Il faisait beau mais légèrement froid. À peine un pied posé sur le sable, qu'il pensa à son ami dont il s'était séparé avant de partir du sanctuaire. Les six années
passées à entraîner deux élèves, dont un n'avait pas survécu, lui avaient parues une
éternité. Il regarda insensiblement le domaine sacré et son regard s'arrêta quelques secondes sur l'une des maisons. Etait-il là? Quelle serait sa réaction en le voyant?
Le chevalier n'en savait rien, ce qui le mettait mal à l'aise. En passant dans les six premières bâtisses, en saluant bien évidemment leurs propriétaires, il eut tout le loisir de penser à ses retrouvailles avec l'élu de son cœur.
Lorsqu'il fut dans la septième maison, il se posa un instant, essayant de diminuer son stress. Le jeune verseau voulait avouer ce qu'il ressentait à son pair mais comment celui-ci le prendrait-il? Il n'avait pas envie de perdre l'amitié très forte qu'il y avait entre eux.
Se remettant en route, toujours stressé et incertain, c'est lentement qu'il arriva aux portes de la maison du scorpion. Celui-ci écoutait de la musique fortement, si bien qu'il se sentait déconnecté du monde réel. Il n'entendit pas que l'on frappait à sa porte et lorsque son regard tomba sur un morceau de papier, glissé par le dessous de la porte, il fut étonné. En le ramassant, il découvrit une écriture fine et joliment arrondie et se demanda qui pouvait bien lui écrire. En lisant, il devina et se vit confirmer par la signature que c'était la personne à laquelle il avait pensé. Certes, le verseau lui avait manqué pendant ses six ans mais sans plus. Il était juste content de le revoir mais n'allait pas refuser l'invitation du chevalier des glaces. Aussi, il se prépara pendant une vingtaine de minutes, puis prit une bouteille de vin de sa cave, sans prendre le temps de l'emballer, et monta jusqu'au onzième temple.
Le propriétaire des lieux l'accueillit avec un sourire forcé et le fit entrer. Ils discutèrent un moment puis le scorpion s'apprêta à prendre congés lorsque Camus lui proposa de rester à dîner. Milo réfléchi puis accepta. Le français n'eut qu'à réchauffer le plat puis aider de son ami, il mit la table. Lorsque le plat fut prêt, ils s'installèrent puis
commencèrent à manger. Le grec félicita le verseau en disant que c'était le meilleur porc au caramel qu'il avait goûté. Camus le remercia timidement et contrairement à lui, il mangea très peu. Milo le voyait chipoter et s'inquiéta:
- Tu n'as pas faim?
- Pas vraiment mais ne t'inquiète pas, c'est juste la fatigue du voyage qui me rends comme ça.
- Ne me ment pas Camus, depuis que je te connais, je sais comment tu agis. Tu caches ton problème derrière un autre pour qu'on te laisse tranquille. Alors, qui y a-t-il?
- Rien.
- En es-tu sûr?
- Oui.
Ils terminèrent leur repas en silence. Le verseau s'efforça à manger un peu plus, ce qui rassura légèrement le scorpion. L'heure de partir pour le scorpion arriva. Le onzième gardien l'accompagna jusqu'à la porte et, au moment de se serrer la main, Camus l'attira et l'embrassa. Milo resta quelques secondes sans réagir, ne comprenant pas vraiment ce qui se passait, puis il gifla sèchement le verseau. Celui-ci ne releva pas la tête et resta silencieux. Un long moment passa puis le scorpion lança d'une voix sifflante et lourde de colère: " Ne me refaits plus jamais ça, sinon ce ne sera pas une gifle que tu recevras et tu ne pourras pas t'en relever". Il resta quelques secondes de plus partit. Il entendit les sanglots étouffés du français mais cela n'apaisa pas sa colère. En rejoignant son temple, il avait pris la décision de ne rien dire aux autres.
Dans l'avant-dernière bâtisse, le propriétaire pleurait toujours. Il venait de tout perdre. Pourquoi avait-il agit ainsi?
Il se coucha tristement.
Le lendemain, aux arènes, il perdit pratiquement tous ses combats. Ses pairs s'en
inquiétèrent et il leur répondit juste qu'il n'avait pas très bien dormit. Ce qui était vrai. En remontant dans les gradins pour retourner chez lui, il croisa Milo. Le scorpion, toujours en colère, lui lança en aparté : "Si c'est le manque de sommeil qui te rend aussi mou, alors ce n'était pas la peine de venir t'entraîner".
Sur ces paroles, le grec descendit sur les terrains d'entraînements. Le français, lui, se réfugia dans son temple. Quelques jours passèrent, sans qu'ils ne se croisent ou se parlent. L'aura de colère froide et l'indifférence glaciale du scorpion battaient froid le seigneur des glaces.
La guerre sainte arriva. Les chevaliers renégats venaient de passer le septième temple. Milo commença à engager le combat face à deux bronzes lorsqu'arriva le disciple de celui qu'il détestait. Un combat s'engagea entre eux et le scorpion dû reconnaître que le jeune blond était bien entraîné. Plus par respect pour le combattant que pour son maître, il décida de le laisser en vie mais le chevalier du cygne refusa et le grec porta son dernier coup. Alors qu'il ne restait plus que quelques instants à vivre au russe, Milo ressentit un cosmos doux et chaleureux entouré son adversaire. Il comprit qu'eux, les chevaliers d'or, étaient dans la mauvaise voie et il se précipita sur Hyôga pour lui stopper son hémorragie. Lorsque le cygne lui demanda la raison de ce revirement, il lui répondit simplement qu'il était curieux de voir jusqu'où ils iraient. Après que le cygne soit partit, il s'assit au milieu de son temple et attendit de voir si les trois derniers gardiens verraient la vérité. Shura s'en rendit compte trop tard et passa son armure à Shiryu, Camus s'en rendit également compte et se laissa battre par son disciple. Il eut une dernière pensée pour Milo et s'effondra. Ledit scorpion s'étonna de voir un nuage brillant, blanc et froid, venir devant lui. Le nuage prit la forme du signe du verseau et lorsque la jarre se renversa, et le liquide qui en sortit se transforma en mots.
Les dernières pensées du français s'écrivaient et le scorpion put lire:
" Milo, mes dernières pensées sont pour toi même si on n'est plus amis. Je te l'ai avoué et bien que je sache que ce n'est pas ton cas, je te le redis une dernière fois, Je t'aime".
Les mots s'évaporèrent laissant un scorpion plus que bouleversé.
