il croit que je suis Rosalie ! Mon dieu, mais qu'ai-je fait ? ». Je partis m'assoir sur le rebord de la baignoire et fis des exercices de respiration. « Allez, ça ne sert à rien de s'emballer, tu peux le faire, ce n'est juste qu'un matelas et une couverture. » me dis-je tout bas.

Je repartis devant le lavabo et retapai mon maquillage. Si je devais être dans la peau de Rose, autant le faire totalement.

« Me voilà, on peut y aller » dis-je en sortant de la salle de bain. Il était assis sur le bord du lit et à voir ses cheveux, il était facile de deviner qu'il avait passé beaucoup ses mains dedans. Et ce n'était pas pour me déplaire…

« D'accord » dit-il.

Il se leva, attrapa la clé puis m'ouvrit la porte. Je passai devant lui et l'attendis.

« Emmett ? »

« Oui ? » répondit-il en fermant la porte.

« Si on doit atteindre un degré d'intimité tel qu'on doit partager un lit, autant se tutoyer, non ? »

« Oui c'est vrai » dit-il en souriant.

Nous nous présentâmes au restaurant, malgré l'heure un peu tardive, des gens dinaient encore.

« Une table pour deux s'il vous plait » dit Emmett au placeur.

« Mais certainement, si vous voulez bien me suivre… » répondit celui-ci.

Nous nous installâmes et on nous donna les menus.

« Voulez-vous boire quelque chose ? Un apéritif, un verre de vin… » demanda l'employé.

« Euh… je prendrais bien un verre de vin blanc s'il vous plait » dis-je. Un verre de vin blanc était très approprié à cet instant.

« Oui, mettez-moi la même chose » dit-il.

« Très bien. ». Le serveur s'inclina et partit.

Non seulement j'allais partager le lit de Mister Univers mais en plus j'avais gagné un diner en tête à tête… Avec Jake c'était plutôt la pizzeria et encore c'était moi qui le poussais à sortir. Je tenais entre mes mains le menu, mais j'avais un mal fou à lire ce qu'il y avait d'écrit dessus tant j'étais crispée. Pendant tout ce temps, je restai penchée dessus et m'abstins prodigieusement de lever la tête vers lui.

« Voilà vos verres de vin. C'est un Chardonnay 2005. Avez-vous fait votre choix ? » demanda le serveur.

« Je vais prendre le carpaccio puis le saumon. Merci » dit Emmett en tendant son menu.

« Euh, je vais prendre la même chose » dis-je à mon tour. Je ne savais toujours pas ce qu'il y avait d'écrit sur ce foutu menu.

Une fois que le serveur fut parti, je pris mon verre de vin dans mes mains.

« A la santé de cette fichue tempête ! » dis-je avec un sourire tendu. Il me rendit mon sourire et leva son verre pour trinquer avec moi. Aussitôt que mes lèvres touchèrent le liquide fruité, je ne pus m'empêcher de boire deux ou trois gorgées d'un coup.

« J'espère que les vols seront bien à l'heure demain » dit-il pour faire la conversation.

« Oui je l'espère aussi. » répondis-je.

Le silence retomba et pour cacher mon malaise, je repris mon verre et bus une grande gorgée. Tandis que je jouais nerveusement avec une mèche échappée de mon chignon, je vis qu'Emmett avait une bonne descente aussi. Au moins je n'allais pas passer pour une alcoolo.

« Voici, les carpaccios de bœuf marinés à l'huile d'olive de Sicile et aux aromates. Bon appétit » dit le serveur en posant nos assiettes.

« Je demande à voir que leur huile vienne vraiment de Sicile, j'opte plutôt pour le supermarché du coin… » dis-je à voix basse plus pour moi-même. Emmett rit à mon affirmation avant de finir son verre de vin.

« Ce Chardonnay était vraiment très bon. J'aimerais bien en avoir un autre verre, non finalement autant prendre une bouteille. Tu en boiras ? » me demanda-t-il.

« Avec plaisir » dis-je en prenant mes couverts.

Le serveur vint apporter la bouteille tandis que nous mangions et servit nos verres avant de repartir. Après quelques minutes, l'atmosphère se détendit entre nous, l'alcool aidant. Nous discutâmes de choses et d'autres, de banalités le plus souvent. Les films que nous aimions, la musique que nous écoutions, des livres qui nous avaient passionnés.

« Je sais jouer du piano je t'assure ! Ma mère aimait tellement ça, qu'elle m'a presque forcé à prendre des cours. Je me demande encore comment elle n'a pas réussi à me dégouter… » dit-il.

« Tu en joues encore ? » demandai-je alors que je mangeais mon saumon.

« Ça m'arrive de temps en temps… »

Emmett avait fini de manger et les mains croisées sous son menton, il restait me regarder finir mon assiette avec un sourire au bord des lèvres.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demandai-je quelques peu embarrassée avant de boire un peu de vin.

« Tu savais que tu avais des yeux magnifiques ? » dit-il avec son sourire en coin dorénavant légendaire.

« Je te retourne le compliment… » dis-je en sentant une bouffée de chaleur m'envahir.

« Tu sais, dès qu'on a des yeux verts, tout le monde trouve ça beau car ce n'est pas courant. Par contre, les yeux marron… ou plutôt devrai-je dire 'chocolat' dans ton cas, là en revanche… »

« Arrête, j'ai déjà assez chaud comme ça ! » dis-je en gloussant presque.

Et avec ça, notre flirt reprit innocemment. Visiblement, le vin y était pour quelque chose. Il m'avait enlevé mon stress et je retrouvais l'audace de la Bella de tout à l'heure. Je n'étais pas soule cependant, juste détendue, j'étais bien. Nous reprîmes notre conversation mais avec les regards aguicheurs et les effleurements en prime. C'était grisant.

En dessert, j'avais commandé un moelleux au chocolat et Emmett avait pris un tiramisu.

« Il faut que tu goutes ça c'est un pur délice… » dis-je avec extase en fermant les yeux.

« Si ça te fait un effet pareil, je ne manquerais ça pour rien au monde ».

Je pris un bout de mon gâteau avec ma cuillère et lui tendis. Il s'approcha et ouvrit la bouche avant de refermer ses lèvres sur le métal. Ce spectacle m'émoustilla plus que je ne l'aurais imaginé. Il fallait que je boive de l'eau à partir de maintenant…

« Hummm… je ne peux qu'approuver… » dit-il après avoir avalé. « Goute le mien maintenant ».

M'imitant, il prit un bout de son gâteau en s'aidant de son pouce puis me tendit sa cuillère. J'ouvris à mon tour ma bouche tout en le regardant se lécher le pouce. Le tiramisu dans ma bouche et la vision de son pouce entre ses lèvres faillirent me donner un orgasme instantanément. Il fallait vraiment que je me mette à l'eau.

« Ton dessert n'a rien à envier au mien… » dis-je en baissant les yeux sur mon assiette.

Tout en continuant de manger, je croisai mes jambes et mon pied toucha involontairement sa jambe. Gênée qu'il croie que j'avais fait exprès, je relevai les yeux vers lui pour m'excuser mais son regard me coupa dans mon élan. Il me regardait avec intensité, comme s'il essayait de lire dans mon esprit mais avec envie. Le genre de regard qui vous donnait envie de plaquer vos lèvres contre les siennes.

« Vous prendrez un café ? » demanda le serveur alors que nous nous fixions toujours.

« Non merci » répondit Emmett sans me quitter des yeux.

« Non merci » dis-je à mon tour.

Quand le serveur partit, je fus la première à briser notre contact visuel en baissant les yeux sur mes mains. Mon cœur battait la chamade, je n'avais jamais connu une attraction aussi forte envers un homme.

« On y va ? » demanda-t-il avec une voix rauque.

Je hochai la tête et nous nous levâmes de table pour nous diriger dans le hall où se trouvaient les ascenseurs. Le bip annonça son arrivée et nous nous engouffrâmes à l'intérieur avec d'autres clients. Installés au fond de l'habitacle, Emmett et moi étions à bonne distance l'un de l'autre mais cela ne m'empêchait pas de sentir la chaleur de son corps irradier. Quand le couple de quinquagénaire sortit au troisième étage, la tension entre lui et moi monta d'un cran car il n'y avait plus personne pour mettre des barrières.

Aussitôt les portes de l'ascenseur refermées, nous nous lançâmes un regard en coin hésitant. Ce fut le regard de trop. Dès que nos yeux rentrèrent en contact, nous nous jetâmes l'un sur l'autre. Mes mains vinrent immédiatement se fourrer dans ses cheveux pour approcher ses lèvres contre les miennes et ses bras enlacèrent ma taille avec force. Notre baiser était fougueux, l'un comme l'autre brûlait de désir et la sauvagerie de nos gestes trahissait notre émotion actuelle.

Ses mains glissaient sur mon dos, sur mes reins, sur mes fesses et remontaient sans arrêt alors que mes ongles s'agrippaient dans son cuir chevelu. Nos lèvres se synchronisaient parfaitement, nos langues se livraient bataille pour prendre le dessus sur l'autre. Toute civilité était oubliée. Nous n'étions plus qu'un homme et une femme se consumant dans leur passion.

Le bip de l'ascenseur nous avertit que nous étions arrivés à notre étage et vint sonner le glas de notre étreinte. Comme si une décharge électrique venait de nous piquer, nous nous séparâmes immédiatement, chacun allant se coller à une paroi de l'habitacle. Haletants, nous nous fixâmes avec ahurissement, nous demandant presque ce qu'il venait de se passer.

Mon dieu, mais que venais-je de faire ? Je venais d'embrasser un homme que je connaissais à peine ! Mais le plus dramatique était que je voulais plus, je ne voulais pas m'arrêter, je voulais plus que tout faire l'amour avec cet homme. Le temps était comme suspendu, plus rien d'autre ne comptait, je voulais vivre l'instant présent.

Alors que nous nous fixions toujours, les portes de l'ascenseur se refermèrent et le bruit du mécanisme nous tira de notre transe. Prenant les devants, j'appuyai sur l'ouverture des portes et pris la main d'Emmett sans un mot. Il se laissa faire et me suivit rapidement jusqu'à la porte de notre chambre. Là, il attrapa la carte magnétique dans sa poche et l'inséra avec urgence dans la serrure. Quand la porte s'ouvrit, je tirai à nouveau sur sa main et l'amenai jusqu'au bout du lit. Je me retournai et vrillai mon regard dans le sien, lui laissant encore une chance de mettre fin à ce qui allait se dérouler.

Au lieu de ça, il enleva sa veste de costume et la jeta au sol sans couper notre contact visuel. Puis il tira sur le nœud de sa cravate noire pour s'en débarrasser. Je déglutis péniblement et menai mes mains jusqu'aux boutons de mon chemisier pour les déboutonner. Il en fit de même et aussitôt qu'il fut libéré, il s'avança vers moi. Pendant tout ce temps, nos yeux déterminés ne s'étaient pas quittés. M'énervant sur le dernier bouton, je tirai d'un coup sec sur le tissu et l'arrachai.

« Rosalie… crois-le ou non, je n'ai jamais fait une chose pareille dans ma vie. Je veux que tu saches que je ne suis pas ce genre d'homme… » murmura-t-il en passant la pulpe de ses doigts sur ma joue.

« Je ne suis pas ce genre de femme non plus… » répondis-je en fermant les yeux, savourant son contact.

Ses doigts vinrent caresser mes lèvres et tout en ouvrant mes paupières, j'entrouvris ma bouche pour attraper entre mes dents son majeur. Je vis ses yeux s'écarquiller et sans que je comprenne ce qui m'arrive, nos lèvres étaient à nouveau scellées en un baiser passionné. Avec rudesse, il nous poussa et je me retrouvai pressée entre le mur et lui.

Ses mains étaient partout, explorant chaque partie de mon corps avec empressement. Mes mains glissaient sur son torse sculpté avec finesse, et je sentais chacun de ses muscles se contracter sous mon toucher. Il quitta mes lèvres pour ma mâchoire puis mon cou avant de descendre sur mon sternum.

« Si tu savais les sueurs froides que m'a donné ce bout de tissu aujourd'hui… » chuchota-t-il en tirant sur mon soutien-gorge pour libérer mon sein droit. Sentir sa langue sur cette partie sensible m'arracha un petit gémissement.

Tandis qu'il s'affairait à dégrafer mon carcan en embrassant mes seins, mes mains vinrent retrouver ses cheveux soyeux. Je me cambrai et tendis ma poitrine vers lui par réflexe pour apprécier ses caresses. Tout en massant mon sein gauche d'une main, il léchait et suçait avec délectation le mamelon de mon autre sein. En geignant, je passai ma langue sur ma lèvre inférieure avant de prendre celle-ci entre mes dents.

« Emmett… » gémis-je.

Je tirai sur ses cheveux et ramenai ses lèvres sur les miennes. Alors que j'attrapai la ceinture de son pantalon, il plaqua ses mains contre le mur de chaque coté de mon visage et rompit notre baiser pour coller son front contre le mien. Il planta son regard dans le mien et se laissa déboutonner son pantalon. Je le vis fermer les yeux quand son vêtement tomba au sol et que mes mains vinrent se poser sur ses fesses en glissant sous l'élastique de son boxer.

« Rose tu me rends fou » dit-il en levant ma jupe soudainement. « Oh merde… » ajouta-t-il en découvrant mes bas.

J'attrapai sa tête et l'embrassai furieusement alors que sa main vint sur ma cuisse pour m'inciter à mettre ma jambe autour de sa taille. En tenant fermement le creux de mon genou, il colla son entrejambe excité contre le mien pour rechercher la friction. N'étant pas à l'aise dans cette position, je laissai retomber ma jambe et posai mes mains sur son torse pour l'éloigner de moi. Il recula en me lançant un regard incompris mais il s'aperçu très vite que je ne souhaitais pas m'arrêter en si bon chemin, quand je continuai de le pousser jusqu'au bout du lit, où il se laissa tomber. Debout devant lui, je menai mes mains à mes cheveux pour enlever l'épingle qui s'y trouvait, puis secouai la tête pour libérer totalement ma chevelure. Plantant mon regard dans le sien, je passai mes mains dans mon dos et déboutonnai ma jupe qui tomba à terre.

« Non ! » s'exclama-t-il avec sa voix veloutée quand j'allais enlever mon premier escarpin. « Garde-les, j'adore tes chaussures…et tes bas aussi » ajouta-il avec excitation.

J'esquissai un sourire et m'approchai de lui. Debout, je me calai entre ses jambes et il vint caresser mes fesses et mes cuisses avant de déposer des baisers sur mon ventre. Instinctivement, mes bras vinrent enlacer sa nuque et je laissai tomber ma tête en arrière en soupirant. Je sentis ses doigts remonter et ses pouces se glisser sous l'échancrure de mon string avant d'écarter l'élastique pour le baisser. Il leva la tête et me regarda tandis qu'il le faisait glisser sur mes cuisses. Une fois au sol, je levai les pieds et il le jeta à l'autre bout de la pièce.

Aussitôt libérée de mon sous vêtement, il posa sa main sur l'intérieur de ma cuisse et remonta lentement jusqu'à atteindre mon sexe fiévreux. Fermant les yeux et basculant à nouveau ma tête en arrière, je gémis quand il commença à caresser doucement mon entrejambe. Je ne pouvais pas endurer ça une minute de plus sans devenir folle.

« Emmett…passons les préliminaires…ça fait des heures et des heures que je suis excitée… » dis-je avec un sourire coquin avant de mettre mes mains sur ses épaules et de le pousser en arrière pour qu'il s'allonge.

Un grand sourire sur son visage, il rampa en arrière pour être mieux installé sur le lit. Tout en le fixant, je me penchai pour me mettre au-dessus de ses jambes, à quatre pattes. Sans attendre, j'attrapai son boxer et le tirai vers le bas jusqu'à l'en débarrasser complètement. Dès que je m'assis sur ses cuisses, Emmett se releva et fourra ses mains dans mes cheveux pour m'embrasser sauvagement. Tout en me collant contre son bassin, je quittai ses lèvres pour faire courir ma langue sur sa mâchoire carrée. Atteignant le lobe de son oreille, je le pris entre mes lèvres pour le sucer gentiment. Je l'entendis gémir et sentis ses mains se plaquer sur mes fesses pour me rapprocher encore plus de lui et frotter nos intimités.

Il déposa des baisers dans mon cou et sur ma gorge puis brusquement, il nous fit basculer sur le lit et je me retrouvai sous lui. Nous nous sourîmes avec gourmandise, puis sans quitter mon regard, il recula avant de prendre un mamelon dans sa bouche et palper ma poitrine avec ses mains. Après quelques secondes, il recula encore et embrassa mon abdomen jusqu'à mon pubis. Là, il s'agenouilla et prit ma jambe droite entre ses mains pour embrasser l'intérieur de mon genou.

Il voulait ma mort ou quoi ? Je n'en pouvais plus et monsieur prenait un malin plaisir à me faire languir !

« Emmett ! » boudai-je à voix basse.

Il pouffa de rire mais ne cessa pas de caresser ma jambe de mon escarpin jusqu'à l'aine. Mais que voulait-il de moi ? Il était évident qu'il était aussi pressé que moi et pourtant il restait agenouillé entre mes cuisses, son sexe tendu à quelques centimètres de moi. Finalement, il enleva mon escarpin et posa mon mollet sur son épaule. Il attrapa ensuite les bords de mon bas en effleurant intentionnellement mon sexe gonflé de désir, puis il fit lentement rouler le tissu sur toute la longueur de ma jambe.

Je ris quand je vis qu'il fit plus rapidement mon autre jambe, même lui n'arrivait plus à tenir son petit jeu. Quand mon deuxième bas quitta mes orteils, je n'attendis pas et me mis à genou devant lui.

« Ça suffit maintenant… » soufflai-je alors que nos lèvres se livraient encore bataille. Sans plus de préalables, il passa derrière moi et je me laissai tomber sur les mains

« T'as raison, ça suffit… » murmura-t-il en introduisant son sexe en moi.

Je laissai échapper un petit cri sous la sensation. Jacob était baraqué comme un géant mais il n'avait pas le même argument que monsieur ici présent. Emmett se pencha sur moi et embrassa le haut de mon dos lorsqu'il commença son va-et-vient.

« Rose… tu es une femme si désirable… » chuchota-t-il contre ma peau alors que ses mains massaient mes seins.

« Emmett… » soupirai-je en agrippant les couvertures du lit dans mes griffes pour contenir la pression.

Notre étreinte était rude mais passionnée à la fois, Emmett accentua encore la cadence et je me mordis la lèvre inférieure pour réprimer un cri.

« Relève-toi un peu » m'ordonna-t-il.

Je m'exécutai et fus surprise de découvrir le miroir du dressing en face de nous. Je voyais Emmett derrière moi, son regard coquin planté dans le mien alors que ses lèvres embrassaient mon épaule et ses doigts titillaient mes mamelons.

« Merde ! » dis-je dans un souffle en nous voyant ainsi, c'était si excitant…

Légèrement fléchis tous les deux, nous continuions à prendre notre plaisir qui venait soudainement de décupler devant ce spectacle. M'obligeant à regarder le miroir, je tendis mon bras gauche en arrière et attrapai sa nuque pour approcher son visage du mien avant de passer ma langue sur ses lèvres. En réponse à ma provocation, une de ses mains quitta mon sein et descendit jusqu'à mon sexe pour venir me donner le coup de grâce en caressant mon clitoris. Je ne savais plus comment me mettre tant le plaisir était intense, je voulais le prendre dans mes bras mais je ne pouvais pas et cette frustration augmentait encore mon excitation.

« Je…je vais pas pouvoir…tenir beaucoup plus… » dis-je entre mes gémissements de moins en moins contenus à mesure qu'Emmett allait et venait en moi.

Me prenant au dépourvu, il se dégagea de moi et m'allongea sur le lit avant de passer mes jambes sur ses épaules. Assis sur ses talons et les genoux écartés, il agrippa fermement mes hanches et me pénétra à nouveau.

« Je veux te voir » dit-il avant de reprendre son va-et vient.

Mon plaisir repartit aussitôt et mes mains vinrent se fourrager dans mes cheveux tandis que mes paupières se fermèrent sous la sensation. Mais ne voulant pas oublier son visage pendant ce moment si particulier, je rouvris les yeux. Vrillant son regard dans le mien, il prit mes chevilles dans ses mains, tendit mes jambes vers le plafond avant de les écarter en 'V'. Je gardai la position et il vint se pencher un peu sur moi pour accentuer la friction avec mon clitoris. Nous gémîmes en même temps en savourant cette nouvelle posture et il baissa ses yeux sous l'endroit où nous étions joints. Sentant que je n'en avais plus pour longtemps, je dirigeai une main sur mon clitoris pour le masser et atteindre mon orgasme. Celui-ci ne se fit pas attendre, et je sentis une vague de plaisir me transpercer le corps avec force tandis que mon vagin se contracta avec frénésie autour de lui.

« Oh…oh…oh ! Nom de dieu EMMETT ! » jurai-je sous l'émotion.

Il se pencha encore plus sur moi et posa ses main de chaque coté de ma tête alors qu'il continuait ses intrusions.

« Rose ! Bordel ! » cria-t-il de jouissance peu de temps après moi.

Il se laissa presque tomber sur mon torse et je relâchai mes jambes. Nous restâmes enlacés ainsi de longues secondes à reprendre notre souffle, appréciant et savourant le moment que nous venions de partager. Mes mains s'étaient naturellement fourragées dans sa chevelure devenue humide à cause des perles de sueurs qui s'étaient formées sur ses tempes. Au bout de quelques minutes, il s'appuya sur ses avant-bras et me regarda.

« C'est pas beau de jurer Rosalie » me dit-il avec son sourire en coin. Quand je l'entendis m'appeler 'Rosalie' j'eus un serrement au cœur en pensant que je ne revivrai jamais une nuit pareille car je ne le reverrai plus jamais.

« Tu peux parler Emmett ! » ris-je.

Nous rîmes quelques instants puis nos sourires s'effacèrent peu à peu pour laisser place à des regards intenses. Il soupira et j'essuyai du revers de ma main ses tempes avant qu'il se dégage de moi et roule à coté. Il leva ensuite le bras pour que je vienne me blottir contre lui mais je ne me contentai pas de me coller à lui, je passai mon bras gauche autour sa taille et ma jambe sur les siennes. Sans mot, nous nous caressâmes doucement et déposions des baisers ici et là pour entretenir la complicité que nous avions eu quelques minutes plus tôt.

Je ne savais pas quelle heure il était, je ne voulais pas savoir. Je ne voulais pas savoir combien de temps il me restait avant que ce moment avec lui cesse. Je voulais que le temps s'arrête, que nous restions toujours comme ça. J'avais peur de fermer les paupières et de m'endormir car je souhaitais profiter de cette folie jusqu'à la fin. Pour tenter de garder ce souvenir le plus fidèle possible, je me concentrai sur les battements de son cœur, sur sa respiration, sur la sensation de mes doigts sur sa peau…mais le bercement de sa cage thoracique eut raison de mes résolutions et je me sentis sombrer peu à peu dans les bras de Morphée.

Le lendemain, j'entendis une porte claquer au loin ce qui me réveilla. En ouvrant les paupières, je réalisai qu'il faisait encore nuit mais la faible lueur qui émanait de la fenêtre ne me permettait pas de reconnaitre l'endroit. Puis l'image se fit plus nette et je sentis quelqu'un bouger près de moi.

Oh non…

Brusquement, tout me revint en tête. Le vol New-York – Chicago, Emmett, le vol reporté, Emmett, l'hôtel, Emmett, Emmett, Emmett… Oh mon dieu.

Il était calé contre mon dos et sa main entourait mon buste. Je balayai des yeux la chambre pour trouver quelque chose qui me donne l'heure mais n'en trouvai pas, puis Emmett resserra sa prise autour de moi et je vis qu'il portait une montre. Je pris son poignet et le penchai pour que les lueurs extérieures illuminent le cadran. 6h10.

« Emmett ! » chuchotai-je en me retournant soudainement.

« Hum… » grogna-t-il.

« Lève-toi ! On va être à la bourre ! » paniquai-je en me levant.

« Hein… ? » demanda-t-il d'une voix pâteuse en frottant ses yeux. Je partis m'affairer autour de ma valise pour prendre des vêtements. « Putain ! » s'exclama-t-il subitement en regardant sa montre.

Dans l'urgence, nous partîmes tous les deux dans la salle de bain, lui prenant la baignoire et moi la douche. Une fois sortie, j'enfilai un shorty et mon soutien-gorge avant de finir ma toilette au lavabo. Tous deux côte à côte, les regards fusaient entre nous via le miroir, mais aucun mot ne sortait.

Aujourd'hui, la déprime s'était emparée de moi, et je n'étais pas d'humeur à me maquiller avec soin, ni à enfiler des bas et une jupe moulante. Un jean et un pull fin ferait parfaitement l'affaire, je n'avais pas du tout envie que des hommes me lorgnent tout au long de la journée.

Emmett finit de se préparer tandis que je repartis dans la chambre chercher mon épingle à cheveux. Ne trouvant pas le petit objet en métal, je laissai tomber et refermai mes bagages. Trois quart d'heures plus tard, Emmett et moi étions prêts à partir.

Nous passâmes par la réception de l'hôtel pour qu'il règle la note et m'interdit encore de protester, puis, nous reprîmes la navette vers notre terminal commun. Arrivés là-bas, nous nous dirigeâmes vers les écrans vérifier nos vols.

« Seattle, 8h00, porte 23 » dis-je en lisant ce qu'il y avait écrit.

« San Francisco, 8h45, porte 15 » dit-il à coté de moi. « A l'heure »

« Oui… » soupirai-je.

Nous nous regardâmes et nous sourîmes timidement avant de détourner le regard. Ensuite, chacun partit de son coté enregistrer ses bagages avant de nous retrouver pour passer les contrôles de sécurités. Pendant tout ce temps nous ne parlâmes presque pas, et les quelques mots échangés étaient des plus banals, à aucun moment nous n'avions parlé de notre nuit torride. Je ne savais pas si ça me dérangeait ou non, de mon coté j'avais le moral dans les chaussettes et j'avais peur que si j'en parlais, ça allait gâcher ce merveilleux souvenir.

« Bien…nous y voilà… » dis-je devant l'escalator qui menait à ma porte d'embarquement.

« On dirait… » répondit-il en passant sa main dans ses cheveux.

Nous eûmes tous deux un rire nerveux mais aussitôt la tension revint sur nos visages. Je sentais un nœud se former dans ma gorge tant la séparation et la fin de ce rêve était imminente.

« Je…je vais y aller » dis-je en hochant la tête comme pour me motiver.

« D'accord… » dit-il en acquiesçant lui aussi.

Je voulais lui dire plein de choses mais rien ne venait si ce n'étaient des larmes que je m'efforçais de refouler. Je fis un pas en arrière mais il m'attrapa par la main pour me retenir.

« Je voulais te dire que…que ce fut la meilleure nuit de toute ma vie » murmura-t-il en mettant sa main sur ma joue.

« Moi aussi, je n'ai jamais vécu ça… » répondis-je avant de poser mes lèvres sur les siennes une dernière fois. J'aurais tellement voulu qu'on se rencontre dans d'autres circonstances, mais nous avions des vies très différentes et à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. C'était mieux ainsi. Je brisai notre baiser et collai mon front contre le sien. « Merci » dis-je simplement.

J'inspirai et lui fis mon plus beau sourire forcé avant de me retourner et prendre l'escalator.

« Rosalie ! » m'interpella-t-il une dernière fois. Je tournai la tête vers lui et vis sa bouche s'ouvrir plusieurs fois sans qu'aucun son ne sorte. Je lui souris et poursuivis ma route.

La montée sembla durer une éternité, je le voyais debout, les bras ballants à rester me regarder. Je le vis disparaitre petit à petit et quand il fut totalement disparu, une larme roula sur ma joue. Je ne m'arrêtai pas en chemin pour chercher un mouchoir dans mon sac, maintenant que je l'avais quitté, je voulais au plus vite partir d'ici. Passant ma main sur mon visage pour sécher les larmes qui s'écoulaient, je montai dans la passerelle pour accéder à mon avion.

Je m'installai dans mon siège et pris ma tête entre mes mains. J'étais en colère. En colère contre ces gens bruyants et excités de partir en vacances, en colère contre ce foutu avion qui avait été reporté, en colère contre ce putain de destin qui venait de semer le chaos dans ma vie. Car c'était bien de ça qu'il s'agissait, ma vie était devenu un vrai foutoir depuis cette nuit. Comment allais-je bien pouvoir affronter la réalité maintenant ? C'était bien beau de s'envoyer en l'air avec un dieu vivant sans se préoccuper de sa vie, sans se préoccuper de son copain, sans se préoccuper de se protéger ! J'avais été totalement inconsciente et j'allais devoir assumer mes responsabilités ! Mais qu'est-ce qu'il m'avait pris ?

Sentant la panique m'envahir, j'inspirai à fond et expirai plusieurs fois pour me relaxer. Cela ne servait à rien de s'angoisser car en y réfléchissant, si c'était à refaire, je le referais sans hésitation. Ça ne voulait dire qu'une seule chose, que je remettais sérieusement en question ma relation avec Jake. Devais-je tenter de sauver les meubles entre nous, ou bien mettre fin à notre couple ? L'aimais-je réellement ? Incapable de prendre une décision, je décidai de laisser le choix au destin. Si c'était Rose qui venait me chercher à l'aéroport, je mettrais un terme à ma relation avec lui. Si c'était Jake qui venait, alors je ferais tout pour donner une seconde chance à notre couple.

Après cinq heures de vol, mon cœur commença à s'affoler quand je pénétrai dans l'aéroport de Seattle, qui allais-je trouver à la sortie ? Je me dépêchai d'attraper mes bagages et pris le chemin de la sortie.

« Bella ! » s'écria quelqu'un. « Tu m'as manqué ! » dit cette personne en m'enlaçant.

Je faillis fondre en larme à nouveau à cet instant. Je me dégageai et souris avec tendresse.

« Tu peux pas savoir comme je suis soulagée de te voir Jazz ! » dis-je avec une voix cassée.

« Tu vas bien Bell's ? » me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

« On ne peut mieux Jazz, on ne peut mieux… » répondis-je avec sourire. Le destin m'avait accordé un sursis et j'étais soulagée de ne pas avoir à prendre de décision maintenant.

Cependant, il ne fallait pas que je me voile la face, ce voyage m'avait permis d'ouvrir les yeux et ce coup de folie avait changé une chose essentielle chez moi.

Ma vie.


Pour ne pas être trop longue entre les posts, j'essaierai de faire des chapitres plus courts.

A bientôt pour la suite -)