Notes : Bonjour ! Voici la suite directe de ma première histoire, la Berceuse du Chasseur. Le titre est un plagiat honteux du film du même nom, mettant en scène Robert Mitchum. Comme toujours, je n'ai pas de lecteur beta, les erreurs sont miennes. J'ai l'intention de publier un chapitre à tous les trois jours mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je crois cependant pouvoir tenir le rythme. Un peu d'aide : dans l'épisode Faith de la saison 1, Dean s'électrocute en tuant un Raw Head, qui est une version du Croque-mitaine français. C'est ainsi que je l'ai mentionné, mais si on l'appelle autrement dans la version traduite, n'hésitez pas à m'en faire part. Supernatural et ses personnages ne m'appartiennent pas. Je ne fais aucun bénéfice financier avec mes écrits.

Et maintenant, pour l'histoire…

La nuit du chasseur

Par Démone Blanche

Chapitre 1 : Un cadeau

Portland, Maine, le 27 juillet

Victor Norton porte un complet noir avec cravate assortie, un imperméable gris et un chapeau qui rappelle celui de Kevin Costner dans Les Incorruptibles. Il a un visage mince, la cinquantaine, et une expression impénétrable. Il pose sur la table sa mallette en cuir –combinaison à cinq chiffres- et l'ouvre cérémonieusement.

Sam échange un regard avec Bobby qui lève les yeux au ciel et réajuste sa casquette.

-Tout est là, dit Norton en tendant à Sam une épaisse enveloppe de papier kraft. Et… Monsieur Winchester ?

-Oui ?

-Je ne pourrai pas refaire un coup semblable. Vous n'avez pas idée des ficelles que j'ai dû tirer pour obtenir ces documents.

-Merci, Monsieur Norton. Nous ferons attention, dit Sam en tentant d'être aussi solennel que lui.

Norton l'observe un instant en silence, sans montrer d'émotions, puis referme sa valise et se lève, pose son chapeau sur sa tête et touche le rebord en guise de salutation. Sam repousse sa chaise et lui tend la main. Il y a encore ce moment d'hésitation, de silence inconfortable, puis l'homme accepte la grosse main de Sam. Sa peau est sèche et froide.

-S'il devait y avoir le moindre problème, vous n'avez qu'à passer par Monsieur Signer.

-Oui, merci encore.

Le contact de Bobby quitte le restaurant aussi rapidement qu'il y est venu. Sam se rassoit et prend l'enveloppe lourde dans ses mains. Bobby l'observe derrière sa tasse à café à moitié vide.

-Tu ne l'ouvres pas ?

-Je… j'aime mieux attendre Dean.

-Seigneur ! Marmonne Bobby.

-Bobby, je ne pourrai jamais assez te remercier pour ça. C'est…

-La dixième fois que tu le dis, Sam. La ferme un peu. D'ailleurs, c'est mon cadeau pour la p'tite, pas pour ses deux idiots de pères.

-Ouais… Quand même.

L'air exaspéré, le vieux chasseur lance quelques billets sur la table pour payer les cafés et se lève. «Je te laisse au garage ?»

-S'il te plaît.

L'éclat du soleil frappe fort quand ils se retrouvent sur la rue bondée. Le manque de sommeil rend les yeux de Sam particulièrement sensibles à la lumière. Il met ses lunettes noires sur son nez et se plie en deux pour pouvoir entrer dans la voiture de Bobby. Cinq minutes et une conversation sur la recherche infructueuse d'un recueil rare de rituels celtiques plus tard, Bobby se stationne devant le garage et lance à Sam un regard d'avertissement, comme pour mettre fin à toute tentative de remerciements.

-Bon, et bien, vous m'appelez quand vous allez savoir votre date de départ.

-Sûr, Bobby.

-Salue Dean pour moi.

-Okay.

À l'entrée, la réceptionniste dirige Sam vers l'atelier de mécanique. Il s'arrête tout près de la porte et observe Dean un instant, un demi sourire aux lèvres. Son frère est en grande discussion avec un mécanicien devant le capot relevé de l'Impala, semblant montrer une pièce du moteur au jeune homme qui a un sifflement admiratif. La poussette vide est abandonnée à quelques pieds de là. Sue dort au creux du bras de Dean qui oscille d'un pied sur l'autre comme il le fait à chaque fois qu'il console leur fille qui pleure. Le mouvement est presque inconscient et n'empêche pas Dean de se concentrer sur la conversation, comme s'il avait passé sa vie avec un bébé dans les bras.

Classant ce petit moment bien proprement dans sa boîte à souvenirs, Sam s'approche. Les yeux de son frère s'éclairent lorsqu'il l'aperçoit, et il sourit, détournant aussitôt son attention du mécanicien.

-Hé.

-Hé.

-Bobby ?

-Il ne pouvait pas rester.

-Évidemment.

-Le carburateur ?

-Réparé.

Sam se penche et embrasse le front de Sue qui a un petit soupir.

-Tout y est ? Demande Dean à voix basse en désignant l'enveloppe du menton.

-Oui,

-On y va.

Il transfère le bébé dans les bras de Sam qui réussit à l'attacher dans son siège de bébé, puis dans la voiture, sans la réveiller. La poussette est pliée et rangée dans le coffre, juste au-dessus de leur arsenal. Après un instant d'hésitation, il y prend le vieux sac du surplus de l'armée que Dean et lui ont converti en sac à couches et s'installe dans le siège du passager pendant que Dean paie la réparation.

Quelques minutes plus tard, ils sont sur la route, coincé dans la circulation en pleine heure du lunch près du centre ville de Portland. Dean jure et jette un coup d'œil à sa montre.

-On n'arrivera pas à temps, même si la route devenait miraculeusement déserte.

-Combien de minutes avant l'heure H ?

-Vingt.

-Trouvons un restaurant.

-Bonne idée.

Sam regarde nerveusement dans le rétroviseur. Sue est naturellement réglée comme une horloge et boit toutes les quatre heures, de jour comme de nuit (c'est papa qui serait fier, a-t-il commenté. Dean l'a regardé bizarrement ému. Sam l'était aussi.). Dix minutes avant son heure, elle commence à grincer et à pleurer doucement. Au moindre retard, cependant, les pleurs se transforment en sanglots hystériques pleins de colère et de frustration, le joli petit visage rose devient cramoisi et il faut un temps fou pour la calmer lorsqu'elle a commencé : quand le biberon arrive, elle est si emportée qu'il faut plusieurs tentatives avant de lui faire accepter la tétine.

Sam et Dean tentent généralement d'éviter la situation. Même le mouvement de la voiture et le grondement régulier du moteur n'ont pas d'effets sur Sue lorsqu'elle a faim. D'où l'urgence de trouver un endroit décent pour la nourrir.

Heure H moins 11 minutes, et Dean trouve un stationnement dans une rue peu achalandée près d'un petit café. Il prend le sac à couches pendant que Sam détache le siège. Ils n'ont pas besoin de parler pour pourvoir travailler de concert avec un maximum d'efficacité. Comme pendant une chasse. Pendant l'amour. Parfois, Sam se demande si l'un pourrait réellement survivre sans l'autre, s'ils ne sont pas nés incomplets, deux parties de la même âme. C'est un vieux débat philosophique pour lui : l'inné et l'acquis. À quel point peut-on attribuer leur relation à la façon dont ils ont été élevés ? Ou, au contraire, ont-ils réussi à survivre à cette existence parce qu'ils sont ce qu'ils sont, depuis leur naissance ?

Dean tient la porte du restaurant ouverte et laisse Sam entrer avec Sumiko qui braille doucement dans son siège pour bébé. Il grimace en réalisant qu'ils sont dans un petit café qui sert des sandwichs et des salades bios. Sam sourit, va chercher une table tranquille –avec vue sur l'entrée du resto et les alentours- pendant que Dean demande à la serveuse de mettre le biberon à réchauffer dans l'eau chaude, un peu mal à l'aise devant l'expression d'attendrissement qu'il reçoit en retour.

Et Sam, qui pensait ne pas pouvoir aimer davantage, est encore une fois surpris par la force de ses sentiments, comme si son cœur avait doublé de volume depuis la naissance de Sumiko. Dean lui a donné un enfant. Leur fille. Chaque fois qu'il y pense, il doit ravaler le flot d'émotions qui monte dans sa gorge. Comme lorsqu'il s'éveille en pleine nuit pour trouver la chambre vide, parce que son frère fait boire le bébé en bas, silencieusement, pour ne pas le réveiller. Et Sam, qui se glisse au rez-de-chaussée à pas de loup, peut passer des minutes entières à observer Dean dans la pénombre, installé sur le divan, ses jambes arquées étendues sur la table à café, toute son attention dédiée à Sumiko qui tête entre ses bras. Pendant ces moments, particulièrement la nuit, le visage de son frère est doux, ses yeux ensommeillés sont paisibles, et Sam doit se retenir pour ne pas lui sauter dessus et l'embrasser jusqu'à ce qu'il étouffe.

Le sortilège de Hannah MacPherson : une bénédiction. Qui l'eut cru ? Maintenant, trois semaines après l'accouchement, Dean semble avoir réellement retrouvé la santé. Il est encore pâle, a visiblement besoin de reprendre du poids et de faire travailler ses muscles, mais la faiblesse et l'épuisement qui l'ont terrassé quand le sortilège s'est achevé ne sont déjà plus que des souvenirs, et la terreur qu'éprouvait Sam à voir Dean ainsi, aussi mal en point que lors de sa crise cardiaque après la chasse au croque-mitaine, a reculé lentement jusqu'à disparaître.

Sam détache sa fille de son siège et la prend dans ses bras. Il enlève le petit bonnet blanc enfoncé sur sa tête et l'extirpe de sa grenouillère en coton doublé. Il fait chaud dans le restaurant. Dérangée et impatiente, Sue se tortille dans ses bras et crache la suce qu'elle tétait avec vigueur. Ses cheveux blonds se dressent en petites pointes pleines d'électricité statique, le contour de la tétine a dessiné un cercle rouge autour de sa bouche, et Sam ne peut pas s'empêcher de sourire. Comme si elle comprenait qu'on se moquait d'elle, Sumiko ouvre plus grand sa petite bouche en cœur et lâche un sanglot sonore, déchirant, qui attire l'attention des quelques clients dispersés dans le restaurant. «Bon, ça va, ma puce. Papa arrive avec ton lait. Pas besoin de dire à tout le monde que tu as faim, on a compris.» murmure Sam en se penchant vers sa fille pour frotter son nez contre le sien.

Dean arrive en tenant la bouteille triomphalement, un peu à la façon d'Indiana Jones lorsqu'il saisit l'idole au début de Raiders of the Lost Ark. Il s'asseoit rapidement, fouille dans le sac à la recherche d'un petit linge en coton et tend les bras à Sam.

-Donne-la moi.

-Sûr ?

-Je ne voudrais pas te priver du plaisir de pouvoir choisir entre vingt sortes de salades, Francis.

Sam transfère délicatement le bébé dans les bras de Dean qui caresse le palais de sa fille avec la tétine humide de lait jusqu'à ce qu'elle cesse de pleurer et referme les lèvres sur le caoutchouc.

-Mmm… Incapable de supporter d'avoir faim, gloutonne sur les bords, dit Sam en souriant moqueusement. Je me demande de qui elle tient ça.

Dean le regarde un instant, sourcils froncés, puis quelque chose qui ressemble à de la fierté fait briller ses yeux verts.

-Elle sait ce qu'elle veut, c'est tout.

-Hun-hun. Donc, qu'est-ce que tu veux manger ?

Dean fait une moue qui n'est pas sans rappeler celle de Sue, quelques instants auparavant. «Bof. Prend-moi quelque chose avec de la viande… Et pas de pain aux dix milles céréales, s'il te plaît.»

Sam lui fait une grimace et va chercher le repas. Quand il revient, Sue en est déjà à sa pause de mi-biberon, appuyée sur l'épaule de Dean qui frotte et tapote son dos.

-Je mange ou tu manges ? demande Sam en installant le cabaret.

-Non vas-y. Je suis déjà installé.

Après un instant d'hésitation, Sam glisse son assiette de légumineuses au vinaigre balsamique devant lui, l'autre main posée sur l'enveloppe.

-Pourquoi tu ne l'ouvres pas ?

-Je… je sais pas trop. C'est quelque chose d'important, non ? Je pensais qu'on pourrait attendre d'être à la maison, ce soir.

-Seigneur, murmure Dean en levant les yeux au ciel. Ce Norton, il avait l'air de quoi ?

-De quelqu'un qui aurait pu m'effacer la mémoire avec un petit gadget s'il avait voulu.

-Smith ou Jones ?

-Jones. Définitivement. Ajoute un chapeau et un imperméable.

Dean renifle et sourit. «Bobby a dit qu'il était très haut placé.»

-Oh, mais je n'en doute pas. Ce gars-là doit dîner avec le Président de temps en temps. Quel genre de service est-ce que Bobby lui a rendu ?

-Bobby et Rufus. Je ne connais pas les détails, mais je pense que son fils était possédé. Ça fait presque trente ans que c'est arrivé. C'était l'un des premiers jobs de Bobby.

-Ben merde.

Sam mâche pensivement. Il y a quinze jours, quand Bobby Singer les a appelés pour leur dire qu'il avait un cadeau pour Sumiko, Dean s'est carrément étouffé avec son café (Dean Winchester, un modèle de subtilité et de délicatesse). Sam a reprit le téléphone de son frère en lui tapant dans le dos. Il se souvient parfaitement des paroles de Bobby, en tout cas, de celles qui ont suivi la poignée de jurons dédiés à son frère. «C'est juste que… je connais ce gars, et il me doit une faveur. La p'tite… je sais pas trop comment vous allez vous organiser avec elle… légalement, je veux dire, mais je pourrai avoir des papiers officiels, pour elle et pour vous. Et là, je ne parle pas de très bonne contrefaçon. Si ton clown de frère et toi prenez quelques jours pour réfléchir à ce que vous voulez, hein ? Passez-moi un coup de fil à ce moment-là et je verrai ce que je peux faire.»

Un cadeau comme un ultimatum, qui avait forcé Sam et Dean à discuter longuement, à plusieurs reprises, sur ce qu'ils voulaient faire du reste de leur vie.

Tout n'est pas réglé, loin de là, mais la perspective d'un nouveau départ devient dangereusement réelle. Sam en ressent un mélange d'excitation et de terreur, et il est presque certain que pour Dean, la terreur dépasse l'excitation.

-Si tu ne manges pas, autant utiliser tes bras pour quelque chose d'utile, grogne Dean en lui tendant Sumiko.

Rassasiée, la petite fille a les yeux qui roulent dans leurs orbites, les paupières lourdes et la bouche relâchée. «On dirait qu'elle vient de prendre la cuite de sa vie» a fait remarqué Dean une fois en rigolant comme un adolescent. Il a raison. Sam serre sa fille contre lui, respire l'odeur aigre du lait combinée à celle du savon. Son frère attaque son repas avec le même enthousiasme que Sue a mis à prendre son biberon. Une femme passe près d'eux et leur jette un regard attendri. Dean lève les yeux au ciel, l'air mauvais.

-Quoi ? demande Sam ?

-C'est… tu sais… Bizarre, marmonne Dean derrière son sandwich. La façon dont les gens nous regardent.

Sam secoue la tête sans comprendre.

-Avant, on passait pour deux frères… Je veux dire, on est deux frères. Et certaines personnes nous prenaient pour un couple mais bon… c'était… pas la norme quand même.

-Dean je ne te suis pas.

-Et merde, c'est toi qui es allé au collège ! S'impatiente son frère qui rougit légèrement. Ce que je veux dire, c'est que lorsque les gens nous regardent avec Sue, ils assument automatiquement que nous sommes gais. Et mignons. Tu sais ? C'est genre : oh, regarde ce beau petit couple gai avec leur bébé. Et les femmes… les femmes c'est le pire. Je peux presque les entendre roucouler d'attendrissement.

-Mais… Dean. Nous euh… nous sommes un couple gai, avec un bébé, répond Sam tout doucement. Est-ce que… est-ce que tu regrettes ?

-Non ! C'est juste qu'il faut que je m'habitue.

Sam sent l'angoisse lui serrer la gorge. Il se penche vers son frère et chuchote.

-La… la décision qu'on a prise. Tu étais d'accord. C'est ce qu'on va être dorénavant, aux yeux de tout le monde. Pas des frères. Un couple.

-Je sais. Et arrête de me regarder avec ces yeux-là, je pourrais me noyer dedans. Je te l'ai dit, Sam. Il faut juste me donner le temps de m'habituer. C'est seulement notre troisième sortie avec Sue et je…

Dean soupire de frustration et fait un geste vague avec la main. Puis, il baille ostensiblement et repousse son assiette à moitié pleine. «C'était immangeable. On y va ?»

Sam hoche la tête en silence et installe Sue dans son siège avec des gestes précautionneux. Elle ouvre les yeux un instant mais les referme aussitôt.

Sur le chemin du retour, l'atmosphère est lourde dans la voiture. Sam est plongé dans ses réflexions, l'enveloppe serrée contre son cœur. Dean tente d'entamer la conversation à deux reprises, puis abandonne et se concentre sur la route.

Peut-être Sam est-il comme Dean, finalement. Peut-être ressent-il plus de terreur que d'excitation face à ce nouveau départ qui les attend au tournant. Il déteste douter de son frère, être obligé de se faire rassurer constamment, penser qu'il désire peut-être cette nouvelle vie beaucoup plus que Dean. Et si c'est le cas, qu'adviendra-t-il lorsqu'ils seront loin et qu'il sera trop tard pour reculer ?

))))((((

Sam a établi une routine avec Sue le soir. Il a lu que c'était bénéfique pour aider l'enfant à comprendre la différence entre la nuit et le jour. Après le boire de huit heures, il lui donne son bain et lui fait ensuite un massage –un autre conseil suggéré à plusieurs endroits, qui aide le bébé à prendre conscience de son propre corps tout en permettant la proximité avec ses parents. Dean le fait parfois, mais Sam aime se réserver ce moment. C'est peut-être parce qu'il n'a pas porté sa fille, mais il est avide d'établir avec elle un lien aussi fort que celui qui existe entre Dean et elle.

C'est fascinant de voir la façon dont Sue se détend sous ses caresses. Sam ajoute du gel à la camomille dans ses mains et les frotte doucement pour le réchauffer, puis il masse les jambes de sa fille en partant des cuisses jusqu'aux orteils. Les yeux ouverts, parfaitement calme, elle étire ses petits muscles, que ce soit de façon consciente ou non. Sam sourit et continue jusqu'à ce que les premiers signes de fatigues apparaissent dans le visage de Sue. Il lui met sa camisole et son pyjama en fredonnant une berceuse à voix basse. Sam est encore maladroit avec les minuscules boutons qui glissent entre ses doigts et conserve la crainte de faire mal à Sumiko en forçant un bras dans une manche par exemple, mais il doute d'y voir une amélioration. Après tout, ses mains vont demeurer énormes, quoi qu'il fasse, et c'est sa fille qu'il manipule.

Quand Sumi est habille dans son pyjama à motifs d'étoiles qu'elle remplit maintenant parfaitement, Sam l'emmaillote. Confortable, le bébé fronce le nez et baille, lui rappelant Dean encore une fois. Pour autant qu'on puisse en juger chez une enfant si jeune, Sue est une copie presque conforme de Dean (il n'y a pas de façon de comparer. Les rares photos de Dean enfant réchappées de l'incendie datent toutes de l'époque suivant la naissance de Sam. Ce dernier trouve la chose un peu triste, et il soupçonne Dean d'éprouver le même sentiment, comme s'ils avait perdu une partie de sa vie qui ne lui serait jamais rendue, partie en fumée avec le berceau de Sam et… leur mère). Elle a le front, le nez et la bouche de celui qui l'a porté. Ses yeux marines n'ont pas encore de couleur définitive, mais leur forme est aussi celle des yeux de Dean.

Ce constat s'ajoute à la proximité que Dean et Sumiko partagent et dont Sam se sent exclu. Il n'est pas jaloux. Logiquement, et d'après ses lectures, il est normal que le lien entre la mère –Dean, dans ce cas- et l'enfant soit plus fort, au début. Pendant des mois, le bébé se développe à l'intérieur de ce parent, apprend à reconnaître sa voix, la façon dont il bouge, même son odeur, d'après certains textes. La mère –Dean- quant à elle, ressent la présence du bébé intimement, beaucoup plus fortement que le père, avant sa naissance. Sam ne peut rien y faire. S'il avait fait un enfant avec une femme, il trouverait probablement ce phénomène tout naturel et ne se poserait pas de questions. Mais les choses sont différentes entre eux. Sue se calme plus facilement quand elle est dans les bras de Dean, et elle a tendance à tourner la tête immédiatement quand elle entend sa voix. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne fasse la même chose avec Sam, il en est persuadé, mais il ressent le besoin de se réserver des moments seuls avec sa fille pour faciliter la force de leur lien.

Sam n'a jamais aimé personne comme il aime sa fille. C'est différent de ce qu'il ressent pour Dean, non pas plus puissant (ou l'est-ce ?) mais différent, et cet amour si entier et féroce et complexe, il doit apprendre à l'apprivoiser. C'est peut-être la raison pour laquelle la transition se fait plus facilement pour son frère, qui a passé sa vie à aimer et à protéger quelqu'un. Son amour pour Sam a changé, s'est transformé avec le temps, mais le principe reste le même.

Les yeux embués par la fatigue, Sam soulève Sumiko de sur leur lit et la dépose dans son berceau. Elle tète dans le vide, à la recherche de sa suce, et l'attrape aussitôt que son père l'approche de sa bouche. Puis, elle fait l'un de ces petits bruits, mélange entre un soupir et un hoquet, qui indique qu'elle est prête à succomber au sommeil.

Sam vérifie la ligne de sel, ouvre le moniteur pour bébé et sort de la chambre en fermant doucement la porte derrière lui.

Au rez-de-chaussée, Dean termine la vaisselle du souper en buvant une bière. C'est seulement sa troisième depuis la naissance de Sumiko, et Sam doute qu'il retourne à ses vieilles habitudes. Il n'y a pas de whisky dans la maison. Toutes les fois où Dean a bu, il s'est contenté d'une bière le soir, quand il était sûr que Sam était en train de s'occuper de leur fille.

-Elle dort ? demande-t-il en accrochant la serviette humide sous l'évier.

-Oui.

Sam se verse un verre d'eau minérale et s'asseoit à la table, devant l'enveloppe, en attendant que Dean vienne le rejoindre.

-Allez ! Presse-t-il impatiemment, voyant que Sam joue avec l'enveloppe dans ses mains.

Ce dernier soupire et déchire le papier kraft, laissant tomber sur la table différents documents et cartes de toutes les tailles. Dean a un sifflement admiratif.

-Et ben, Bobby ne rigolait pas avec son «contact».

Sam fouille frénétiquement jusqu'à ce qu'il extirpe le papier qu'il cherchait. C'est le certificat de naissance de Sumiko. Il se racle la gorge pour éviter de devenir trop émotif. Sumiko Mary Campbell Winchester, née le 6 juillet, supposément à l'hôpital Mother of Mercy d'Atlanta. Pères: Samuel Winchester et Dean Campbell. Mère: Inconnue.

-Wow, murmure Sam en tendant le certificat à Dean.

Son frère le contemple un instant, les sourcils froncés. «Donc, il y a une preuve écrite, à cet hôpital, que Sumi y est née ?»

-Oui. Dean, ce ne sont pas des faux. Ce sont des papiers légitimes, officiels.

-Mmm… Passeports, permis de conduire… carte d'identité, permis de long séjour… Tout est là, commente Dean en fouillant les documents.

-Dean…

Sam prend une pause, le temps de rassembler ses pensées.

-…Tu sais, il est encore temps de reculer si tu…

-Pourquoi ? Tu veux reculer ?

-Moi ? Non !

-Parce que c'est la deuxième fois que tu en parles.

-Cet après-midi, tu étais clairement mal à l'aise de la façon dont les gens nous regardaient.

Dean fait un drôle de claquement de lèvres qui semble exprimer de la frustration.

-Et je t'ai répondu qu'il fallait juste que je m'habitue. Sam, arrête de te faire des idées. Je suis fatigué d'être obligé de te rassurer constamment.

-C'est juste… je trouve que tu as abandonné le nom Winchester un peu facilement.

-Ce n'est pas comme si Campbell ne voulait rien dire : c'est le nom de maman. Et puis merde avec nos noms de famille, Sammy ! La famille, c'est pas juste un nom ou le sang, tu le sais. Je n'aurais pas pu supporter que tu portes le nom exact du salaud qui nous donné en pâture à des goules !

-Mmm.

-Mais c'est quoi, ton problème ? On a choisi d'arrêter de se cacher, comme tu voulais. On a choisi l'Angleterre, comme tu voulais. On a gardé les noms de nos parents, comme tu voulais…

Comme Sam le voulait. C'est peut-être le fond du problème. Ils ont pris les décisions ensemble, mais il demeure que Dean Winchester a toujours choisi en fonction des besoins de Sam, pas des siens. Sam n'est même pas sûr que Dean sache ce qu'il veut réellement, à l'exception de Sam et de Sumiko. Même s'il ne s'est pas exprimé ouvertement, Dean aurait préféré le Canada ou le Mexique. Les deux pays étaient sur la liste faite par Sam, et en-dessous, il avait écrit Europe. Quand Dean lui a demandé son avis, Sam a dit que leur réputation, parmi les chasseurs, devait aller au-delà des frontières –ils sont ceux qui ont commencé et mis fin à l'apocalypse, après tout Dean est revenu de l'enfer, Sam a été le vaisseau de Lucifer. Les gens parlent. Les chasseurs ne sont pas légion, mais ils ont tous leurs connections. Les monstres, évidemment, ne connaissent pas de frontières, et si un démon voulait les trouver, ce n'est pas une futilité comme l'océan qui l'arrêterait. N'empêche… Leur choix dépendait de ce qu'ils allaient faire de leur relation, de ce qu'ils choisiraient pour Sue. Là-dessus, Dean n'a pas hésité à s'exprimer. Qu'ils demeurent frères et l'un d'eux serait l'oncle. Il sait que Sam n'aurait jamais accepté de laisser Dean sacrifier son statut de père, après avoir traversé la grossesse et l'accouchement. Donc, Dean a choisi, encore une fois en fonction de Sam. Ils seraient amants, ils seraient un couple, et Sumi serait leur fille à tous les deux (à plus tard, les questions de la petite sur les fleurs, les abeilles et les mères porteuses), officiellement. L'Europe, ce serait donc. Elle offrait une meilleure chance d'anonymat. Ça aurait été plus simple d'abandonner carrément le nom de Winchester, mais Sam s'y est refusé, en songeant à Dean cette fois, et à ce qu'il signifiait pour lui –malgré tout ce qu'il peut en dire. Retour en force de l'altruisme de son frère, qui a gardé le nom Campbell pour lui, à cause de leur histoire avec Samuel Campbell, premier du nom.

Selon les papiers, de toutes façons, Sam Winchester n'est pas un chasseur, fils de John et frère de Dean. Il est né ailleurs, d'une autre lignée de Winchester. C'est plutôt facile de fouiller un peu pour trouver une faille dans les papiers, mais il faudrait vraiment, vraiment vouloir le retrouver. Idem pour Dean.

Les frères Winchester, officiellement, sont décédés dans l'explosion d'un poste de police il y a quatre ans.

L'Angleterre signifie une nouvelle liberté, même si Sam et Dean ne sont pas convaincus d'avoir abandonné la chasse pour de bon. Ils s'établiront à un endroit et y resteront, offrant le plus de stabilité possible à Sumiko. Plus d'alias, plus de vol de voitures, plus de fraude.

Et Sam a peur. Peur qu'avec les années –ou même les mois- Dean regrette, non pas sa relation avec Sam ou la vie avec leur fille, mais tout le reste. Sam doute que son frère ne soit jamais à l'aise d'exprimer des gestes d'affection envers lui en public, qu'il puisse s'adapter à la vie sur le vieux continent. Les Etats-Unis sont tout ce que Dean et Sam ont jamais connu. La pop culture américaine est une partie intrinsèque de la personnalité de Dean. Tout le monde a besoin de repères, et il n'est pas différent. Il ne partage pas la passion de Sam pour l'histoire, n'a jamais voulu voyager, contrairement à son frère. Sam se souvient des soirées passées à discuter avec Jessica du tour de l'Europe qu'ils feraient un jour, cliché de jeunes américains armés d'un sac à dos et de leurs dents trop blanches. L'Angleterre lui fait peur mais l'attire aussi. Il n'a qu'à penser à tout ce qu'il pourra y apprendre et y découvrir pour être saisi d'un léger vertige, de la bonne catégorie, comme lorsqu'on se retrouve au sommet d'une montagne russe.

-Sam.

-…

-Sam !

-Quoi ?

-Je t'ai demandé c'était quoi ton problème ?

Dean est impatient et fatigué. Il vide sa bière d'un trait et dépose la bouteille un peu trop vivement sur la table.

-Tu viens de le dire, Dean. J'ai eu tout ce que je voulais…. Mais toi ?

-Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu comprennes que c'est ce que je veux moi aussi !

-Mais est-ce que c'est ce que tu veux parce que tu crois que c'est ce qui est mieux pour moi ?

Dean secoue la tête et repousse sa chaise, se lève et plante ses mains sur ses hanches. «J'abandonne. Parfois, Sam, j'ai vraiment l'impression de vivre avec une femme, est-ce que tu le sais ?»

-Va te faire foutre, Dean.

-Mieux que ça. Je vais aller courir, dit son frère en se détournant.

-Il fait noir !

-Je sais, je ne suis pas stupide !

Bien, pense Sam qui prend le récepteur du moniteur pour bébé et s'enferme dans la salle de bains. Les joues rouges, le cœur battant, il ajuste la température de la douche.

C'était supposé être un moment important. Ils devaient regarder tranquillement les documents ensemble et discuter de leurs préparatifs de départ.

Et maintenant ce n'est rien d'autre qu'une dispute stupide. Sam ne sait même pas à qui est la faute.

))))((((

Après la douche, Sam s'est installé devant la télé, le moniteur toujours à portée d'oreille. Il a dû s'endormir après moins de cinq minutes, devant un reportage sur la nanotechnologie qui semblait passionnant. C'est ce qui arrive quand on est un nouveau parent. Le manque de sommeil accumulé semble vous affecter d'une narcolepsie temporaire.

Quand il ouvre les yeux, le salon est sombre, l'écran est éteint et le visage de son frère est à quelques pouces du sien.

-D'n ?

-Hé.

Les yeux de Sam s'habituent à la pénombre. Dean est en boxeurs, il sent le savon pour bébés (Pourquoi tu voles le savon de ta fille ? A demandé Sam lorsqu'il s'en est aperçu. C'est le premier sur lequel j'ai mis la main, a répondu Dean. Après cinq fois, cependant, Sam ne doute plus que son frère préfère le savon de Sumi. Il n'a pas poussé l'affront en allant jusqu'à lui demander s'il aimait la sensation douce qu'il laissait sur sa peau et le parfum de lait et de miel. Pas encore.) et ses cheveux sont encore humides de la douche qu'il vient de prendre. Agenouillé par terre devant le sofa, Dean s'amuse à caresser les cheveux de Sam.

-Sue ? demande ce dernier en se redressant sur un coude.

-Elle dort à poings fermés. Il reste encore deux heures avant son prochain biberon.

-Okay. Tu le fais ou je le fais ?

-C'est pas pour ça que je t'ai réveillé, murmure Dean d'une voix rauque.

Il s'approche et pose ses lèvres sur celles de Sam tandis que sa main presse doucement son pénis au repos à travers le tissu de ses jeans. Sam écarte légèrement les jambes, pour lui donner un meilleur accès.

-J'ai envie de…

Dean laisse sa phrase en suspend et tend la main à Sam qui la prend sans hésitation. Ils montent dans la chambre d'amis, Dean étend Sam sur le lit et ferme la porte derrière lui. Il l'observe un moment en souriant avant de s'approcher pour allumer la lampe de chevet. Sam ferme involontairement les yeux.

-Il faut que je te vois, tu comprends ? demande Dean en se couchant sur lui, ses jambes pressés de chaque côté de celles de Sam, l'un de ses bras glissé derrière son cou tandis que son autre main détache habilement le bouton de son jeans.

-Dean.

-Mmm ? demande son frère sans détacher ses lèvres du cou de Sam où il suce doucement la peau.

-Tu vas me prendre ?

Son frère relève la tête, sourit malicieusement. «J'attendais juste que tu me le demandes.»

Dean prend son temps, cette fois. Ils n'ont pas souvent eu l'occasion de faire l'amour depuis la naissance de Sue. Malgré la fatigue, Sam se sent excité d'une façon presque désespérée. Il laisse Dean le déshabiller jusqu'à ce qu'il soit complètement nu, son pénis dur et pulsatile pressé contre son estomac. Puis, son frère le prend dans ses mains et lèche la grosse veine à l'arrière, s'arrête pour chatouiller le frein et tirer un petit cri rauque de la gorge sèche de Sam.

Dean se relève et prend tout son temps pour enlever ses sous-vêtements. Il se branle lentement sans quitter Sam des yeux, se penche pour prendre quelque chose par terre et va s'installer à genoux entre ses jambes, exhibant le tube de lubrifiant.

-Je vais t'ouvrir avec mes doigts, tout doucement, dit-il à son frère dont le pénis a un tressaillement enthousiaste.

L'air professionnel et concentré, Dean enduit ses doigts de gel, en ajoute une bonne quantité dans sa main et fait signe à Sam d'écarter ses jambes.

Déjà haletant d'anticipation, Sam s'exécute et plie ses genoux. Puis, il lève les bras et s'accroche fermement au montant du lit avec ses mains. Dean gémit en voyant la position adoptée, puis se penche et presse sa paume pleine de gel contre l'anus de Sam. Ce dernier sent son muscle tressaillir et inspire entre ses dents. Dean écarte ses fesses d'une main et se mord les lèvres.

-J'y vais, dit-il. Tu es prêt, Sam ? On commence avec un doigt ?

-Et merde, Dean, tu pourrais y aller tout de suite avec ton pénis si tu voulais, répond Sam dont le membre luit de liquide pré-éjaculatoire.

Et le doigt de Dean est en lui, se courbe et trouve sa prostate immédiatement. Sam resserre son emprise sur le montant du lit, laisse les sensations l'envahir, son scrotum s'alourdir alors que Dean pétrit et détend amoureusement le muscle palpitant de son rectum. Un deuxième doigt vient rejoindre le premier, sans difficulté, et Dean lève la tête vers son frère, les joues rouges et les lèvres tremblantes de désir.

-Tu es toujours… ahh… tellement serré…

Il porte sa main libre derrière lui et s'empale brusquement sur deux de ses doigts, son pénis au gland pourpre dressé devant lui, ses yeux qui se ferment un instant pendant qu'il grogne de plaisir, et Sam s'agite sur les doigts qui le pénètrent, contemple son frère, émerveillé de constater que chaque fois est comme la première, que ni les sensations ni l'amour et le désir qu'il ressent ne s'atténuent : elles sembles s'exacerber, au contraire, et là, dans ce lit, dans cette chambre, Sam est capable de cesser de réfléchir un moment.

-Tu aimes quand je me touche ? Demande Dean en se redressant un peu pour mieux se pénétrer.

-Unh… Oui, Dean… Un autre doigt s'il te plait.

-Mmm… Pour toi ou pour moi ?

-Je suis prêt, je… j'ai besoin de…

Brusquement, toute l'attention de Dean revient à son frère. Il extirpe ses doigts de son propre anus pendant qu'il en glisse un troisième dans celui de Sam. La brûlure est passagère, les doigts calleux de Dean se déploient en Sam et frottent sa prostate avec insistance. Sam gémit sans retenue, donne un coup de bassin involontaire. Il en veut encore plus. Il a besoin de plus. Il enlève l'oreiller de derrière sa tête et la cale sous ses hanches pour s'exposer complètement à son frère.

-Sammy ?

-Vas-y, Dean, maintenant.

-Okay… Remets tes mains là où elles étaient. Je vais te faire jouir, bébé, jusqu'à ce que tu exploses entre nos estomacs. Ça te va ?

Tandis qu'il parle, Dean l'observe avec affection et caresse doucement sa cuisse. Sam hoche la tête avec dévotion et ferme les yeux, a besoin de toute sa concentration pour faire reculer l'orgasme qui naît dans son ventre. Le montant du lit devient comme une bouée de sauvetage à laquelle il s'accroche.

Dean repousse les genoux de son frère contre son estomac et s'installe, puis il le pénètre, le gland seulement, d'abord, réprimant un nouveau grognement. La rougeur de son visage se propage à son cou et à sa poitrine. Il est aussi excité que Sam, sinon plus.

-Je t'aime, Dean, marmonne Sam en arquant le dos.

Et soudainement, son frère est tout à l'intérieur de lui, profondément, et il murmure son nom comme s'il ne pouvait pas s'arrêter. Une goutte de sueur coule depuis son front jusqu'à son nez. C'est à Dean de fermer les yeux un instant. Il se redresse un peu, de manière à ce que sa tête soit près de l'épaule de Sam, et laisse son front s'y reposer

-Bouge, bouge, Dean… Dean… se plaint Sam en baissant la tête pour pouvoir embrasser les cheveux doux de son frère.

-Je t'aime, Sam, dit Dean en se retirant presque complètement avant de donner un coup violent qui fait crier son frère.

Il adopte un rythme rapide et profond, change d'angle à tous les deux coups pour être certain de stimuler la prostate de Sam dont le visage et le torse sont couverts de sueur. Et Dean relève la tête, plante ses yeux sombres et brillants dans ceux de Sam qui y lit un amour complet, sans compromis.

-Je me fous… aaah… Sam… Je me fous…

Un coup. La main de Dean se referme sur le pénis à l'agonie de Sam.

-De l'endroit où on habite…

Un autre coup. Sam crie.

-De ce qu'on va faire de…

Un coup vers la prostate. L'orgasme de Sam met le feu au bas de son corps. Ses jambes commencent à trembler.

-…aaahh notre vie…

Un coup particulièrement profond. Le pouce de Dean qui caresse son gland.

-…De comment je m'appelle… Saaam…

Un autre coup. Le scrotum de Sam durcit et remonte vers ses testicules.

-… Tant que je suis avec…toi et Sumi.

Le frottement presque douloureux du membre de Dean sur sa prostate. Un rapide coup de poignet. L'orgasme de Sam le tétanise, jaillit hors de lui en longs cordons de spermes tièdes, et il grogne, il tremble, des larmes de plaisir jaillissent de ses yeux. Dean l'embrasse à pleine bouche et se raidit à son tour en répétant son nom, en suçant ses lèvres, et à travers les brumes d'un état second, Sam sent la semence de son frère se déverser en lui avant qu'il ne s'effondre contre son épaule en haletant.

Une minute passe, ou alors cinq –peu importe. Sam met du temps à redescendre de son plateau euphorique. Il pose une main tremblante sur la tête de son frère.

-Je te crois, dit-il d'une voix rauque.

Dean grogne et embrasse paresseusement sa clavicule.

À ce moment précis, Sam Winchester se sent complet, entier, mais la tête agréablement vide, et il croit réellement que tout est possible.

À SUIVRE…