Auteur : Olessya
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Titre : Secrets
Genre : Romance yaoi. (Hika x Aki)
Note : Se déroule après la fin du manga.
Chapitre 1Il regarda rapidement sa montre. Il était encore tôt et le hall de l'Institut de Go était encore désert.
Parfait ! Il ne rencontrerait personne et ne perdrait pas de temps en bavardages inutiles.
Il appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur et pianota fébrilement sur le boîtier métallique en patientant.
Mais comme il le redoutait, avant même que les portes de la cabine ne se soient ouvertes devant lui, il entendit un pas irrégulier résonner dans le couloir.
Déjà trop tard pour l'éviter ! Il réprima une grimace de mécontentement, essaya de garder un visage impassible et de ne pas paraître nerveux outre-mesure.
« Ogata-kun ! Tu es bien matinal ! Ne me dis pas qu'à ton âge tu souffres déjà d'insomnies comme la vieille carne que je suis !? »
« Je suis juste passé prendre un papier… » se sentit-il obligé de dire pour se justifier.
Il n'allait pouvoir y échapper ! Ses mains tremblaient en appuyant sur le bouton de l'étage tandis que le vieil homme s'engouffra à sa suite dans la cabine de l'ascenseur.
Mais pourquoi ce vieillard le rendait-il si nerveux ?
Il ne fallait pas qu'une fois de plus, il le laisse avoir une emprise psychologique sur lui ! Et pour l'en empêcher, le mieux était encore de couper court à la conversation.
Avec un air préoccupé Ogata se mit à fixer le sol obstinément mais Honinbo Kuwabara ne semblait pas décidé à s'arrêter et continua sur sa lancée :
« Suis-tu toujours avec le même intérêt les résultats de Schindo-kun ? » lui demanda-t-il. Sans attendre de réponse de son interlocuteur, il enchaîna avec un air malicieux : « Toya-kun gravit encore les échelons. Il ne faudrait pas qu'il se laisse distancer. »
« Je lui fais confiance pour cela. Leur rivalité les motive. » répondit Ogata, laconique, priant intérieurement pour que l'ascenseur accélère et qu'ils parviennent le plus vite possible dans le hall d'entrée. Mais le diable semblait prendre un malin plaisir à prolonger cette entrevue car la cabine s'arrêta à un des étages intermédiaires.
Les portes s'ouvrirent pour laisser apparaître un Ashiwara étonné de les trouver ici de si bonne heure.
« Ogata-sense ! Kuwabara-senseï! »
Ogata fit un bref signe de tête en guise de salut et Kuwabara s'interrompit quelques secondes.
« Bonjour Ashiwara-kun. Excellente journée, n'est-ce pas ? » Et décidé à reprendre leur conversation, il se tourna à nouveau vers Ogata qui appuyait fiévreusement sur le bouton de fermeture des portes pour repartir au plus vite. « C'est une excellente chose pour tous les deux. Hou hou hou ! Ceux qui ont le plus grand avenir dans le go sont ceux qui se sont trouvé un ennemi intime. N'est-ce pas Ogata-kun ?»
Ogata haussa les épaules en signe de réponse.
« Quelle meilleure stimulation que l'ombre de son rival constamment penchée sur vous ! On pense sans arrêt à lui, on vit avec ce fantôme. Elle est là, présente, dans tous les moments de la journée pour rappeler que l'on doit encore progresser. On mange, on dort, il est un peu avec nous. On ne peut s'en défaire. N'as-tu pas cette impression Ashiwara-kun ? »
Comme le vieil homme lui faisait un clin d'œil, le jeune homme, embrassé, baissa les yeux et bégaya :
« Euh… oui… sûrement. »
« Hou hou hou ! C'est Saeki-kun qui te pousse à t'améliorer comme Toya-kun tire Schindo-kun vers le haut. Il y en a qui ont plus de chance que d'autre, n'est-ce pas, Ogata-kun ? Ce n'est pas trop difficile à supporter de ne pouvoir se défaire du fantôme d'un vieillard ? Hou hou hou hou hou ! »
Le vieux Japonais partit d'un rire dément tandis qu'Ogata se retournait vivement. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin sur le hall d'entrée libérateur et l'homme aux cheveux châtain clair sortit d'un pas rapide.
« Vieux singe ! Tu te trompes ! Tu n'es pas mon rival mais juste un obstacle qui se dresse sur la route qui me mène à lui ! » pensa-t-il en s'éloignant.
Il appuya un peu plus sur l'accélérateur. Il était encore tôt, il n'était pas pressé mais l'ivresse que la vitesse lui procurait le détendait.
Pourquoi ce vieux débris semblait prendre plaisir à le torturer mentalement ? Pourquoi constamment ses allusions douteuses comme si… ?
Se pourrait-il que… ?
Non. Il ne pouvait quand même pas avoir devin !?
Il fallait tout de même qu'il reste méfiant ! L'intuition de Kuwabara-senseï était légendaire. Plus rusé qu'un renard, plus malin qu'un signe, il voyait tout, il sentait tout et même lui qui n'était pourtant pas facilement impressionnable d'habitude, se sentait mis à nu devant lui.
Où le vieux maître du go voulait-il en venir par ses propos ?
Il cessa d'y réfléchir pour amorcer une manœuvre en marche arrière afin de garer sa voiture devant la maison.
Il fut étonné de voir qu'un cabriolet vert était déjà stationné dans la rue. Quelqu'un était-il venu également rendre visite au Meijin ? A qui cette voiture appartenait-elle ?
Il n'allait pas tarder à le savoir. D'un pas décidé, il franchit la barrière du petit jardinet et pressa sur le bouton de la sonnette. Un tintement agréable retentit, suivi de légers bruits de pas.
« Ogata-san ! Vous venez voir mon mari ?»
« Bonjour, Akiko ! Je ne veux surtout pas le déranger s'il est occup »
« Il est toujours disponible pour parler de go… » soupira Akiko « Est-ce que tous les joueurs professionnels sont comme ça ? »
Ogata ne put s'empêcher de sourire.
« Je crains que oui… »
Akiko lui rendit son sourire en baissant les yeux et en rougissant légèrement. Son trouble n'échappa pas au joueur professionnel.
Il suivit la jeune femme brune dans le couloir jusqu'à une pièce plus sombre. Son sourire s'estompa comme ils avançaient. Il se sentait plus tendu. Il avala difficilement sa salive en apercevant la familière silhouette du Meijin qui se détachait nettement à contre jour.
Les deux hommes assis de chaque côté du goban se retournèrent d'un même mouvement vers lui. Ogata eut un geste de recul et serra le poing en reconnaissant celui qui devait être le propriétaire de la voiture verte. Il se força néanmoins à ne rien laisser paraître et à les saluer poliment tandis que Kurata, lui serrait chaleureusement la main, un sourire amical sur le visage.
Mais pourquoi Toya Meijin avait-il fait appel à ce gros garçon s'il voulait disputer un match de go ? Il essaya d'effacer sa déception. Ce n'était qu'une partie et peut-être que Kurata n'avait pas été invité. Certainement il était venu de sa propre initiative. Et puis même lui devait reconnaître qu'être confronté à des adversaires différents étaient toujours plus intéressant.
En silence, pour ne pas briser leur concentration, il vint s'asseoir près d'eux pour assister à la partie.
Akira repoussa les couvertures et s'étira longuement. Il n'eut pas besoin de tirer les rideaux pour deviner que le soleil, dehors était resplendissant. Une belle journée de printemps en perspective.
Il se leva et ouvrit la fenêtre. Il resta rêveur plusieurs minutes en regardant le cerisier fleuri dans le petit jardin. Un petit oiseau aux plumes mordorées vint se poser sur l'une des branches et se mit à chanter. Un deuxième volatile vint se poser à côté de lui et ils semblèrent ce chamailler. Le jeune homme rit en les observant qui piaillaient, sautillants le long e la branche, se poursuivant l'un l'autre. Mais soudain, un oiseau plus grand et plus sombre les survola et apeurés, ils prirent leur envol.
Akira referma la fenêtre en soupirant. Il s'habilla et silencieusement, se glissa dans le couloir. Il jeta un œil dans le petit salon. Son père disputait une partie de go en compagnie de Kurata et Ogata. Il ne voulut pas les déranger et s'éclipsa sans signaler sa présence.
Il prit son blouson et s'apprêta à sortir bien qu'il n'eut pas encore déjeuné.
Il n'avait pas faim et il voulait de toute façon se rendre à la bibliothèque pour y consulter quelques ouvrages. Cela ne lui prendrait pas beaucoup de temps.
Il fut étonné en passant près de la cuisine d'entendre sa mère chantonner. Elle avait l'air étrangement et inhabituellement joyeuse mais Akira pensa que ce soleil merveilleux devait produire ce genre d'effet sur tout le monde.
Cela faisait un moment qu'il n'était plus dans la partie. Il n'était pas concentré sur le jeu.
Sans arrêt, il tournait et retournait les mots de Kuwabara dans son esprit. Qu'est-ce que ce vieux gâteux pouvait savoir de ce qu'il pensait ? La preuve : il s'était trompé en se désignant lui-même comme son rival ! Certes, ils s'affrontaient à la fois pour le titre de Kisei et pour celui d'Honinbo. Et Ogata était contrarié d'avoir perdu son dernier match contre lui. Très contrarié même, il ne pouvait le nier. Au point d'en perdre le sommeil, ce vieux renard avait vu juste une fois de plus… Mais les véritables raisons de son acharnement à le vaincre, Kuwabara les ignorait certainement.
Mais soudain, le visage souriant d'Akiko apparut par l'entrebâillement de la porte, mettant un terme à ses réflexions.
« Vous restez déjeuner ? » proposa-t-elle.
« Je ne voudrais pas vous prendre de court et vous faire trop de travail… » s'excusa Kurata par avance.
« Je ne voudrais surtout pas que ça vous dérange. » ajouta Ogata.
« Oh ce n'est pas du tout un problème ! Je suis ravie de vous recevoir ! »
Ogata se leva et s'approcha de la fenêtre. Cela faisait longtemps qu'il avait perdu le fil du jeu. Il s'amusa de voir les oiseaux dans les arbres du jardin. La journée était vraiment splendide.
Toujours sans faire de bruit pour ne pas déranger les joueurs, il sortit du salon et se dirigea vers la salle de bain. Il se passa de l'eau sur le visage. Son cœur battait toujours aussi vite. S'il n'arrivait pas à se calmer, l'infarctus le guettait lui aussi. Depuis un mois, il se sentait extrêmement tendu.
Il regarda son visage dans la glace. Des cernes commençaient même à apparaître sous ses yeux, résultat de ses longues nuits sans dormir.
Il fallait que cela cesse sinon il serait bientôt incapable de disputer la moindre partie.
Il se décida à regagner le petit salon mais en passant devant la cuisine, pour se montrer agréable, il proposa son aide à Akiko.
« Vous avez besoin d'un peu d'aide ? »
« Merci bien mais tout est prêt ! Nous pourrons déjeuner dès que la partie sera terminée. »
Ogata acquiesça et la dévisagea. Pourquoi avait-elle encore cet étrange sourire sur les lèvres ?
Il ne put s'interroger plus longtemps car des voix leur parvinrent du petit salon, montrant que le match était terminé.
(A suivre…)
