Rebekah tenait son frère Elijah, à deux doigts de s'effondrer. Toute la famille Mikaelson ainsi qu'un grand nombre de leurs plus proches amis étaient réunis autour d'un grand cercueil en bois d'ébène. Dans les bras de son père, la petite Hope Mikaelson pleurait à n'en plus finir. Elle avait beau n'avoir qu'un an, elle comprenait. Sa mère était partie pour toujours. Klaus serrait sa fille contre lui, le regard absent. Qui eût cru qu'un jour, le grand Klaus Mikaelson, l'hybride originel, roi de la Nouvelle-Orléans, serait autant affecté par la perte de la jeune louve. Hayley n'était pas n'importe quelle louve. Elle était la mère de sa fille, elle faisait partie de la famille. Sur sa pierre tombale, Klaus avait fait graver l'inscription « Pour toujours et à jamais ».

Rebekah faisait de son mieux pour soutenir Elijah, mais ce dernier, anéanti, s'enfuit à vitesse vampirique. Il y avait toujours eu des sentiments très forts entre Hayley et lui. Peu de temps avant sa mort, l'Originel lui avait demandé sa main. Elle avait accepté et le couple avait reçu la bénédiction de toute la famille. Cependant, leur bonheur fut de courte durée car Hayley Marshall s'était éteinte trois jours après leurs fiançailles. Son cœur lui avait été arraché au cours d'un combat pour la protection de Hope, par un homme qu'elle avait considéré comme un ami autrefois, Tyler Lockwood. Klaus, témoin de la scène, n'avait pas laissé une seule chance à Tyler de s'expliquer et lui avait arraché le cœur à son tour. Cependant, cela n'enleva rien à sa douleur. Hayley était morte. A seulement un an, Hope avait perdu sa mère.

Voyant l'état de son frère après s'être remémoré ces souvenirs, Freya retira Hope des bras de Klaus et l'emmena à l'étage. La petite fille était inconsolable. Freya lui fit boire une infusion d'herbes magiques pour l'aider à s'endormir.

Klaus se prit la tête entre les mains et s'autorisa enfin à pleurer. Rebekah s'approcha de lui et l'enlaça.

- Tu vas y arriver Nik, lui chuchota-t-elle.

Sa sœur le savait, il était triste d'avoir perdu Hayley mais il était surtout terrifié à l'idée de devoir élever Hope seul. Terrifié à l'idée de faire les mauvais choix, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être un bon père. Après tout, le seul exemple qu'il avait d'une figure paternelle était Mikael, et on ne pouvait pas dire qu'il était le père de l'année.

- Tu n'es pas seul. Nous serons toujours avec toi, continua Rebekah sans lâcher son frère.

Klaus quitta les bras de sa sœur pour la regarder dans les yeux.

- Je veux que personne ne dise à Hope ce qu'il s'est passé avant ses dix-huit ans, fit-il très sérieusement.

- Nik, j'ai bien peur qu'elle ait déjà compris.

- Elle a compris que sa mère était morte. Tu penses que c'est normal pour une enfant de un an de comprendre que sa mère est morte ?! Un an seulement et déjà tant de souffrances. Je vais l'hypnotiser et lui effacer la mémoire.

- Quoi ?! Tu as perdu la tête ?! Ça ne fonctionnera pas, nous la faisons prendre de la veine de Vénus. Et puis… enfin, tu ne peux pas hypnotiser ta fille ! cria Rebekah.

- Alors j'attendrai que son organisme l'élimine. Non seulement je le peux, mais je le dois. Il est hors de question que ma fille grandisse en sachant que sa mère s'est fait arracher le cœur en voulant la protéger ! s'énerva-t-il. Je te demande de ne pas contester ma décision et de ne jamais lui parler de sa mère avant ses dix-huit ans. Est-ce que je peux te faire confiance, petite sœur ?

- Klaus, je t'en prie, ne fais pas ça. Tu ne peux pas prendre cette décision pour elle !

- Je te le répète : je le peux, et je le dois. Est-ce que j'ai ta parole, Rebekah ?

- Nik…

- Je te rappelle que je suis toujours en possession des dagues trempées dans les cendres du chêne blanc, et que je n'hésiterai pas une seconde à m'en servir, répondit Klaus, glacial.

- Mais sérieusement, c'est quoi ton problème ?! Tu serais prêt à poignarder la seule famille qu'il te reste ?! Tu as besoin de moi, Nik !

- Je suis prêt à tout pour que ma fille ait l'enfance la plus heureuse possible. Personne n'est indispensable, petite sœur, sourit l'Originel. Je te promets de lui rendre ses souvenirs le jour de ses dix-huit ans, et je lui expliquerai tout.

- Quel superbe cadeau ! « Joyeux anniversaire Hope ! Ah, et au fait, ta mère est morte quand tu étais un bébé et je te l'ai caché pendant toute ta vie, j'espère que ça ne te pose pas de problème ! » Tu comptes lui dire quelque chose dans ce genre-là ?! Hayley n'aurait jamais accepté.

- Ne me pousse pas à bout, Rebekah. Je sais qu'elle comprendra. Et Hayley n'est plus là, alors, affaire réglée. Je te le demande une dernière fois : est-ce que j'ai ta parole ?

- Tu l'as, cracha-t-elle.

Klaus fit un signe de tête pour indiquer que le marché était conclu. Après de nombreuses discussions (ou plutôt menaces), il parvint à obtenir la parole de toute sa famille et de tout son entourage. Kol, Freya, Elijah, Rebekah, Marcel, Davina, Joshua, Vincent. Elijah avait été le plus difficile à convaincre, hostile à l'idée de faire comme si Hayley n'avait jamais existé, pendant dix-huit longues années. Mais Klaus avait l'art de manier les mots et tout le monde avait fini par comprendre que sous ces menaces de mort, il voulait juste protéger sa fille d'une douleur trop grande.

Deux semaines plus tard, il n'y eût plus une goutte de veine de Vénus dans le sang de Hope. Klaus l'hypnotisa comme prévu. Cette nuit-là, la petite trouva enfin le sommeil sans les herbes magiques de Freya.