Hello tout le monde !

Je suis sûre que vous vous dites tous "quoi, une nouvelle fic, et ce n'est pas le tome 6 de Renouveau ?! Fumiste !". Et vous avez bien raison. Ce n'est pas le tome 6 de Renouveau. Désolée. Cet été je me suis éloignée du fandom d'Harry Potter, et je n'y suis retombée qu'en décembre 2016... Et comme j'avais relus les grands classiques de Naruto, comme Dreaming Of Sunshine ou Catching My Breath ou encore Vapors (trois excellente sfics que je vous recommande d'ailleurs, si vous lisez couramment l'anglais), j'ai soudain pensé : "eh, ça fait un bout de temps que je joue avec l'idée de faire une self-insert, et si je le faisait ?".

Et du coup, je me suis attaquée à ce projet et en 15 jours, j'avais écrit 200 pages. Je ne sais pas si vous le réalisez, mais c'est sans doute mon records de vitesse, là xD Même Polydipsie, je ne l'ai pas écrit aussi vite !

Enfin bref. Cette nouvelle fic se nomme donc Elisabeth Bishop et le monde des sorciers, et constitue le premier volume d'une saga. C'est une fic Self-Insert, c'est à dire que le personnage principal est plus ou moins basé sur l'auteure, notamment par le fait qu'elle a lu les bouquins de la saga avant de renaître dans l'univers de JKR. Yep, vous avez bien lu. Je me lance dans le genre des SI !

Je sais que les SI ont souvent une image assez négative pour le public, notamment parce qu'elles sont apparues dans les fanfictions comme des Mary-Sue (le cliché de base étant : l'auteur tombe dans son univers favori, se tape son personnage préféré, et sauve le monde avec ses super-pouvoirs surgis de nulle part) !

Mais pour cette fic, je me suis plus ou moins basée sur Vapors et Dreaming Of Sunshine, qui posent de vraies questions. A savoir : si vous ouvrez un jour les yeux dans le corps d'un bébé dans un univers de fiction dont vous connaissez l'intrigue, qu'est-ce que vous faites après la fin de votre crise de panique initiale ? Vous connaissez le futur, enfin, un futur extrêmement probable. Vous connaissez des gens qui vont mourir, d'autres qui vont vous trahir, parce que ce ne sont plus des personnages de fiction mais de vraies personnes... Alors oui, qu'est-ce que vous faites ?

Pour ma part, ceux qui ont déjà lu mes fics savent que j'essaierait obstinément de changer le monde, de faire réaliser à certains personnages qu'ils sont des idiots, et que je serai constamment en train de me frapper la tête contre les murs devant l'absurdité ou les injustices du monde sorcier. Alors je me suis dit que ça serai marrant à écrire et hop, voilà un personnage de créé, et une histoire qui va avec !

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Enfin voilà. Cette fic est donc mon nouveau projet du moment. Le tome 1 est terminé et le tome 2 est en cours. Bien que j'ai basé Elisabeth sur moi-même, depuis son visage joufflu jusqu'à sa peur de parler en public, j'ai essayé de garder à l'esprit que ça serait un "moi" qui a ensuite vécu treize ans chez les sorciers, donc une vraie sorcière... Et, je l'espère, un personnage un peu plus intéressant à lire pour vous !

Alors je m'arrête là, et je vous dit : enjoy ! Dites-moi ce que vous pensez de mon essai au Self-Insert !

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Prologue

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Elisa ne pouvait s'empêcher de regarder partout autour d'elle avec émerveillement.

Vivre dans l'univers d'Harry Potter était vraiment cool, songeait-elle tandis que les premières années entraient dans la Grande Salle. Vraiment très cool.

Oh oui, elle n'avait vraiment pas à se plaindre. Quitte à renaître dans un univers de fiction, elle aurait quand même pu tomber plus mal. Comme l'univers du Trône de Fer. Celui de l'Assassin Royal. Ou, comble de l'horreur ! Celui de Naruto, où les personnages sans importance mourraient comme des mouches. Non, ici, elle avait droit à un univers relativement sûr, avec encore quelques années de marge avant le retour de Voldemort. Elle avait la technologie, la magie, une famille, et un nom de famille super-cool. Bishop. Non, pas Bishop comme l'archevêque, Bishop comme le Fou, la pièce d'échec.

En revanche son prénom était craignos. Qui, mis à part le roi d'Angleterre, nommait sa fille Elisabeth ? Yerk.

Du coup elle se faisait appeler Elisa. Ou Lizzie. Ou Beth. Ou Ellie. Enfin, ses parents l'appelaient Ellie : les autres gens avaient une demi-douzaine de surnoms divers parmi lesquels choisir, tant qu'ils utilisaient autre chose que « Elisabeth ». Double-yerk.

Bref. L'univers d'Harry Potter, minus le héros de la saga, c'était un endroit assez… étrange. Mais paisible. Et fun. Tellement fun ! Les corvées ménagères étaient faites en deux tours de baguettes, quand elles n'étaient pas accomplies par l'elfe de maison. Les fringues étaient fun, et avaient un petit côté victorien très classe (elle avait toujours adoré le style steampunk). Et la magie ! La magie, elle ne s'en lassait pas.

Et puis il y avait Poudlard. Car oui, d'ici quelques instants, elle serait officiellement élève au château, membre d'une de ses quatre Maisons. Comme tous ses compagnons, Elisa posa un regard avide sur le Choixpeau que McGonagall allait poser sur leurs têtes.

L'année était 1989, trois ans avant le début de l'intrigue originale de la saga Harry Potter : et Elisabeth Bishop, première année à Poudlard, s'apprêtait à être Répartie.

– Ancrum, Scott ! appela la sous-directrice.

Un garçon rondouillard se précipita sur le tabouret, et coiffa le Choixpeau avec maladresse tant il était crispé. Il ne fallut qu'une dizaine de secondes à l'artefact rapiécé pour se décider.

– SERDAIGLE !

– Applebee, Thomasina !

– POUFSOUFFLE !

– Bainbridge, Tabitha !

– SERPENTARD !

Elisa respira à fond. Elle n'avait pas peur. Elle avait une baguette toute neuve, de belles robes noires encore dépourvues d'écusson à l'emblème de sa Maison, un chat tigré acheté spécialement pour sa rentrée. Elle avait aussi les souvenirs d'une autre vie, vécue au 21ème siècle dans un monde sans magie : et elle avait surtout un souvenir très vif de ses multiples lectures des aventures du Survivant. Alors Elisa avait une idée du futur, mais surtout, elle avait un plan.

Poudlard n'avait qu'à bien se tenir : Elisa Bishop allait changer le destin !

– Bishop, Elisabeth !

Cédric Diggory et les jumeaux Weasley, rencontrés dans le train, lui lancèrent des sourires encourageants. Elisa se détacha du groupe, courant presque vers le Choixpeau dans sa hâte. Elle s'assit sur le tabouret et eut juste le temps de lever un regard interrogatif sur McGonagall avant que la sous-directrice ne lui pose l'artefact rapiécé sur la tête, les rebords du chapeau lui tombant devant les yeux et obscurcissant sa vision.

– Oh, intéressant, murmura soudain une voix dans l'obscurité. Très intéressant, et très difficile… Tu as du talent, beaucoup de potentiel… Tu as de l'intelligence et de la créativité… De la bravoure en quantité, également. Et de très hautes aspirations… Oui, vraiment, très difficile…

Attends ! pensa Elisa de toutes ses forces. Est-ce que ma décision ne compte pour rien ?

– Ta décision ? fit le Choixpeau d'un ton un peu surpris. Oui, je peux prendre cela en compte. Pourquoi, as-tu une préférence ?

J'en ai une. Mais si je te la dis, est-ce que tu vas écouter mes arguments et me mettre ou je veux ? Ou est-ce que tu suis plutôt ta propre opinion ?

Après tout, le Choixpeau avait écouté Harry quand celui-ci avait demandé (ou demanderait ?) à aller à Gryffondor. Mais il n'avait pas écouté Neville quand celui-ci avait supplié pour Poufsouffle. Est-ce qu'il y avait un juste milieu ?

Il y eut un court silence. Apparemment le Choixpeau était pris au dépourvu.

– Ah, finit par murmura le vieil artefact. C'est bien la première fois que je suis obligée de faire preuve d'introspection afin de savoir ce qui guidera ma décision. Voix-tu, jeune fille, je suis davantage un miroir par lequel les enfants se Répartissent eux-mêmes qu'une véritable entité consciente.

Je m'en doutais un peu, s'amusa Elisa. Pouvoir te doter de pouvoir de Legilimencie capable de lire au plus profond de l'être des enfants, ça serait sans dote de la magie assez noire. Tandis qu'un miroir qui reflètent aux gens leur subconscient… C'est sans doute difficile, mais possible.

– En effet, fit le Choixpeau avec surprise. Tes suppositions quant à ma création sont étonnamment exactes.

J'ai eu beaucoup de temps pour penser à un tas de choses, répondit négligemment Elisa. Toi, la Chambre des Secrets, le racisme des Sang-Purs, les parallèles entre la montée au pouvoir de Voldemort et celle d'Hitler, ce que sont les Horcruxes, à quel point Dumbledore est moralement tordu. Euh, juste par curiosité, tu ne peux dire à personne ce que tu vois dans ma tête, non ?

– Non, s'amusa le Choixpeau. Chaque Répartition reste entre moi et celui sur la tête de qui je suis placé. Même le directeur ne peut violer cette règle. Mais n'est-ce pas un peu tard pour t'en préoccuper ?

Tu es probablement la seule personne… chose… être ? La seule entité à laquelle je peux dire ça. Alors voilà : je connais le futur. Enfin, je connais un futur. Ça me donne une certaine avance sur le reste des gens.

– Hum. Et tu penses que ça devrait être pris en compte pour le choix de ta Maison ?

Elisa marqua un temps de surprise, et le Choixpeau reprit gentiment, bien que d'un ton teinté de reproches :

– Je ne suis qu'un Choixpeau, jeune fille. Je te reflète ce qui est en toi pour t'offrir le chemin qui te conviendra le mieux à Poudlard. Je te permets de choisir ta Maison, mais je ne peux rien te donner de plus. Si tu cherches une oreille attentive ou des conseils, tu devras les trouver parmi les tiens.

Elisa ne put s'empêcher de se sentir déçue. Elle n'avait jamais parlé à personne de sa connaissance du futur, et elle n'avait aucune intention de le faire. Pouvoir s'épancher auprès du Choixpeau l'aurait un peu soulagé.

Je suppose que tu ne peux pas me parler des élèves dont tu as lu l'esprit ? tenta-t-elle malgré tout. Tom Jedusor, Sirius Black, Severus Rogue, Albus Dumbledore, Lucius Malefoy ?

– Chaque Répartition reste entre moi et celui sur la tête de qui je suis placé, répéta le Choixpeau. Je ne peux pas plus te parler d'eux que je ne pourrais parler de toi. Même si j'admets que tu es l'une des élèves qui m'a le plus surprise de toute mon existence. Il n'y a pas beaucoup de gens qui veulent faire la causette à un chapeau rapiécé tel que moi.

Oh, vous avez toujours du style, l'assura aimablement Elisa.

Le Choixpeau gloussa, sentant probablement qu'elle ne faisait qu'être polie. Ce n'était pas avec ses pans de tissus raccommodés et ses bords effilochés qu'il allait gagner un défilé de mode, c'était sûr.

– Mais reprenons ! déclara le vieil artefact. Où serais-tu le mieux placée ?

Je ne sais pas, avoua Elisa. Mais je sais que je veux aller à Poufsouffle

Aussitôt, le Choixpeau se récria avec indignation :

– Poufsouffle ! C'est bien le dernier choix que j'avais en tête pour toi ! Tu as du talent et de la loyauté, oui, et une bonne éthique de travail… Mais tu te concentre davantage sur les choses qui te t'intéressent vraiment. Tu as une détermination qui brûle haut et clair, et une passion qui te mènera loin. Hum, Gryffondor ou Serpentard, vraiment… Oui, Serpentard…

Quoi ? protesta Elisa. Alors, déjà, pas question d'aller à Serpentard et encore moins à Gryffondor. Et Serdaigle alors ? Je ne suis pas assez maligne pour Serdaigle ?

– Oh, mais si, la rassura le Choixpeau. Tu as un esprit affuté. Une belle logique, également, quoique tu n'aies pas un raisonnement très mathématique. Pas très fan des nombres et des calculs, hum ? Rien de plus normal, je t'assure. Voyons voir… Oh ! Tu as aussi de l'imagination, beaucoup de créativité… Même si je soupçonne que ces deux qualités soient très largement influencées par tes souvenirs d'une vie passée. Ou par tes connaissances du futur, au choix.

Elisa se renfrogna. Le Choixpeau n'avait pas tort. Elle avait des esquisses d'inventions, des schémas de prototypes magiques rangés dans sa valise… Mais presque tous ces projets avaient été inspirés par son autre vie. Ainsi, les plumes rechargeables qu'elle avait décidé de fabriquer dès que possible lui avaient été inspirés par les stylo-plume Moldus (et parce qu'elle avait horreur de devoir retremper sa plume dans l'encrier toutes les deux secondes).

– Mais Serdaigle ne s'intéresse pas seulement à l'intelligence, poursuivit le Choixpeau. Toute cette inspiration, ce talent, cette imagination… Pour toi, il s'agit que de moyens pour poursuivre un résultat, et non d'une fin en soi. Tu accordes une plus grande valeur au savoir obtenu pour accomplir un but qu'à la connaissance poursuivie pour elle-même.

La jeune sorcière digéra cela en silence. Le Choixpeau avait raison. Elle lisait beaucoup et adorait apprendre et découvrir, mais… Pour elle, la connaissance était un outil. Ce n'était pas un chemin à arpenter, une vocation. Juste… Un accessoire, une aide pour parvenir à ses objectifs.

Je comprends, soupira-t-elle mentalement. Au final, ce n'est peut-être pas plus mal. J'ai toujours le nez dans un livre et des tas d'idées qui peuvent paraître très farfelues. Je ne me serais pas beaucoup démarquée chez les Serdaigle.

– Et tu rêves de te démarquer ? releva le Choixpeau. Oui, je peux le voir. Pas une soif de reconnaissance, exactement, mais… L'envie de faire quelque chose, et d'être reconnue pour ton succès.

Je veux changer le monde, fit Elisa avec détermination. Je sais quel futur attend ce monde si je reste les bras croisés. Et, d'accord, il n'est pas mauvais. Mais il pourrait être meilleur. Et je vais le rendre meilleur.

– Et si tu le rends pire ? demanda judicieusement le Choixpeau.

Elisa marqua un temps de silence. C'était une question qui l'avait beaucoup tourmenté, quelques années plus tôt, lorsqu'elle échafaudait ses premiers plans pour bouleverser l'intrigue canon. Mais aujourd'hui, elle avait une réponse toute prête.

Pire ? renifla-t-elle avec dédain. Ce monde est corrompu jusqu'à la moelle. Tout ce que je ferai sera pour le rendre meilleur, mais si j'échoue… Si j'échoue et que le monde brûle, alors je reconstruirais quelque chose de meilleur sur ses cendres. Et si je meurs en faisant ça, eh bien ! J'aurais tellement diffusé mes idées que j'espère bien que quelqu'un reprendra le flambeau après moi.

– Quels mots arrogants ! fit le Choixpeau avec une touche d'admiration. Décidément, tu es un cas bien difficile. Le courage avec lequel tu aborde cette tâche… Et cette détermination impitoyable… J'ai rarement vu un enfant de ton âge avec d'aussi hautes aspirations. Oui, le choix est difficile, mais je pense… Oui, je pense qu'il vaut mieux que tu sois à…

NON !

Le Choixpeau, qui allait ouvrir la déchirure qui lui servait de bouche, se renfrogna d'un air mécontent.

– Je t'assure que Serpentard t'aiderai singulièrement sur le chemin de la grandeur. A moins que tu veuilles Gryffondor, en vrai révolutionnaire ? C'est un second choix acceptable.

Les sorciers ont des révolutionnaires ? sourcilla Elisa. Ils vivent encore au Moyen-âge ! Quoique, une révolution n'est qu'un renversement de système. Le Secret Magique, l'établissement d'un Ministère, l'alliance avec les gobelins… J'imagine que ça peut compter comme des révolutions.

Elle pouvait pratiquement sentir le Choixpeau hausser un sourcil incrédule devant ses divagations mentales. Elle se reprit, serrant la mâchoire avec détermination.

Je ne veux pas de Serpentard, et je ne veux pas de Gryffondor. Je veux aller à Poufsouffle.

– Vraiment ?! protesta le Choixpeau. Tu n'en as pas l'étoffe !

Comment ça ? s'indigna la fillette. Je ne suis pas assez travailleuse ? Pas assez loyale ? Pas assez gentille peut-être ?

– La gentillesse n'a rien à voir avec la Maison de Poufsouffle, renifla le Choixpeau avec dérision. Autant Serdaigle forme des conseillers et des érudits, Gryffondor forme des guerriers et des explorateurs, et Serpentard forme des espions ou des visionnaires… Poufsouffle est la Maison des soigneurs, des gardiens, des protecteurs, des sages. Poufsouffle forme ceux qui restent monter la garde quand chacun part sur son chemin, que ce soit pour changer le monde existant ou en découvrir un nouveau. Poufsouffle est la Maison de la stabilité, de la solidité. Tu rêves d'entraîner la communauté sorcière sur un autre chemin, d'ébranler les fondations de l'univers. Est-ce que tu penses que la stabilité est faite pour toi ?

Elisa hésita. Il n'avait pas tort. Elle n'avait pas envisagé les choses sous cet angle. La stabilité, la solidité… Oui, elle aimait avoir ses petits repères, comme tout le monde. Mais au final, ce qui la motivait c'était de contribuer à quelque chose de grand. Quelque chose qui allait changer le monde.

Tu devrais dire ça dans ta chanson, pointa-t-elle distraitement. C'est la manière la plus positive dont j'ai entendu la Maison de Poufsouffle être décrite. Et sans doute la plus réaliste. Tu sais que dans le train, un type m'a dit que Poufsouffle n'existe que pour prendre les rebuts des autres Maisons ? Un vrai crétin. Raciste, en plus.

Il s'était moqué d'elle parce qu'elle était de sang mêlé, avec une mère sorcière et un père Moldu. Cassius Warrington, qu'il s'appelait. Un futur Serpentard, si elle ne se trompait pas. Pouah ! C'était les gens comme lui qui donnaient une mauvaise réputation à la Maison des verts et argents.

– Pure stupidité, renifla le Choixpeau. Poufsouffle accepte les élèves loyaux et travailleurs, mais elle est aussi la Maison de l'équité. Elle accepte aussi ceux qui ne se reconnaissent ni à Serpentard, ni à Gryffondor, ni à Serdaigle. Helga disait que l'important n'était pas qu'ils adhèrent aux principes de l'un ou de l'autre des Fondateurs, mais qu'ils soient prêts à travailler dur quel que soit leurs origines, leur famille ou leur talent.

Vu que Rowena Serdaigle avait élevé une fille qui lui avait ensuite volée son diadème magique, que Salazar Serpentard avait caché un Basilic à la cave, et que Godric Gryffondor avait été (avant de fonder l'école) un chevalier errant et qu'au Moyen-âge ce n'était donc ni plus ni moins qu'un tueur à gage… Helga Poufsouffle semblait avoir été la plus rationnelle du lot.

Puis Elisa secoua la tête, parce qu'elle s'éloignait quand même du sujet, et insista à nouveau :

Je veux aller à Poufsouffle. Est-ce que je n'en ai pas les qualités ?

– Si, concéda le Choixpeau de mauvaise grâce. Tu es loyale, protectrice. Tu n'as pas peur de travailler. Tu as un esprit ouvert et déteste la discrimination, c'est un bonus. Et du talent, en plus… Oui, tu as un certain talent en magie…

Poufsouffle est la Maison du talent ? s'ébahit Elisa. Ce n'est pas Serpentard ?

– Bien sûr que non, lâcha le Choixpeau avec dérision. C'est justement parce qu'elle est la Maison du talent brut que Poufsouffle n'a pas besoin d'enseigner à ses élèves à tricher ou à se couvrir de gloire en cherchant le danger.

Oh. Ça a du sens.

– Evidemment, se rengorgea le Choixpeau. Et tu as ces qualités, oui… Mais ton ambition est si prononcée ! Ta détermination ! Ton intelligence ! Et ton courage, ton sens de la justice ! Serpentard te conviendrait si bien !

Elisa grinça des dents puis, soudain, changea de tactique :

Pourquoi ?

– Comment ça pourquoi ? répéta le Choixpeau désarçonné.

Pourquoi je serais mieux à Serpentard ? Ou même à Gryffondor, d'ailleurs ? Qu'est-ce que ces Maisons respectives vont m'apporter ? Explique-moi ton point de vue. Essaie de me convaincre de les choisir.

Il y eut un court silence interloqué. Puis le Choixpeau émit une sorte de petit gloussement :

– Oh, vraiment, tu es sans nul doute l'élève la plus surprenante que j'ai eu à Répartir. Très bien, allons-y. Serpentard te permettrait de cultiver ton ambition. Tu y affuterais son intelligence, tu t'y ferais des amis qui te soutiendraient sur le chemin de la grandeur. Tu y apprendrais à être plus rusée que tu ne l'es déjà. Je sens aussi que tu es quelqu'un qui veut sans cesser devenir meilleure, qui craint l'échec… A Serpentard, ce sentiment sera partagé par tes camarades, aussi. Et finalement. Tu as de grandes ambitions, jeune fille. Ce n'est pas tout le monde qui se lève un jour et décide de changer le destin. Les Serpentard comprendraient ces ambitions, ta soif de succès et de reconnaissance…

Elisa hocha la tête en faisant la moue, puis demanda :

Et Gryffondor ?

– Tu te plairais aussi beaucoup à Gryffondor, répondit aussitôt le Choixpeau. Ton sens de la justice y serait admiré. Ta bravoure, également. Et la flamme qui brûle en toi… Oh, ils appelleraient ça de la passion, et non de l'ambition : mais tu serais admirée pour cela du pareil au même. Peut-être pas comprise, pas totalement, mais suivie et soutenue, protégée, admirée. Tu y aurais des amis loyaux, des gens que tes idées de révolution vont enthousiasmer.

Elisa fronça le nez :

Tu sais, je n'aime pas vraiment la révolution, la façon dont tu présentes ça. Ok, j'aimerais bien avoir quelques têtes brûlées dans mon camp quand la bagarre va exploser, mais… Si possible, j'aimerai que le changement que j'apporte soit non-violent. Paisible.

– Plutôt Serpentard dans ce cas, musa le Choixpeau. Oui, c'était mon premier choix aussi…

Pas si vite ! Tu as fait ton argumentaire, tu as exposé ton opinion et ta défense. A mon tour. Et tu dois m'écouter jusqu'au bout avant de décider.

Le chapeau enchanté eut l'air plus ou moins ahuri, puis lui céda la parole avec un certain amusement. Elisa prit une grande inspiration pour rassembler ses idées, puis elle se lança.

C'était le moment de jouer cartes sur table.

Choisir une Maison c'est choisir une façon de mûrir et de se développer, commença-t-elle avec fermeté. C'est pour ça que face à la même situation de danger ou d'hostilité, les Serpentard apprennent à négocier et menacer, et les Gryffondor préfèrent attaquer. Et c'est ça que je veux éviter. J'ai déjà… J'ai déjà beaucoup plus mûri que mes camarades. Je suis plus mature, plus adulte, et j'ai déjà en moi la « fibre Serpentard » et la « fibre Gryffondor ». Je n'ai pas besoin de cultiver ces aspects de moi-même. Et surtout, je n'en veux pas.

Oh, d'accord, elle voulait un petit peu appartenir à une Maison reconnue. Et c'était les deux Maisons les plus glorieuses de Poudlard. Mais que lui rapporterait la gloire, si elle grandissait selon leur moule et que cela déformait ses ambitions ?

Je ne veux pas grandir à Gryffondor, continua-t-elle avec fermeté. Je ne veux pas grandir dans une Maison qui récompense l'héroïsme mais n'accorde que peu de valeur à la sécurité des enfants, je ne veux pas grandir avec des gens qui me trouveront irrationnelle pour penser qu'ils peuvent avoir tort ! Je ne veux pas grandir à Gryffondor, où le seul moyen d'être admiré c'est de chercher l'embrouille avec les Serpentard. Je ne veux pas aller à Gryffondor, parce que c'est une Maison où il est trop facile de décider qu'on a raison et que ça justifie la violence ou les abus. Ils voient le monde en noir et blanc, en Bien et en Mal. Soit tu es avec eux soit tu es contre eux, et je sais qu'il y a des choses sur lesquels on sera en désaccord. Par exemple… Ils considèrent que Dumbledore est le Père Noël, alors qu'il a un sens moral plus que douteux !

Et puis, si elle allait à Gryffondor, les stars de sa promotion seraient toujours les jumeaux Weasley. Dur de se faire un nom ou même de préparer ses projets, avec ces deux-là toujours dans les parages.

Et je ne veux pas grandir à Serpentard, reprit-elle avec fougue. Je ne veux pas grandir avec des puristes et des racistes qui me rabaisseront chaque jour de ma vie parce que mon père est un Moldu. Je ne veux pas grandir dans une Maison où les coups bas sont monnaie courante, une Maison où il faut toujours faire des compromis. Ok, je sais faire des compromis, mais où est-ce que je tracerais la ligne ? Si j'aide un futur Mangemort à faire ses devoirs en échange d'un bouquin rare qu'il a chez lui, est-ce que j'accepterais aussi de fermer les yeux sur la magie noire qu'il exerce, juste pour avoir la paix dans mon dortoir ? Non ! Tu as dit que j'avais un fort sens de la justice. C'est le genre de chose que je ne veux pas perdre. Je ne veux pas que ce sens de la justice se transforme en méchanceté, comme ça risquerait d'arriver à Gryffondor : mais je ne veux pas non plus le perdre ou l'ignorer. Et c'est ce qui arrivera si je vais à Serpentard !

Elle reprit mentalement son souffle. Le Choixpeau était muet. De stupeur, sans doute. On ne devait sans doute pas souvent l'engueuler avec autant de véhémence. Plus doucement, Elisa reprit :

Je ne veux pas grandir en cultivant mon courage ou mon ambition. J'en ai déjà bien assez. Je suis déjà une force du chaos, c'est la stabilité qui me manque.

Le Choixpeau frémit sur sa tête, et elle retint un sourire. Elle retournait ses paroles contre lui.

Tu as sans doute raison, je suis probablement une Serpentard, concéda-t-elle. Une Serpentard avec des tendances Gryffondoresque. Mais si je vais dans l'une ou l'autre de ces Maisons, je ne sais pas si je deviendrai quelqu'un de bien. Je serai forcée de choisir un camp, de me mêler au combat. La Maison rivale se méfiera de moi. Alors je veux aller à Poufsouffle, parce que je n'aurai pas à m'inquiéter de la rivalité entre Gryffondor et Serpentard, je pourrai être amie avec qui je veux. Je veux aller à Poufsouffle, parce qu'une guerre se prépare et que je veux profiter de ma scolarité dans une Maison qui me laissera grandir sans attendre de moi que je devienne un soldat. Je veux aller à Poufsouffle, parce que je veux une salle commune près des cuisines et des amis loyaux qui me feront rire et avec qui je serai heureuse.

Sur sa tête, le Choixpeau ne bougeait pas d'un fil. Elisa poussa un profond soupir, puis acheva son discours.

Je veux aller à Poufsouffle, parce que si ce sont les qualités de Poufsouffle qui me manquent… Alors je veux grandir avec elles. Je peux être une visionnaire, comme une Serpentard. Je peux être une guerrière, comme une Gryffondor. Je peux être une érudite, comme une Serdaigle. Mais je veux aussi apprendre à soigner, aider, réconforter. Je veux faire preuve de compassion et d'amour, et tendre la main à tout le monde. Et ça… Je ne pourrai l'apprendre qu'à Poufsouffle.

Le Choixpeau resta silencieux quelques instants. Elisa se tendit, le cœur battant. Elle avait tout donné à sa plaidoirie pour convaincre le Choixpeau. Ou, puisque le Choixpeau était un miroir qui permettait aux enfants de se Répartir eux-mêmes, peut-être avait-elle surtout essayé de se convaincre elle-même… Et il était possible que ça ne marche pas. Elle savait, au fond d'elle-même, qu'elle avait l'étoffe d'un serpent. Et si le Choixpeau la plaçait là, malgré tout ?

Puis le Choixpeau éclata de rire. Un rire rauque et sonore, qui retentit si soudainement dans la tête d'Elisa qu'elle sursauta au point de presque tomber de son tabouret.

– D'accord, jeune fille ! rit le Choixpeau. Qu'il ne soit pas dit que la Maison d'Helga Poufsouffle a refusé quelqu'un prêt à travailler dur pour intégrer ses valeurs. Tu as de l'ambition, du courage, de l'imagination… Mais ta détermination m'a touché. Jamais je n'ai entendu une plaidoirie si passionnée. Alors, pour toi, ça sera…

Elisa retint son souffle.

– … POUFSOUFFLE ! cria le Choixpeau.

Elisa poussa un profond soupir de soulagement, tandis que McGonagall retirait le Choixpeau de sa tête. La table des jaunes et noirs applaudissait à tout rompre. Elisa les rejoignit, les genoux tremblotant mais souriant jusqu'aux oreilles.

Elle avait convaincu le Choixpeau. Elle n'aurait pas à se mêler aux conflits entre Serpentard et Gryffondor. Le premier écueil de sa vie à Poudlard venait d'être évité !

– Ça avait l'air d'être une décision difficile, lança le garçon à côté duquel Elisa finit par s'asseoir. Tu es resté six minutes quarante-deux là-dessous. C'est presque un record.

Elisa émit un rire un peu tremblant juste au moment où « Buttermere, Trisha ! » était envoyée elle aussi à Poufsouffle. Pratiquement sept minutes ? Le reste des élèves avait sans doute trouvé le temps long. Pour elle, c'était passé presque trop vite.

Mais elle était sûre d'avoir fait le bon choix, pensa-t-elle en laissant son regard errer sur le reste de la Grande Salle. Les gens tendaient vraiment à trop sous-estimer les Poufsouffle. Ils pensaient que c'était les rebuts, ceux qu'aucune Maison ne voulait prendre… Mais ils avaient tort.

C'était une histoire de choix. La baguette choisit le sorcier mais le sorcier choisit sa Maison. Quand le Choixpeau est posé sur votre tête, il ne vous interdit aucun chemin, il les offre à vous.

Gryffondor, Serpentard et Serdaigle pouvaient bien lever le nez et les traiter de rebuts tant qu'ils voulaient, Elisa connaissait la vérité. Les Poufsouffle étaient ceux qui avaient rejetés l'offre du Choixpeau d'aller ailleurs.

– J'aurais sans doute fait une excellente Serpentard, murmura-t-elle.

– Hum ? fit sa voisine en tourna la tête vers elle. Tu as dit quelque chose ?

– Non, rien.

Et Elisa leva les yeux vers le ciel enchanté de la Grande Salle, et ne put s'empêcher de sourire. Elle était à Poudlard. Elle était même dans la Maison de son choix.

L'aventure pouvait commencer.

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Ceci était une petite mise en bouche ! Le premier chapitre est aussi publié. Si ça vous plait, n'hésitez donc pas à poursuivre la fic ! =D