-Et dire que je pensais avoir tout vu…
Vous devez certainement vous demander pourquoi, je dis cela ? Et bien, disons que je ne pensais pas qu'ils allaient me transférer dans la pire des prisons, réunissant homme et femme les plus dangereux du pays. Et là, vous devez certainement être en train de froncer les sourcils en vous torturant le crâne pour connaître le pourquoi du comment, j'ai atterri ici. Je vais faire simple, si vous le voulez bien. Je suis une tueuse à gage ou une mercenaire, cela dépend de votre point de vue. Depuis ma plus tendre enfance, je suis fascinée par les arts martiaux et les armes. Au départ, j'avais en tête de devenir militaire, mais… je ne suis pas quelqu'un qui aime particulièrement obéir aux ordres et je ne voulais pas non plus être soumise à des règles strictes et à une hiérarchie totalement bidon alors j'ai décidé d'inventer mon propre règlement. Seulement, quelqu'un m'a trahi. On m'a prise en flagrant délit et me voilà en prison de haute sécurité.
[03/06/…]
Le transfert
Accoudée contre mon lit à faire mon sport matinal, je comptais le nombre de pompe que je faisais avant que le gardien ne vienne me déranger. Enfin le jour 'j'. Je n'étais pas particulièrement ravie à l'idée d'être transférée, mais je n'avais pas vraiment le choix. La direction ne voulait pas d'une détenue aussi dangereuse que moi dans les quartiers des 'racailles de bac à sable'. Trop grande différence entre eux et moi apparemment. J'attrapais une serviette, la passant sur mon visage avant de remettre mon tee-shirt orange et de toquer à la porte pour signifier au gardien que j'étais prête à partir.
Plus ennuyée qu'autre chose, je me laissais traîner jusqu'au bus. Allant par la suite m'asseoir dans le fond, je n'avais pas prévue de m'endormir quelques minutes plus tard.
Le voyage avait duré plus d'une dizaine d'heure. À l'arrivée, mon voisin de droite me donnait un petit coup de coude pour me réveiller tandis que les autres descendaient du bus un par un.
De ma place, je voyais déjà le pénitencier de haute sécurité se profiler… Je soupirais. Fermant les yeux, je me levais et suivais le reste du groupe. Une fois à l'intérieur du premier bâtiment, je me laissais fouiller, me déshabillais et enfilais la tenue qu'un des gardiens me tendait. Une étrange sensation de nostalgie venait m'envahir. Je me remémorais mon premier jour de détention. Les gardes, nous faisaient visiter avant de nous attribuer nos numéros de cellule.
Une fois dans la mienne, je souriais légèrement en voyant que celle-ci était vide et qu'aucun drap n'habillait les lits superposés. Ils avaient jugé préférable de me m'isoler ce qui n'était pas plus mal. Oui, je n'apprécie pas la compagnie.
[04/06/…]
Le réfectoire
Après avoir fais mon lit et rangé mes affaires, j'étais directement tombé dans les bras de Morphée. Le lendemain matin, je me réveillais tôt. Six heure, sept heure tout au plus. J'étais réglée comme une horloge, ma 'profession' m'y obligeant. Je ne devais pas me faire surprendre pendant mon sommeil. Toujours à garder une oreille attentive et un œil ouvert. Beaucoup de gens voulaient se venger de moi, ça ne m'étonnerait même pas que quelqu'un me mette un contrat sur la tête.
Une heure plus tard, le gardien montrait enfin le bout de son nez.
M'emmenant en direction des douches, je retirais mes habits avant d'entrer dans la pièce. Aucunement pudique, je me dirigeais directement sous un jet d'eau tandis que certaines femmes me lorgnaient et me jugeaient du regard. Mon corps couvert de cicatrices et de tatouages devait certainement faire l'objet d'innombrables interrogations. Tant mieux pour elle. Une fois terminée, je soupirais de bien-être alors que j'osais enfin un regard vers un petit groupe de fille. Elles étaient… comment dire ? Une morue et deux crevettes qui s'en prenaient à une fille beaucoup plus frêle. Leur victime devait à peine être majeure.
M'entourant dans une serviette, j'haussais les épaules avant de m'en aller. Ce n'était pas mon problème. Si elle était ici, c'était forcément pour une bonne raison.
Quand j'eus fini de me vêtir, Vic' le gardien, me trainait vers le réfectoire bondé de monde. Oui, si vous ne l'aviez pas encore remarqué, j'ai un gardien pour moi toute seule. Éviter les incidents avait-il eut comme directive à mon encontre.
Vic' me pointait une table vide du doigt. Je m'y dirigeais tranquillement avant qu'il n'aille me chercher de quoi manger. Menottée à la table, je m'occupais en explorant un peu les environs, observant un à un les prisonniers qui mangeaient.
-Tiens, ton plateau.
Je n'avais même pas besoin de tourner la tête pour comprendre de qui, il s'agissait. J'attrapais le plateau avant d'admirer les magnifiques textures visqueuses à l'intérieur de mon assiette.
-Ah.
Levant les yeux au ciel, je faisais une moue légèrement dégoutée, tout en portant la fourchette à mes lèvres. M'ouais. Il y a mieux, comme il y a pire…
Mon attention fut attirée par le même groupe de fille qui se pavanait plus tôt dans les douches. Elles semblaient furieuses et gueulaient comme des bécasses contre la même jeune brunette, dérangeant ainsi la plupart des personnes présentes ici. Malgré cela, aucun commentaire.
Tout le monde faisait semblant de ne pas voir et ignorait totalement ces pestes.
Grimaçant légèrement en me bouchant les oreilles, je décidais finalement de ne pas finir mon repas. Ennuyée, je regardais froidement la scène avant d'intervenir lorsqu'une blonde allait utiliser sa fourchette pour blesser la pauvre fille.
Totalement indifférente, j'attrapais simplement le bras de la demoiselle tandis qu'un blanc retentissait dans la salle.
-Qu'est-ce qu'il te prend la nouvelle ? Tu veux finir à sa place ?
Je ne répondais rien, lui arrachant simplement le couvert des mains avant de le tendre à Vic'. Si elle pensait pouvoir me faire peur avec si peu, elle pouvait se mettre le doigt dans l'œil. Je soupirais ennuyée avant de tourner les talons, retournant dans ma cellule.
J'avais passé le reste de la matinée à lire, couchée sur mon lit. Le soir arrivant à grand pas, j'informais mon gardien que je n'avais pas faim et que j'allais directement dormir après ma petite séance de sport.
[05/06/…]
Première bagarre
La matinée et le repas de midi déjà passé, Vic' m'emmenait dans la cour où bon nombre de personne s'entrainait, courait et jouait au basket.
Il me retirait mes menottes avant de me dire que j'avais le restant dans la journée pour moi. Plutôt pas mal finalement. Une personne, la jeune fille brune du réfectoire s'approchait rapidement de moi avant de me remercier à plusieurs reprises.
-Je… Merci d'avoir pris ma défense devant Seika et son groupe… Merci, vraiment…
Elle allait continuer, quand je levais la main pour lui dire de se calmer. Je n'étais pas très bavarde alors avoir quelqu'un avec qui faire la conversation était assez étrange.
-Hm.
-Comment tu t'appelle ?
-Lucy.
-Oh, je vois. Enchantée, moi c'est Violette.
Violette était tout sourire, joyeuse malgré les circonstances qui nous réunissaient ici. Mais quelque chose me titillait. Pourquoi une fille aussi… innocente était prisonnière dans un pénitencier de haute sécurité ?
-Pourquoi es-tu ici ?
-Disons que j'étais au mauvais endroit, au mauvais moment. Mon ancien petit copain braqué une banque et a blessé un fonctionnaire et malheureusement, j'étais avec lui. La police n'a pas réussit à l'attraper alors, il fallait bien quelqu'un pour porter le chapeau…
-Ah. Un beau connard.
Violette hochait la tête tout en gonflant les joues l'air faussement contrariée.
-Oui, effectivement.
Elle semblait perturbée.
-Meurtre.
Surprise, elle me regardait étrangement. Elle n'avait pas eu à poser sa question, j'avais tout de suite compris.
-Au mauvais endroit, au mauvais moment ?
-Disons que… je suis payée pour tuer.
-Oh…
D'habitude aucune personne sachant cela, ne restait avec moi, mais elle n'était pas comme les autres vu qu'elle ne semblait pas plus choquée que ça. Je souriais pour la première fois depuis mon incarcération. Malheureusement ce moment ne dura pas.
-On te cherchait, te voilà enfin !
Elle eut un mouvement de recule en entendant cette voix, cherchant une sortie de secours du regard. Violette paniquait, ça ce sentait à des kilomètres. Lassée, je ne daignais même pas leur prêter attention, allant faire quelques étirements de mon côté. Je m'entrainais, frappant dans le vide, pratiquant un enchainement de gauche, de droite et de coup de pied retourné.
Rien de plus, rien de moins. J'aimais me perfectionner. Tandis que je m'attelais à ma tâche, je voyais entrer pour la première fois un groupe d'homme plutôt balèze et à leur tête un blond avec une cicatrice en forme d'éclair sur l'œil droit. Hm, plutôt attirant voir même carrément canon. Alors que j'allais retourner à mes occupations un cri de douleur arriva à mes oreilles. Je fronçais les sourcils en apercevant Violette au sol en train de se faire rouer de coup tandis que les gardiens, eux, faisaient semblant de ne rien voir.
Retirant les poids sur mon altère, je regardais la barre d'une façon peu commune avant de m'approcher de l'attroupement où le charmant jeune homme se trouvait. Beaucoup regardait la scène et applaudissait le groupe de fille, lui semblait s'en foutre royalement. Les bras croisés sur sa poitrine, calé contre le grillage entouré de ses gus, il restait en retrait. Je poussais les grognasses, me plaçant devant Violette pour la protéger.
-Encore toi ?!
-Apparemment.
Je n'y allais pas de main morte, la frappant avec la barre de muscu' alors que les deux autres venaient riposter et venger leur amie blessée.
-Si j'étais vous, je ne ferais pas ça.
Avais-je avertis tout en me décalant sur la droite pour esquisser un coup de poing.
-Ah oui et pourquoi cela ?
Alors que j'allais répondre, je me faisais devancer par Vic' qui avait décidé d'intervenir avant que les choses ne s'aggravent.
-Parce qu'elle n'a pas la réputation de laisser ses victimes en vie.
Le blond décidait enfin de se manifester en ordonnant aux filles de se calmer et étrangement, elles ne bronchèrent pas.
-Tch.
Je jetais 'mon arme' sur le sol, agacée d'être autant interrompue. Me rapprochant de la petite brunette, je l'aidais à se relever tout en demandant à Vic' de l'emmener à l'infirmerie.
-Luxus…
Une voix mielleuse digne de la reine des trainées. Celle que j'avais frappée, s'était relevée. La lèvre fendue, elle minaudait autour du beau gosse, le tenant par le bras tout en étant faussement bouleversée.
-Tu as vu ce qu'elle a fait à mon si beau visage… ?
Ne tenant plus, je serrais les dents avant de lâcher le plus naturellement du monde.
-Rhaa… Ta gueule.
Et je m'en allais sur ces paroles, retournant dans ma cellule.
