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Résumé : Teikou Days. Kise préfère laisser le bonheur là où il était. Ne pas déranger Aomine et Kuroko avec ses sentiments pour l'as de Teikou. C'est lorsqu'il pense pouvoir commencer à tourner la page qu'Haizaki entre dans sa vie et chamboule tout.
Pairings : HaiKise, AoKuro ; initialement Kise -} Ao.
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.
Oui, encore Haizaki. Oui, encore HaiKise. Oui, dans le contexte canon.
Que dire. J'ai cette passion pour les relations bien difficiles et semées d'embûches, où les deux personnages apprennent à connaître l'un l'autre avant de découvrir réellement leurs sentiments. C'est le parcours de l'HaiKise selon moi. Kise ne connaît rien d'Haizaki, et vice versa. De ce fait, ils ne peuvent pas s'entendre dès le début et seront amenés à se comprendre au fil des jours.
HaiKise avec Kise -} Ao parce que OT3 HEIN. Ça changera de l'AoKise {- Hai, tiens. Même si j'écrirai probablement dessus un jour.
Voilà, voilà, je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 1 : Introduction
Kise serrait fermement le ballon entre ses mains, ses yeux rivés sur les deux personnes en face de lui. Il devrait s'y faire, il n'avait aucune chance, c'était évident. Il n'avait pas besoin de détruire toute l'harmonie et l'amitié qui les unissaient tous les trois en s'immisçant ainsi.
Aominecchi et Kurokocchi sortiraient certainement ensemble dans très peu de temps. Il le sentait. Il voyait d'ores et déjà Aominecchi agir de façon plus osée, lancer des coups d'œil beaucoup plus fréquemment, et il cherchait à le monopoliser la plupart du temps. Dès que Kise s'approchait de trop près ou montrait son affection habituelle, Aomine, sur un ton un peu plaisantin, lui demandait de « dégager », mais l'autre joueur voyait bien qu'une lueur agacée brillait dans ces yeux bleus. Il devait s'y faire. Jamais il ne pourrait attirer son attention comme le faisait Kuroko. Au moins, il se réjouissait du fait qu'aucun des deux ne soupçonne quoi que ce soit ; sinon il ne se sentirait pas capable de les affronter sans être faible et comme trahi. Les choses changeraient-elles lorsqu'ils deviendraient un vrai couple ? Kise l'ignorait et désirerait mieux ne pas le savoir.
— Oi Kise ! Ramène-toi, on va faire un match !
Tout ce qu'il pouvait faire afin de ne pas faire souffrir quiconque – lui ou les autres –, c'était de rester naturel et de sourire. Toujours sourire.
— Désolé, Aominecchi !
Passer le plus de temps en sa compagnie avant qu'il ne soit trop tard.
Deux jours plus tard, Kise vit Aomine emmener Kuroko à l'arrière du gymnase après l'entraînement, à la sortie des vestiaires. C'était le jour tant attendu – redouté. Il en était certain. Il décida de leur laisser leur intimité et de ne pas les attendre pour leur habituelle virée au convenient store. A la place il sortit seul des vestiaires, et franchit le portail du collège sans dire un mot.
Il ne fit pas attention à la paire d'yeux qui l'observait dans l'obscurité.
A l'agence, ses sourires s'étaient faits plus factices que jamais. Le photographe ou la maquilleuse, il ne s'en rappelait plus vraiment, l'avait remarqué et lui avait demandé de se ressaisir. Il acquiesça distraitement, et si son travail fut légèrement mieux ou resta le même, personne ne le dit. De toute façon il ne s'agissait que d'une publicité pour un shampoing – il n'avait pas spécialement besoin d'irradier tout l'espace qu'il touchait avec son sourire. Dans tous les cas, il rentra chez lui dans le même état d'esprit et se demanda s'il pouvait sécher les cours le lendemain.
Non, c'était trop puéril comme raison. Et puis, il l'avait vu venir, de quoi se plaignait-il ? Il ne pourrait de toute manière pas fuir le sujet indéfiniment ; autant régler le problème aussi tôt que possible afin qu'il renonce pour de bon.
— J'ai demandé à Tetsu de sortir avec moi.
Kise s'aperçut qu'Aomine paraissait nerveux, voire embarrassé ; c'était une vision plutôt rare que le blond prit plaisir à admirer quelques instants. Des joues légèrement roses, un regard plein de doute et une gestuelle trahissant son angoisse, avec une main obstinément plongée dans la poche de son pantalon, l'autre se frottant compulsivement la nuque. Kise sourit malgré lui, car au fond, cela le rendait heureux que son ami soit comblé lui aussi – même si cela créait un douloureux vide en lui.
— Je sais.
— Quoi ? Mais je l'ai dit à personne, et euh… ça t'étonne pas ?
— Je t'ai vu emmener Kurokocchi hier. Et puis franchement, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que tu en pinçais pour lui !
Et il lui offrit l'un de ses grands sourires, mi-artificiel, mi-sincère, tout en donnant une large tape dans le dos d'Aomine. Il devait encore maintenir la façade.
— Et qu'est-ce qu'il a dit ? demanda-t-il.
— Ah… Il a accepté, marmonna Aomine.
Toujours sourire.
— Je suis content pour toi.
Aomine sourit.
— Merci, mec !
Kise retourna s'entraîner aux côtés de Midorima alors qu'Aomine rejoignait Kuroko à l'autre bout du terrain, radieux et heureux comme jamais. Apparemment Kise avait été le premier à être au courant de cette relation, qui pourtant se voyait à des kilomètres à la ronde. Il se sentait d'un côté privilégié, d'être l'ami proche de deux personnes aussi merveilleuses, mais ce sentiment ne suffisait pas pour combler ce fossé dans son cœur.
Près de lui, Midorima remonta ses lunettes de sa main gauche, muré dans son silence, ses yeux dénotant son inquiétude.
L'entraînement se déroula sans encombre, dans une cadence et un rythme habituels ; rien ne sortait de l'ordinaire, malgré le fait qu'Akashi persistait à mettre Aomine et Kise dans la même équipe pour des matchs, tandis que Kuroko se retrouvait mis à l'écart. Le numéro 6 protestait et demandait pourquoi il était séparé de son partenaire, mais le capitaine ne prêtait aucune attention à ces plaintes et déclarait qu'il s'agissait d'une technique pour « assurer la cohésion » de l'équipe. Kuroko calmait Aomine, et lui donna même un coup dans les cotes qui eut un effet immédiat. Kise restait aussi naturel que possible, mais il trouvait cela dur à faire en sentant constamment un regard rivé sur lui – sans parler de cet éternel pincement à la poitrine. Il ne parvenait pas à en trouver l'origine, et cela l'agaçait plus qu'il ne le pensait ; ses gestes paraissaient moins fluides, plus négligés, et il ne se concentrait pas suffisamment pour être attentif à tout ce qui l'entourait. Bon sang. Il détestait cette sensation. Il avait beau regarder toute la salle, passer au peigne fin chacun des joueurs, il n'attrapait jamais la personne sur le fait ; cela l'énervait d'autant plus qu'Akashi le reprit à plusieurs fois et qu'il ne pouvait décemment pas dire que quelqu'un le déstabilisait. Ce serait stupide et superficiel de sa part. Ne perdant néanmoins pas son sang-froid, il soupira et se donna des claques mentales, tout en se promettant de trouver le coupable à la fin de l'entraînement.
Durant ces trois heures d'exercice, Akashi et Midorima s'échangeaient des regards significatifs.
Dans les vestiaires, Kise inspira profondément et lança un coup d'œil en direction d'Aomine et de Kuroko. Ces derniers semblaient en tout cas s'amuser seuls, dans leur petite bulle que personne ne pourrait percer. Le mannequin décida, encore une fois, de les laisser tranquilles et de rentrer avant eux, car de toute façon il n'avait pas le temps de traîner après les activités du club – il délaissa également la chasse au coupable. Encore une séance photos à l'agence à sept heures tapantes. Peut-être qu'il allait devoir refaire celles de la publicité de shampoing…
Sa manager lui sourit chaleureusement lorsqu'il arriva dans les locaux, ce qui eut pour effet de le rassurer et de l'apaiser quelque peu. Kumiko Yamashita-san savait toujours comment remonter le moral des gens, et donnait de très bons conseils ; aussi, elle remarquait toujours quand les personnes de son entourage se montraient différentes de leur état normal. De ce fait, dans un premier temps elle ne dit rien, mais lorsqu'elle vit Kise plongé dans ses pensées, écoutant à moitié les instructions qu'elle donnait, elle lui tapa la tête avec l'agenda qu'elle tenait dans les mains. Le collégien sursauta et poussa un cri indigné, mais se ressaisit bien vite et s'excusa. Kumiko secoua la tête et s'adossa contre le mur, tandis que Kise gesticulait sur sa chaise.
— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle doucement.
Kise n'avait pas l'intention de se plaindre sur un sujet aussi personnel, et surtout gênant. Il allait de nouveau passer pour le pleurnichard de service incapable de surmonter quoi que ce soit sans montrer un peu de persévérance, avant de se lamenter auprès de la première personne qu'il croisait. Non sincèrement, il préférerait éviter cela, sachant que cela ne changerait pas grand-chose s'il se confiait – à part être allégé d'un poids.
— P-Pas vraiment, non, répliqua-t-il en regardant ses mains, maudissant son bégaiement.
— Est-ce que c'est un problème de cœur ? proposa Kumiko avec un grand sourire.
Kise se demanda un instant si sa manager n'était pas voyante. Elle aurait dû s'orienter dans les études de psychologie au lieu de se lancer dans la mode.
— Je suis sûre que c'est ça ! continua-t-elle en claquant des doigts. Tu es dans la phase que tout adolescent traverse en vivant leur premier amour ! C'est tout à fait normal !
— ... Si vous pouvez trouver ça normal, marmonna Kise.
— Que ce soit une fille ou un garçon, c'est pareil, ça reste de l'amour !
Kise releva soudainement la tête et fixa sa manager avec des yeux écarquillés, choqué et appréhendant la suite. Etait-ce une phrase lancée en l'air dans le vif du sujet, ou le pensait-elle réellement ? Et puis d'abord, comment pouvait-elle deviner des choses pareilles ?
Kumiko s'approcha de Kise et lui ébouriffa gentiment les cheveux avec un sourire taquin.
— Je ne pensais pas que ma phrase ferait autant d'effet, mais je suis satisfaite, déclara-t-elle. J'avais vraiment le sentiment que ton premier amour ne serait pas une fille !
— Vous avez des intuitions étranges, Kumiko-san…
— On ne peut pas définir l'instinct féminin par de simples mots !
Kise se souvenait que Momoi disait souvent la même chose lorsqu'elle organisait ses prévisions. Il ne l'avait vue à l'œuvre que deux ou trois fois, mais Aomine racontait beaucoup de choses sur elle lorsqu'il se plaignait… Tout se ramenait à lui, décidément. Kise n'aurait jamais la conscience tranquille s'il persistait à penser à autre chose qu'à son travail. Oui, se concentrer sur le mannequinat paraissait la meilleure des techniques pour tourner la page et se rendre à l'évidence. Au moins, rien ne lui rappellerait Aomine. Cela ne le mènerait à rien de cogiter sur ce qui lui était hors d'atteinte.
— Votre instinct féminin vous a certainement aussi dit que c'était un amour impossible, lança-t-il tristement.
Kumiko retira sa main et ne dit rien.
— Je suis désolée, Ryouta-kun, peut-être que tu ne voulais pas en parler.
Kise secoua la tête, puis la releva en arborant l'un de ses sourires radieux, peut-être forcé, peut-être naturel, il ne savait pas non plus.
— Ce n'est pas grave, je me ferai à l'idée ! Allez, je vais me mettre au boulot !
Kumiko acquiesça lentement de la tête, peu convaincue et l'expression grave, mais elle se résolut à suivre l'élan de motivation de Kise. Elle ne pouvait pas non plus forcer son jeune protégé à se confier à elle. De toute manière, il avait encore besoin de temps pour se remettre les idées en ordre, et elle respectait cela. Il ne restait plus qu'à l'attendre.
Le photographe fit remarquer que la séance se passait mieux que la veille, et qu'ainsi, les photos étaient bien plus adaptées pour la publicité. Les précédentes « ne dégageaient pas assez de charme », mais Kise ne s'en étonna pas. Il se contenta de s'excuser et de promettre qu'il ferait plus attention à partir de maintenant. Cela sembla satisfaire tout le monde, alors la séance put continuer sans encombre. Cette fois, il devait présenter des vêtements pour la collection d'été, saison qui approchait à grands pas en cette fin de mois de mai. Kise aimait cette saison, chaude et pleine de vie, même si parfois la chaleur était insupportable ; au moins, c'était une période agréable où tout le monde paraissait moins morose qu'en hiver. De ce fait ce fut plus facile pour lui de poser pour ces vêtements en pensant aux joies que les mois prochains apporteraient.
Lorsque le shooting se termina, Kumiko le félicita pour le dur travail qu'il avait fourni, et l'invita à manger un morceau avant de le raccompagner. Kise fut ravi par cette proposition et accepta avec enthousiasme, son estomac parlant plus que sa logique – il ne pensa même pas aux devoirs qu'il avait à peine commencés, ou au fait que sa mère lui recommandait de manger que très peu après ses heures de travail, ou qu'il avait juste besoin d'une bonne nuit de sommeil pour se débarrasser de la fatigue et du stress de la journée. Kumiko lui sourit et l'informa qu'elle attendrait dehors.
Elle avait choisi de s'arrêter dans une petite boutique de ramen où ils pourraient prendre quelque chose de léger – il était quand même neuf heures et demie passé. Kise s'attendait à quelque chose de plus grandiose, mais il ferait avec ; après tout, il ne cracherait jamais sur un peu de nourriture lorsqu'il était affamé, et là c'était un plat simple et délicieux qui se digérait très bien. Son régime se porterait donc pour le mieux.
Ils s'installèrent au comptoir et passèrent leur commande ; Kumiko décida que durant cette soirée, elle laisserait Kise parler tandis qu'elle écouterait. A sa propre manière, elle voulait l'aider à se sentir mieux, et d'après ce qu'elle avait vu, le jeune mannequin croyait dur comme fer que ses sentiments ne seraient jamais retournés ; aussi cruel que cela pouvait paraître, même à ses oreilles, il ne s'agissait que d'un cas normal. Elle ne connaissait que peu de personnes homosexuelles dans son entourage, et la plupart d'entre elles n'avaient pu s'établir qu'après maintes et maintes rencontres dans cette société encore fermée à ce sujet. C'était mieux accepté qu'avant, certes, mais cela n'empêchait pas le fait que cela s'avérait ardu pour ces personnes, et elle espérait de tout cœur que Kise s'en remettrait dans peu de temps.
Ainsi, Kise parla de tout et de rien, le collège, le club de basketball accompagné de ses futurs matchs dans lesquels il espérait participer, ses amis et petites anecdotes de sa famille. Il paraissait beaucoup plus détendu que précédemment et souriait un peu plus sincèrement, ce qui suffit pour l'instant à Kumiko. Elle avait vraiment un faible pour le jeune homme qu'elle considérait un peu comme son propre fils – elle s'y connaissait, à trente-huit ans, pour avoir trois fils ! le plus âgé avait douze ans, donc juste deux ans de moins que Kise. Elle connaissait ce dernier depuis sept ou huit ans déjà. Dans tous les cas cela lui faisait plaisir de le voir si épanoui dans ce qu'il faisait, qu'il s'agisse de mannequinat ou de basketball ; il semblait particulièrement doué à ce sport, et elle déclara qu'elle aimerait voir l'un de ses entraînements ou matchs un de ces jours. Cela bien sûr rendit Kise extrêmement joyeux et promit qu'il la préviendrait lorsqu'il jouerait dans un match.
Pendant toute la soirée, il évita de penser à Aomine ou de prononcer son nom par mégarde.
Ainsi s'écoula une semaine durant laquelle Kise se consacra à son travail et à fuir le plus de contact possible avec Aomine. Si ce dernier trouva cela étrange que son ami ne lui propose plus autant de matchs en un-contre-un qu'avant, il ne fit aucune remarque. Il s'était contenté de lui lancer des regards interrogatifs, mais ne s'était jamais intéressé plus à la question – bien qu'un peu de challenge lui manquait déjà. Il soupira et se gratta la nuque, un peu perdu dans ce qu'il devrait faire.
— Kise-kun paraît un peu distant avec nous, ces derniers temps.
Assis à côté d'Aomine pendant une petite pause de quelques minutes, Kuroko observait les mouvements de Kise, qui était parfaitement concentré dans son jeu. Autant Akashi que Midorima remarquèrent une différence de rigueur dans les gestes du blond entre la semaine dernière et ce jour-ci, et semblaient un peu plus rassurés. Kuroko quant à lui était bien plus dérangé par ce comportement si peu caractéristique de son ami ; cela affectait le basketball et l'attitude générale. Il soupçonnait quelque chose, mais ne désirait pas en faire part directement au concerné par peur de s'être trompé ou pire, de l'éloigner encore plus.
— Ouais, j'ai remarqué aussi, approuva Aomine, nonchalamment assis et appuyé sur ses coudes. Il parle plus autant qu'avant et n'est plus aussi bruyant dès qu'il nous voit.
— Connaîtrais-tu la raison de ce changement ? demanda Kuroko en le fixant droit dans les yeux.
Aomine haussa les épaules. Qu'en savait-il, de tout ça ? Il ne pouvait même plus autant jouer contre Kise qu'auparavant, cela lui donnait moins d'occasions de lui tirer les vers du nez. Il soupira lourdement et renversa sa tête en arrière.
— Ce soir je l'oblige à jouer à un-contre-un avec moi, grogna-t-il.
Kuroko ne put que sourire et approuver.
Chose promise, chose faite. A peine l'entraînement se termina qu'Aomine attrapa Kise par le cou et, avec un large sourire sur les lèvres, lui ordonna de jouer. Le mannequin, confus et pris de court, ne put que sortir des sons intelligibles et suivre le mouvement de l'as de Teikou. Ce dernier le relâcha abruptement et commença à dribbler avec un ballon, pressant son vis-à-vis de se mettre également en position afin de débuter le plus rapidement possible.
— On a pas toute la soirée, alors magne-toi et joue !
Kise perçut un éclat d'amusement dans le regard d'Aomine, mais aussi d'exaspération, et cligna des yeux. Il ne saisissait pas entièrement la situation, mais toujours était-il qu'il devait jouer. Il haussa les épaules et se prépara à défendre. Aomine esquissa un sourire.
Le déroulement de ces matchs en un-contre-un ne changea pas. Aomine parvenait toujours à dominer aisément le jeu, tandis que Kise essayait vainement de surpasser son opposant. L'as de Teikou remarqua que son adversaire ne présentait plus cette attitude un peu gauche d'il y avait quelques jours lorsqu'il jouait. Kise s'était enfin repris.
— Ha, tu peux toujours pas gagner, Kise ! se moqua-t-il.
— Aominecchi est trop fort ! geignit Kise en s'allongeant au sol. A se demander si c'est pas de la triche !
Aomine éclata de rire et s'assit par terre à son tour, jouant avec le ballon tandis qu'il reprenait son souffle. Kise avouait que cela faisait un bien fou de se comporter normalement avec l'autre joueur, ou tout du moins lorsqu'ils se trouvaient sur le terrain. Il se mit à rire à son tour et oublia presque tous les soucis qu'il avait eu à confronter ces jours passés.
— Pourquoi tu nous évitais, moi et Tetsu ? questionna soudainement Aomine, et le sourire de Kise disparut.
Presque. Cela allait presque redevenir comme avant. Kise évita de croiser les yeux d'Aomine et fixait obstinément les néons du plafond, tentant de se contrôler et de réguler sa voix ainsi que sa respiration. S'il ne répondait pas de manière naturelle, si cela se sentait qu'il se forçait ou paraissait mal à l'aise, il serait amené à s'expliquer et il aimerait ne pas avoir à le faire.
Il déglutit, fit le vide dans sa tête et ferma les yeux.
— J'étais pas mal pris par le boulot en ce moment, je suppose que j'aie dû me montrer un peu stressé, lança-t-il sur un ton neutre. Je pense que ça va continuer encore quelques jours. Désolé si je donnais l'impression de vous avoir évités !
— Ouais… ok.
Kise ignorait si Aomine était réellement persuadé par cette explication, mais pour le moment il était parvenu à s'échapper de cette situation. Il espérait juste que le sujet resterait là où il demeurait, et qu'ils n'y reviendraient pas ; cela passait encore s'il s'agissait toujours d'Aomine, mais si Kuroko s'y mettait aussi, Kise craignait bien qu'il ne ferait pas long feu pour garder une expression naturelle.
Enfin, il aimait à croire que la douleur s'atténuait doucement, alors peut-être que d'ici là, il réussirait à étouffer complètement ses sentiments afin de passer à autre chose.
Aomine se leva et s'étira, puis partit dans les vestiaires se changer. Kise resta encore un petit moment au sol, s'assurant que son cœur ne s'emballait plus et qu'il pouvait à nouveau respirer, avant de se diriger vers les vestiaires à son tour.
— Ryouta.
Kise se stoppa instantanément dans ses pas, se retourna brutalement et vit, à l'entrée du gymnase, Haizaki qui se tenait nonchalamment appuyé sur l'encadrement de la porte. De là où il était, le blond ne discernait pas correctement les traits de son visage, mais il était certain que le numéro 8 arborait un sourire narquois. Ce dernier s'avança, les mains dans les poches, tandis que Kise fronçait les sourcils et restait immobile, incertain de l'attitude à adopter.
— Qu'est-ce que tu veux, Haizaki-kun ? s'enquit Kise d'une voix basse. Et je ne crois pas qu'on soit assez proches pour que tu m'appelles par mon prénom.
— Est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ? ricana Haizaki, toisant son vis-à-vis. Mais dis donc, c'est que tu t'amuses bien avec Daiki.
Le mannequin supposa que Haizaki ne respectait personne au vu de son comportement et de sa manière de parler, et décida donc d'en faire autant. Il n'appréciait pas être pris de haut.
— Aominecchi est un bon joueur, rétorqua-t-il.
— Et certainement un bon plan-cul, je pense.
D'abord abasourdi et décontenancé, Kise lança ensuite un regard noir à Haizaki qui souriait de plus belle et ne cessait d'avoir cette lueur d'amusement dans les yeux.
— Pourquoi est-ce que tu dis ça, Shougo-kun ? maugréa Kise.
— C'était drôle de te voir lancer des regards vers Daiki en pensant que personne remarquerait ! s'esclaffa Haizaki. C'était franchement pas discret.
Kise savait qu'il ne devrait pas écouter ces paroles. Il savait que cela ne le mènerait à rien, qu'il ne s'agissait que du vent pour le déstabiliser. Malgré tous ses efforts, un flot de panique l'envahit, ce sentiment de mal l'aise revint et il comprit que Haizaki était celui qui l'observait.
Le numéro 8 s'approcha encore plus et lui chuchota à son oreille, lentement et détachant chaque syllabe :
— Ça fait quoi de se sentir rejeté comme ça ?
