Voilà un nouvel OS. Une dédicace spécial pour littleangel13-09 qui m'a inspirée avec l'un de ses poemes.
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La lune pleine se lève sur la lande solitaire. Immobilité de l'instant et des vies, souffle silencieux du vent effrayé.
Car c'est maintenant le soir du drame, la nuit du meurtre sanglant. Une vie sera bouleversée pour l'éternité.
Au sommet de la colline une forme mouvante, presque humaine sans toutefois l'être, observe l'astre sélénite, son amante d'opale. Incapable d'éprouver le moindre amour, il conçoit cependant une certaine forme d'affection pour la belle dame d'argent, un attachement stomacale rongeait par la haine et le désir de sang.
Il l'attend tout le mois durant, impatient de déchiqueter les chairs et les âmes, de laisser sortir sa folie animale pour en oublier ses reliques de raisons humaine.
En a-t-il seulement jamais eu ? La compassion n'a toujours été qu'une notion abstraite, un mot dont son esprit cruel ne parviendrait à saisir le sens. Lorsqu'il était encore enfant et homme, il prenait déjà un malin plaisir à la souffrance d'autrui. Aujourd'hui, elle est sa vocation, son obsession, sa finalité.
Le Seigneur des Ténèbres, homme-serpent dont la cruauté n'a d'égale que son avidité, exige de lui la destruction. Le lycanthrope l'exécute avec joie car c'est là la seul chose qu'il sait construire. Il a bâti son existence sur la mort.
Fenrir Greyback hume l'air à la recherche de sa proie. Il est l'ombre noir, vecteur de la souffrance et de la peine. Aujourd'hui Lord Voldemort lui a ordonné de tuer, mais c'est aux pulsions lunaires qu'il obéit. La déité sélénite réclame son dût, elle exacerbe la violence intrinsèque du loup afin que le sacrifice sanglant soit effectué. Le mage noir n'indique que la cible, il n'est que le guide du chaos mortel.
Le loup déploie sa grandeur et les éclats sanguins de la lune jouent sur son pelage obscure. Il fixe la lande, perçant l'encre nocturne de son regard ambré. Le temps est venu de tuer.
À pas de velours, il descend de son promontoire et descend vers une habitation isolée à l'orée d'un bois. Ce n'est qu'une petite mansarde, une piteuse bicoque de bois, branlante, miteuse et incroyablement fragile.
Il n'est plus qu'à une dizaine de mètres. Des éclats de voix joyeux lui parviennent, le rire d'un enfant, le bonheur d'une mère qui voit son fils s'épanouir. Un instant éternel de plénitude qui prendra fin dans les larmes sanglantes.
N'y tenant plus, le lycanthrope s'élance, bondit toujours plus vite vers son festin macabre. Enfin il arrive devant la porte. Il se ramasse sur lui même, puis tel un ressort infernal son corps puissant se détend et percute les planches branlantes qui ne peuvent lui résister. Les effluves paisibles des lieux ne font qu'exciter sa rage.
Les rires se sont tus. Bientôt des cris d'effroi et de douleur résonnent sur la plaine lorsque la famille découvre la mort incarnée par le serviteur de la Lune.
