Le retour du Fils de la Bête
Résumé : Sirius et James enquêtent sur des morts suspectes à Cardiff. Ils devront collaborer avec Torchwood pour venir à bout d'une menace que Jack et Dumbledore connaissent bien...
Rating : T, pour le langage et certains sous-entendus (il faut s'attendre à ça quand on se frotte à Torchwood et à Jack Harkness... - Qui a parlé de se frotter ?)
Timeline : Sirius et James sont Aurors, donc ils ont la vingtaine. Côté Torchwood, l'histoire se passe à la fin de la première saison : on peut dire que c'est un genre de dernier épisode alternatif. Oui, je sais, les époques ne correspondent pas, mais je fais ce que je veux. D'abord.
Appelez ça une licence poétique si vous voulez...
Diclaimer : Je n'ai pas les droits sur cette histoire, évidemment. Et j'ai la flemme d'aller chercher qui possède quoi, vous devrez donc rendre vous-même à César ce qui lui appartient.
Part 1 : Comme une ombre au tableau
Les pieds sur son bureau, Sirius Black se curait les ongles avec soin.
En face de lui, James Potter regardait d'un oeil morne le fond de sa tasse de café. Elle était vide. Encore.
"- Je comprends pas..." marmonna-t-il.
"- Qu'est-ce que tu ne comprends pas, ma toute belle ?" lui demanda Sirius.
"- M'appelle pas comme ça. Je ne comprends pas pourquoi on reste là sans rien faire, alors qu'il y a des Mangemorts qui pêchent à la ligne dans la Tamise et qu'on peut se procurer des artefacts de magie noire à l'épicerie du quartier. Celle ouverte 24h/24."
Sa voix avait résonné bizarrement, dans le sous-sol du Ministère de la Magie, dans la grande salle où les Aurors avaient leurs bureaux. Qui étaient présentement vides, tout le monde ayant été envoyé en mission d'urgence un peu partout dans le Royaume. Cette situation durait depuis des semaines. Voldemort, peu à peu, affirmait sa puissance et son pouvoir, et ses fidèles Mangemorts se cachaient de moins en moins pour commettre des méfaits de plus en plus nombreux. En dépit d'une énergie et d'une bonne volonté à toute épreuve, les Aurors étaient en sous-effectifs constants.
"- Si tu me permets une suggestion audacieuse," commença Sirius, "je dirais bien que cela a quelque chose à voir avec cet Impero que tu as lancé à ce Mangemort que nous avons arrêté la semaine dernière."
"- L'Impero a été autorisé pour les Aurors, par décret spécial du Ministre ! Ce n'était pas illégal !"
"- En revanche, je ne crois pas que dans ce décret il est écrit qu'on peut faire se déshabiller un Mangemort sous Imperium devant Buckingam Palace et lui faire chanter A Nation Once Again (1) à gorge déployée, en slip sous la pluie." Il fit une pause avant de conclure : "On vérifiera, si tu veux. Mais je ne crois vraiment pas."
James lui tira la langue avant de contre-attaquer :
"- Et donc, ça n'a absolument rien à voir avec le fait que tu aies mis la main aux fesses de Schakelbot en lui disant que tu étais un gros mangeur de glaces à la vanille, mais que les glaces au chocolat, avec lui, c'était quand il voulait ?"
"- J'étais bourré... Avec une bouteille de Pur-Feu descendue avec Ding pour lui tirer des infos sur un réseau de contrebande dans le nez, toi aussi tu lui aurais titillé la boucle d'oreille, au boss !"
"- Et donc voilà, on est consignés. Par ta faute."
"- Ya un peu d'l'un et un peu d'l'autre, disons..."
Au moment où la conversation parvenait à cette haute conclusion philosophique, la porte des bureaux de la Brigade d'intervention d'urgence, dont faisaient partie nos deux compères, s'ouvrit à la volée. Dorcas Meadowes, de la section Enquêtes du Département des Aurors, déboula dans la pièce. James fut aussitôt sur ses pieds. Mais Dorcas avait l'air gêné :
"- Ya que vous, ce matin ?"
Sirius se leva également :
"- Pour te servir, Dorcas..."
"- Merde," fut la seule réponse de la jeune femme. "Bon bah tant pis."
Les deux amis ne se sentirent même pas vexés, frétillants qu'ils étaient à l'idée d'enfin partir en mission. Dorcas leur remit la feuille de route :
"- On a détecté des morts suspectes dans le centre de Cardiff, et quelques unes dans la banlieue. Moldus, pas de cause apparente de décès."
"- Avada ?" demanda Sirius.
"- Ah bah ça, c'est vous qui allez me le dire !" lui répliqua Dorcas avant de leur tourner le dos et de claquer la porte derrière elle.
James et Sirius se frappèrent dans la main avant de se précipiter dans la cheminée.
Direction Cardiff !
Dans la base secrète de Torchwood, sous le Millenium Memorial de Cardiff, Toshiko Sato enleva ses lunettes, se frotta les yeux et les rechaussa. Après avoir regardé à nouveau ses cinq ou six écrans, elle enleva une seconde fois ses lunettes, les nettoya, les rechaussa. Tapota quelques touches de son clavier. Toujours les mêmes chiffres à l'écran.
"- Ianto ?"
"- Ici."
L'homme à tout faire de la base, toujours impeccablement mis dans son costume de couleur neutre, était apparu à l'entrée du bureau du Capitaine Jack Harkness, un genre de machin gris qui clignotait à la main.
"- Toujours pas de nouvelles de Jack ?"
"- Le détecteur d'activité spacio-temporelle relié à l'empreinte télégénique de Jack ne répond toujours pas," l'informa Ianto en regardant avec tristesse son bidule inutile. Jack avait disparu de son bureau depuis près de deux jours maintenant, et aucun membre de son équipe n'avait la moindre idée d'où il était parti. Ianto Jones n'avait pas quitté la pièce depuis lors.
"- L'activité de la faille est particulièrement instable aujourd'hui."
Ianto descendit jusqu'à elle et regarda à son tour les écrans :
"- C'est complètement incompréhensible pour moi."
"- Pour moi aussi, Ianto, et ça c'est plus inquiétant... J'ai l'impression qu'elle essaye de me dire quelque chose, mais ces équations... Je n'ai jamais vu ça !"
"- J'appelle Owen et Gwen."
"- Oui, je crois qu'il faut réunir l'équipe."
Une demi-heure plus tard, Ianto n'avait pas perdu son flegme légendaire, mais ç'avait été de justesse : Owen ne répondait pas à son téléphone, trop occupé certainement à se saouler dans les bars de Cardiff et des environs pour oublier Diane ; et Gwen était partie en voyage improvisé avec Rhys, profitant de l'absence de Jack pour soigner sa vie privée. Lui et Tosh étaient seuls, face à une activité grandissante et inquiétante de la faille spatio-temporelle qui traversait la capitale galloise.
Et quand Torchwood ne répond plus, qui peut-on bien appeler ?
Ce n'est qu'à partir de leur troisième cadavre que Sirius et James commencèrent à avoir des soupçons. Ils avaient présumé, devant la similitude des symptômes, que ces Moldus avaient tous été adavakedavrisés, mais ce troisième corps avait une telle expression de bonheur et de paix sur son visage... Le quatrième cadavre semblait même rire aux éclats !
"- Tu crois que le Mangemort lui a raconté une bonne blague avant de le zigouiller ?" demanda James pour la forme.
"- C'était justement la conclusion à laquelle je venais de parvenir," répondit Sirius. "Ou bien, ils se sont fait un concours de chatouilles. Et il a perdu."
"- Hum... Excellente hypothèse également," reconnut James.
Ils procédèrent alors à un rapide diagnostic sur le cinquième Moldu. Le résultat les étonna : aucune trace de magie. Sirius se passa la main dans les cheveux :
"- Et on fait quoi, maintenant, James ?"
"- Cher camarade, je crois que nous avons une énigme à résoudre..."
Les policiers gallois qui les regardaient agiter leurs bouts de bois au-dessus des victimes se tenaient prudemment à distance. James les interpella :
"- C'est bon, on a fini, ils sont à vous !"
Sirius et James, ayant récolté toutes les informations dont ils avaient besoin, s'éloignèrent à grand pas en direction d'une ruelle un peu plus discrète, où ils transplanèrent pour le ministère. Une fois dans leur bureau, ils rassemblèrent les informations dont ils disposaient :
"- Aucune trace de magie," commença Sirius.
"- Aucune trace de maladie," continua James.
"- Vue la disposition des corps, une mort soudaine..."
"-... et pas douloureuse."
Ils se turent. C'était maigre, comme informations.
"- Combien de victimes ?" demanda James, même s'il connaissait la réponse : 32. Sirius ne répondit d'ailleurs pas, le visage concentré. "Et la disposition géographique des corps ?" demanda James à nouveau.
Toujours sans répondre, Sirius agita sa baguette et une carte de Cardiff et des environs apparut dans l'air entre eux, au-dessus du bureau. Les deux Aurors poussèrent au même moment une exclamation peu élégante. Les points brillants qui marquaient l'emplacement d'une macabre découverte formaient très clairement des genres de cercles concentriques, pas très réguliers, mais définitivement plus serrés au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du centre de la ville. Les yeux de James brillaient. Sirius se renversa nonchalamment en arrière et demanda :
"- Cardiff, tu connais un peu ?"
"- Pas vraiment, mon cher Padfoot."
"- Une exploration minutieuse du centre ville, ça te dirait ?"
"- Et comment !"
Une nouvelle tape dans la main plus tard, et ils étaient repartis par la cheminée.
Ce n'étaient pas les bières qui montaient à la tête d'Owen Harper en cette fin de matinée, c'étaient ces petits shots de scotch qu'il s'enfilait les uns après les autres... Son téléphone vibrait sans discontinuer dans sa poche, mais il ne décrochait pas : c'était Torchwood. C'était le boulot, c'était cette vie de dingue qui lui avait mis Diane sous le nez avant de la faire repartir.
En parlant de s'enfiler... La blonde, installée au bar à deux sièges de lui, semblait l'avoir repéré. Il fit signe au barman pour qu'il la serve de sa part. Owen la dévisagea des pieds à la tête, de cette expression blasée et triste qui fait habituellement son succès auprès de la gent féminine. Peut-être pourra-t-elle lui faire oublier, même pour dix minutes, qu'il est condamné à être seul ?
Il vit du coin de l'oeil deux étrangers entrer dans le bistrot. L'un d'entre eux, celui qui avait des lunettes, s'assit à une table près d'autres consommateurs et engagea immédiatement la conversation. Le deuxième, un grand brun au physique avantageux, s'accouda au bar, juste à côté de la fille. Après lui avoir fait un clin d'oeil, il s'adressa au barman :
"- Qu'est-ce qu'il y a comme flics dans le coin ! C'est toujours comme ça, par chez vous ?"
Il n'avait pas cherché à dissimuler son accent anglais. Le barman le regarda un peu de travers :
"- Je vous sers quoi ?"
Le beau gosse anglais fit un vague signe en direction d'une bouteille sur l'étagère. Le barman s'exécuta. L'autre se tourna vers la blonde :
"- Pas bavard, hein ?" et il lui fit un insupportable sourire, comme s'il voulait qu'elle recompte ses dents. Elle gigota sur son tabouret.
"- C'est qu'y a des bruits qui circulent..." commença-t-elle. Intéressé, l'autre se tourna vers elle et caressa entre ses doigts une mèche de ses cheveux blonds. "On dit qu'il y a des ombres qui rôdent..."
"- Des ombres, chérie ?" roucoula le grand con.
"- Oui, et qu'elles aspirent la vie des gens qui ont mauvaise conscience !"
Il s'était encore rapproché d'elle. La fille semblait stupide et n'était pas si jolie que ça, mais Owen eu soudain envie de se battre pour quelque chose. Une fille, ou rien du tout. Avec un peu de chance, il se prendra une chaise sur la caboche et tout serait terminé, au moins pour quelques heures. Il s'éclaircit la gorge, et sans décoller les yeux de sa bière, signifia à l'Anglais :
"- Garde tes distances, mon pote. La fille était avec moi."
Le bellâtre ne se démonta pas :
"- Si on lui laisse le choix, à mon avis..."
Mais il ne finit pas sa phrase, car Owen Harper s'était levé, et contournant la blonde, il avait envoyé son poing en plein dans la tronche de Sirius Black. Les choses commencèrent de cette façon entre eux deux. Il faut bien un début à tout.
James s'y reprit à deux fois pour parvenir à appuyer sur le bouton de la sonnette de Dorcas Meadowes. Si leur inspection des bars du centre de Cardiff n'avait pas été plus fructueuse que cela, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle avait été intense. On ne pourrait pas accuser James Potter et Sirius Black de ne pas faire leur boulot à fond !
C'est donc d'une démarche chaloupée que les deux Aurors s'engagèrent dans le corridor, à la suite de Franck Londubat qui avait poussé un grand soupir en leur ouvrant la porte :
"- Vous êtes en retard, les mecs !"
"- Non, pas vraiment : on était en mission !" protesta James. Sirius hocha vigoureusement la tête pour approuver, ce qui le déséquilibra quelque peu. Il pénétrèrent dans le salon où étaient déjà installés quelques membres de l'Ordre du Phénix :
Des collègues Aurors : Alastor Maugrey, Jill White et Dorcas Meadowes, dont la maison moldue abritait souvent leurs réunions, car c'était plus discret. Sirius et James leur firent un salut militaire goguenard. Ils avaient l'air complètement crevés.
Il y avait également Albus Dumbledore, Minerva McGonagall et Jaimie Gosdford de Poudlard.
Arthur et Molly Weasley ainsi qu'Ugolin Bohémond, psychomage à Sainte-Mangouste, complétaient le tableau.
Sirius essaya de compter le nombre de présents et de jauger les absents pour voir si la réunion était importante, mais dans l'état où il était, il renonça bien vite. De toutes manières, il s'en foutait un peu. James et lui étaient sur une piste ! Ugolin Bohémond avait continué à parler, comme si personne ne l'avait interrompu, comme si James n'avait pas claironné : "Salut la compagnie !" en entrant dans la pièce et comme si Sirius n'avait pas trébuché sur son propre pied et avait envoyer valser le plateau de cookies que Molly avait posé sur la table basse. Dorcas Meadowes soupirait en secouant la tête et Alastor Maugrey tapait sa baguette dans sa main d'un geste profondément agacé.
Enfin les deux terreurs furent installées et elles purent faire semblant d'écouter les résultats de l'étude psychologique que Bohémond tentait d'effectuer depuis des mois sur Voldemort :
"- Son rapport avec Grindelwald est toujours une question qui me semble nodale mais que je ne parviens pas dénouer. Lorsque la phénoménologie du meurtre du père symbolique prend le pas sur la création imaginaire d'un Moi qui ne soit pas simple reflet obsolète de l'antérieur, mais pleinement Soi agissant dans le monde, le rapport des possibles est inversé."
Sirius se frotta les oreilles. James avait la bouche ouverte. Plus grave, tous les autres membres présents semblaient intéressés. Mais Ugolin Bohémond se tut, et Albus Dumbledore, qui présidait la réunion, se tourna vers Alastor Maugrey :
"- Et chez les Aurors, quelles sont les nouvelles ?"
"- J'ai fait une nouvelle inspection l'autre jour," grogna le rude Auror. "Nous sommes clean. Probablement le seul Département de ce Ministère qui ne soit pas infesté de cette vermine de mages noirs."
"- Et à part ça," continua Dorcas, "rien à signaler : aucune arrestation. Ils se font discrets depuis le joli coup de filet chez les Crabbe le mois dernier."
Albus Dumbledore hocha la tête et ouvrit la bouche, s'apprêtant certainement à conclure la réunion en distribuant les tâches pour la prochaine fois, lorsque James l'interrompit. On le voyait sautiller sur son fauteuil, tendu, les yeux grands ouverts, tapant du pied, claquant de la langue, bref montrant tous les signes possibles et imaginables de l'impatience la plus aiguë. En son for intérieur, Sirius n'en ressentait pas moins, mais il avait sa fierté, et tentait de se maintenir dans cette allure d'aristocrate nonchalant qui avait fait sa célébrité auprès de la gent féminine. James ne put se retenir plus longtemps :
"- Nous on a un super truc à raconter !"
Il fila un coup de coude dans les côtes de Sirius, qui hocha à nouveau la tête.
"- C'est Dorcas qui nous a envoyé enquêter sur des morts suspectes à Cardiff !"
Dumbledore les regarda alors avec plus d'attention, mais James ne s'en rendit pas compte : il s'était tourné à nouveau vers Sirius, se demandant pourquoi son fidèle acolyte ne le soutenait pas plus dans cette affaire. Sirius lui fit les gros yeux et soudain James se rappela : il n'avait plus de voix... Eh oui, on chantait beaucoup, la nuit tombée, dans les bars du Pays de Galle. Et Sirius adorait chanter, surtout après sa vingt-septième bière.
"- Et alors..." James s'était levé pour mettre plus d'effet dans son discours. "Les morts, ils font des cercles autour du centre" (grands gestes avec les bras) "On nous dit que c'est des ombres" (là, James mime une ombre...) "Et qu'elle est en expédition punitive !" (il montra les dents et sortit les griffes, comme une bête sauvage).
L'assistance était médusée. Molly Weasley s'était tournée vers Ugolin Bohémond : est-il victime d'un sort ou faut-il l'emmener immédiatement à l'asile ? était sa question muette. Dumbledore avait les sourcils froncés. D'un geste de sa baguette vers Sirius, il lui remit les esprits en place. Et croyez-le, dessaouler d'un seul coup, ça fait tout drôle. Surtout quand on fixait les fesses de son meilleur ami, debout devant soi, depuis dix bonnes minutes sans s'en apercevoir. D'un autre mouvement du poignet, son ancien directeur lui rendit sa voix :
"- A ton tour, Sirius," demanda-t-il de cette voix douce mais ferme qui n'incite pas vraiment à la désobéissance, "fais-nous part de ta version."
Et Sirius leur expliqua tout, calmement et posément, avec tous les points d'importance et en omettant les détails plus insignifiants. Alastor approuvait du chef : ça c'était l'Auror qu'il avait formé.
A la fin de son exposé, Dumbledore soupira :
"- James, Sirius, vous allez venir avec moi. Je voudrais vérifier quelque chose à propos de cette affaire. Les autres : merci d'être venus, nous avons fait quelques progrès, continuez comme cela. Et attendez mon signal pour la prochaine réunion."
Sur ce, les trois sorciers prirent congé et sortirent dans la rue, un peu incongrus dans leurs robes de sorciers au beau milieu d'une banlieue moldue très chic.
Gwen venait de rentrer de sa petite escapade avec Rhys. Il l'avait emmenée à Paris... Paris ! Bon, d'accord, ils avaient surtout vu Saint-Denis et le Stade de France car Rhys avait des billets pour un match de la coupe d'Europe, mais tout de même... Elle avait apprécié ce séjour, ce temps avec son compagnon. Elle était sûre d'elle, désormais : c'était avec Rhys qu'elle voulait faire sa vie.
Enfin, elle en était sûre jusqu'à ce qu'elle arrive à Torchwood.
Jack n'était toujours pas rentré.
Et Gwen s'aperçut qu'elle en ressentait un petit pincement au coeur.
Elle posa les beignets qu'elle avait ramenés pour l'équipe. Ianto s'empressa d'aller faire du café et elle se retrouva seule avec Owen et Tosh, aux visages fermés et sombres :
"- Pas de nouvelles de Jack ?"
"- Il doit avoir des choses bien plus importantes à faire, non ? " répondit Owen qui arborait un magnifique oeil au beurre noir.
"- Plus importantes en tout cas qu'une activité complètement imprévue et croissante de la faille !" s'exclama Tosh.
"- Quoi ?"
Gwen se précipita vers les écrans de Tosh, pour la forme car elle ne comprenait évidement rien non plus à tous ces chiffres qui défilaient.
"- Ianto patrouille jour et nuit. Les Weevils sont plutôt calmes et se font rares. C'est autre chose qui provoque ces interférences."
"- Autre chose ? Quoi donc ?" demanda Gwen, l'inquiétude lisible sur son visage ouvert.
"- Peut-être est-ce le retour sous ces latitudes de mon incroyable sexitude qui perturbe les capteurs de Tosh ?"
Le Capitaine Jack Harkness venait d'apparaître en haut de l'escalier qui menait à son bureau.
Au fond, vers la cuisine, un bruit de vaisselle brisée.
Ailleurs, le silence. Les trois membres de Torchwood, qui avaient tenu la barre pendant l'absence de Jack le fixaient, le regard noir. Ce coup-ci, leur boss allait devoir s'expliquer, et sérieusement. Aucun moyen qu'il s'en sorte comme d'habitude, avec une galéjade.
"- Où étais-tu, Jack ?" demanda Gwen d'une voix basse, les bras croisés.
"- Nous sommes certainement au bord d'une catastrophe spatio-temporelle. Et de ton côté, ça roule ?" demanda Owen d'un ton qu'il voulait rendre anodin.
Tosh ne dit rien, mais elle évitait de regarder Jack. Et c'était tout aussi blessant.
Jack descendit quelques marches, prêt à s'expliquer, mais c'est alors qu'il aperçut Ianto et qu'il croisa son regard. Chez Ianto Jones, seuls les yeux sont expressifs. Lorsque l'on sait les lire, ce qui était le cas de Jack. Ce dernier leva les mains :
"- D'accord, je vais tout vous dire. Je n'avais pas vraiment prévu cela, mais bon..."
"- Et ceci, mes jeunes amis, vous savez ce que c'est ?" demanda Dumbledore avec un grand geste.
"- C'est une Poste !" répondit fièrement James, comme en classe. Sirius eut un demi-sourire. Son ami avait toujours aimé les quizz.
"- Et à quoi sert une Poste ?" demanda à nouveau le vieux sorcier. Mais il ajouta très vite : "Sirius, à toi."
"- Une Poste est l'endroit où les Moldus vont pour envoyer des lettres sans hibou," jeta-t-il, sur un ton d'évidence. Il était sorti premier de l'Académie des Aurors, y compris en cours d'Etude des Moldus, pour qui le prenait-on ?
Albus Dumbledore s'engagea alors d'un pas primesautier sur l'escalier qui menait à l'intérieur du bâtiment :
"- Et c'est aussi dans les Postes que l'on trouve des téléphones !"
James et Sirius le suivirent, intrigués : à qui donc Dumbledore voulait-il téléphoner, à cette heure ?
"- Jack ! Bonsoir, c'est Albus..."
Jack sourit enfin, de toutes ses dents toutes blanches.
"- Je ne te dérange pas ?"
"- Pas le moins du monde !" répondit-il, les yeux fixés sur son équipe furibarde. Il était sur le point de leur révéler un de ses fameux secrets lorsque son téléphone portable avait sonné. Sauvé par le gong, dit-on parfois... "Comment vas-tu, depuis le temps ?"
"- Ma foi, je ne rajeunis pas, tu sais... Les choses suivent leur cours ici en Ecosse... Et à Cardiff ?"
"- Torchwood se porte plutôt pas mal..." En faisant signe de patienter à Gwen qui tapait du pied, Jack se reprit : "Enfin, en général..."
"- Et..." Son interlocuteur au bout du fil semblait hésiter, "et sinon... Vous avez fait joujou avec la faille, ces derniers temps ?"
Jack ne savait pas s'il devait s'inquiéter ou au contraire être excité. Il prit le parti de l'excitation : après tout, c'était pour ça qu'il faisait ce boulot, non ? Plus c'était dangereux, inquiétant, et plus c'était le pied :
"- Je ne me souviens plus si tu es déjà venu à la base ?..."
"- Jack, enfin..."
Et ils raccrochèrent tous les deux en même temps. Jack se tourna vers le reste de son équipe :
"- On va devoir remettre les retrouvailles et les embrassades à plus tard, nous attendons de la visite !"
"- Quand ?" demanda Ianto, prêt à aller accueillir leurs futurs hôtes derrière son comptoir.
Jack ouvrit la bouche pour répondre, mais trois 'pop' presque simultanés l'interrompirent. Il se contenta de hausser les sourcils vers Ianto pour toute réponse.
Albus Dumbledore, Sirius Black et James Potter avaient transplané dans la base secrète de Torchwood.
Notes :
(1) A Nation once again est un hymne nationaliste irlandais.
