Dedicated To You

Chapitre 1


Eren, six ans.

Mon tout premier souvenir est celui d'une grande pièce où j'étais enfermé et dont les murs étaient couverts d'images de Jésus et de la Vierge Marie. J'étais terrifié par le regard constamment posé sur moi d'une nonne aux allures austère. Elle me dévisageait d'un air grave et ses yeux étaient si plissé que cela creusait de grosses rides sur son visage potelé.

- Tu es Eren, n'est ce pas ?

Je fis un petit signe de tête affirmatif, ma bouche était scellée et je me sentais bien incapable de prononcer le moindre mot.

- Sais-tu pourquoi tu es ici ?

Un autre hochement affirmatif de ma part.

- Bien. Ais-je besoin de te rappeler la sanction encourue pour tes actes ?

Quelques longues secondes s'écoulèrent, pendant lesquels la femme ne cessa de m'observer. Je pouvais sentir des sueurs froides s'écouler lentement le long de mon échine et mon sang se glacer sous ma peau. J'étais totalement tétanisé mais je fis un effort surhumain pour ouvrir la bouche et faire sortir un son de ma gorge serrée.

- Non madame.

- Bien. Je vais donc devoir t'apprendre à rester à ta place pour que tu comprennes ta faute et que dieu pardonne tes actes, tu es d'accord avec ça Eren ?

- Oui madame...

J'étais âgé de six ans à l'époque et ce jour resta gravé en moi. Ce fameux jour où je me fis battre pour la première fois.

Tout petit, on me sermonnait pour mon attitude trop téméraire et je m'attirais souvent les foudres des religieuses, mais à partir de ce jour, je perdis mon innocence et mon sentiment de sécurité. Désorienté, effrayé, je me renfermai totalement sur moi-même. Les sœurs étaient froides et insensibles et ne faisaient que peu cas de mes sentiments. Je fus donc contraint de gérer seul ce traumatisme.

Par chance, c'est à cette période que je découvris les livres – ainsi que les romans d'Erwin Smith - qui devinrent vite mes nouveaux amis. Je les serrais contre mon cœur et en observais attentivement chaque page pour m'aider à comprendre les mots. Les livres me fournirent ainsi la consolation que les nonnes me refusaient. Ils devinrent mon seul centre d'intérêt, et je me réfugiais dans leurs pages dès que l'occasion m'en était donnée. Avec eux, des lendemains meilleurs étaient enfin possibles.


Eren, quatorze ans.

C'était la fin de l'été 1960. Les plages se vidaient de leurs touristes et les commerçants pouvaient maintenant souffler après deux mois de travail harassant. Chacun retournait à sa petite vie tranquille. Les enfants rentraient de leurs vacances scolaires et retrouvaient leurs copains d'école. Puis, après que chacun d'entre eux ait venté ses exploits durant l'été, ils se remettaient à jouer et à taper sur les nerfs des voisins. Leurs parents, quand à eux, soupiraient d'un air las en imaginant la montagne de travail qui les attendrait surement en retournant au travail. Le beau soleil d'été se changeait petit à petit en grisaille, puis en sombre nuage menaçant. Et c'est dans cette atmosphère à la fois étrangement grise et nuageuse que débute notre histoire, enfin, mon histoire.

Je m'appelle Eren, juste Eren.

Je vis ici depuis toujours, enfin je crois. En fait je ne me rappelle plus de mon arrivée, je devais être très petit. Je sais juste qu'une nuit d'hiver où la température avait atteint - 5 degrés, je suis apparu devant la porte de l'orphelinat. Personne n'a jamais su qui était le lâche qui avait pu abandonner un nouveau-né lors d'une soirée si glaciale. J'étais emmailloté dans un fin linceul blanc aux broderies fines et travaillées, je souriais de toutes mes dents comme un bien-heureux, complètement inconscient du monde qui m'entourait. Elles m'ont alors recueilli et c'est ainsi qu'a commencé ma vie à l'orphelinat religieux de Sainte-Rose.

Je n'ai jamais su grand-chose sur moi, mon nom ou ma date de naissance exacte par exemple, les nonnes de l'orphelinat s'en fichaient car selon elles je n'en avais pas besoin ici. Et c'est vrai, à quoi servirait un nom dans cette demeure où tout le monde se connaissait ? À rien. Je me souviens de la grosse soeur Beatrice, je ne l'aimais pas elle, toujours à crier de sa voix rauque et à nous mettre des claques pour un oui ou un non. Une fois, je l'avais même surprise à donner un coup de pied dans un gamin de mon âge simplement pour passer sa colère, alors que le pauvre n'avait fait que laisser tomber son foulard au milieu du chemin. Ah, il faut que je vous parle des foulards aussi. C'est un système qui permet de reconnaitre la tranche d'âge d'un enfant de l'établissement à partir de la couleur du foulard que nous portons tous autour du cou. Les rouges sont les petits, compris entre deux et six ans, les oranges entre sept et onze ans, les jaunes entre douze et quinze ans, et enfin les bleus à partir de seize ans. Moi j'ai quatorze ans et je suis de nouveau en jaune cette année. C'est toujours excitant de recevoir nos foulards, cela nous rappelle tous les jours que nous nous rapprochons de la fin de notre cursus à l'orphelinat. Généralement les enfants de la catégorie bleue sont considérés comme suffisamment autonome et partent ensuite chercher du travail en ville, ils restent donc rarement très longtemps à l'orphelinat et finissent par partir après leur seizième anniversaire. Certains attendent ce jour avec impatience et chaque nouveau foulard devient donc une sorte de symbole.

Mais pendant que d'autres rêvent de liberté, moi je m'autorise simplement à profiter de l'instant présent. Même si certain veulent partir, même si je suis seul, même si ma vie n'a aucun sens, je préfère être ici que dehors.

On m'a raconté que là-bas, la mort vous guettait à chaque coin de rue, que le froid de l'hiver congelait les enfants pauvres et que les rats rongeaient leurs os durant la nuit. Je ne sais pas si c'est vrai, mais cela m'effraie et je préfère rester enfermé ici derrière ces barreaux de fer plutôt que de subir ça. Mais parfois, le soir, pendant que le monde dort, je me permets de rêver à quoi ma vie ressemblerait si j'avais une famille. D'après les soeurs, les individus qui abandonnent des enfants sont des rebuts de la société qui ne méritent pas la clémence de Dieu, mais que dans son infinie sagesse celui-ci pardonne aux enfants de ses prêcheurs et les accueillent dans des orphelinats pour leur assurer un avenir meilleur. Je ne sais pas vraiment quoi en penser. Pour moi il y a certaines raisons qui peuvent pousser à l'abandon, comme le manque de ressources pour nourrir une famille par exemple. Enfin c'est ce que je m'évertue à croire. D'une certaine manière, dans mon esprit mon père est représenté de façon plus héroïque qu'un simple malfrat. Je me plais à imaginer que s'il m'a laissé tomber, il l'a peux-être fait par déchirement et parce qu'il n'avait pas d'autres choix. Cette idée me permet de surmonter chaque nouveau jour dans cet endroit, sans famille, et avec pour seul compagnon la solitude.

- Debout les enfants !

Je grogne, voilà maintenant quatorze ans que je subis ce réveil chaque matin à 6h tapante et je ne m'y ferais jamais. Le son de la louche avec laquelle Soeur Maria frappe sa casserole est insupportable et réveillerait presque un mort de son repos éternel. Je me frotte les yeux lentement, encore engourdi par le sommeil, et jette un coup d'oeil circulaire sur le dortoir. Les autres aussi essayent tant bien que mal de sortir des méandres de la fatigue et donneraient cher pour quelques heures de repos supplémentaires. J'aperçois quelques têtes se relever difficilement et poser un pied-à-terre. Après ce constat je décide qu'il est temps de me lever moi aussi. Depuis mes six ans - ou plutôt depuis ce fameux jour - je mets un point d'orgue à ne pas me faire remarquer et à passer aussi inaperçu que possible. En fait, avant j'étais très joueur et amical, mais maintenant c'est tout l'inverse. Je suis discret, réservé, et un brin antisocial. Mais je tiens cela de l'expérience, car si vous vous faites remarquer vous pouvez dire adieu à une vie paisible durant seize longues années. Ici c'est la loi du plus fort. Si tu veux être tranquille, reste seul, si tu cherches les emmerdes, rejoins l'une de ces bandes de brutes dégénérés. Voilà ma philosophie pour survivre dans cette cage entourée de barreaux de fer.

Soudain, me sortant de mes sombres pensées, une bouffée d'enthousiasme se propage en moi. Je viens de m'en rappeler, aujourd'hui nous avons une heure de littérature avec Mr Smith !

Mr Smith - ou Erwin Smith - est un intervenant extérieur qui nous rend visite une fois par mois. Mais c'est aussi quelqu'un que je respecte énormément, une sorte de modèle pour un enfant sans avenir comme moi. Lui aussi fut recueilli par notre orphelinat à l'âge de six ans, mais son parcours fut extraordinaire. À douze ans il fut repéré par notre directrice, la mère Sina, pour ses talents d'écriture et sa conduite irréprochable. Elle décida donc de l'inscrire à des cours de littérature en ville. Par la suite, il remporta plusieurs concours de jeune talent et publia son premier roman à l'âge de seize ans seulement, ce qui procura une grande fierté à notre établissement et ne manqua pas de ravir la mère Sina. Il est maintenant âgé de vingt neuf ans, et continue de faire rêver le pays avec ses romans d'aventures. Autant vous dire que cet homme est mon idole et que je suis l'un de ses plus fervents admirateurs. Depuis maintenant des années, je chéris le rêve de devenir écrivain à mon tour et marcher dans les traces de Mr Smith.

Je me lève en sursaut, remotivé à la seule pensée de pouvoir de nouveau profiter d'un cours de littérature passionnant en compagnie de mon idole. De plus, sans me vanter, je pense que Mr Smith apprécie mon travail et mon écoute rigoureuse. Je descends de mon lit et entreprends de le ranger rapidement avant d'aller à la toilette. J'enfile mon uniforme simplement composé d'une chemise blanche, de mon foulard, d'un pantalon noir et de mes chaussures impeccablement cirées. Dans notre établissement catholique, l'apparence sobre et la croyance sont omniprésentes. Les bonnes soeurs sont extrêmement exigeantes sur la qualité de notre savoir-vivre et nous pouvons finir au trou pendant trois jours pour une paire de chaussures mal cirées. Ensuite, après avoir vérifié mon apparence, j'attrape ma trousse de toilette - nous n'en n'avons qu'une par an, il faut donc en prendre soin - et je me dirige rapidement vers la salle d'eau avant que trop de monde n'arrive. Ah, j'ai oublié de vous présenter les dortoirs : celui des jaunes est séparé en deux chambres différentes, le nôtre est celui des quatorze/quinze ans, il est assez petit car nous sommes peu mais nous possédons une grande salle d'eau. Des lits de camp sont disposés à égal distance les uns des autres et sont séparés par des rideaux blancs pour plus d'intimité. Chacun possède le strict minimum : une table de chevet, un lit et une armoire. Soeur Maria - la surveillante de notre chambre - dit que nous n'avons pas besoin d'objet superficiel mais seulement de l'amour de Dieu, c'est pourquoi chacun possède une petite croix au-dessus de son lit afin qu'il nous protège.

Je passe un gant d'eau tiède sur mon visage puis j'attrape mon peigne pour tenter de dompter ma chevelure brune. Celle-ci est un vrai mystère pour moi, j'aurais beau la peigner à m'en arracher les cheveux, elle restera toujours aussi indomptable. Je me suis d'ailleurs souvent fait réprimander par certaines bonnes soeurs pour ma coiffure, selon elles, inadaptée. J'ai aussi des yeux plus verts que des émeraudes, un corps fin et bien taillé, et une petite bouille que l'on qualifierait d'adorable, ce qui agace certains de mes camarades qui envient mes atouts. Mais je m'en fiche, cela me rend diffèrent en quelque sorte. Et puis, je me trouve pas trop mal.

Après une dernière vérification, et pendant que les autres se pressent pour ne pas être en retard, je descends d'un pas léger les escaliers en colimaçon pour rejoindre la grande salle à manger. Celle-ci peut accueillir tous les enfants de l'orphelinat ainsi que les bonnes soeurs - qui dinent à une longue table séparée de nous - mais n'est quasiment pas chauffé à cause de sa taille. Les repas servit y sont... peu ragoutant. Heureusement, le matin, nous avons un verre de jus d'orange accompagné d'une tartine de beurre. C'est peu, mais comestible.

Je m'installais tranquillement à ma place habituelle. Ici encore nos tables étaient rangées par âge et je me retrouvais rapidement entouré de mes camarades de chambres pour attendre la prière de la mère Sina. Elle arriva quelques instants plus tard et un grand silence se fit dans la salle. Nous étions tous debout dans l'attente du moindre signe de sa part.

- Asseyez-vous.

Sa voix claqua dans l'air et, comme un seul homme, nous nous assîmes en silence. Cette femme m'avait toujours profondément effrayé depuis « l'incident » lorsque j'avais six ans. C'était elle, ce jour-là, qui m'avait battu. Elle était sec, dure, froide et méchante. Depuis, lorsqu'elle était là, je me faisais tout petit pour ne plus subir ses foudres.

Rompant le silence pesant, elle commença à réciter la prière et je pus enfin souffler un peu, j'étais vraiment trop stressé en sa présence.

Le reste du petit déjeuné se passa sans encombre et je pus rapidement remonter dans le dortoir pour finir de me préparer. J'attrapais ma brosse et commençais à me brosser les dents passivement en contemplant mon reflet fatigué dans le miroir.

J'étais encore plongé dans mes pensées lorsque je fus éjecté du robinet par un violent coup de coude.

- Hey, mais c'est pas ce minus d'Eren ? Il est si insignifiant que je ne l'avais même pas vu !

Encore cet enfoiré de Jean... Je me massais le coude en grimaçant. C'était l'un des seuls types qui m'approchait, mais pas pour de bonnes raisons. Sous prétexte qu'il était d'un an mon aîné, il me traitait comme un chien pour montrer son pouvoir à ses potes. Mais comme je ne rentrais jamais dans son jeu, il finissait par se lasser et je n'en sortait qu'avec quelques coups tout au plus. Comme on dit, ce ne sont pas les chiens qui crient le plus fort qui mordent le mieux.

- Laisse-moi, marmonnais-je en reprenant mon activité sans lui accorder la moindre attention.

- Tsk, arrête de te la jouer parce que les soeurs t'ont à la botte, t'es qu'une merde et je me ferais bien un plaisir de te remettre à ta place comme il se doit.

J'haussais passivement les épaules. Je savais pertinemment qu'il ne me ferait rien pour l'unique et bonne raison qu'il venait de citer : les bonnes soeurs m'appréciaient.

J'étais toujours sérieux et assidu aux cours, ce qui me valait souvent quelques compliments, et j'étais envié par de nombreux pensionnaires. Mais je ne faisais pas attention à leur jalousie et continuais ma petite vie paisiblement.

Soudain, soeur Maria entra dans le dortoir et indiqua de sa voix forte qu'il était l'heure de nous diriger dans nos salles de classe. J'abandonnais là Jean et ses sbires et je partis d'un pas rapide vers le lieu de mon premier cours de la journée, à savoir éducation religieuse. Le cours était présenté par soeur Louise, une vieille femme à l'allure rigide, et n'était pas particulièrement passionnant. Nous ne faisions qu'apprendre des morceaux entiers de la Bible, prier Dieu pour sa miséricorde, et subir des sermons sur les comportements intolérables dans notre établissement. Mais ce qui m'excitait était plutôt le cours suivant, celui de Littérature ! Alors je pouvais bien supporter des heures de sermons ennuyeux pour pouvoir profiter une nouvelle fois du savoir de Mr Smith.

Je m'installais docilement à mon pupitre lorsque la vieille femme nous fit entrer. Mais soudain, au lieu de débuter le cours comme nous le faisions d'habitude, soeur Louise marqua un temps d'arrêt et toussota pour attirer notre attention. Elle se racla la gorge et annonça d'une voix forte :

- J'ai le plaisir de vous annoncer qu'un nouvel élève devrait rejoindre votre classe dans la matinée. Je compte sur votre dévotion afin de lui apporter toute l'aide nécessaire à son intégration parmi nous et au sein de la Maison de dieu qu'est notre établissement.

Après ces quelques mots, plusieurs chuchotements d'incompréhension et d'enthousiasme se firent entendre, mais soeur Louise ramena immédiatement l'ordre en frappant de sa règle sur son bureau.

- Silence !

Tout le monde se tue, mais certains furent vraiment interloqués par cette arrivée soudaine à l'approche des fêtes de fin d'année. Un nouveau à cette période - et surtout dans notre classe - était vraiment inhabituel.

- À ce propos, elle tourna sa tête dans ma direction, Eren ?

Un long frisson me parcourut l'échine. Toute la classe s'était retournée vers moi, ils se demandaient certainement pourquoi un gamin aussi invisible que moi pouvait bien être appelé, et moi aussi. Mais je fis comme si de rien n'était et je me levais simplement de ma chaise, à l'écoute.

- Oui ?

- J'aimerais que tu t'occupes personnellement de faire visiter les lieux à votre nouveau camarade et que tu le guides durant un certain temps, c'est compris ?

- Bien.

Je me rassis en silence sous le regard étonné de la classe entière. Moi-même j'avais du mal à y croire, il était plutôt rare que l'on demande à un élève ce genre de chose. Un léger sourire naquit sur mes lèvres. Si les soeurs me proposaient un service comme celui-ci, c'est qu'elles avaient confiance en moi et qu'elles me considéraient comme un bon élève. Alors, si c'était le cas, mes efforts durant toutes ces années étaient enfin récompensés !

Durant le reste du cours je fus extrêmement assidu, cette nouvelle m'avait mit du baume au coeur et je me sentais pousser des ailes. Mais, seul point noir au tableau, il fallait maintenant que je remplisse ma mission avec brio pour monter dans l'estime des soeurs et, peut-être même, dans celui de la mère Sina. Mais, pour une fois dans ma vie, j'avais la sensation que tous mes efforts n'avaient pas été vains.

- Bien, le cours est fini. Vous pouvez maintenant rejoindre la salle d'étude pour votre leçon de Littérature.

Quelques soupire de soulagement se firent entendre. Moi j'étais dans un état euphorique. D'abord cette mission et maintenant mon cours de Littérature, cette journée était excellente !

Je pris mon temps pour sortir de la salle en prenant bien soin de ranger minutieusement mes affaires dans mon cartable. D'habitude nous restions toujours dans notre salle attitrée, mais pour la Littérature nous allions en permanence à l'étage du dessus. Même si pour vous ce n'est rien, pour les habitants de Sainte-Rose, chaque petit changement dans notre routine habituelle est à marquer d'une pierre blanche.

Enfin, à force de rêvasser, j'allais finir par être en retard. Je sortais donc rapidement de la salle en empoignant mon sac, et montais d'un pas décidé les escaliers me conduisant à l'étage.

Mais soudain, alors que je rêvassais, mon front rencontra violemment quelque chose de dur et je perdis l'équilibre. Mon pied glissa sur la marche et je me sentis tomber à la renverse.

"Putain" fut ma seule et unique pensée pendant que je sentais lentement mon corps flotter dans les airs. Je visualisais déjà ma future chute : j'allais littéralement me manger le sol car si je continuais ainsi, j'allais dévaler sur le dos toutes les marches jusqu'en bas.

Mais soudain, quelque chose me retînt brusquement par le bras, m'empêchant ainsi de finir ma journée à l'hôpital, et m'attira de nouveau sur terre. Je fus plaqué violemment contre le torse de la personne contre laquelle je m'étais cogné, et accessoirement, celle qui venait de me sauver.

- Mais putain fait attention, j'ai cru que t'allait y passer !

Je repris brusquement mes esprits en remarquant que j'étais toujours blottis dans les bras de cet inconnu.

- Pa...pardon je ne vous avais pas vu, m'excusais-je en me reculant rapidement.

- Tsk, tutoie-moi j'suis pas ton putain d'ancêtre.

Effectivement remarquais-je, malgré sa voix froide et autoritaire il ne devait pas être beaucoup plus âgé que moi (même si je le dépassais de quelques centimètres). Mais ses paroles vulgaires et son attitude rebelle me firent comprendre qu'il ne devait probablement pas être d'ici - je n'ose même pas imaginer la tête des soeurs si elles entendaient ce genre de propos - il venait donc de l'extérieur. Je relevais timidement la tête et mon regard tomba sur un jeune garçon brun aux traits durs qui détonaient sur son visage pâle. Il me faisait une impression très forte, presque intimidante. Il avait les yeux magnifiques. D'une couleur indescriptible vacillant entre un gris à la fois sombre et doux. Un regard intense, accentué par de longs cils noirs, si vif qu'il m'était difficile de le soutenir.

Soudain, me coupant dans mes pensées, j'entendis des pas précipités descendre les escaliers dans notre direction. Je pus clairement déceler la voix d'un homme qui appelait quelqu'un, mais je n'entendis pas son prénom.

- Putain tu m'as fait repérer, marmonnas le jeune garçon.

Je n'eus pas le temps de comprendre de quoi il parlait qu'il sauta par-dessus la rambarde des escaliers en me balançant un simple "bye" accompagné d'un signe de main, avant de disparaître.

Quelques secondes plus tard un homme en tenue formelle passa près de moi sans me prêter la moindre attention et continua de dévaler les escaliers. Mais qui était ces types ?


Voilà la fin de ce premier chapitre, j'espère que cela vous aura plu !

À vrai dire, je ne sais pas vraiment si je posterais la suite de cette fanfiction, cela dépendra de vos avis...

Donc peut-être à bientôt,

L'auteure