Disclaimer et tout le baratin habituel … pas à moi etc ….

Couple : ceux qui me connaissent savent ...pour les autres, je vous laisse deviner (en même temps c'est dans le descriptif …)

Rating : ceux qui me connaissent savent, pour les autres je le rappelle : M

Genre : alors là je m'éloigne de mes contrées habituelles, chers enfants, j'ignore si il y a même un qualificatif pour le truc que je suis en train de vous pondre ! « se gratte la gorge » … je ne sais pas trop, comment dire, je sais où je vais et en réalité l'histoire va être bien plus complexe qu'une simple mise en couple ou non, pour autant c'est une étape que je ne veux pas négliger, c'est une promesse faite à Mithy, tu voulais un Heero gay qui tenterait de convertir Duo alors j'essaie mais je dois avouer que l'idée première de la fic n'est pas là, pour autant j'espère que ça te plaira, ainsi qu'à vous tou(te)s.

Un petit clin d'œil à Fandejeux que je n'ai pas pu remercier autrement pour sa review sur It's time to go, si tu passes par là, j'espère que ça te plaira aussi.

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Duo raccrocha violemment le combiné contre le socle posé sur son bureau, le bruit résonna dans toute la pièce comme un glas sinistre. Il se leva brusquement et se mit à faire les cent pas dans la pièce sous l'œil blasé d'Heero.

_ Je ne comprends vraiment pas ce que tu fais encore avec cette fille, grommela-t-il sans lâcher du regard son sandwich dans lequel il mordit sans entrain.

Duo le fusilla avant de se détourner et de boire une gorgée d'eau dans l'espoir vain de se calmer un peu.

_ Et moi je ne vois pas en quoi ça te regarde, finit-il par lui répondre après avoir reposé sa bouteille.

_ Ça me regarde dans le sens où tu m'as demandé de passer la pause déjeuner avec toi, déclara tranquillement Heero, et je n'en vois pas l'intérêt si c'est pour t'écouter t'engueuler avec elle pendant vingt minutes, dans ce cas j'aurai aussi bien fait de rester dans mon bureau, j'avais du taf à terminer, conclut-il sur le même ton.

_ Et ba vas-y ! Je te retiens pas ! S'exclama Duo, toujours autant en colère.

Heero soupira, reposa ce qui ressemblait vaguement à de la nourriture et osait s'appeler sandwich, puis il se leva pour venir se poster aux cotés de Duo, toujours debout sans savoir pourquoi.

_ Écoute, commença le japonais en se passant une main dans les cheveux, je dis ça pour toi. J'en ai rien à foutre de cette fille, simplement depuis cinq mois que tu es avec elle, vous ne cessez de vous prendre la tête pour un rien, le moindre prétexte est bon, et je n'aime pas te voir comme ça, ça te bouffe, et le pire c'est que tu le sais, tenta-t-il de le raisonner.

_ Et bien sûr, ça n'a rien à voir avec le fait que tu me veuilles pour toi ! Lança Duo, plus ironique que jamais et franchement agressif.

Heero eut un mouvement de recul, plus blessé qu'il ne le montrait par les propos de Duo. Ce dernier parut s'en rendre compte car les traits de son visage se détendirent aussitôt et il lui posa une main sur l'épaule.

_ Excuse-moi, soupira-t-il, je suis à cran mais c'est pas à toi d'en faire les frais.

_ Ça va, répondit le brun du bout des lèvres tout en se dégageant de la main de son ami. Ça me fait juste chier que tu te prennes la tête avec elle, ça n'a rien à voir avec le fait que je sois amoureux de toi.

_ Je sais, acquiesça le châtain avec un pauvre sourire désolé, tu sais ...hésita-t-il un moment, on en a déjà parlé Heero, je ne suis pas gay et ce que tu attends de moi, je ne peux pas te le donner, termina-t-il, les sourcils froncés par l'inquiétude.

_ Parce que tu as déjà essayé ? Tenta Heero, lassé d'entendre toujours la même chose.

_ Quoi ? Ne comprit pas Duo.

_ Avec un mec, s'expliqua son ami, tu dis que tu n'es pas gay mais tu n'as jamais essayé alors qu'en sais-tu ? Le défia-t-il, les yeux francs et le menton bien haut.

_ Mais enfin, balbutia Duo en se reculant, je le saurai si j'avais été attiré par un mec un jour !

_ Pas forcément, réfuta le brun en secouant la tête, si tu t'es toujours dit être hétéro, tu as pu, inconsciemment refouler toute attirance quel qu'elle soit pour une personne du même sexe.

_ Je ne crois pas non, murmura le châtain, comme doutant lui-même de ce qu'il avançait.

_ Pourquoi tu ne me laisses pas une chance Duo ? Demanda doucement Heero en se rapprochant de son collègue et ami adossé au mur.

_ Je t'aime beaucoup Heero, tu es mon meilleur pote avec Quatre, mais depuis le temps qu'on se connaît, tu crois pas que je l'aurai senti si tu m'avais excité ? L'interrogea vulgairement Duo pour tenter de reprendre contenance.

_ Non, répondit franchement le brun. Parce que même le jour où je t'ai dit ce que je ressentais, je n'ai jamais cherché à te séduire. C'est pour ça que je te le demande, laisse-moi une chance et débarrasse toi de cette fille que tu n'aimes pas et que tu utilises comme une barrière à mes sentiments pour toi, n'hésita-t-il pas à lui lancer.

Duo ne sut plus quoi dire. Honnêtement, il savait le brun plus que beau et très demandé mais jamais il ne l'avait envisagé dans ce sens, il n'avait jamais été qu'avec des filles, Ça lui paraissait juste inconcevable d'envisager une telle relation avec son ami.

Il avait 23 ans aujourd'hui, n'était-ce pas un peu tard pour changer de bord ? Pour annoncer d'un coup « Oh au fait ! J'aime les mecs ! ». Est-ce qu'il devait laisser une chance à Heero ? C'était quoi cette idée ? Sans s'en rendre compte, il secoua la tête comme pour se prouver à lui-même que c'était stupide.

Une main sur sa joue le fit reprendre pied avec la réalité. Ses yeux s'ancrèrent à ceux du japonais et il put y voir tant de choses qu'il n'avait jamais vu … Il repoussa la main calmement mais fermement et se dégagea pour repartir vers son bureau sans jeter un regard derrière lui.

Il sentait la colère remonter mais ne savait pas d'où elle venait exactement. C'était une sensation d'énervement qui le prenait aux tripes et faisait bouillir son sang, il sentait son cœur marteler sa poitrine et des fourmillements agaçants se propager dans ses jambes.

_ Pourquoi je ferais ça ? Pourquoi je quitterai Eléonore ? Demanda Duo faisant face à Heero. Ça changerait rien pour toi, je ne serai jamais gay, alors ta jalousie mal placée tu la gardes pour toi tu seras gentil, lui ordonna-t-il violemment. Je t'ai jamais rien demandé moi ! C'est pas ma faute si t'es amoureux de moi ! Et je sors avec qui je veux ! S'énerva-t-il de plus en plus en faisant de grands gestes. Et …

_ Ta gueule maintenant ! Le coupa brutalement le japonais. Tu es en colère ok mais c'est pas une excuse pour dire n'importe quoi ! Cette fille je m'en tape, elle serait pas là ce serait pareille, la seule chose qui me gêne avec elle c'est qu'elle te rend pas heureux, avoua-t-il Si tu tombais amoureux d'une fille sympa qui te comblais j'aurai rien à dire, mais tant que c'est pas le cas, tu peux pas m'en vouloir de tenter ma chance ! Lui reprocha-t-il en tapotant son torse de son index. Tu crois que c'est habituel pour moi de parler comme ça ? Enchaîna-t-il alors que Duo venait de reculer pour échapper à son toucher. Tu me connais pas depuis le temps ? Ça me ronge de l'intérieur de la voir te pourrir la vie comme ça, tu mérites tellement mieux qu'elle, j'en perds le sommeil à t'imaginer dans ton lit avec elle alors que tu ne la supportes plus, continua-t-il d'une voix douloureuse qui contracta le ventre de Duo. C'est ton bonheur que je veux, je t'aime plus que tout et même si ce n'est pas avec moi, je veux que tu sois heureux, dit-il d'une manière qui contrastait tant avec son caractère que Duo eut du mal à y croire. Je ne cherche pas seulement à te mettre dans mon lit, je pensais que tu me connaissais mieux que ça …

_ Heero ! Je … pardon, s'excusa sincèrement le châtain. Je ne pensais pas … Quand tu disais être tombé amoureux de moi, je pensais que c'était surtout physique, j'aurai jamais cru que tes sentiments puisent être si … profonds … que tu puisses éprouver tout ça … bafouilla-t-il totalement incrédule quant à la réaction si peu probable du japonais, il avait l'impression de lire en lui pour la première fois.

_ Je ne suis plus un gamin de quinze persuadé de devoir tout enfouir en lui ! S'emporta Heero en voyant clairement ce que Duo pensait en cet instant. J'ai compris depuis la fin de la guerre, depuis que je suis venu bosser avec vous chez les Prev, que j'avais le droit d'avoir des émotions et de les exprimer et tu as été le premier à les découvrir ! Comment ça peut encore t'étonner ?! Lança-t-il, profondément blessé par la réaction de son ami.

Duo ne répondit rien, honteux de s'être laissé aller à croire à l'image du japonais qui lui convenait le mieux, qui lui facilitait la vie quand il tentait de faire abstraction des sentiments amoureux que ce dernier éprouvait à son encontre. Les amalgamer à une simple attirance physique pour ne pas se sentir gêné, pour avoir la conscience tranquille. Il était un bien piètre ami et il s'en voulait. Cependant, il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit de plus qu'Heero avait déserté son bureau, le laissant seul avec un amer sentiment de remord venu s'ajouter à la colère laisser là par sa petite amie.

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C'était l'effervescence dans la salle de réunion. Les stagiaires et assistants ne cessaient de courir et de s'agiter en tout sens, répondant aux ordres des gradés, anticipant les demandes parfois et se faisant engueuler quand leurs initiatives n'étaient pas les bonnes.

Et rien de plus normal. Si il n'était pas rare que plusieurs unités des Prev soient amenées à collaborer, cela restait toutefois assez rare que les cinq principales soient regroupées pour une même affaire.

_ Quatre, tu n'aurais pas vu mon portable ? Je croyais l'avoir laissé à côtés de toi ? Demanda Heero en fouillant la pièce des yeux.

_ Désolé, je le vois pas, répondit l'interpellé après avoir lui aussi jeté un œil autour de lui.

Alors que le blond retournait à la lecture d'un dossier avec Wufei et le général Une, Heero commençait à pester, se demandant où il avait pu laisser son appareil. Il en avait besoin pour prendre en notes ce qui les concernait, lui et son équipe de hackers, sur cette affaire.

_ J'arrive pas à croire que 5 ans après la fin de la dernière guerre, on trouve encore ce genre de réseau, se désola Trowa alors qu'un de ses assistants lui apportait un paquet assez conséquent de dossiers.

C'était la plus grosse affaire sur laquelle ils avaient à travailler depuis la création des services Preventers.

_ Je crois que tu l'as laissé dans mon bureau en allant prendre ta tasse tout à l'heure, signala Duo à Heero, l'air de rien.

Leur dispute datait de deux semaines maintenant et si ils n'en avaient plus reparlé, l'ambiance n'était pas non plus au beau fixe, probablement en raison du fait que le natté n'ait toujours pas rompu avec sa petite amie, à la connaissance du japonais en tout cas. Toutefois, cette dernière n'était toujours pas revenue dans leurs conversations et il en était plus que soulagé.

_ Colonel Chang, c'est ça que vous m'avez demandé ? Demanda un soldat en uniforme portant les emblèmes de la section espionnage dirigée par le chinois.

_ Oui, merci, répondit ce dernier après avoir jeté un œil au dossier vert foncé tendu par son lieutenant.

L'ambiance dans la salle était toujours aussi tendue, les allées et venues ne se calmaient pas et Heero n'arrivait pas à se concentrer. Il remercia Duo d'un signe de tête et parti d'un pas décidé récupérer son bien dans le bureau de son ami. Même si c'était juste à l'étage en dessous, prendre l'air deux minutes lui ferait du bien.

Depuis que le général Une avait décidé d'éliminer une bonne fois pour toute tous les réseaux qui avaient été affiliés à Romfeller ou Oz, et qui avaient été classés comme dangereux par des mois de travail d'infiltration, gérés par l'équipe de Trowa, tous les colonels étaient sur le pied de guerre. Cela faisait une bonne semaine qu'ils ne savaient plus ce que voulaient dire les mots : repos, dormir, s'amuser, etc.

Tout en marchant, il s'étira, faisant craquer ses articulations et se passa une main sur la nuque dans le vain espoir de se détendre. Il aurait donné n'importe quoi pour partir sur le terrain, bouger enfin de cette putain de salle de conférence, même un petit entraînement de combat à mains nues lui aurait suffit, tout plutôt de que rester enfermé une journée de plus.

Il savait pourtant que ce n'était pas prêt d'arriver. Si ils ne voulaient pas foutre le travail de l'équipe de Trowa en l'air, ils allaient devoir jouer serré et les faire tomber l'un après l'autre sans que ceux déjà attrapés ne préviennent les autres. Un jeu de domino vivant … voilà à quoi cela le faisait penser.

Et ce qui rendait la situation encore plus compliquée, c'était que ces réseaux pouvaient non seulement avoir une apparence parfaitement saine, mais en plus n'étaient pas liés aux mêmes secteurs d'activités, certains ne se connaissaient ou ne se fréquentaient même pas. D'autres, par contre, avaient de nombreux « sous-traitants » qu'il allait falloir arrêter également. Ils en auraient au bas mot pour plus d'une année. Et ça le rendait malade rien que d'y penser.

Il ne fit même pas attention à la silhouette dans le couloir lorsqu'il entra dans le bureau de Duo, il l'avait dores et déjà classée dans les « insignifiantes », probablement une secrétaire quelconque. Ce qui manqua donc lui provoquer un arrêt cardiaque lorsque la voix de cette personne résonna dans la pièce.

_ Excusez-moi, vous savez où je pourrais trouver le colonel Maxwell ? Lui demanda-t-elle d'une voix peu aimable.

Après s'être remis de son mini infarctus, s'être morigéné pour avoir sursauté comme un débutant, il se tourna vers l'intruse pour la détailler. Indubitablement, elle ne travaillait pas là, elle n'avait donc rien à foutre là ! Ce n'est qu'en avisant des courts cheveux blonds à la garçonne et des yeux noisettes que son cerveau consentit à la reconnaître. Duo avait bien dû lui montrer une centaine de photos prises avec elle au cours des derniers mois.

_ Et vous êtes ? Fit-il pourtant, lui rappelant par là-même des règles élémentaires de politesse.

_ C'est personnel, Ça ne vous regarde pas, se rembrunit-elle aussitôt.

Heero pris sur lui pour ne pas juste la balancer par la fenêtre. Il n'était déjà pas d'un naturel très patient avec ses rares amis alors avec elle … il inspira profondément en se pinçant l'arrête du nez et se calma du mieux qu'il put.

_ Mademoiselle, savez-vous où vous vous trouvez ? Vous êtes dans les locaux du quartier général de commandement des Preventers, enchaîna-t-il sans la laisser répondre, pas dans un bureau quelconque. Si vous ne déclinez pas votre identité et ne me dites pas comment vous êtes entrés, je vous fait jeter dehors ! Claqua-t-il d'une voix ferme sans la quitter des yeux.

Il la vit rougir violemment et compris que ce qu'il avait pris pour de l'arrogance mal placée n'était que de la timidité mal assumée et un moyen de défense maladroit. Il se détendit, tentant de ne pas rejeter toute sa colère et sa frustration des deux dernières semaines sur elle, après tout, même si elle ne convenait pas à Duo, qui était-il pour la juger ?

_ Je voudrai juste voir Duo, s'il vous plaît, vous devez être un de ses collègues si vous êtes dans son bureau ? Les gardes de l'entrée m'ont laissé passer parce que je suis déjà venue avec lui et que mon nom est sur la liste des visiteurs autorisés, expliqua-t-elle à Heero d'une voix plus douce.

Le japonais compris que si elle ignorait qui il était, cela signifiait que Duo ne leur avait jamais parlé d'eux, ou de lui … C'était assez blessant. Savoir qu'à eux il leur rabattait les oreilles avec sa copine, sans pour autant leur avoir présenté effectivement, mais il ignorait qu'il ne lui avait jamais ne serait-ce que montre rune photo ou dit leur nom. La douleur qui tiraillait son estomac depuis leur dispute revint en pleine force et il fit un effort énorme pour ne pas simplement se plier en deux de douleur.

_ Vous êtes Eléonore c'est ça ? Décida-t-il d'être honnête, après tout il l'avait reconnu pratiquement tout de suite. Je suis désolé mais Duo est en réunion avec nous, c'est important et il ne pourra pas se libérer, vous auriez dû l'appeler, lui dit-il dans l'espoir qu'elle partirait très vite.

Elle baissa la tête sans répondre tout d'abord puis un sourire triste apparu sur ses traits fatigués. Elle soupira et pris une enveloppe dans son sac qu'elle lui tendit.

_ Il ne m'aurait pas répondu, avoua-t-elle, vous pourriez simplement lui donner ça s'il vous plaît ?

Il hocha simplement la tête, l'enveloppe dans les mains, et la regarda sortir. Quand il fut sûr qu'elle n'était plus dans le couloir, il ferma la porte et s'appuya dessus un instant. Les yeux fermés, il tentait de clamer sa respiration. Il avait réellement eu des pulsions meurtrières envers elle, de la jalousie mais pas uniquement. Comment avait-elle pu ne pas garder un homme comme Duo ? Lui aurait tout fait pour ne pas le perdre !

Il y avait de la tristesse mais également de la rage, de la fatigue, de l'envie … tout tournait dans sa tête et pour quelqu'un comme lui qui n'était pas familier de ce genre de sentiments, c'était beaucoup trop. C'était pour ça qu'il se tapait un ulcère à son âge. Enfin, pas exactement pour ça pour être honnête. Il savait pertinemment, avant même que le médecin ne le lui dise, que les « drogues » du doc J avaient laissé des séquelles dans son organisme, rien qui ne soit trop grave ou irréversible.

Seulement, si l'ulcère était soignable, le médecin avait été très clair, tout facteur de stress ralentissait considérablement la guérison et pouvait provoquer des douleurs importantes, psychosomatique qu'il lui avait dit. Si il n'avait pas eu aussi mal, il se serait foutu de la gueule du médecin avant de lui coller une droite et de ne plus jamais le revoir.

Mais à l'instant, ce n'était pas que son estomac qui le faisait souffrir, et il en était plus que conscient. Il tentait de se calmer en la chassant de son esprit, n'essayant même pas de deviner pourquoi elle avait dit que Duo ne lui répondrait pas, il ne voulait pas de faux espoirs, ils s'étaient sûrement encore disputés.

Alors qu'il était là, appuyé sur la porte, les mains le long de son corps, la tête en arrière et les yeux fermés, concentré des exercices de détente musculaire, son cœur fit son deuxième bond de la journée lorsqu'on tenta d'ouvrir la porte.

C'était trop pour lui, il fallait qu'il se reprenne. Deux fois en moins d'une heure ! C'était inacceptable, il était le perfect soldier bordel ! Il ne pouvait pas se laisser surprendre comme ça !

_ Heero ? C'est toi ? Qu'est-ce que tu fous ? Lui parvint la voix de Duo de l'autre côté de la porte.

Il se redressa vivement et ouvrit la porte à la volée, intérieurement ravi de voir sursauter Duo, au moins il ne serait pas le seul aujourd'hui, et plutôt que de chercher une explication plausible à donner à Duo, il lui tendit l'enveloppe et s'engagea dans le couloir.

_ Elle m'a demandé de te la donner, fit-il simplement sans même le regarder, se hâtant de rejoindre la salle de conférence.

Duo resta comme un idiot au moins une bonne demie-minute avant de réaliser ce qui venait de se passer. Il baissa les yeux et remarqua son nom sur l'enveloppe qu'il tenait, tracé dans une écriture fine et élégante qu'il reconnu aussitôt.

Il se maudit alors d'avoir oublié de la faire enlever de la liste des visiteurs autorisés. En même temps, cela ne lui avait pas paru primordial, pensant qu'elle n'aurait jamais le cran de venir jusqu'ici avec sa timidité maladive. Il dût admettre s'être lourdement trompé et se promit d'être plus prudent à l'avenir.

Il comprenait mieux l'attitude du brun, si il venait de croiser la fille qu'il ne pouvait pas voir en peinture, pas étonnant qu'il ai fuit aussi vite à sa propre arrivée. Malgré la situation, il ne put s'empêcher de sourire en voyant l'objet de la quête d'Heero, intouché sur son bureau. Le perfect soldier en avait même oublié pourquoi il était venu dans son bureau !

Il attrapa le portable, mis la lettre dans la poche de son pantalon sans s'en soucier plus que ça et suivit le même chemin que son ami quelques minutes plus tôt, ne sachant trop quoi penser des derniers événements mais ne voulant pas s'appesantir dessus alors qu'il devait retourner bosser.

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_ Oh ! Ça fait du bien de bouger ! J'en pouvais plus ! S'exclama Quatre en s'étirant bien haut.

_ Clair ! J'ai cru que je n'arriverais pas à me lever, que mes fesses resteraient soudées à ma chaise, se marra Duo en donnant une claque amicale sur l'épaule du blond.

Ils venaient de finir leur réunion, en tout cas pour ce jour-ci, et se dirigeaient vers le parking tous les cinq comme depuis le début de cette mission, si on pouvait encore appeler « mission » ce qu'ils entreprenaient.

Alors que les trois autres continuaient à discuter tranquillement, Duo les laissa prendre de l'avance pour revenir au niveau du japonais qui traînait un peu derrière, comme perdu dans ses pensées. Arrivé à sa hauteur, il lui attrapa le bras et l'entraîna vers une salle inoccupée.

_ Continuez sans nous, lança-t-il à Trowa qui se retournaient pour les attendre.

_ Qu'est-ce que tu fais ? Lui demanda sèchement Heero en tentant vaguement de se dégager de sa poigne.

Le natté ne répondit pas mais referma la porte sur eux, les coupant du reste du monde. Ils restèrent immobiles un long moment sans qu'aucun des deux ne prenne la parole. Finalement, Duo soupira, se passa une main sur le visage et s'avança vers son ami.

_ Dis-moi ce qui ne va pas, le pria-t-il d'une voix ferme, bien décidé à obtenir une réponse.

_ Rien, cette mission me tape sur les nerfs, souffla-t-il en s'adossant à un mur, quand je me suis engagé c'était sous condition de gérer mon équipe et de ne m'occuper que de la partie informatique de vos enquêtes, je n'ai donné mon accord que pour quelques sorties sur le terrain et même si mes gars et moi participons à tous les entraînements physiques, je ne voulais plus avoir à gérer le stress de ce genre de travail. Donc là, ça me gave, conclut-il.

_ Tu me mens Heero, le gronda le châtain sans pour autant s'énerver. Je vois bien qu'il n'y a pas que ça.

Ils s'affrontèrent du regard une minute avant que le brun ne baisse les yeux, conscient que Duo le connaissait trop maintenant pour pouvoir lui cacher quelque chose.

_ Ok, ça m'a gonflé de voir ta copine tout à l'heure, avoua-t-il en détournant le regard. Elle m'énerve, c'est plus fort que moi.

_ Je l'ai quitté, balança Duo de but en blanc. Hier, précisa-t-il. Elle m'a harcelé au téléphone toute la nuit mais je n'ai pas répondu et c'est pour ça qu'elle est venue ce matin me donner ça, termina-t-il en montrant l'enveloppe maudite qui avait pourri la journée du japonais.

Une bouffée d'air frais après une apnée de plusieurs minutes n'aurait pas fait plus d'effet à Heero que la nouvelle qu'il venait d'entendre. Il se sentit libéré et soudainement d'une humeur plus joyeuse que ces dernières semaines.

Il s'en voudrait peut-être plus tard de se réjouir de l'échec amoureux que venait d'essuyer Duo, mais pour le moment, il ne pouvait penser qu'à sa joie de le savoir enfin débarrassé d'une fille qui ne faisait que le tourmenter. Il se contenta de sourire sincèrement, il savait que c'était suffisant pour son ami, qu'il comprendrait.

_ Tu veux sortir ce soir ? Lui proposa-t-il en lui rendant son sourire. On ne bosse pas demain, ce serait trop bête de pas en profiter.

L'expression du brun changea alors du tout au tout. Son visage se ferma, ses traits durcirent et il inspira plusieurs fois profondément.

_ Heero ? S'inquiéta Duo en voyant ça, ne comprenant pas ce qu'il avait pu dire pour le mettre dans cet état.

_ Écoute-moi bien Duo, commença ce dernier d'une voix dangereusement basse. Je vais être très clair et si je te blesse j'en suis désolé mais c'est nécessaire, le prévint-il honnêtement. Il est hors de question que l'on reprenne les habitudes d'avant. Chaque fois que tu es célibataire, on sort, on boit, on dîne, on voit des films ou autre, tu dragues, tu trouves une fille, tu sors avec et pendant ce temps là, c'est à peine si on peut se voir, énuméra-t-il sans même prendre le temps de respirer, je comprends que tu passes du temps avec ta conquête du moment, ajouta-t-il en le voyant ouvrir la bouche pour riposter, mais je refuse de continuer à faire comme si je n'en souffrais pas. Alors, maintenant, on va faire selon mes règles. Soit on sort avec toute la bande et auquel cas, il n'y aura aucun geste ambigus de ma part, déclara-t-il froidement, soit on sort entre nous et crois-moi que je ne laisserai passer aucune occasion de te courtiser, enchaîna-t-il sur un ton plus doux tout en se rapprochant du natté, de te faire comprendre la véritable nature de mes sentiments, je ne cesserai jamais de tenter de te faire comprendre qu'une histoire entre nous est possible, que tu peux dépasser cette barrière des relations physiques entre mecs que tu t'imposes. Alors réfléchis bien, car que tu me cèdes ou non, tant que tu seras célibataire, je me battrai pour toi, affirma-t-il sans flancher.

Duo était resté bouche bée du début à la fin. Il savait que l'honnêteté d'Heero était quelque chose qui mettait souvent les autres mal à l'aise mais lui s'en était toujours accommodé, jusque là ... Était-ce son manque flagrant de connaissances dans les relations humaines qui le poussait à avouer ce genre de choses sans rougir à la personne concernée ? Ou seulement un courage incroyable ?

Dans tous les cas, il devait bien avouer que ce n'était pas tout à fait ce à quoi il s'était attendu. Comment pouvait-il s'y prendre pour faire comprendre à son meilleur ami qu'il n'était pas et ne serait jamais gay ? Peut-être qu'en se laissant « draguer » et en lui montrant que ça ne lui faisait rien, Heero comprendrait ? Il le fallait, il ne voulait pas le perdre, il tenait trop à lui, à son amitié, à sa présence chaque jour, pour risquer de le voir s'éloigner le jour où il trouverait LA fille. Il fallait qu'il comprenne que c'était sans espoir, non pas à cause d'une fille, mais simplement parce que ses sentiments n'iraient jamais dans ce sens, alors Heero pourrait passer à autre chose et avoir des relations plus stables que des plans culs. Et tout irait pour le mieux.

_ C'est d'accord, s'entendit-il dire alors qu'il finissait à peine de le penser, comme ça tu verras que je suis définitivement insensible aux charmes masculins et peut-être alors que tu pourras passer à autre chose, exprima-t-il le fond de sa pensée, alors on sort ce soir ?

Heero le fixa, dépité. Il y croyait vraiment ? Bon, peu importait en fait. Il avait obtenu ce qu'il voulait et Duo ne pourrait pas nier avoir été prévenu. Il s'approcha donc de lui sensuellement et attrapa son regard.

_ Très bien, souffla-t-il, je passe te prendre dans deux heures chez toi, le prévint-il avec un sourrie charmeur qui fit frissonner Duo.

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Putain mais qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? Il n'y avait pas quelque chose dans son cerveau, normalement, qui était censé l'empêcher de dire et faire des conneries ? Comment avait-il pu accepter « ça » ?

Et maintenant il était là, devant le miroir de sa penderie à se demander si sa tenue lui allait, comme une collégienne à son premier rencard ! Il ne s'était jamais posé la question de savoir ce qu'il devait mettre pour sortir traîner avec Heero auparavant.

Et là, il se surprenait à se demander si son jean bleu n'était pas trop moulant, si son tee-shirt manches longues blanc et noir était assez «classe » ou si ses boots allaient bien avec son pantalon. Comment devrait-il gérer les approches du japonais ? Il craignait trop de le vexer, de le perdre, comment leur amitié avait-elle pu en arriver là ?

Il ne se souvenait que trop bien de cette discussion où Heero lui avait avoué ce qu'il ressentait et du malaise qui en avait suivi.

Il n'avait pas vingt ans quand il s'était engagé chez les Preventers à la suite de Wufei et Trowa, puis Quatre avait suivi, et enfin Heero qui était celui qui avait le plus hésité, d'où les conditions qu'il avait rappelé à Duo un peu plus tôt.

Il avait fallu presque deux ans avant que le sujet ne surgisse sur le tapis, lors d'une soirée entre potes, ils avaient fini chez Heero tous les deux, bien trop morts pour tenter d'aller plus loin et Duo avait entrepris de squatter le canapé. C'était loin d'être la première fois, mais depuis un moment, il ressentait comme une retenue chez le japonais, une sorte de gêne étrange.

L'alcool et la fatigue aidant, les langues s'étaient déliées.

_ Heero, c'est quoi le problème ? Avait demandé Duo avec son tact habituel en se laissant tomber sans grâce aucune sur le fameux canapé.

_ De quoi ? Fut la réponse intelligente qu'il reçut en même temps qu'une couverture et un oreiller.

_ Ça a pas l'air d'aller fort en ce moment, je me demande juste ce qu'il t'arrive, consentit à lui expliquer le châtain en baillant.

_ Je ne vois pas que de quoi tu parles, avait grogné son ami.

_ Merde 'Ro, fais pas le con, il est trop tard pour les devinettes, avait-il alors soufflé en s'étendant de tout son long. Dis-moi, tu sais que j'aurai le dernier mot de toute façon.

Heero l'avait dévisagé, un air fiévreux sur le visage qu'il avait d'abord mis sur le compte des nombreuses boissons ingurgitées. Il s'était avancé doucement, s'était assis à coté de lui au niveau de sa hanche et avait posé une main sur le dossier du canapé pour le surplomber entièrement.

_ Tu vas le regretter si je te le dis, lui avait-il murmuré d'une voix étrange en le fixant et il n'avait pu qu'avaler sa salive en espérant ne pas s'étrangler avec.

_ Je te promet que non, fut la réponse qui était sortie de sa bouche alors qu'il n'en était pas si certain.

_ Si tu savais, tu me fuirais au lieu de t'installer pour la nuit, avait-il continué sur le même ton alors que son autre main était venue se loger dans le creux entre son épaule et son cou avant de descendre sur son torse nu et de s'arrêter juste au-dessus du nombril. J'ai envie de toi Duo, et il s'était jeté sur sa bouche comme un lion affamé.

Et lui, il était resté immobile, ne parvenant pas à reconnecter le peu de neurones qui lui restait pour réagir, le repousser, lui dire qu'il n'était pas de ce bord là, qu'il ne savait même pas que lui il l'était, bref, n'importe quoi sauf se laisser embrasser comme ça !

Il avait senti sa langue dans sa bouche chercher la sienne avec ardeur et ça ne l'avait pas dégoûté, mais ça ne l'avait pas fait réagir non plus. La main sur son torse était remontée doucement prendre en coupe son visage au niveau du menton et il avait suivi le mouvement, inclinant la tête pour se laisser embrasser plus fort encore. Ses yeux, grands ouverts, ne pouvaient ignorer le visage penché sur lui et il voyait bien que ce n'était pas une femme, mais Heero. Son ami, son collègue, son frère d'armes, Heero bordel !

Et alors qu'il allait enfin le repousser, le japonais s'était retiré de lui-même. Le fixant un instant en se léchant les lèvres avant de se relever doucement.

_ Désolé, oublie-ça, et il était parti dans sa chambre, laissant un Duo abasourdi et incapable de s'endormir, toujours dans la même position qu'au début.

Quelle connerie ! Le lendemain avait été épique. Ils s'étaient ignorés une bonne partie de la matinée et Duo avait fini par craquer, lui gueulant dessus jusqu'à ce qu'il accepte de s'asseoir et de discuter. Il lui avait avouer être suffisamment sobre la veille, qu'il savait ce qu'il faisait et qu'il ne regrettait pas, qu'il était amoureux de lui. Duo avait rétorqué qu'il était désolé, mal à l'aise, qu'il était hétéro et avait une copine, qu'il voulait conserver son ami.

De nombreuses autres discussions avaient suivi et chaque fois Heero tentait de faire « entendre raison » à Duo, voulant le convaincre d'essayer. C'était sa première défaite en presque trois ans et sa seule préoccupation était de savoir comment s'habiller !? Il se traita de tous les noms, oubliant, enterrant au fond de lui les sentiments qui l'avaient assaillis à la résurgence de ses souvenirs.

Décidant que cela n'avait finalement pas d'importance et qu'il ne passerait pas une seconde de plus à se poser la question, il se fit une queue de cheval haute et pris son blouson en cuir accroché dans l'entrée.

Le sursaut qu'il fit en entendant l'interphone lui prouva clairement qu'il n'avait pas l'esprit tranquille, au cas où il en douterait encore, et ce fut en grommelant des paroles inintelligibles qu'il attrapa ses clés et sortit.

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Oui bon, je sais, pour le moment c'est pas forcément ça, ça devrait se décanter dans les chapitres à venir, comme d'hab depuis que je suis maman ( bientôt deux ans, putain ça passe vite, il y a eu une ellipse temporelle ou quoi ?!) le rythme sera assez lent, toutes mes excuses et si il reste des fautes, dites-le.

A bientôt