Bonjour à toutes et tous !

Cette histoire est la suite directe de Seul le Chaos est Infini, et sa lecture est nécessaire à la bonne compréhension de l'histoire.

Contrairement à Seul le Chaos est Infini, Les Prochaines Emmerdes sont toujours en cours d'écriture. J'ai quelques chapitres d'avance (c'est-à-dire deux et ils sont toujours susceptibles d'être modifiés), mais ne vous attendez pas à un rythme soutenu de parution. D'autant qu'à la rentrée de Septembre, je reprends mes études, et j'aurai donc moins de temps pour l'écriture.

Mais quand c'est plus long à venir, c'est meilleur non ?

Sans plus attendre, voici le premier chapitre de cette suite !


Les Prochaines Emmerdes

Chapitre 1 : Bruce Banner

24 août 2015 – New-York, Manhattan, penthouse de la Tour Stark :

Le grand hall de la Tour Stark avait été aménagé pour accueillir une estrade sonorisée et filmée, et des sièges pour les journalistes. Sur l'estrade, il y avait des fauteuils et un canapé, disposés en demi-cercle ouvert vers le public, ainsi qu'une petite table basse avec des bouteilles d'eau minérale et des verres ronds à fond épais. Un grand nombre de journalistes étaient présents, ainsi que de nombreux curieux, car le centre commercial n'était pas fermé, et des new-yorkais venaient y faire leur shopping de rentrée.

Le brouhaha baissa d'un cran quand les Avengers presque au complet montèrent sur la petite estrade. Il y eut des applaudissements.

Tony fut le premier à s'asseoir sur le canapé avec un soupir de soulagement. Il avait encore du mal à rester debout trop longtemps. Loki, sous sa forme féminine prit place à côté de lui, tenant sa main valide en croisant leurs doigts. Avec eux se trouvaient Steve et Natasha, les deux derniers membres des Avengers originaux. Les Maximoff étaient présents également. Pietro était tellement fier de faire partie des Avengers désormais, grâce à ses progrès durant sa rééducation. Vision flottait derrière eux, toujours aussi étrange. Il y avait également, Bucky Barnes, même si sa situation n'était pas encore très claire légalement (mais le SHIELD y travaillait). Wilson était assis en bout du demi-cercle.

Rhodey était à côté de l'estrade. Il n'était pas un Avenger, mais sa présence était très importante pour Tony, c'est pourquoi il se trouvait là.

Bruce n'avait pas souhaité être présent et regardait la conférence de presse grâce aux caméras et FRIDAY.

Natasha lui battait froid, sévèrement, et l'homme se sentait désolé et triste en permanence. Plutôt pathétique. Il savait qu'il avait déçu beaucoup de gens en disparaissant après la bataille contre Ultron. Mais il n'avait pas eu le courage d'affronter le reste du monde et sa propre culpabilité. Un semblant de pardon lui avait été donné après la bataille contre Thanos, mais tout le monde ne semblait pas d'accord sur le degré de pardon à lui accorder.

Pour Natasha, c'était le minimum syndical. Merci d'être venu défoncer ce vaisseau alien, et, attends, je t'en dois une et PAF ! Le nez en sang.

Pour Steve, c'était l'extrême inverse. Bon retour parmi nous. Sympa d'être venu en renfort.

Le reste des Avengers, soit ne se prononçait pas, comme Vision, ou Barnes, soit oscillait entre les deux pôles. Tony par exemple était très proche de la position de Steve. Mais il y avait ces non-dits, ces déceptions qui grevaient leur amitié. Elle n'en était pas moins sincère qu'avant, elle était un peu assombrie.

Bruce augmenta le son de la télévision quand il vit Tony se saisir d'un micro.

Son ami avait la main droite gantée, pour cacher les cicatrices de brûlures qui la recouvraient presque entièrement, et pour dissimuler la forme étrange qu'avaient pris ses doigts. Son bras était maintenu contre son corps grâce à une écharpe d'épaule médicale noire et bleue. Il portait l'écharpe quand il savait qu'il n'allait pas pouvoir tenir son bras très longtemps ou quand il y avait des risques de chocs, même minimes.

Tony salua la foule de journalistes, et les enfants de Loki, qui jouaient ou lisaient derrière Bruce, vinrent s'asseoir avec lui pour regarder la conférence de presse.

Pepper avait quasiment chorégraphié cette conférence. Tony n'avait qu'à suivre le plan, et il avait juré à Pepper, à Coulson et à Loki qu'il ne s'en écarterait pas. La première partie consistait à expliquer le rôle de Loki pendant les deux guerres inter-espèces qu'avait connu la Terre jusqu'ici. Ensuite de révéler que Lorie et Loki ne formaient qu'une seule et unique personne.

La réaction des journalistes et des badauds ne se fit pas attendre. Les journalistes se mirent à poser des questions tous en même temps, hurlant pour mieux se faire entendre, alors que la foule avait divers réactions, allant de l'applaudissement, aux huées, en passant par l'incrédulité la plus totale. Les Avengers attendirent patiemment que le calme revienne, et cette fois, ce fut Steve qui prit le micro, afin d'appuyer les paroles de Tony et assurer que le gouvernement américain traitait directement avec Asgard à propos de Loki, et que les Avengers lui faisaient entièrement confiance. Loki, sous sa forme masculine à présent, avait pris un air humble qui ne lui allait pas du tout, et qui, du point de vue de Bruce, était hilarant.

« Pourquoi les humains n'aiment pas Faði ? Demanda Fenrir.

- Parce que votre père a été obligé de faire des choses très méchantes ici, sur Terre. Beaucoup de monde a souffert, et les gens ont du mal à pardonner, tenta d'expliquer Bruce. »

Comment expliquer à un enfant que son parent a vécu tellement d'horreurs qu'il n'avait trouvé d'échappatoire que dans la mort ou le meurtre ?

« Faði ne vous a pas expliqué ? Essaya de feinter Bruce pour ne pas à avoir à approfondir.

- Si, répondit Fenrir, mais… j'ai pas tout compris. »

Comment lui en vouloir ? Et comment en vouloir à Loki de ne pas réussir à expliquer les drames qui étaient à la base de sa vie ? Bruce soupira et recentra son attention sur la télévision.

A présent, ils en étaient à la partie où Tony devait raconter son calvaire aux mains des Dix Anneaux, et du Mandarin. Il ne s'y attarda pas, sa voix se brisant de nombreuses fois, apportant exactement ce que Pepper avait voulu : l'empathie de la salle. Avec un sourire tremblotant et si vrai que c'en était troublant, il expliqua que Loki lui avait sauvé la vie en le retrouvant et en l'amenant se faire soigner à Asgard.

Thor et Loki avaient insisté auprès de Pepper et Coulson pour que les pommes et le changement de Tony soient gardés secrets. Mais le mariage devait être annoncé très bientôt.

« Vous avez compris que ma compagne depuis quelques mois était Loki Odinson, Prince d'Asgard. Eh, bien, la dernière info de cette conf', c'est que nous allons nous marier. »

Mic' drop. Presque. Mais imaginer Tony lâcher le micro en mode gangsta rappeur fit rire Bruce tout seul. Ce mariage était à la fois une surprise et une mauvaise idée. Mais ce qui était réellement étonnant était que Tony s'était fait très vite à cette idée. Si vite que c'en était inquiétant, et Bruce se demandait chaque jour quand allait arriver ce qu'il appelait dans sa tête la Crise.

A la télévision, Tony avait laissé le micro à Loki qui répondait aimablement aux journalistes. Il fut question de la présence de ses enfants dans la tour, mais Bruce n'écoutait plus que d'une oreille. Il regardait son ami pâlir progressivement, signe que son énergie s'échappait de son être à toute vitesse. Loki s'en rendit compte car quelques minutes plus tard, il mettait fin à la conférence pour eux deux. Mais à peine debout Tony fut pris d'une quinte de toux atroce, et il fut évacué par les agents du SHIELD présents en coulisses. Quelques minutes plus tard, Loki et lui arrivaient par l'ascenseur privé du milliardaire. Tony avait arrêté de tousser mais se tenait fermement à son compagnon, qui le soutenait d'une main vigoureuse.

Le génie s'affala dans son fauteuil avec un soupir de soulagement. Loki avait les lèvres pincées d'inquiétude et de contrariété.

« Nous allons retourner sur Asgard, dit-il. Pour que tu ais accès aux meilleurs soins et directement aux Pommes d'Iðunn.

- C'est juste la fatigue Lo', dit Tony d'une voix exténuée. Ces derniers jours de préparatifs ont un peu élimé mes forces. Sans parler du psy. Mais ça va. Franchement, ça va. Ne t'inquiète pas. Viens-là. S'il te plaît. »

Bruce détourna le regard pour ne pas observer Loki et Tony s'embrasser. Il n'était pas contre cette relation, mais c'était encore très étrange pour lui, et il n'avait pas envie de se faire l'effet d'un voyeur.

Par contre, les enfants, et Fenrir en tête, ne leur laissèrent aucun répit.

« Faði ! On peut jouer à la console ?

- Non, minn úlfr. Tu sais très bien que ce n'est pas l'heure.

- Mais Faði !

- C'est non Fen', répondit Loki avec sévérité. A la place, tu peux aller jouer sur le toit si tu veux te dépenser. Ou sur ton trampoline. Mais nous ne sortirons pas aujourd'hui.

- Je peux les emmener à Central Park, si tu veux, se proposa Bruce. Reposez-vous tous les deux, pendant que je m'occupe des enfants.

- Je…, hésita Loki. »

Son regard s'affola brièvement. Bruce savait que son thérapeute du SHIELD lui donnait des conseils en parentalité, et si désormais Loki n'avait plus peur de mettre quelques limites fermes à ses adolescents, il avait encore très peur de les voir disparaître.

« J'aurai mon téléphone, dit Bruce. Et nous n'y resterons qu'une heure, si tu ne veux pas plus. Mais se dégourdir les jambes leur fera du bien, j'en suis sûr.

- Oui ! S'exclama Fenrir en se mettant à bondir partout comme monté dur un ressort. Dis oui Faði !

- D'accord. Mais vous mettez vos lunettes de soleil, et des casquettes. Et vous obéissez à Bruce. Et vous ne vous éloignez pas de lui. Et vous ne parlez pas aux inconnus.

- Ça ira Loki, sourit Bruce. Ils seront sages. N'est-ce pas ? »

Les trois garçons hochèrent la tête avec sérieux, puis se précipitèrent dans l'ascenseur.

Quelques minutes plus tard – New-York, Manhattan, Central Park :

Bruce n'avait pas eu une mauvaise idée. C'est ce qu'il se dit en voyant Fenrir gambader dans l'herbe et essayer de monter aux arbres. Sleipnir tentait de le convaincre de bien se tenir, mais sans succès. Quant à Jörmungand, il regardait attentivement chaque fleur qu'il voyait, lisant les écriteaux plantés dans les parterres, les sourcils froncés, concentré. Ils trouvèrent un endroit peu fréquenté, et Bruce s'assit sur un banc tout en gardant un œil sur les garçons. Quelques mètres plus loin, il y avait des jeux pour enfants, où quelques bambins s'ébattaient. Les garçons de Loki étaient peut-être un peu vieux pour ce genre de structure, mais cela ne les dérangea pas une seule seconde.

Ces dernières semaines n'avaient pas été tendres pour ces gamins. La disparition de Tony, puis le départ de leur père qui avait brutalement perdu la raison, puis la venue sur Asgard… C'était peut-être un peu trop pour ces adolescents qui en avaient déjà vu des vertes et des pas mûres. Ils avaient été adorables, ne causant aucun ennui à personne, mais maintenant, il leur fallait s'exprimer.

Et pour ça, il fallait d'abord les éloigner de leur père. Loki n'était pas un mauvais père. Pas du tout. Il était attentif, patient et compréhensif. Mais il était aussi étouffant, ou en tout cas, ses angoisses l'étaient. Il reportait ses peurs d'abandon sur ses enfants, et si la thérapie lui faisait du bien, ce n'était pas magique. Les peurs irrationnelles ne s'effaçaient pas en quelques séances dans un cabinet à 120 dollars la consultation.

S'il allait plus loin dans ses réflexions, Bruce se disait que les garçons pouvaient très bien aller à l'école, ici, sur Terre. Dans un de ses instituts incroyablement chers, pour enfants surdoués, peut-être ? Il n'en avait pas encore parlé à Loki, mais il doutait que le Dieu du Chaos saute de joie à l'idée. Rien que de les voir partir une heure au parc le mettait dans tous ses états.

Mais cela donnait aussi un peu de temps pour le couple, juste à deux. Bruce savait malheureusement pertinemment que ces deux-là ne savaient pas se tenir quand ils étaient seuls, ou croyaient l'être, et la faute n'était pas à mettre seulement sur Tony. Sans entrer dans les détails, Bruce était tombé une fois sur eux dans l'atelier du milliardaire (heureusement, ils avaient encore des vêtements à certains endroits stratégiques, mais Bruce pariait qu'ils n'étaient pas resté en place plus longtemps). Le scientifique avait brusquement fait demi-tour et ordonné à FRIDAY de le prévenir s'il s'apprêtait à tomber sur eux dans une position équivoque.

Bruce secoua doucement la tête pour faire sortir les images de son esprit. Il doutait cependant que le couple fasse quoi que ce soit de licencieux pendant ce temps, Tony était vraiment épuisé. Les pommes faisaient un travail de reconstruction des tissus extraordinaire, mais les lésions sur ses poumons le faisaient encore souffrir parfois. Sans parler de sa main. Tout comme la plaque cachant le trou causé par le réacteur arc, Tony ne parlait pas de sa main handicapée. Il parlait des prothèses, de ses recherches mais ne disait jamais que c'était pour sa main.

Cela peinait Bruce bien plus que ce qu'il montrait. Il voulait parfois en parler avec Loki, mais n'osait pas vraiment imposer une nouvelle source d'angoisse au Dieu instable. Il espérait simplement que le thérapeute de Stark allait aborder ce sujet un jour ou l'autre.

Bruce avait la chance d'être inconnu du grand public. Son alter égo était très impressionnant et un peu inoubliable, mais lui, Bruce Banner, n'avait jamais accepté d'être associé au Hulk dans les médias. C'était déjà dur pour lui d'admettre qu'il était le Hulk, alors le dire à la planète était hors de question.

C'était pour cela qu'il était le seul Avenger à pouvoir sortir sans escorte, sans peur des paparazzi. Qu'est-ce que ces personnes iraient photographier un docteur en physique qui se promène dans un parc ? La seule once de célébrité qu'il pourrait avoir, serait d'avoir été vu au côté de Tony Stark une fois ou deux. Ce qui était très anecdotique, Tony côtoyait un grand nombre de scientifiques.

C'était donc avec lui que les enfants de Loki seraient le plus tranquille, il le savait, et c'était pourquoi il lui était arrivé quelques fois de proposer de sortir avec eux, sans leur père, afin de le décharger un peu.

Bruce se trouva un banc, et s'assit, pour surveiller du coin de l'œil les trois garçons. Fenrir et Jörmungand escaladaient les jeux mis à disposition des enfants, sous le regard un peu ahuri des parents présents, qui ne comprenaient pas que de si grands garçons, des adolescents, peut-être lycéens, puissent encore s'amuser sur des structures pour jeunes enfants. Sleipnir restait un peu à l'écart, et après un instant d'hésitation, il s'assit à côté de Bruce.

« Tu ne vas pas t'amuser avec eux ? Demanda le scientifique.

- Non, je suis trop grand pour ce genre de jeux. Ça n'est clairement pas fait pour quelqu'un de ma taille. »

Des trois fils de Loki, il était celui qui était le plus mature. Peut-être même un peu trop.

« Tu n'as pas à les surveiller tu sais, dit Bruce à l'adolescent.

- Je sais, Faði le dit tout le temps. Mais… Je veux être sûr que plus rien ne leur arrive. Quand ils ont été exilés, j'avais même pas un siècle.

- Je ne sais pas ce que cela représente, avoua Bruce.

- C'est, euh… quand on est plus vraiment un bébé. Enfin, moi j'étais un poulain, pas un bébé, mais tu as compris l'idée. C'est mon premier souvenir. Faði qui vient dans mon boxe, avec Hela, et qui dit que Fen' et Jör' ne viendront plus jamais. Il avait à peu près l'âge qu'ont Fenrir et Jörmungand maintenant. Il venait tous les jours me voir à l'écurie, et pour pleurer sans que personne ne le dérange aussi je crois. Et puis quelques décennies plus tard, il n'est plus venu. J'étais pas beaucoup plus vieux, mais suffisamment pour comprendre que quelque chose s'était passé. J'ai longtemps cru que j'avais fait quelque chose. Que c'était ma faute. Et j'en ai voulu à Faði aussi. J'ai commencé à être agressif avec les lads, parce que plus personne ne me parlait comme lui le faisait. J'ai fini dans un boxe à l'écart, avec une muselière. Alors maintenant, j'ai besoin d'avoir un œil sur eux. Au cas où on me les enlèverait encore. Pouvoir les défendre. C'est stupide, je sais.

- Ce n'est pas stupide, répondit Bruce la voix un peu enrouée par l'émotion. Ce n'est pas stupide du tout. Tu as souffert, et tu veux tout faire pour ne pas souffrir encore. Tu veux les protéger de cette souffrance également. C'est tout à fait compréhensible. »

Les histoires de ces enfants étaient poignantes, et Bruce, comme les autres autour de la petite famille, y était sensible.

« Tu as déjà pensé à faire comme ton père et Tony ? Aller voir un psychologue pour parler de ça ? De ce que tu as vécu, de tes peurs ?

- Non, je n'en ai pas besoin. Et puis, ça angoisserait trop Faði. Il a tendance à penser que si quelque chose ne va pas, c'est forcément de sa faute.

- Sleipnir, soupira le scientifique. Tu n'as pas à protéger ton père. Ce n'est pas ton rôle non plus.

- Je ne suis pas d'accord, le contredit Sleipnir. Faði va bien plus mal qu'il ne le laisse voir. Je ne veux pas lui ajouter mes propres soucis sur les épaules.

- Tu ne le fais pas, d'accord ? Si tu rencontres un psy, c'est justement pour te décharger et décharger ton père, ton entourage.

- J'y penserai Bruce, c'est gentil de t'inquiéter, dit Sleipnir.

- Tu ne le feras pas, hein ? Fit Bruce désabusé.

- Pas dans l'immédiat, avoua Sleipnir avec une petite moue désolée.

- Ça n'est pas grave. Le but n'est pas de te forcer. Le but est de trouver un moyen pour que tu ailles mieux. »

L'adulte sourit à l'adolescent, se voulant rassurant, même s'il savait que ce serait vain. Sleipnir reporta son attention sur ses frères qui escaladaient la cage à écureuil géante. Fenrir riaient aux éclats dès que possible, et Jörmungand souriait largement lui aussi. Rien ne les différenciait des autres enfants. Ils étaient insouciants et heureux, comme ils auraient toujours dû l'être.

Une heure plus tard – New-York, Manhattan, Penthouse de la tour Stark :

Ils rentrèrent à la tour, après avoir mangé des churros, achetés à un petit stand dans Central Park.

« Bon retour Bruce, les garçons, les salua FRIDAY quand il montèrent dans l'ascenseur privé qui les menait aux anciens étages des Avengers.

- Merci FRIDAY, répondit Bruce poliment. Que font Tony et Loki ?

- Tony est couché, il dort. Loki lit dans le salon. »

Quand la petite troupe entra dans le-dit salon, Loki cacha très mal son soulagement de revoir ses enfants. Bruce put apercevoir qu'il avait son téléphone à portée de main, et devinait aisément que le Dieu du Chaos se retenait de l'appeler pour savoir si tout allait bien. Fenrir se mit à jacqueter, racontant ce qu'ils avaient fait ensemble, et Loki écoutait attentivement avec un sourire doux.

« Merci Bruce, dit-il quand Fenrir n'eût plus rien à relater.

- C'est rien Loki, vraiment. C'est même un plaisir. Je les apprécie tes gosses. »

Les gosses en question étaient repartis à des activités, Jörmungand forçant plus ou moins Fenrir à jouer à un jeu de société, chapeauté par Sleipnir, garant des règles du jeu.

« Comment va Tony ? Demanda-t-il. FRIDAY m'a dit qu'il dormait.

- Il a passé une mauvaise nuit, il était très fatigué pour la conférence. Ca a fini de l'épuiser.

- Mais il va mieux, n'est-ce pas ?

- Oh oui. Physiquement, il va beaucoup mieux. Il arrive à marcher seul la plupart du temps, il respire beaucoup mieux. Mais ça n'est pas assez, de son point de vue. Il fait attention devant tout le monde, et devant les enfants, mais il a des crises de rage. Il a détruit son atelier deux ou trois fois. J'ai dû intervenir plusieurs fois, pour qu'il ne se fasse pas mal, et… disons qu'il n'a pas été tendre à ce moment-là.

- Rassure-moi. Il n'est pas violent, avec toi ? S'inquiéta Bruce.

- Non, non ! Il ne… il n'a jamais tenté quoi que ce soit de ce genre. Il crie. Il insulte toutes les personnes présentes, c'est-à-dire moi. Il s'en prend physiquement aux objets. Si un jour c'était le cas, qu'il s'en prenne physiquement à moi, je ne me laisserai pas faire. Je suis patient, mais ma patience à des limites.

- Que ferais-tu si c'était le cas ? S'il s'en prenait à toi ?

- Je partirai je pense. Quelques temps, chez ma fille, le temps pour lui qu'il se rende compte de ses actes, qu'il fasse le point seul. J'espère que nous n'en arriverons pas là. »

Bruce habitait à nouveau dans la tour Stark depuis la bataille de Hong-Kong. Il avait réinvesti le laboratoire que lui avait fourni Tony quelques temps auparavant, et avait repris ses recherches sur le rayonnement Gamma. Il espérait toujours trouver un moyen de se guérir, même si ses espoirs étaient continuellement déçus. Loki avait promis de chercher de son côté, et Bruce lui en était très reconnaissant, mais pour le moment, il n'avait trouvé rien de probant. Le scientifique aurait aimé s'entretenir avec le Docteur Strange, mais celui-ci avait tout bonnement disparu quand Odin lui avait rendu la Gemme dont il avait la garde.

En fait, Bruce se sentait un peu misérable depuis qu'il avait fuit à la fin de la bataille en Sokovie. D'une part parce que pour la première fois depuis l'incident qui l'avait transformé, quand le Hulk avait pris la décision de partir, il avait été en symbiose avec son alter-ego. Pas qu'il accepte en aucune façon sa transformation, mais depuis quelques temps, il lui était de plus en plus dur de redevenir lui-même après une transformation, et il arrivait à mieux comprendre et influencer le Hulk.

Accepter le Hulk n'avait jamais été une éventualité pour lui. Et pourtant, depuis quelques temps, les rares fois où il s'était transformé, il avait fait les choses bien. Il avait sauvé des amis, des vies, voire même une situation en s'attaquant au vaisseau de Thanos. Il parvenait à choisir quand se transformer la plupart du temps désormais. La culpabilité, qui le rongeait un peu plus à chaque nouvelles destructions, se faisait moins vivace. Moins cruelle. Plus sourde aussi, comme un boulet qu'on traîne derrière soi. Ce qui la rendait paradoxalement plus présente.

Cela ne l'absolvait pas de ses crimes précédents, néanmoins. Rio de Janeiro, Harlem, Johannesburg, à chaque transformation il causait des dommages, et faisait des victimes. Des vies humaines. Il en était très conscient, et tenait un compte plus ou moins exact des morts par sa faute.

Pourtant, il avait cru tenir une piste avec Extremis, mis au point par AIM. Cul-de-sac. Il avait essayé de chercher la solution dans le sang de Steve. Encore une impasse. Les dossiers du SHIELD et d'HYDRA sur Internet ? Même en vivant deux vies il ne pourrait pas tout éplucher. Mais il avait essayé, et toujours rien. C'était extrêmement frustrant.

Quelques uns avaient essayé de lui dire qu'il serait plus simple pour lui d'abandonner, d'accepter le Hulk comme une part de lui. Tony en tête, expliquant que le Hulk lui avait sauvé la vie, et le faisait à chaque fois qu'il était en danger, mais pour Bruce, l'acceptation était beaucoup trop synonyme d'échec. Une déception trop grande. Voilà pourquoi il avait repris ses recherches sur le rayonnement Gamma. Peut-être qu'en approfondissant ses connaissances sur le sujet, il allait réussir à comprendre comment la transformation avait pu être possible en premier lieu, et alors être capable de l'inverser.

Tony était extrêmement généreux. Son laboratoire avait un budget de plusieurs millions par an, et il lui suffisait de demander gentiment au milliardaire pour qu'il lui accorde quelques rallonges budgétaires. Bruce ne travaillait pas seul. Enfin, si, il était seul dans son laboratoire, pour être dans un environnement calme qu'il pouvait contrôler, mais il était en relation avec beaucoup d'autres scientifiques à travers le monde, et à visage découvert. Ce qui n'avait pas toujours été le cas dans sa carrière.

Il ouvrit le frigo contenant ses échantillons, et se mit au travail. Mais son esprit n'était pas concentré. Il repensait constamment à Tony, Loki et ses garçons, à la situation politique mondiale, loin d'être optimale, au fait que le nouveau SHIELD, beaucoup trop petit, ne pesait pas bien lourd dans la balance. La conférence de presse du matin même avait été une sorte de coup de poker stratégique.

Malgré les tentatives de Coulson de détourner l'attention des États de l'ONU des surhumains, les discussions autour d'accords internationaux n'avaient pas été interrompues. La conférence de presse, du point de vue du SHIELD, était aussi une manière d'essayer de mettre l'opinion publique du côté des surhumains, en montrant qu'ils pouvaient changer, qu'ils se mettaient délibérément en danger pour le bien commun, et que malgré leurs erreurs, ils restaient des personnes comme les autres.

C'était une stratégie à double tranchant, car depuis l'apparition d'Iron Man, les super-héros étaient souvent considérés comme inaccessibles, et donc privilégiés. Pour beaucoup, la blessure de Tony, et les tentatives de l'ONU de réduire leur pouvoir d'action, était un juste retour de bâton. Un peu violent mais mérité. Il était difficile d'expliquer aux gens la genèse de leur groupe et le bien fondé de leur action, surtout quand on leur opposait les exemples des destructions de Harlem par le Hulk, la résurgence d'HYDRA au sein même du SHIELD qui avait à l'époque un pouvoir inimaginable sur l'échiquier mondial, ou la création d'Ultron par Tony Stark lui-même. Et le cas du Winter Soldier n'avait même pas été encore évoqué en profondeur dans les médias.

C'était un capharnaüm sans nom. Aux États-Unis, aucun politique n'avait le même avis que l'autre. Les États se tiraient dans les pattes. D'un côté, un grand nombre de dirigeants réclamaient plus de contrôle sur ces humains hors du commun. De l'autre, de nombreuses associations et ONG hurlaient que c'était la porte ouverte à moins de droits pour tous.

Bruce aurait aimé en parler avec Fury ou Coulson. Mais ceux-ci étaient constamment occupés. Alors il se contentait d'en parler avec Steve, qui malgré sa place au milieu de l'action grâce au SHIELD, n'arrivait pas toujours à comprendre les tenants et aboutissants des rivalités internationales. Et c'était compréhensible. La plupart des gens, qui étaient allés à l'école, et qui avait un peu de notion de géopolitique, ne comprenait pas non plus le pourquoi du comment des conflits autour du globe. Alors un homme coincé soixante-dix ans dans la glace ? Et ce n'était pas en quelques années qu'il avait pu rattraper son colossal retard.

Alors oui, le point de vue de Steve n'était pas toujours très éclairé, et sa relation avec Barnes ne le rendait pas non plus objectif. Mais c'était lui ou Natasha, et l'ex-espionne du SHIELD n'était pas prête à lui reparler normalement. Bruce n'avait pas assez d'affinités avec les autres pour les contacter de lui-même. Wilson, Rhodes (pas encore un Avenger, mais dès la fin de son contrat avec l'armée, il avait promis d'en être), les jumeaux Maximoff ou même Vision. Vision était vraiment un cas à part. S'exprimant avant tout par chiffres, il prenait une décision, pas en fonction de valeurs morales ou en ayant pesé le pour et le contre, mais bien en ayant établi des statistiques de chances de réussite ou d'échec. C'était très déconcertant, et cela empêchait tout débat de quelque nature qu'il soit.

« FRIDAY ? Peux-tu me faire une rapide revue des réactions à la conférence de presse ?

- Quels médias voulez-vous privilégier ? Demanda la voix féminine.

- Les plus gros pour le moment, et les réseaux sociaux. »

Quelques instants plus tard, de nouvelles images apparaissaient sur son écran.

La presse écrite était mitigée. Les grands journaux, ceux qu'on dit 'sérieux', discutaient du bien fondé de laisser Loki libre, sans procès sur Terre, et demandaient plus de détails sur ses implications dans les deux tentatives d'invasions de Thanos. Les chaînes d'informations en continue parlaient quant à eux plus volontiers de ce que tout cela signifiait pour les Avengers. Iron Man était-il fini ? Loki allait-il rejoindre l'équipe ?

Quant aux réseaux sociaux et aux médias plus légers, ils évoquaient des détails triviaux comme la liaison de Tony Stark avec un extra-terrestre. Le hashtag #TiensBonTony était apparu quand le milliardaire avait été terrassé par la fatigue, demandant une évacuation. Au moins le public, dans sa grande majorité, ne s'était pas retourné contre eux. Pas encore. Bruce était inquiet à ce propos. Si l'opinion publique se retournait contre les Avengers, c'était tous les surhumains qui allaient en pâtir, et ce serait de leur faute à eux, à cause de leurs trop nombreuses erreurs. Depuis la médiatisation des Avengers, des surhumains étaient sortis de l'anonymat partout sur la planète. Discrètement d'abord, mais n'ayant plus peur de montrer quelques pouvoirs parfois impressionnants. Ils formaient apparemment une contre-société underground depuis un long moment et sortaient du silence pour demander plus de reconnaissances et de droits, s'appuyant sur les réussites des Avengers pour tenter de rassurer la population. Ce qui incluait que la moindre erreur des héros de New-York retomberait sur toute la communauté.

Mais quelles étaient leurs marges de manœuvre ? Difficile à dire. Avec cynisme, Bruce se demanda s'il n'était pas préférable qu'une autre catastrophe ne permette aux Avengers de sauver la situation. Une catastrophe qui serait totalement imputable à quelqu'un d'autre. Quelque chose qui démontre que leur petit groupe de surhumains était bienveillant pour la population, malgré leurs erreurs. Évidemment, Bruce ne le souhaitait pas vraiment, mais il admettait en son for intérieur que ce serait plus facile. Stratégie du choc.

Bruce regrettait déjà ses pensées.


Ce chapitre n'est pas hyper palpitant, mais il faut bien vous remettre dans le bain.

Le chapitre 2 ne devrait pas tarder (comprenez, je ne vais pas le poster dans trois mois), mais je ne sais pas trop quand je vais l'ajouter, il est possible que j'y fasse encore quelques ajustements.

Je suis curieuse de savoir ce que vous avez pensé de cette entrée en matière, et ça tombe bien, le petit cadre blanc en bas, permet de donner son avis et de le partager à l' ! Incroyable !

A la prochaine !