Mon cœur se serra et je le sentais battre à la chamade dans ma poitrine. Je n'étais pas réellement prête à vivre ça. Qu'importe ce que mon père m'avait appris, qu'importe la façon dont je savais me défendre. Je n'étais pas prête à tuer.

Et il me sourit quand il entendit avec soulagement le nom d'une autre personne prendre ma place. Il n'avait jamais voulu que je me lis d'amitié avec les autres. Mais quand mon père tourna les yeux vers ma mère, qui me faisait non de la tête, il comprit immédiatement que la jeune adolescente qui venait de monter sur l'estrade ne m'était pas indifférente.

Je l'entendis murmurer mon nom, comme s'il savait déjà ce que j'allais faire, comme s'il sentait que j'étais prête à beaucoup pour cette jeune femme sur le devant de la scène.

Je m'avançais en douceur, et plongeais mes yeux verts dans son regard sombre, et ses grands cils de princesse. Elle avait la peau brune, les cheveux bouclés descendant jusqu'à ses épaules et elle était grande. J'étais le contraire d'elle. 1 mètre 58, la peau clair comme la neige, les yeux vert mers, les cheveux blond et bouclé comme les blé. J'étais différente de tout ceux du district 11.

-Je suis volontaire.

J'entendis le cris ma mère qui venait de hurler jusqu'à s'en briser la voix, et je voulais m'excuser mais je savais que je ne le ferais pas, j'étais bien trop fière pour cela.

Et de toute façon comment s'excuser ?

L'homme aux cheveux d'or m'accueillit sur le devant de la scène, alors que mon amie secouait négativement la tête.

Je me réveillais en sursaut, la sueur tombant sur mon front pâle. Il fallait que je fasse le même cauchemars tout les jours, alors qu'il était d'une stupidité étonnante.

J'étais orpheline, et je n'avais clairement aucune amie ici. Mes parents étaient morts l'année dernière, et je me retrouvais alors seule dans cette maison. Je n'avais rien pour me nourrir, je me contentais de voler ce que je pouvais. Et d'attraper les rats qui traînaient dans le grenier.

J'enfilais un pantalon vert et un débardeur blanc, nouant mes long cheveux en une queue de cheval haute qui m'arrivait jusque dans le milieu du dos. Je plaçais sur mes épaules une grosse veste et des gants sur mes doigts, le froid de l'hiver était rude.

Je commençais une gymnastique matinale, que mon père m'enseignait quand il était encore en vie. Pour lui c'était essentiel de savoir se défendre ici, au cas où qu'il disait. Au cas où.

Je n'étais vraiment pas mauvaise, après tout je m'entraînais depuis que je savais marcher. Et franchement, sans me vanter, j'étais plutôt douée... mais je n'étais pas prête à éliminer quelqu'un.

Je commençais à sortir, comme à mon habitude, pour courir et escalader tout ce que je pouvais.

C'était quelque chose qu'il me fallait, quelque chose dont j'avais besoin, pour faire sortir toute la colère, la tristesse que je ressentais face à la désolation de notre peuple.

Mais avant même d'avoir pu faire quelque mètre je me stoppais net en voyant deux personnes à terre, l'une tenant l'autre dans ses bras.

-S'il vous plaît... murmura-t-elle alors que des larmes coulaient sur ses joues sombres.

J'aurais sûrement fait demi tour. C'est ce que j'aurais du faire, j'aurais dû l'ignorer, après tout nous vivions dans un monde où nous ne pouvions nous permettre d'aider les autres.

Mais mon cœur ne me laissa pas partir, toute les émotions que je ressentais m'empêchait de penser à quoi que ce soit d'autre qu'à ce petit corps fragile entrain de perdre vie.

Et je saisis la gamine qu'elle tenait entre les bras, courant au plus vite jusqu'à chez moi, alors que sa mère me suivait avec peine.

Je défonçais la porte et portais l'enfant jusqu'à la grande pièce de mon appartement la déposant sur le tapis près du feu, et la frictionnais au plus vite, faisant bouger chaque membre de son corps.

La mère me connaissait de vue, je suppose. C'est vrai qu'il était facile de savoir qui j'étais. La seule personne de couleur ici c'était moi.

-Frottez lui les membres assez fort, il faut que le sang circule.

La dame s'exécuta rapidement alors que je réchauffais le reste de la soupe de hier que je comptais manger pour midi.

-Elle se réveille ! S'écria-t-elle.

-Continuez de la réchauffer où elle risque de perdre un membre, soulignais-je.

Je n'étais pas du genre à mâcher mes mots, ni même à montrer une quelconque émotion sur mon visage. Cette gamine avait eu de la chance que je ne la ramène ici.

L'enfant essaya de se redresser et sa mère l'aida, la faisant s'asseoir alors que je ramenais le bol.

-Bois doucement, lui dis-je.

Mais elle avala cela avec une tel rapidité que je compris qu'elle mourrait de faim, et qu'elle n'avait probablement rien mangé depuis quelques jours. J'avais connu ça...

Je grimaçais tout en réfléchissant, puis secouais la tête, je ne pouvais me permettre de leur donner cela. Mais mon cœur se serra et mon corps se redressa, s'avançant de lui même jusqu'au placard, sortant un beau grand lapin. Un lièvre que j'avais volé la veille.

Je commençais à retirer la peau, et puis le fis chauffer sous le regard envieux de la petite fille et sa mère.

Au bout d'une demi heure, je leur amenais dans une grande assiette, mais la dame empêcha sa fille d'y toucher.

-Nous ne pouvons accepter cela.

-Je vous l'offre, servez vous.

Je n'avais pas besoin de le dire deux fois. Elles se jetèrent dessus comme si c'était le meilleur repas du monde, et le mangèrent en entier à elle deux, j'eus seulement le temps de prendre une pâte.

Elle venait de manger en un jour le seul repas qu'il me restait pour la semaine. Et j'allais avoir beaucoup de difficulté à retrouver un aussi beau spécimen.

La gamine me fixa de ses grands yeux noirs et me sourit à pleine dents :

-Tu ressembles à un ange.

J'écarquillais les yeux avant de tourner la tête, j'étais si égoïste, je ne pensais qu'à ma propre existence, comment pouvait-elle penser cela. Si ça ne tenait qu'à moi je l'aurais laissé mourir.

-Vous avez sauvez ma fille. Je ne pourrais jamais assez vous remerciez pour cela, elle est tout ce que j'ai.

Je pu apercevoir à travers son regard noisette, un désespoir et une peur immense de la perdre, quelque chose qui me fendit le cœur malgré moi. Je repensais à ce que j'avais ressenti quand mes parents étaient parti, quand j'avais perdu espoir en cette vie. Quand j'avais commencé à détester le Capitole et le monde entier.

Un bruit sourd me fit sursauter et je compris qu'il était là, le jour de la moisson venait d'arriver et parents et enfants se dirigeaient vers ce qui les effrayaient plus que tout sur cette terre.

La petite fille ne réagit même pas, alors que sa mère commença par fondre en larme, serrant entre ses bras sa petite perle rare.

-C'est ma première année Maman, ça ne tombera pas sur moi.

Je me redressais et les laissait là, après leur avoir dit qu'elle pouvait dormir ici un moment, de toute manière, à quoi me servait cette grande maison seule ? Une chambre était disponible et je pouvais très bien leur en faire part.

J'enfilais doucement une robe de couleur vert pomme et redescendit me battant avec mes cheveux pour essayer d'en faire quelque chose. La gamine était déjà propre et coiffée, et elle sourit quand elle me vit :

-Tu es jolie.

Je ne lui répondis pas, me contentant de laisser mes cheveux détachés. Qu'importe ce que j'en faisais, je crois qu'il n'avais pas plus envie que moi d'être présentable pour ce jour.

-Laisse moi faire, murmura la dame en se posant derrière moi.

Et elle réussit ce que je n'étais jamais parvenu à faire, elle me les avait attaché en un merveilleux chignon dégageant mon visage toujours à moitié caché par cette lourde mèche.

-Ta proposition est très aimable, et je l'accepte parce que ce serait stupide de refuser un toit. Mais en échange, ma fille et moi ferons le ménage et la cuisine. J'irais cherchée du bois et de l'eau aussi.

-Je ne... commençais-je.

-Ça nous fait plaisir ! S'écria l'enfant.

Je ne pouvais rien dire, et il vrai qu'un peu de ménage ici ne ferait pas de mal. Tout était recouvert par la poussière et la boue à l'entrée avait incrustée le planché.

-Très bien, acquiesçais-je.

-Je m'appelle Hope ! Affirma la petite fille avant de me tirer dehors, nous devons y aller.

-Je suis Sophie, ajouta la mère en me regardant.

Nous nous fondions dans la foule alors que l'enfant semblait parfaitement savoir où elle allait, et la peur ne se lisait pas du tout dans son regard. Elle ne réalisait même pas ce qui se passait.

-Bonjour à tous ! Nous sommes réunit ici pour les 90ème Hunger Games.

J'avais déjà décroché, me contentant de suivre des yeux la petite Hope, qui elle, regardait attentivement, avec un regard sévère le petit film qu'il nous passait à chaque fois.

-Il est temps de sélectionner les courageux jeunes garçon et fille qui auront l'honneur de représenter le district 11 aux 90ème Hunger Games annuels.

C'est là que mon esprit se reconnecta lentement. Nous étions le jour de la moisson. Et mon nom était inscrit plusieurs fois dans ce foutu pot de verre.

-Comme toujours, les dames d'abord.

Le moment ou cet horrible bonhomme plongea ses doigts vernis de rose fut la minute la plus longue de toute ma vie. Il ouvrit le morceau de papier blanc comme neige tout en replaçant ses cheveux d'un rose pâle ignoble derrière ses oreilles.

-Hope Everine !

Je me retournais rapidement pour apercevoir une femme d'une trentaine d'année tomber à la renverse avant de porter mon attention sur la gamine qui s'avançait sans qu'une émotion quelconque ne puisse se lire sur son visage. Je regardais les adolescentes à côté de moi, pour voir s'il l'une d'elle se prononcerait, évitant à une enfant de 12 ans de mourir alors qu'elle avait encore tant à vivre.

Mais personne ne voulait sacrifier sa vie, tout le monde voulait continuer à exister.

Cependant, que restait-il ici ? La désolation, les gens qui meurent de faim chaque jour, le Capitole au dessus de tout. Que me restait-il ici ? Je n'avais ni famille, ni amie, ma mort n'attristerait personne.

Mais la mort d'une enfant de 12 ans, ayant amis et mère, étant trop jeune pour mourir ferait souffrir bien des cœurs. Et le mien en premier.

Je sentais, au plus profond de moi, que j'allais clairement le regretter.

-Je suis volontaire.

Un silence pesant régna dans les foules, alors que Hope se retourna rapidement, avant de courir pour me sauter dans les bras. Une chaleur que j'eus beaucoup de mal à ignorer, malgré mon visage impassible.

-Non. Non. Non.

-Aller, vas rejoindre ta mère et restes en vie.

Sophie vient prendre son enfant, avant que des gardes ne s'en chargent, en me regardant les yeux pleins de pitié. Les yeux pleins de reconnaissance.

-Je ne pourrais jamais te remercier assez.

L'homme qui m'accueillit sourit de ses dents blanches et m'applaudit.

-Bien, bien, comment t'appelles tu ?

-Lune Nox.

Le silence, juste ça. Je ne m'attendais même pas à ce que des doigts se lèvent en ma faveur. Mais elles le firent en première et les autres suivirent. Je ne pensais plus à rien. Je n'arrivais pas à réfléchir. Et je commençais presque à regretter.