center« Quel que soit l'enfer qui t'attend, tu y brûleras bien assez tôt »/center

La vie m'a rarement fait de cadeau.

Et de fait, elle se termina en beauté…

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19 septembre 2010, 14 H 23

Harry Potter ne s'attendait pas à trouver ce genre d'homme lorsqu'il passa la porte du bureau du directeur du quartier des condamnés à mort d'Azkaban. Vu la fonction, il s'attendait plus à un homme rachitique aux allures de croque-mort, le dos vouté et le vautour sur l'épaule. Un pourvoyeur de mort en quelque sorte. L'homme devant lui était aux antipodes de cette description. Grand (un mètre quatre vingt dix minimum), le directeur était noir, massif, le crâne rasé, à l'allure néanmoins élégante. Seul son costume de bonne fracture le rapprochait un peu du creuseur de tombe : veste sombre et chemise blanche ; une chainette dorée pendait négligemment d'une poche, créant un contraste saisissant entre le macabre du noir et la prestance de l'élégance. Il était réellement impressionnant, presque intimidant.

Le directeur se leva lorsque Harry apparut devant sa porte. S'avançant vers lui d'une démarche un peu lourde, il lui tendit une main que Harry serra sans hésitation. La poigne était aussi impressionnante que la carrure.

« Monsieur Potter, dit-il d'une voix grave, je vous remercie d'être venu.

- Je vous en pris, monsieur…

- Coffee. Stephen Coffee.

- Coffee, comme…

- Le café, oui. Mais un café noir. »

Harry le regarda avec un air incertain. Coffee eu alors un vague sourire contrit.

« Pardonnez-moi. C'est une boutade que j'aime bien sortir lorsque je me présente. Mais j'imagine que vous n'avez pas trop l'esprit à la plaisanterie, en ce moment. »

Harry ne répondit pas.

« Entrez, enchaina Coffee, saisi par le froid qui s'était installé, asseyez-vous, nous n'en aurons pas pour longtemps. »

Le directeur avait pris un air digne et respectueux en se retournant vers son bureau. Harry se dit que passer sa vie à exécuter des criminels devait générer un comportement de dignitaire envers les victimes desdits criminels.

« Merci, monsieur Coffee, dit Harry en s'asseyant, je suis pressé, j'aimerais que nous en venions directement au fait. »

Coffee se posa à son tour et regarda Harry avec un air sombre.

« Vous savez de qui je vais vous parler, commença-t-il. Drago Malefoy. »

Il s'arrêta, comme s'il attendait une réaction de la part de son interlocuteur. Mais Harry ne répondit pas, pas tout de suite. Les poings serrés sur ses cuisses, il essayait de se calmer. Maintenant, la seule évocation de ce nom le mettait en rogne.

« Eh bien ? demanda Harry d'une voix maitrisée.

- Il a demandé à vous voir. Etant donné l'état actuel des choses et comme il a eu un comportement exemplaire depuis son arrivé ici, nous lui avons accordé cette requête. »

Harry eu un sourire mauvais. Alors, c'était pour ça. Remarquez, il n'était pas totalement surpris. Il se doutait bien que ce devait être quelque chose dans le genre. Depuis qu'il avait reçu le hibou du directeur d'Azkaban, il se préparait à tout. Mais malgré cela, il sentait la colère l'envahir inexorablement.

« Vous avez perdu votre temps et le mien, monsieur Coffee. » Harry se leva. « Il vaut mieux que je m'en aille avant que je perde patience.

- Monsieur Potter, attendez…

- Au revoir, monsieur Coffee.

- Il insiste vraiment pour vous voir.

- Moi, j'en ai aucune envie. »

Harry avait atteint la porte et attrapé la poignée lorsque le directeur lança cette dernière phrase.

« La date a été décidé… »

Harry se figea. Silencieux, il attendait la suite.

« Je devais également vous en informer. Le magenmagot a déterminé la date de son exécution. Drago Malefoy passera sur la croix le 21 septembre 2010 à minuit. »

Un temps puis :

« Il lui reste moins de deux jours à vivre. Et il le sait. »

Harry ne bougea pas, digérant l'information que venait de lui apprendre Coffee. Au bout de deux mois, cette affaire allait enfin avoir son dénouement.

« S'il vous plait, monsieur Potter, venez vous rassoir. Nous devons discuter. »

Lentement, Harry lâcha la poignée et revint s'assoir. Les yeux brillants, il fixait Coffee avec intensité.

« Quand a été pris cette décision ?

- Il y a une semaine, par le très vénérable juge Vallangher. »

Une semaine, cela fait une semaine que Malefoy connait la date de sa mort… Que pouvait-il bien endurer dans sa geôle ?

« Pourquoi est-ce que je suis prévenu que maintenant ?

- Il s'agit de la procédure habituelle. Nous ne prévenons les familles des victimes que deux ou trois jours avant l'exécution.

- Je vois, qu'avez-vous à me dire de plus avant que je ne m'en aille ? »

Coffee soupira. Il voyait bien que Harry allait refuser de descendre voir Malefoy.

« Ecoutez, monsieur Potter, je ne peux qu'imaginer la souffrance que vous endurez. Je comprends la haine qui vous anime, mais je vous le demande, allez le voir. Cela fera du bien, non seulement à lui, mais également à vous.

- A moi ? répéta Harry, incrédule.

- Oui, d'expérience, je sais qu'une victime doit se confronter à son bourreau, toujours. Sinon, la haine, le chagrin et la peur la rongera comme un poison et elle finira par commettre l'irréparable.

- Je me suis déjà confronté à lui.

- Dans un tribunal, avec des Aurors interposés. Là, ce sera un tête-à-tête, ce qui est très différent.

- Je ne suis pas une victime.

- Comment vous considérez-vous, alors ? »

Harry ne répondit pas.

« Qu'est-ce que ça peut apporter à Malefoy de me parler ?

- Vous seriez étonné de savoir qu'un condamné à mort avec moins de deux jours à vivre peut vous racontez. »

Harry ouvrit la bouche mais Coffee enchaina : « Depuis son incarcération il y a un mois, Drago Malefoy a eu une conduite exemplaire, irréprochable. Si tous nos détenus étaient comme lui, je pourrais renvoyer les gardiens. Ce qui est étrange lorsque l'on sait ce qui l'attend. Pour l'avoir vu plus d'une fois, je sais une chose : Malefoy a espéré jusqu'au bout. Il se tenait bien car il conservait l'espoir de pouvoir sortir un jour de ces murs, blanchi de tout soupçon. Mais lorsque je lui ai appris qu'il allait mourir, il s'est tût. Puis il a changé. Il a cessé de manger, de parler, de se laver. Il a commencé à mourir d'une certaine manière. L'attente pour un condamné à mort est terrible. Et ceux qui ne la supportent pas avec une violence et un féroce appétit de vivre sombrent dans la déprime. C'est le cas de Malefoy et…

- Venez-en au fait, s'il vous plait. »

Coffee soupira de nouveau. « Allez le voir et écoutez ce qu'il a à dire. C'est une manière pour lui d'expier ses fautes. Ca le soulagera et vous aussi. »

Harry prit son temps pour répondre :

« Cela fait maintenant un mois que j'attend le moment de sa mort. Qu'est-ce qui vous fait croire que j'ai envie de l'écouter maintenant ? »

Coffee ferma les yeux brièvement dans un geste de dépit. « Vous dites cela, mais vous n'en pensez pas un mot. Vous voulez le voir avant sa mort. Vous voulez qu'il s'explique ailleurs que dans un tribunal. »

Harry se tût. Coffee se leva.

« Je ne vous oblige en rien, monsieur Potter. Si vous refusez de descendre, je dirais à Malefoy que vous avez eu un empêchement. Au cas où, je vous rappelle qu'il sera exécuté le 21 septembre à minuit. Soyez en avance. »

Harry regarda Coffee, cherchant à savoir ce qui ce cachait derrière ces paroles. Malgré tout, le directeur avait raison. Harry voulait parler à cette ordure de Malefoy, il voulait une explication.

« Très bien, allons-y alors. »

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Harry suivit le gardien dans les couloirs sombres des bas fonds d'Azkaban en direction du quartier des condamnés à mort. Coffee ne l'avait pas accompagné, retenu par des obligations administratives. Il l'avait confié à un jeune type d'une vingtaine d'année environ, suffisamment jeune en tout cas pour faire son travail avec le zèle typique des bleus avides de faire leur preuve. D'un pas assuré, le jeunot en robe de sorcier vert sombre (la tenue réglementaire des gardiens) menait Harry à travers le dédale de couloir que formait la forteresse la plus crainte de toute la communauté magique anglaise.

Azkaban. La prison avait beaucoup changé depuis la deuxième guerre contre Voldemort et l'exil des Détraqueurs. Désormais géré par les sorciers, Azkaban avait perdu un peu de cette crainte qui retenait les sorciers de déraper mais elle avait gagné en sureté ce qu'elle perdait en menace. Afin de pallier la perte de l'influence inhibitrice des Détraqueurs, les sorciers s'étaient tournés vers les travaux d'un savant allemand, Kallius Jauffre, un sorcier qui a révolutionné le monde de la magie avec ses études sur les roches métamagiques. Il avait notamment découvert une roche qui absorbait la magie, faisant d'un sorcier un moldu tout ce qu'il y de plus banal en l'espace de quelques secondes. Cette roche, qui émettait une petite lueur jaune pâle, servait justement de lampe dans les couloirs en plus de maintenir les détenus dans leurs cellules. Naturellement, seuls les criminels étaient infectés par la pierre. Jauffre avait découvert que la pierre inhibitrice perdait son pouvoir si elle était bien traitée. Ainsi créa-t-il un nouveau minéral, bleu nuit celui-là, qui protégeait son porteur de la pierre jaune. Les gardiens en portaient une, les administrateurs en portaient une, Coffee en portait une, Harry même, en tant que visiteur avait été autorisé à en porter une. Sans elle, ils ne pourraient utiliser la magie et pour les gardiens, ce serait véritablement problématique. Jusqu'à présent, ce nouveau système marchait très bien. Si jamais un détenu volait une pierre bleue, elle cessait aussitôt de fonctionner car chacune est calibrée sur le sorcier qui la porte. Un système vraiment très au point. Kallius Jauffre a été d'une grande aide pour le ministère.

Ah, dernier détail, Jauffre est également l'inventeur de la croix de contention, l'appareil qui prendra la vie de Drago Malefoy.

La peine de mort avait été rétablie peu de temps après la disparition des Détraqueurs. Un moyen comme un autre de générer la peur chez le sorcier lambda.

De la peur des Détraqueurs, on est passé à la terreur de la croix.

C'est dans l'ordre des choses.

La mine sombre, Harry soupira, se demandant combien de poste de garde il allait encore franchir. Le jeune gardien le faisait passer par la zone même où se trouvent les condamnés alors qu'il aurait été plus simple de l'emmener par la voie des visiteurs, celle qu'il allait prendre le 21 septembre à minuit et qui avait le mérite d'être plus rapide et moins contraignante. Là, par le chemin que prenait le jeunot, il fallait traverser de nombreux points gardé et cela prenait un temps fou en formalité.

« Ce y est, annonça le gardien, on y est. »

Enfin…

Ils étaient arrivés devant une grande porte sur laquelle était inscrit :

QUARTIERS DES CONDAMNES

Le gardien fit un geste avec sa baguette et la porte s'ouvrit lentement. Précédé de son guide, Harry arriva dans un long couloir dont les murs étaient tapissés de cellules. Harry en compta vingt-quatre, douze de chaque côté. Ainsi, c'était là que les criminels passaient leurs derniers jours en ce monde. Dans ces cellules glauques seulement éclairés par les roches inhibitrices et ces puits ridicules. C'était donc ici que Malefoy attendait la mort. Curieusement, Harry n'en ressenti aucune satisfaction, bien qu'il souhaitait les pires horreurs pour lui. Rien que le vide, un vide terriblement froid.

Il y avait trois condamnés en attente ce jour-là. L'un d'eux était avachi sur sa couchette et si Harry ne l'avait pas vu bouger, il aurait pu le confondre avec le mur. Un autre le regarda passer en silence, le regard morne, indifférent. Quant au dernier, un type à l'air attardé, il sauta sur sa grille et gueula au jeune gardien :

« Eh, Korrasof, parait que ta mère me demande, ça t'dirai pas de me faire sortir, juste histoire d'aller éteindre le feu de son gros cul. T'inquiète, je reviens après, promis.

- Ta gueule, Gormon, répliqua simplement le dénommé Korrasof.

- Eh, où t'as appris à causer, blaireau. On t'a jamais appris à causer correcte. Et c'est qui le grand con qui te suis ? Ta copine ? Dis moi, qui c'est qui fait l'homme ? Toi ou l'autre folasse ? »

Ecarlate, Harry amorça un geste pour sortir sa baguette et faire ravaler sa morgue à cet abruti mais le jeune le retint et lui murmura :

« Inutile, ça ne fera que l'encourager. »

Furieux, Harry rangea néanmoins sa baguette et sortit du quartier à la suite de Korrasof. Derrière lui, le condamné Gormon piqua une crise et se mit à secouer la grille en éclatant d'un rire dément.

Le gardien soupira :

« Et dire que l'on a encore un mois à le supporter… »

Harry ne fit pas de commentaire mais compatit sincèrement.

Ils étaient désormais dans un couloir en forme de T. Derrière eux, le quartier des condamnés devant eux, le parloir personnel. A leur gauche, un nouveau couloir qui partait à l'équerre, à environ une demi-douzaine de mètre. Arrivé à ce niveau, Harry s'arrêta brièvement, considérant la coursive et tout ce qu'elle impliquait.

Le couloir de la mort.

Au fond, une porte en fer, encadré de murs nus et précédé d'une longueur de vingt mètres environ. Harry se demanda ce que cela faisait de fouler ce couloir en sachant pertinemment que derrière la porte se trouvait la croix. Cela lui fit froid dans le dos. Il ne s'attarda pas longtemps il eu juste le temps de se dire que c'était sadique de la part des gardiens de placer le parloir ici, obligeant les détenus de passer devant le couloir de la mort à chaque fois qu'ils recevaient une visite. La seconde d'après, la porte s'ouvrit.

Harry se retrouva alors devant le meurtrier de sa meilleure amie et de sa nièce.

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Malefoy était méconnaissable. Même privé de ses Détraqueurs, Azkaban conservait la faculté de ronger ses pensionnaires au point de les réduire à des ombres décharnées. Il était maigre à faire peur et d'une pâleur presque maladive. Ses habits rayés de détenu semblaient trop grand pour lui. Le col était si lâche que Harry pouvait voir le torse imberbe de son ennemi duquel perçaient douloureusement les côtes. Son visage n'était plus qu'une tête de mort, la peau était tellement tirée que l'on aurait pu croire qu'elle allait claquer à tout moment. Seuls ses yeux étaient encore animés, gorgés de vie encadrés par des mèches blondes qui avaient depuis longtemps oublié ce que devait être un peigne et un shampoing, ses yeux le dévoraient, le suppliaient, l'imploraient en silence. On était bien loin de l'héritier arrogant qu'il était encore il y a deux mois.

Dégouté, Harry l'observa un bon moment. Il devait prendre sur lui pour ne pas lui faire subir ce qu'il avait fait endurer à Hermione. Cela aurait été si simple, Malefoy était désarmé, enchainés, qui plus est, avec des fers qui le paralyseront à la moindre velléité d'agressivité Harry, lui, avait sa baguette et toute une panoplie de sortilèges. Il aurait pu le faire, il avait envie de la faire mais il se retint. Très difficilement. Cela aurait été de s'abaisser à son niveau et Harry ne pouvait s'y soumettre. Le visage fermé, il s'avança dans la pièce nue du parloir et s'arrêta devant la table et la chaise où se trouvait assis Malefoy. A son approche, l'enfoiré leva ses yeux brillants sur lui. Les chaines cliquetèrent légèrement.

« Bonjour, Potter, dit-il d'une voix sourde, merci d'être venu. »

Harry se contenta de s'assoir sur l'autre chaise sans rien dire. Face à face, les deux hommes se regardèrent, l'un avec colère, l'autre avec désespoir.

« Je… commença Malefoy, il faut que je te parle. Au sujet de… hum, de cette affaire. »

Malefoy semblait avoir du mal à parler. Harry l'interrompit :

« Que me veux-tu, Malefoy ? Commence pas à tourner autour du pot. »

Le condamné baissa la tête et regarda d'un air absent la table en bois grossier. Sans relever les yeux, il dit :

« La date a été déterminé.

- Je sais, Coffee me la dit.

- Je vais mourir dans deux jours.

- Je sais. »

Malefoy regarda Harry avec une pointe de colère. D'une voix plus ferme, il dit :

« Depuis mon arrivé, je gardais l'espoir que les Aurors fassent leur travail. Qu'ils comprennent enfin que celui qu'il avait envoyé dans le couloir de la mort était innocent. Mais à ce que je vois… » La voix se fit dure. «… ce n'est pas la cas. Remarque, ça ne m'étonne qu'à moitié. Si ce n'avait pas été cette Sang-de…

- La ferme, cria Harry, qui avait de plus en plus de mal à se maitriser.

- Si ce n'avait pas été elle, et si ce n'avait pas été moi, tu aurais fait ton boulot, Potter. Tu aurais compris que je suis innocent ! »

Malefoy avait presque hurlé sur ce dernier mot. Harry se leva d'un coup, les poings serrés.

« C'est tout ce que tu as à me dire ? (la voix tremblait légèrement) C'est uniquement pour ça que tu m'as fait venir ?

- Oui. Je t'ai fait venir pour que tu voies ce que tu as fait. Tu t'es toujours targué d'être juste, noble d'esprit, et pourtant, tu ne t'es pas bien foulé sur cette affaire. Parce que c'est moi et parce que c'est elle, pas vrai ? Je paris que tu n'as même pas parlé à Megalyn…

- On lui a parlé, détrompe-toi.

- Alors, t'as bien dû comprendre…

- Elle nous a rien appris de plus.

- Qu'est-ce que tu raconte ? Elle a forcément…

- Elle nous a juste dit que tu étais sorti du manoir en début de soirée le jour du meurtre, c'est tout. Elle ne t'accuse pas, mais ne t'innocente pas, non plus.

- Non… Ce… C'est pas vrai… »

Malefoy se prit la tête entre les mains dans un geste de détresse très convaincant. Harry avait envie de hurler.

« Quel idiot ! cracha-t-il, je pensais que tu voulait expier tes fautes, que tu allait enfin me dire pourquoi tu as fait ça. Mais non, tu es trop buté et trop arrogant pour ça. Quel imbécile, je n'ai fait que perdre mon temps. »

Il se détourna et marcha vers la porte. Malefoy leva la tête et cria :

« Tu n'enverrais jamais un innocent sur la croix !

- Pour cela, il faudrait que tu sois innocent, » répliqua Harry sur le même ton.

Il avança à grand pas vers la table et planta ses deux mains sur la table, regardant Malefoy droit dans les yeux.

« Tout t'accuse, tout ! Tes empreintes sur la baguette, les traces de luttes… Tout te relie au meurtre, tout, tu m'entends ?

- La ferme, je sais tout ça ! » Combien de fois tout cela a été rabâché au procès. « Mais pourquoi est-ce que je ne m'en rappelle pas ?

- Parce que tu as modifié ta mémoire. On a analysé la baguette du crime et on a trouvé un sort d'amnésie lancé sur toi-même. A quoi tu pensais à ce moment-là ? Qu'avec la mémoire effacée, tu auras l'air plus innocent. D'autant que tu n'y es pas allé de main morte, c'était si intense que le cerveau en a été endommagé et les souvenirs perdus à jamais.

- C'est débile, même toi, tu dois t'en rendre compte.

- Pas si débile que ça lorsque l'on est acculé sans espoir de fuite. Malheureusement pour toi, c'était inutile. On n'avait pas besoin de tes souvenirs. On avait la victime, ou plutôt les victimes, l'arme et le meurtrier pris en flagrant délit. Tu les as tués, Malefoy. Tu as tué Hermione. Tu as tué Rose. Tu as massacré une enfant de quatre ans !

- C'est un coup monté, bordel ! Il faut que tu me croies, jamais je n'aurais fait ça. Pourquoi…

- Pourquoi ? C'est vrai, nous le saurons peut-être jamais. Reste que c'est toi qui la fais et maintenant, tu vas mourir. J'en éprouve une certaine satisfaction, je dois dire.

- Menteur, répliqua Malefoy, de plus en plus désespéré, si tu voulais vraiment ma mort, tu aurais laissé Weasley me massacrer.

- Si je l'ai retenu, c'est uniquement pour pas qu'il finisse ici, ne confond pas tout. » Harry le regarda droit dans les yeux, avec une colère proche de la haine. « Tu vas payer, Malefoy, quel que soit l'enfer qui t'attend, tu y brûleras bien assez tôt. Je te le garantis. »

Harry se redressa et tourna résolument le dos à Malefoy. Il tapa un coup sur la porte, signalant qu'il avait terminé. Malefoy se leva, paniqué.

« Je n'ai rien fait, Potter. Je te jure que c'est vrai. »

Harry se retourna et lui lança un dernier regard brulant de haine.

« A dans deux jours, Malefoy. »

Harry sortit et deux gardiens entrèrent pour ramener Malefoy dans sa cellule.

« Je n'ai rien fait, tu m'entends, Potter. Je suis innocent, bordel. Je suis innocent ! »