1 – Ouverture - Ce matin de printemps.

Ces onze courts one-shots sont une idée qui a germé dans ma tête au fur et à mesure de l'écoute de l'album "Fruits basket - four seasons : song for Ritzuko Okazaki" que je vous recommande, avec la chanteuse japonaise Ritzuko Okazaki aujourd'hui décédée à qui je rends hommage par ces modestes écrits, ainsi qu'à la talentueuse Natsuki Takaya, pour son œuvre magistrale de fruits basket, le shojo le plus magnifique qu'il m'ait été donné de lire jusqu'ici et qui reste à mon avis indétrônable.

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Une musique que j'aime beaucoup, elle m'a inspiré ce one-shot qui est à mon sens le plus réussi des onze et qui explique ce qui se passe juste avant le début du manga, quand Tohru admire les petites figures du zodiaque chinois devant la maison de Shiguré… Bonne lecture !

Ce matin de printemps, Tohru Honda ouvrit lentement les yeux : la lumière orangée du soleil levant entrait et la réchauffait de ses doux rayons, tamisés à travers la toile fine qui lui servait de toit. Comme tous les matins, elle salua la photo de sa mère, lui confiant sa "maison", si elle pouvait qualifier ainsi la modeste tente qui lui servait d'abri en attendant que les travaux se terminent dans la maison de son grand-père, et partit au lycée. Comme tous les matins, Tohru Honda positiva : certes, ses parents n'étaient plus là, certes, sa vie n'était pas facile tous les jours, mais elle était en vie et refusait de se décourager… Elle avait deux merveilleuses amies, Saki et Arisa, qui partageaient son quotidien et qu'elle allait retrouver avec la même joie au lycée, elle avait un toit au dessus de la tête, un petit boulot qui lui permettait de se payer de quoi se nourrir et de payer ses études, comme elle l'avait promis à sa mère… Et elle avait sa mère qui, elle le savait, elle en était persuadée, l'entendait chaque fois qu'elle s'adressait à elle et qui veillait sur elle de là-haut… Chacune de ses pensées était pour elle… Comme tous les matins, à la pensée de sa mère, Tohru sourit gaiement et prit le sentier qui la conduirait vers le lycée…

Ce matin de printemps, Kyo Soma ouvrit les yeux : comme tous les matins depuis des mois qu'il pratiquait ses austérités dans la montagne avec son maitre, ses premières pensées furent pour Yuki. Sans ce sale rat, il ne serait pas ce qu'il était : le chat, l'exclu des douze, le paria, n'existerait pas… Et sa forme monstrueuse qui était son plus terrible secret n'existerait pas non plus… Il ne serait pas obligé de porter en permanence ce bracelet dont le contact semblait lui brûler continuellement la peau tout autour du poignet, comme un cercle de feu… Pourquoi, lui, Kyo, existait-il ? Ne valait-il mieux pas mourir ? Mais s'il devait mourir, ce serait après avoir vaincu cette souris répugnante qu'était Yuki, qui avait toujours eu tout ce que Kyo aurait souhaité avoir… Et il ferait enfin partie officiellement des douze. Se relevant de sa couche rudimentaire d'un bond souple, il se décida, la rage au ventre : il allait affronter Yuki … Et il le battrait, oui, il en était sûr : il était prêt !

Ce matin de printemps, Yuki Soma ouvrit les yeux : comme tous les matins depuis quelques temps, il avait un drôle de pressentiment, comme si quelque chose allait changer… Mais quelque chose avait déjà changé, de façon imperceptible, depuis qu'il avait été contre la volonté de sa mère et d'Akito pour vivre dans cette demeure avec son cousin Shiguré… Certes, il craignait toujours Akito : ce qu'il lui avait fait subir tout au long de son enfance ne pourrait jamais s'effacer… Et il savait bien que ce qu'il avait fait n'était rien d'autre qu'une forme de fuite. Il reculait le moment d'un véritable affrontement avec Akito. Il ne pouvait d'ailleurs tout simplement pas l'affronter : Akito était le Dieu des douze, un lien si particulier les unissaient tous à lui, tout particulièrement la souris, qui était censée être le préféré du Dieu… Ce lien ne pouvait se briser. Pourtant, malgré ce lien si spécial, Yuki n'était jamais parvenu à comprendre Akito ; pire, il le craignait… Parviendrait-il jamais à ouvrir cette boîte qui le faisait tant souffrir… Yuki ferma les yeux, espérant oublier dans les quelques minutes de sommeil avant la sonnerie du réveil ces tourments qui mettaient son âme à feu et à sang…

Ce matin de printemps, Shiguré Soma ouvrit les yeux et comme tous les matins, il jeta un coup d'œil à sa montre. Etonnamment, il s'était réveillé de très bonne heure, et en forme : ce n'était pas dans ses habitudes... Se levant de son futon, il contempla sur la commode en face de son lit les douze petites figurines du zodiaque chinois qu'il avait achetées sur un coup de tête la veille, dans une petite boutique du centre-ville. C'étaient des petites figurines toutes simples, en porcelaine blanche. Se rendant alors compte qu'il leur manquait quelque chose, il alla chercher ses peintures et ses pinceaux et entreprit de les peindre pour leur donner les couleurs les plus fidèles possibles. Tout en peignant le coq, il songeait à Akito, au manoir, probablement endormie nue dans les bras de Kuréno. A cette pensée, son cœur s'enflamma de jalousie dans sa poitrine. Il s'obligea à se concentrer sur sa peinture, pour oublier cette vision qui hantait son esprit, en attendant de trouver une solution qui permettrait à Akito de revenir à la raison, et de lui revenir enfin... Ayant enfin terminé son travail, il admira le résultat : ses petites figurines ne manquaient pas de prestance ainsi colorées. Satisfait, il alla disposer un à un ses petits animaux sur le perron de sa maison, afin que la brise légère de ce matin de printemps les sèche plus rapidement…