What They Say I Am
Rogue n'avait pas tellement l'habitude de parler aux gens. Plutôt celle de se faire arroser de pierres et d'injures par les gens.
C'était parce qu'il était ce qu'il était, après tout. Ce n'était pas comme si les yeux rouges qui ne cillaient jamais, le teint pâle et la magie des ombres rassuraient ceux qui pouvaient les voir. Il sentait l'inconnu.
A l'Est, on se méfiait de l'inconnu. On se méfiait des ombres. Pour d'excellentes raisons, dont la moindre était le danger de se faire tuer et dévorer. Et pas nécessairement dans cet ordre.
L'inconnu, c'était de là que venaient les monstres. Ceux qui étaient Autres.
Rogue avait toujours été l'Autre. Toujours été celui qu'il fallait chasser, détruire, éloigner de soi et des siens. Même à Fiore.
Même pour Gajeel, il avait senti l'Autre. Bon, Gajeel aussi faisait cet effet aux gens – il y réussissait même encore mieux, avec tous ses piercings et sa carrure d'armoire à glace. Ça faisait plus intimidant. Plus qu'un gamin maigrichon habillé comme un sac.
Il avait toujours été l'Autre. Du coup, ça lui avait fait un drôle de choc de croiser Frosh. Il avait seulement donné un croûton de pain à la grenouille, et celle-ci s'était aussitôt collée à ses jambes.
Je te ne fais pas peur ?
Rogue fait peur. Mais pas à Fro, alors ça va.
Drôle de chat. Quoique, il aurait dû s'en douter, vu le déguisement rose. Mais tout de même, Frosh était le premier à ne pas avoir peur de lui.
Le deuxième, ça avait bien sûr été Sting – qui avait à peine jeté un coup d'œil à ses yeux rouges avant de les déclarer totalement cool. Et puisque Sting n'avait pas peur, Lecter n'avait pas peur non plus.
Les choses n'avaient fait que s'améliorer après. A Sabertooth, les membres se fichaient de la tronche que vous aviez, ils se souciaient uniquement de rester au top pour ne pas se faire foutre à la porte.
Et puis, chez les Dragons Jumeaux, c'était davantage Sting qu'on remarquait. C'était Sting qui monopolisait le projecteur – ce dont Rogue lui était reconnaissant, puisque ça détournait l'attention de lui.
Peut-être que Sabertooth n'était pas la guilde parfaite, mais c'était celle où on l'acceptait.
Celle où on le traitait comme une personne et pas comme un monstre.
