Talk to the wind
Chapitre 1 : Un soir à Paris, ou comment se faire cambrioler par une fenêtre.
Il sortit du bus en soupirant. Il consulta sa montre, tout en s'ébouriffant les cheveux, nerveux. 18H55. Encore une heure passée dans les embouteillages pour rentrer. Paris, quelle ville de merde. Il s'adossa contre un panneau stop en reprenant son souffle. Il n'avait jamais vraiment été friand de la foule, et être agglutiné contre de parfaits inconnus pendant ces interminables minutes, très peu pour lui. Il releva la tête vers le ciel et ferma les yeux, profitant du moment présent. Il inspira profondément. Il faisait nuit depuis un certain temps, le mois de janvier marquant encore l'hiver froid et sombre. Il appréciait ce sentiment de fraîcheur et d'anonymat que lui procurait la pénombre. Il n'était pas du genre à s'afficher, même s'il n'était pas timide pour autant. Il ne valait mieux pas à vrai dire, surtout lors de ces fameuses conférences réunissant un certain nombre de personnes. Mais ces instants de solitude ne lui déplaisaient pas. Bien au contraire.
Le froid du soir finissant par le rattraper, il décida de marcher en direction de son appartement, situé à quelques dizaines de mètres de là. Après tout, son cher et tendre félidé l'attendait probablement, impatient de recevoir son repas quotidien. Il releva la tête, admirant d'un œil critique son bâtiment. Il n'était pas très beau, mais finalement, qu'attendre de plus d'un appartement parisien ? Un détail chiffonna le jeune homme. La lumière de son étage, de sa fenêtre était allumée. Il était pourtant sûr de l'avoir éteinte en partant, le matin même. Merde, mais quel con. Ça sent les factures supplémentaires, j'ai vraiment pas besoin de ça. Il allait se résigner à devoir payer une note d'électricité conséquente par un stupide oubli lorsqu'il vit avec effroi une silhouette passer la tête par sa fenêtre. Quelqu'un était dans son appartement ! Il se mit alors à paniquer. Tout son matériel informatique, tous ses souvenirs de valeur se trouvaient dans son 3 pièces, et un voleur semblait y avoir accès ! Merde, merde, merde... Grouille-toi ! C'était impensable pour lui. Il se mit alors à courir aussi plus vite qu'il le pouvait, dégainant ses clefs pour entrer dans le hall. Il courut à en perdre haleine dans les escaliers, ne voulant pas perdre de temps à attendre l'ascenceur, se disant, avec raison, que l'intrus ne prendrait probablement pas ce dernier s'il souhaitait s'échapper discrètement.
Il arriva rapidement au dernier étage, jurant sur la capacité de son concierge à ne pas savoir surveiller lorsqu'il y avait un véritable problème. Pour venir me les casser quand j'ai des impayés tout va bien, mais pour le reste... Ne voulant pas alerter l'intrus, il clencha lentement la poignée de porte. Ouverte. Il se faufila dans son appartement, redevenu sombre. Les lumières avaient été éteintes, et aucun bruit ne se faisait entendre. Preuve encore qu'il se passait quelque chose d'anormal, car son chat n'accourait pas vers lui pour réclamer sa nourriture, comme il le faisait pourtant habituellement.
S'armant de son tout courage, le garçon s'empara de sa batte de baseball en plastique signée "Lucille", cadeau de Noël de la part de son meilleur ami, fan de The Walking Dead, et lança à la cantonade :
"Hey, je sais qu'il y a quelqu'un ! Tu ferais mieux de te montrer et rapidement car je suis armé ! Réponds gros naze, je sais que t'es là !"
Il se gifla mentalement d'avoir peur et de ne pas savoir maîtriser sa voix qu'il voulait courageuse. Seul un gargouillis tremblant et peu crédible était sorti de ses lèvres.
Le silence lui répondit. Inquiet et paniqué, il se dirigea doucement vers la pièce principale de son petit appartement. Pourquoi diable sa maison était ouverte sans aucune trace de forçage sur sa porte ? Il était pourtant le seul à posséder une clef, mis à part son concierge, mais celui-ci n'aurait aucun intérêt à voler quoi que ce soit. Il était définitivement le seul, n'ayant pas donné le double à qui que ce soit.
A personne, sauf à...
"JOYEUX ANNIVERSAIRE THOMAS !"
Damien.
