Titre :
Cinq années de réflexion
Auteur :
Meanne77
Genre : lutinerie de Noël
Pour : ma
Camille-puce ; joyeux Noël à toi :)
Écrit
le 17 novembre 2006, pendant que tu étais en cours et que
j'attendais dans le couloir…
Merci à Laède pour
sa bêta éclair :)
Disclaimer :
Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas ; ça
tombe bien, je n'en voudrais pas de toute façon.
Troisième
tentative d'écrire du HP (non, non, rassurez-vous je ne m'y
mets pas, ce sont toujours lors d'occasions exceptionnelles !),
première qui semble avoir bien voulu s'écrire d'un
bout à l'autre…
Avertissement : sans but, sans sens, sans explication.
¤
La
première année, il avait reçu un balai flambant
neuf. Passé le premier instant de surprise, n'ayant pas
trouvé trace d'une quelconque signature, une nostalgie
douloureuse s'était emparée de lui. Sirius aussi lui
en avait offert un, à une époque où tout était
encore simple, à une époque où les gens qu'il
aimait ne mouraient pas sous ses yeux sans qu'il pût faire
quoique ce soit pour les protéger.
Il avait presque cru à
une mauvaise blague, si ce n'était que le balai était
tout simplement trop beau, trop onéreux, aussi, pour pouvoir
être un cadeau fait par malice. Malgré le bon qui lui
permettait, et ce gratuitement, d'échanger l'article dès
qu'un modèle plus performant sortirait, il n'avait jamais
pu remonter jusqu'à l'identité de son mystérieux
donateur. Il avait eu beau interroger son entourage, nul n'avait
revendiqué être à l'origine d'un tel
cadeau.
Harry avait fini par renoncer.
L'année
suivante, ç'avaient été des bottes hautes à
genouillères de Quidditch ainsi que des lunettes de protection
en cas de fortes intempéries qui lui avaient été
livrées ; à nouveau ce qui se faisait de mieux sur
le marché, à nouveau accompagnées d'un bon
pour le renouvellement du matériel en cas d'évolution
au fil du temps.
Harry ne jouait plus guère au Quidditch ;
il n'enfourchait même plus tellement son balai pour le simple
plaisir, pour tout dire. Il avait changé depuis sa sixième
année à Poudlard, et malgré sa victoire contre
Voldemort dans celle qui avait suivi, il n'était jamais
parvenu à retrouver l'insouciance qui l'avait caractérisé
auparavant. Il n'y avait pas particulièrement été
aidé, il fallait le reconnaître. Il ne pouvait faire le
moindre pas sans en avertir le Ministère, se sentait
constamment surveillé et était tenu de consulter
l'équivalent d'un psychiatre pour sorcier une fois par
semaine. Cela le rendait méfiant, même envers ses plus
proches amis. Hermione, par exemple, travaillait au Ministère
et Harry ne pouvait la voir sans se demander si elle devrait envoyer
un rapport sur lui à la fin de la journée.
La
troisième année, Souafle, Cognards et battes de
Quidditch avaient constitué son cadeau d'anniversaire
anonyme. Ça n'avait pas exactement été ce
qu'Harry avait pensé recevoir, au vu du poste qu'il avait
jadis occupé, mais le fait de s'être attendu à
recevoir quelque chose l'avait troublé. Comme les deux
années précédentes, il s'était efforcé
de découvrir l'identité de son admirateur secret
(comme l'appelait Ron d'un air goguenard), mais il y avait mis
moins de pugnacité. Savoir « qui »
devenait de plus en plus secondaire, seule comptait la petite lueur
qui s'allumait en lui à chaque présent et
l'anticipation ressentie à l'approche de son anniversaire.
La question de savoir si l'intention, plus que le cadeau lui-même,
serait ou non au rendez-vous devenait progressivement la seule qui
importait véritablement.
Les gens avaient peur de lui. La
plupart n'essayaient même pas de le cacher ; les autres
le faisaient mal. Objectivement, Harry pouvait comprendre : lors
du dernier sort, reliés par leurs baguettes jumelles, il avait
absorbé la puissance de Voldemort. Leurs essences magiques ne
s'étaient pas contentées de s'additionner, elles
s'étaient multipliées. Beaucoup murmuraient qu'en
les débarrassant d'un monstre il en était devenu un
lui-même, pire encore que le premier. Fini, l'admiration
quasi fanatique qu'il avait jadis rencontrée partout où
l'on voyait la cicatrice en forme d'éclair sur son front ;
à présent il ne restait que la crainte de le voir à
son tour basculer, mais sans laisser derrière lui un enfant
sur qui convergeraient tous les espoirs.
La
quatrième année, des gants d'attrapeur lui étaient
parvenus. Harry avait souri, les avait enfilés, appréciant
le contact du cuir brun sur sa peau et combien ils semblaient avoir
été faits sur mesure, et n'avait fait aucun
commentaire.
Sa psychiatre lui avait dit qu'il faisait des
progrès (il ne voyait pas en quoi au juste) et avait
proposé de réduire leurs séances à une
toutes les deux semaines. Il n'y avait pas vu d'objection.
Il
n'avait pas vraiment de travail, avait seulement ce qui servait
d'excuse pour un emploi en tant que consultant au Ministère.
De ce fait, il devait de temps à autre assister à des
réunions entre sorciers et Moldus, auxquelles il s'efforçait
d'apporter son aide, ses connaissances sur les deux « façons
de vivre ». On ne pouvait plus parler de « mondes »
depuis l'ouverture des passages et l'exposition de la magie au
grand jour suite aux agissements de Voldemort peu avant sa fin. Les
Moldus s'adaptaient comme ils le pouvaient mais le Ministère
avait plus de travail que jamais. Harry, bien entendu, n'était
appelé qu'en cas extrêmes ; après tout, il
représentait à la fois le héros et la synthèse
de ce que les Moldus craignaient chez les sorciers, car si, tant
qu'il restait en vie, il garantissait qu'aucun autre Voldemort ne
surviendrait, qui pouvait protéger le monde d'Harry ?
Sa psychiatre lui disait de ne pas penser de cette façon mais
Harry doutait que quelqu'un pût réellement comprendre
son envie, parfois, de voir disparaître la magie de sa vie.
Comme lorsqu'il avait dix ans, les Dursley et le placard sous les
escaliers en moins. Puis Harry s'arrêtait, revenait sur cette
dernière pensée et secouait la tête. À
quoi songeait-il ? Souhaitait-il vraiment voir disparaître
tout ce qui s'était passé depuis, voir disparaître
tous ceux qu'il avait rencontrés, aimés comme haïs ?
Bien sûr que non, ce serait renier trop de choses, trop de
parts de qui il était, de ce qui l'avait poussé à
combattre Voldemort. S'il prenait un peu de recul, la plupart de
ses amis, les plus importants, avaient survécu. De façon
surprenante, sa relation avec sa tante Pétunia, cette femme
qui continuait de jalouser sa sœur, même si longtemps après
la mort de celle-ci, cette femme qui en avait toujours su bien plus
qu'elle ne le prétendait et qui ne cessait de le surprendre,
s'était grandement améliorée, lui donnait
enfin l'impression d'avoir une famille. Certes pas la famille
idéale, non, certainement pas celle qu'il aurait pu avoir
avec ses parents si les choses avaient été différentes,
mais tout de même… Une famille.
Il était peut-être
craint pour ce qu'il était devenu, ou pouvait devenir, mais
pour les personnes qui comptaient véritablement il restait,
était toujours resté avant tout Harry. Peut-être
devait-il apprendre à ce que ce soit suffisant.
La
dernière année, il reçut une petite boîte
ouvragée. Harry ne se souvenait pas avoir jamais été
aussi excité à l'idée d'ouvrir un paquet ;
et pourtant, il savait déjà ce qu'il contenait :
il ne manquait plus qu'un élément à sa
panoplie. Il voulait le voir, cependant, avec une trépidation
qui le surprenait lui-même. Il actionna le fermoir, et, le cœur
battant, souleva lentement le couvercle. Mais au lieu du Vif d'Or
tant attendu, il y avait un simple message manuscrit. Les lettres
étaient petites, l'écriture, fine, inclinée,
acérée.
« Viens
donc me le reprendre. »
Harry eut
un sourire de défi, referma d'un geste sec la boîte
mais garda le mot à la main. Il revêtit sa tenue de
Quidditch, glissa le message sous ses vêtements, attrapa son
balai et s'envola par la fenêtre.
Il ne
s'était pas senti aussi vivant depuis longtemps.
Fin.
