Auteur: AngelEyes

Genre: Un peu de tout. Romance, angst, délire, mais plus généralement, c'est un beau ramassis de n'importe quoi, qui frise le pwp.

Disclaimer: Rien à moi, nada.

Couples: Hétéro ET Yaoi – un peu tout le monde mais principalement centré sur le vilain petit canard Albérich (ben oui, il veut tous se les taper, ou presque)

Warning (bien en rouge et clignotant): Lemon, viole (implicite), tendances masochistes et pleins d'autres bêtises censurées. Vous êtres prévenus.

Remerciements: ma chouchou bêtalectrice Lancelot! -bisoussss-; Marionnette pour son soutien tout au long de la fic -copineuh!-; et Fanny pour ses précieux conseils! -j't'adore!-.

Sur ceux, passez un agréable moment! Bonne lecture, j'espère que vous vous amuserez à lire ça autant que j'ai eu de plaisir à l'écrire!

ASGARD

"- Serais-tu mort?

"- Mort?

"- Oui.

"- Je n'en ai pas l'impression.

"- Moi oui. Et j'en suis heureuse. Pour toi.

Ces quelques mots mystérieux furent échangés au tournant d'un sombre couloir où les maigres torches ne reflétaient que de lugubres ombres sur les murs épais et humides. Seuls les murs les auraient entendus. Deux silhouettes passèrent, leurs pas les éloignant. D'ailleurs l'une d'elle quitta vite ce passage et entra dans une pièce éclairée. La chambre était chauffée par un feu conquérant, alors que la tempête de neige dehors battait le vent contre le vieux château d'Asgard avec acharnement et colère.

Le Guerrier de Megrez délaissa rapidement ses habits parterre et entra dans une bassine d'eau chaude qui l'attendait. Après quelques instants, il examina sa peau à travers l'eau transparente. D'une couleur claire et fade, grisâtre: aucune noblesse. Non luisante, elle était sale, terne, morte, comme si le sang ne l'alimentait plus. De reflex il prit un savon rêche du pays et frotta.

Pourtant c'était dans sa tête qu'était tout son sang. Tellement, beaucoup trop, que cela en colorait même ces mèches; des goûtes de sang imprégnaient leurs bouts. Albérich prit une bouffée d'air et plongea tout entier dans la baignoire. Emprisonné sous l'eau il repensa aux étranges mots d'y l'y a quelques minutes.

Mort? Lui? Au fond Freya avait peut-être raison. Il n'était plus rien.

En effet. Je suis plus là.

Du fond de la baignoire le jeune homme réussit à froncer les sourcils. Il allait bien partir un jour, non? Il remonta à la surface, sortit de l'eau, remarquant que l'eau avait toujours l'apparence claire, et s'essuya. Le dîner avait dû se faire "en famille", pour "fêter les retrouvailles" avait précisé la princesse Hilda, alors qu'il y avait plus de la moitié des Guerriers Divins qui avaient manqué à l'appel. Lui aussi aurait bien voulu ne pas y être présent, mais compte toujours sur la jeune sœur de la prêtresse pour savoir où le trouver.

Albérich jeta la serviette d'un air las sur le sol et s'allongea sur le lit. Le feu brûlait trop pour lui, et il resta sur les couvertures. Il soupira regarda le plafond sans vraiment le voir.

C'est sûr, c'est dommage que Fenrir n'ait pas été présent ce soir.

Un sourire lui monta aux lèvres. Il repensait à ce moment où il avait empoigné le sauvage et l'avait coincé contre une paroi, d'une de ces parois sombres des couloires. C'était un souvenir encore frais dans sa tête alors que cela faisait quand même quelque temps qu'il avait été mort. Cela s'était passé à peine quelques jours avant sa défaite, jour noir où tous les Guerriers Divins étaient tombés. Mais ce soir là, le loup s'était égaré, et n'avait pas compris du tout ce qui se passait quand le contacte entre les deux êtes s'était fait entre leurs lèvres. Peut-être n'avait-il rien compris quand il s'était fait dévoré tout court.

Pourquoi avait-il fait cela? Les émotions de ce moment lui revinrent comme de la mousse douce-amère. Les effets furent immédiats. Sur le lit, Albérich se frotta un peu contre les couvertures en peaux de loup, en repensant à son épiderme naturellement colorée par le rude climat du pays. Puis le désir le prit d'un coup, comme quand il avait vu le corps nu offert à lui. Pendant ces minutes il se l'était approprié, ne rencontrant aucune résistance.

Albérich prit une main pleine de drap, et ferma les yeux pour retrouver les sensations. Doucement l'autre main descendit le long de sa hanche, le faisant gémir, comme si le touché venait d'une autre personne.

Son esprit l'avait complètement abandonné à son souvenir, ou alors c'était qu'il n'était pas mort…

Sa main, d'abord légèrement, caressa doucement sa virilité, puis il devint plus entreprenant avec lui-même. Il laissait échapper quelques gémissements étouffés tout en sentant sa peau tendre se durcir peu à peu. Les yeux fermés il ne voyait plus Fenrir et son corps métallique et ferme, mais Freya. Et loin de se choquer de cette idée, cela renforça encore plus son plaisir. La peau d'une femme fraîche contre la sienne morte, il était sûr que cela donnerait quelque chose de bon. Il se voyait toucher les lèvres de la jeune fille avec sa langue. Imaginant ces yeux implorants, il lui arracherait sa robe de lin blanc.

Un râle sortit soudain de sa bouche alors qu'il imagina Freya abandonnée dans ses bras. Il n'arrivait pas à savoir s'il la préférait en train de se débattre ou pas… Sous ses doigts son membre était à point et frémissait de plus en plus. Il rêva que la jolie blonde le prenne dans sa bouche…

Les doigts du rouquin se transformèrent en lèvres le cajolant. Il essayait vainement de ne pas gémir trop fort. Mais au moment où Freya enroba entièrement sa langue autour du caillou, Albérich ne put s'empêcher de se soulager à grands flots, maculant le lit.

Le guerrier ferma les yeux un moment. Il n'entendit la porte grincer que quand il était trop tard.

"- Albé… Oh! Excuse-moi!

Megrez se releva pour reconnaître la chevelure spéciale de Mizar, où était-ce Alcor? Quoi qu'il en soit, cela n'avait aucune espèce d'importance, il se sentait tout aussi mal, le visage bien rouge. Frénétiquement il prit la serviette parterre et se la posa dessus. L'intrus n'était pas plus à l'aise que lui.

"- Euh, c'était juste pour dire que Hilda voudrait te voir dans la bibliothèque… Excuse-moi encore…

Albérich fronça les sourcils, n'ayant jamais entendu Syd - il l'avait tout de suite reconnu grâce à ses manières hypocrites quand il avait parlé - s'excuser auprès de lui. Mais là il était gâté: deux excuses! Le guerrier de Zêta allait vite passer la porte quand Albérich le retint. Il se retourna, les sourcils froncés.

"- Qui a-t-il?

Aucun des deux ne dit rien un moment. Megrez semblait hésiter à parler, surprenant à son tour Syd. Il avait un air perdu, ainsi à moitié dénudé, les cheveux humides.

"- Tu pourrais te débarrasser de ça, demanda enfin le rouquin en pointant sa couverture souillée car je vais pas avoir le temps si je suis convoqué. Et ne dit rien à personne.

Le temps que Syd comprenne, un nouveau moment était passé, mais il se décida enfin:

"- Bon, habille-toi vite, et va rejoindre Hilda. Il y aura une autre couverture à ton retour.

Puis le guerrier de Zêta s'en fut vite fait, se sentant étrangement mal à l'aise maintenant en la présence d'Albérich. Dès qu'il croisa un serviteur il lui somma d'aller lui chercher une couverture et de l'amener dans sa chambre à lui.

Le plus mesquin Guerrier Divin, le plus méprisable venait de lui demander deux services en une seule et unique phrase! Il n'en revenait toujours pas.

A son tour Syd entra chez lui, et y découvrit son colocataire, assis sur son lit nonchalamment, lisant un quelconque ouvrage.

"- Enlève tes bottes du lit, ordonna Syd, tu vas tout salir.

L'autre lui rendit un regard moqueur où pointait toujours un lueur naturelle de dureté et cruauté, puis sourit sardoniquement :

"- Je crois que je vais rapidement m'habituer à cette vie. Et puis, c'est pas toi qui doit nettoyer les couvertures, alors qu'est-ce que tu en as à faire?

"- Ecoute Bud, c'est bien de vivre dans la richesse et le luxe, mais il y a un revers à la médaille, et ça s'appelle les bonnes manières. Et ne pas marcher sur le lit avec des bottes boueuses en font partie.

Bien entendu l'ombre n'en fit rien, haussant les épaules et remis le nez dans sa lecture. Syd n'engagea aucune poursuite et s'assit sur le lit jumeau à celui de son frère.

"- Tu lis quoi? Demanda-t-il ne sachant pas trop quoi dire.

"- Un ouvrage sur les ourses polaires. Tu veux?

"- Non merci, ça ira.

"- Tu en loupes des trucs toi, c'est vachement intéressant.

"- J'en doute pas.

Ils tombèrent en silence, laissant le feu remplir la pièce de sa présence. Mizar se sentait étrange. Il voulait parler à son frère mais il ne savait pas comment lui dire ce qu'il n'arrivait même pas à comprendre lui-même. Il examina son frère du coin de l'œil: sa peau était plus dure que la sienne et beaucoup moins pale. Son ossature était plus voyante. Son port altier sévère et ferme. Bud s'était coupé les cheveux comme lui quand on l'avait engagé comme son ombre personnelle. Ses yeux étaient rivés sur le livre et il semblait médusé par ce qu'il lisait. Les épaules un peu plus musclées ainsi que les avant-bras plus épais que les siens étaient collés à ses côtés. Une vicieuse pensée le prit soudain d'imaginer son frère dans la même situation que Megrez plus tôt… Il poussa l'idée dès qu'il l'eut éprouvé.

"- T'as pas fini de me dévisager! J'suis pas ton chien! Fit l'autre plus durement qu'il ne le voulait mais il était facilement irritable.

Syd sortit de sa torpeur et détourna son regard un peu désorienté. On frappa à la porte: c'était la commande d'une couverture. Bud regarda son frère par-dessus le livre, les yeux inquisiteurs. Syd haussa les épaules sans se donner la peine de répondre et il repartit dans le couloir avec la couverture dans la main…

Albérich ne comprenait pas pourquoi il avait cette boule dans l'estomac alors qu'il se tenait devant la porte de la bibliothèque. Il surmonta tout de même sa gène et entra d'un pas bien plus assuré qu'il ne se sentait. Hilda était là, attablée, le visage dur. La boule d'appréhension se renforça quand il vit aussi Freya, l'air triste. Megrez déglutit avec effort. Syd avait-il dit quelque chose? Non, cela ne tenait pas debout, la princesse l'avait convoqué avant que Syd ne le découvre dans la situation particulièrement lubrique de tout à l'heure.

"- Vous vouliez me voir, ma dame? fit il.

"- Oui Albérich. Assieds-toi.

Il s'assit, raide comme un piquet. Hilda prit son temps avant de recommencer à parler.

"- Je vais être franche avec toi, Albérich. Je ne sais pas quoi faire de toi.

Le Guerrier Divin rejeta la tête en arrière. En effet, c'était franc de la part de la prêtresse, et c'était tout à son honneur. Il ne dit rien, pourtant il avait une grande envie de se justifier. Mais il n'y eut rien qui vint, et heureusement car il n'aurait en aucun cas pu s'innocenter. Il avait laissé le royaume d'Asgard se jeter dans la ruine.

"- D'ailleurs tu mérites d'être exilé, si ce n'est pas être mis à mort.

Cette fois c'est la jeune blonde qui eut un hoquet. Elle regardait sa sœur impartiale, la suppliant du regard. De nouveau l'esprit d'Albérich se contracta en désir. Désir d'être regardé ainsi. Pourtant il rejeta immédiatement ce sentiment. Comment osai-t-il? Devant sa propre sœur qui était en train de le juger!

"- Mais à la demande de ma sœur sans oublier ce que le Seigneur Odin a fait pour nous, elle m'a demandé de t'épargner, se portant garante de toi. De t'offrir la nouvelle chance que nous avons tous reçue…

Le crépitement du foyer s'éleva dans le nouveau silence. Albérich passait son regard d'Hilda à sa sœur. Il s'attarda sur cette dernière dont il ne savait s'il devait la maudire ou lui en être reconnaissant. Cela allait être l'enfer encore plus tortueux de vivre entouré de personnes inaccessibles et hostiles. Les deux sœurs les premières. Ainsi que Fenrir et Siegfried. Pourtant il y avait Syd qui avait semblé moins agressif face à lui qu'auparavant.

"- Merci, fut-il obligé de répondre tout de même.

Le lendemain tout le palais était en effervescence. Tous préparaient des festivités pour une fête. Le château était devenu une véritable fourmilière. Les cuisiniers étaient derrière leurs fourneaux, les femmes de chambres repassaient les plus beaux habits des lords, les garçons brossaient les chevaux jusqu'à ce qu'ils luisent, les messagers étaient envoyés chaque minute pour apporter des invitations aux différents royaumes.

Pourtant il en existait certains qui n'étaient au courant de rien. Le guerrier de Mizar, par exemple ne semblait en rien remarquer l'agitation autour de lui jusqu'à ce que quelqu'un vienne l'aborder. Il releva une tête surprise quand l'homme lui demanda s'il pouvait prendre ses mesures.

"- Pourquoi diable? Vous ne croyez pas que mon armoire est déjà pleine à craquer?

"- Mais messire, ce sont les ordres de la prêtresse. Tous les nobliaux doivent se voir tailler un nouveau costume pour l'événement.

"- Mais quel événement! Depuis ce matin ce mot est dans toutes les bouches!

"- Mais seigneur, il a été officiellement déclaré le mariage de sa Dame Freya avec le Lord Hagen de Mérak, répondit le cordonnier, hésitant.

Mizar n'en revint pas, et regarda le subordonné avec incrédulité.

"- Comment? Enfin? Mais, pourquoi ne suis-je pas au courant?

Mizar entraîna donc l'homme dans sa chambre où se trouvait son frère. Il était d'ailleurs debout sur un petit tabouret, et était entouré de trois jolies filles tournant autour de lui, occupées comme des souris. Quand il vit son frère nobliau, son regard s'éclaira:

"- Syd! Regarde-moi ce tissu! Il paraît que ce la vient des grand pays chauds d'Orient! D'après Albérich, c'est beaucoup, beaucoup plus au sud.

Syd soupira et se laissa faire, laissant Bud s'enthousiasmer pour un rien. Le tissu, les boutons, l'odeur des cuisines…

Peu de temps après, Syd en eut tellement marre de se type avec son mètre qu'il le vira lui disant qu'il n'avait qu'à prendre modèle sur ses anciens costumes. Il n'avait pas grandit tant que ça en l'espace de deux mois non plus!

Il décida de faire un tour, quittant Bud qui était loin d'être terminé. Il aurait quand même souhaité passer plus de temps avec lui. Mais chacun était encore trop séparé par la différence de culture, de principes. Bud s'émerveillait à chaque étincellement de verre en cristal, et trouvait la chasse bien plus passionnant à laquelle son jumeau s'opposait avec véhémence. Il en résultait des conflits verbaux où Bud traitait Syd de précieux, et Syd qualifiait Bud de goujat. Ou alors, et pire, leurs querelles engendraient des silences pesants et culpabilisants.

Syd flânait alors dans les cours de la bâtisse, s'amusant à voir tous ses gens si excités par l'union à venir. Fallait dire qu'on l'attendait depuis un moment déjà cette fête, mais plus le temps passait plus le silence faisait office de réponse. Hagen n'aurait jamais le cran à demander la main de la princesse.

Et s'il allait féliciter le guerrier blond? Syd se redirigea vers les appartements privés du prince. Mais était-il là…?

WAM!

"- Ne me touchez pas bande de bons à rien! Et le prochain qui ose me menacer avec une de ces aiguilles, je l'embrocherai moi-même devant une église!

Il était là. Syd entra sans prendre la peine de frapper.

"- Syd! Se réjoui le cheval fou. Aide-moi à me débarrasser de ses cloportes visqueux qui n'en perdent pas une pour me piquer!

Mizar rit mais ne fit rien. Hagen était habillé en blanc, avec des bordures dorées.

"- Pourtant, je te trouve très élégant ainsi, remarqua Syd.

"- Oui! Moi aussi je trouve, mais ces types veulent ajouter des perles aux manches et sur le col, ainsi que ce qu'ils appellent une 'cravate'! Et puis quoi encore? Pourquoi pas des petits rubans roses pendant qu'on y est?

Syd ne put s'empêcher de rire face à la détresse enfantine de son ami.

"- Désolé Hagen. A la guerre comme à la guerre. Figure-toi aussi que j'essaye de fuir un cordonnier aux airs de raton laveur qui insistait pour dessiner des motifs jaunes sur mon pantalon noir.

Et il sortit. Syd n'avait aucune envie d'aller voir Siegfried, et sûrement que lui aussi devait avoir à batailler contre ses propres habilleurs. Mais comment faisait Bud pour apprécier tout ça? Lui, trouvait ça étouffant, alors qu'il avait vécu là-dedans toute sa vie, alors que Bud, qui avait grandit dans des grands espaces enneigés semblait adorer ce nouvel aspect de la vie.
Comment pouvait-il supporter même d'être prisonnier de quatre murs?

Le guerrier de Zêta marchait à l'aveuglette dans les couloirs, tendant l'oreille au cas où on le suivrait. Mais non, on l'avait sûrement oublié pour l'instant. Syd soupira et se détendit. Quelle plaie ces serviteurs quand ils le veulent!

Dans un coin sombre, il fut surpris de voir une ombre tapie. Il s'approcha, méfiant, mais confiant. C'était sûrement un petit page qui voulait se prendre une journée de congé. Il s'approcha:

"- Hé! Toi, pourquoi tu ne travailles pas comme les autres?

Il recula surpris quand l'autre leva la tête:

"- Albérich! Mais qu'est-ce que tu fais dans se coin poussiéreux?

Même dans l'obscurité, Syd se rendait bien compte qu'il n'allait pas bien. Son visage était ravagé de tics, et il tremblait un peu. Visiblement il ne se sentait pas très bien.

Il ne répondit pas, il en semblait incapable. Syd se pencha vers lui, et passa son bras sous ses épaules. L'autre ne montrait aucun signe de résistance, et fut amené dans une chambre éclairée et chauffée. C'était une luxueuse chambre à coucher parfumée, et une bassine d'eau chaude était prête pour le bain.

Syd décida qu'un peu d'eau chaude ramènerait Albérich à lui. D'ailleurs il avait la chaire de poule.

Mizar lui enleva sa chemise froissée, prit un gant, et la trempa dans l'eau chaude, puis le passa sur la peau d'Albérich. Son regard vert était étrangement fixe, et il ne semblait pas remarquer ce qui se passait autour de lui.

Sans poser de questions, Syd continua à passer l'eau sur le corps de l'autre, et remarqua avec plaisir que ce dernier se détendait un peu. Il nettoya son visage, et lui passa une serviette sur les épaules pour pas qu'il attrapât froid.

"- Syd? Balbutia soudain Albérich.

"- Oui? Tu vas mieux? Qu'est-ce qu'il t'arrive?

"- Est-ce que c'est vrai que la princesse Freya va se marier avec Hagen?

"- Heu, oui, Albérich, c'est en effet le cas, répondit Syd prudemment.

Le visage de Megrez se contracta, et Syd remarqua nettement les poings d'Albérich se former.

"- Cela te pose-t-il un problème? Demanda Mizar, sur la défensive.

Mais on ne répondit pas. Syd commença à éprouver du doute.

"- Albérich, tu peux me dire ce qui s'est passé? Je ne dirai rien, tu le sais bien.

Albérich avait soudain très chaud, et une étrange envie le prit.

Il regarda lentement Syd qui semblait inquiet. Il osait même poser une main sur son épaule.

"- Je peux savoir pourquoi tu me touches ainsi? Demanda Albérich tel un serpent en regardant la main blanche.

Surpris, Syd la retira, les yeux froncés. Il hésitait entre partir tout de suite, ou poser les deux mains par pure provocation.

"- Je te ferais remarquer que j'ai posé plus qu'une simple main sur toi, décida-t-il de dire.

Par réflexe le rouquin à la mèche regarda son corps et se découvrit à moitié nu. Qu'est-ce qu'il avait à toujours se trouver dans de telles situations en la présence de l'autre? Il tira la serviette plus vers lui, et n'osait plus regarder l'autre en face. Mais qu'est-ce qu'il lui arrivait?

"- Que s'est il passé? Demanda-t-il, pas assuré.

Syd ria:

"- Oh, rien de bien méchant. Je t'ai trouvé dans un trou plein de poussière, alors je t'ai emmené ici et je t'ai un peu nettoyé. Tu veux bien me dire ce que tu faisais là à chialer comme une fille?

Une rougeur se répandit sur les traits d'Albérich.

"- Non, je ne préfère pas. Tu peux dire aux autres que je n'assisterai pas aux festivités. Je suis malade.

"- Je veux bien le croire, mais pas suffisamment pour manquer une telle cérémonie.

"- J'ai dit que je n'irai pas!

Syd fronça les sourcils, ne sachant pas sur quel pied danser.

"- Qu'est-ce qu'il s'est passé quand tu es allé voir Hilda hier soir?

"- Rien, maintenant, laisse-moi tranquille.

"- Tu sais, si tu veux partir, la porte est ouverte, ce n'est pas moi qui vais te retenir.

Interloqué un moment, l'autre ne bougea pas, la bouche ouverte. Une étrange lueur dans les yeux. Enfin, il se leva, et sortit.

Syd resta un moment songeur, regardant le feu, quand il sentit une présence, à ces côtés.

"- Albé… Présuma-t-il, mais s'arrêta, constatant son erreur. Oh, excusez moi princesse. Mais que faites-vous là, ne devriez vous pas vous préparer pour votre mariage?

"- Si, sourit Freya, c'est ce que je fais. C'est ici la chambre où je me prépare.

"- Oh! Je suis confus, pardonnez-moi, je, je m'en vais tout de suite!

"- Oh non, Syd. Tu peux rester le temps que les couturières arrivent.

C'était bien la dernière chose qu'il voulait! Voir les couturières!

"- Euh, non princesse, excusez-moi vivement, mais il faut que j'y aille.

Il allait franchir la porte.

"- Syd, une minute s'il te plait.

Mizar était obligé d'obéir.

"- Oui?

"- Je m'inquiète pour Albérich.

"- Vous avez entendu notre conversation?

"- Oui, je n'ai pu m'en empêcher.

Eh bien Hagen, pensa Syd, j'espère que si jamais tu as des maîtresses, tu seras très discret.

"- Que voulez-vous que j'y fasse? Demanda Syd, un peu sur la défensive. Je l'ai trouvé là par hasard, je n'en sais pas plus.

"- Syd, Albérich a changé. En bien, j'en suis sûre, mais c'est pour ça qu'il est si bouleversé. Il faut l'aider!

"- Très bien, demandez à ses amis de l'aider alors. Oh, c'est vrai, Albérich n'a pas d'amis, on se demande pourquoi, railla méchamment Syd.

Ceci n'était pas fait pour faire rire la princesse qui le regarda sévèrement avec ses yeux d'enfants.

"- Parle-en aux autres. Vous devez l'aider.

"- Qu'il s'aide lui-même! Fenrir l'évite comme la peste, Thor l'aurait déjà tué s'il n'était pas si rapide, Siegfried ne veut même pas en entendre parler, tout comme votre fiancé, et quant à Mime, allait savoir ce qu'il pense. C'est encore plus une énigme qu'Albérich lui-même!

"- Mais tu l'as bien aidé là, tu me l'as dis à l'instant.

"- Oui, et je me demande pourquoi, répondit-il, le ton adouci.

"- Et ton frère?

Une lueur dangereuse passa à travers les yeux de Syd:

"- Je ne laisserai jamais Albérich l'approcher!

Freya resta silencieuse un moment. Syd décida alors de prendre congé, énervé. Il se leva, salua, et sortit.

"- Il est là!

Syd se retourna, et vit son cordonnier.

Oh non! Et il prit la poudre d'escampette.

Des trompettes, des cries de voix, la cérémonie battait à plein régime et résonnait à travers tout le royaume. Et comme promis, le seigneur Albérich n'y était pas. D'ailleurs personne de remarqua son absence, et ceux qui s'en redirent compte se gardèrent bien de le rappeler aux autres.

Enfermé dans sa chambre, l'oreiller sur ses oreilles, le rouquin jurait contre tout ce bruit insupportable qui signifiait sa défaite la plus totale: il avait tout perdu. Ils étaient heureux, sûrement parce qu'il ne partageait pas leur joie.

Qu'ils aillent tous au Diable!

D'une oreille distraite il suivait inconsciemment le déroulement de la fête. La proclamation des vœux, puis le banquet, les discours, les danses, les jeux. Les choses continuèrent ainsi un bon moment, puis peu à peu se calmèrent à moins que cela ne soit lui qui tombait dans un état second.

T'as pas l'air en forme, mon pauvre Albérich. Pourtant tu ne devrais pas être surpris. Tu as l'air d'oublier que tu n'es plus comme avant. Tu fais pitié à voir.

Il ne lui manquait plus qu'à aller se terrer dans sa forêt et se mettre lui-même en sépulture.

Un bruit. Faible, mais perceptible.

"- Albérich? T'es là?

L'intéressé grinça des dents. Qu'est-ce qu'il voulait encore celui-là?

"- J'entre, j'espère que t'es décent.

Retour à la réalité. Syd entra, fringué dans ses habits de noce, tiré à quatre épingles.

"- Fous le camp!

Albérich enfonça sa tête encore plus dans le tissu du volumineux coussin.

"- Cesse de faire l'enfant. Le dîner va être servi, et tu es ordonné par la princesse Freya de venir y assister.

Megrez sentit son cœur se ramollir, et la colère revint à la charge. Il n'était pas une femmelette non plus! Non, plutôt terriblement jaloux.

"- Comment ça? La princesse ne va pas manger en tête à tête avec son guerrier? Demanda-t-il sans se retourner.

Albérich n'eut pas la force de mettre toute sa rancœur dans sa phrase.

"- Apparemment non. Allez viens, tu fais attendre tout le monde.

"- Dis leur que je suis malade, refusa l'autre.

Il sentit Syd bouger, puis plus rien. Serait-il partit? Au fond, l'ancien guerrier de Delta sentit un gouffre se former en lui. Il ne voulait pas que Syd parte. Il était au fond de bonne compagnie. Il lui en voulut de ne pas insister, le tirer hors du lit et l'amener sur l'épaule, si besoin est, jusqu'au dîner. Brusquement il se retourna, comme pour le rappeler, mais son regard croisa celui de Syd. Il était resté dans sa chambre, et s'était même rapproché.

"- Tu as perdu quelque chose? Demanda Albérich pour dissimuler sa surprise.

L'autre ne répondit pas et s'approcha jusqu'au bord du lit et s'assit. Il regardait le rouquin avec un regard étrangement fixe et serein. Albérich, toujours allongé sur le ventre, le regardait curieusement de biais.

Puis, doucement, Syd posa sa main sur son dos, et avec précaution la fit monter de son long, puis arrivé à la nuque il caressa ses cheveux sang. Ses gestes étaient doux et stables, quoiqu'un peu téméraire à certains moments, quand ses doigts effleuraient sa tempe jusqu'à sa joue. Mais Albérich se sentait comme submerger par ce contact et continuait de fixer le visage de Syd qui était indéchiffrable, les yeux orange mis-clos.

"- Allez, viens avec moi, il faut que tu manges un peu, cela fera très plaisir à la princesse que tu sois à sa table lors d'un si heureux jour, souffla l'homme à la chevelure turquoise.

Et étrangement Albérich se laissa faire docilement. Il se leva. Syd lui arrangea ses vêtements et ils allèrent rejoindre la salle du dîner.

A la table, étaient assis seulement les guerriers divins ainsi que les deux princesses. Les invités et non invités (car le mariage avait été ouvert à tous, et pas tous ne furent forcément invités) étaient toujours entrain de faire la fête au village, là où avait eu lieu la cérémonie. Syd s'étant absenté, Bud en profita pour faire le clown:

"- …J'étais donc saoul comme un cochon, et qui vois-je arrivé! La coquine blonde de tout à l'heure! On aurait dit qu'elle avait été traînée dans la boue! Alors j'lui dis: "Hé, toi! T'étais pas blonde tout à l'heure!" Hahaha!

Tous le regardaient les yeux grands ou froncés, l'air répulsif ou dégoûté. Bud sembla étonné:

"- Ben ça alors, elle m'a fait exactement la même tête que vous à l'instant! En fin de comte, elle me cracha dans l'œil, je ne comprends toujours pas pourquoi!

Certains esquissèrent des sourires forcés, mais il eut un silence gêné.

"- Qu'est-ce que tu as encore dit comme bêtises Bud, pour que tout le monde soit si indisposé? Se fit entendre la voix de Syd arrivant avec Albérich.

"- Syd! Sursauta Bud. Moi? Rien du tout. Je suis resté calme comme une image, comme promis!

Syd lui lança un regard dubitatif, mais aussi amusé.

"- Albérich! S'écria une autre voix, bien plus aigue. Je suis ravie! Viens, viens manger avec nous!

Albérich prit place entre le princesse Freya qui l'avait accueillit et Siegfried. Syd était juste à côté de Fenrir qui avait eu la bonté de mettre une chemise remplaçant la loque qu'il portait. Cela avait relevé du miracle que les couturiers soient encore vivants après avoir approché le loup sauvage et n'en avaient perdus qu'un œil.

Fenrir regardait Albérich avec un mélange de rage et crainte. Il avait grogné lors de son arrivée dans la salle. Thor fit comme si de rien était, Mime était toujours égal à lui-même. Hagen s'était raidi en voyant le rouquin prendre place de l'autre côté de sa femme, et Siegfried ne pouvait empêcher quelques regards méprisants de temps à autre.

Syd soupira. Elle en avait de belle la princesse Freya! Elle l'avait commandé d'un regard urgent pour qu'il aille chercher l'ancien guerrier de Delta, mais il plaignait plus qu'autre chose Albérich, entouré de gens qui n'hésiteraient pas à le chasser à la première occasion.

"- Ceci est vraiment excellant! Je me régale! S'exalta une énième fois Thor, essayant lamentablement de détendre l'atmosphère.

"- Je t'en pris Thor, resserre-toi, permit Hilda, en bout de table. Et toi aussi Albérich. Ne regarde pas ton assiette bêtement, et mange, et la princesse fit signe qu'on serve les guerriers.

Avant qu'un serviteur ait pu prendre possession du plat fumant Thor s'en était déjà emparé. Mais il s'arrêta en plein mouvement sous les mots de la souveraine. Il hésita, semblant se décider à faire quelque chose, et il reposa le plat, prit l'assiette d'Albérich, et le servit copieusement, pour ensuite vider le plat dans sa propre auge.

"- Hé hé, ricana Bud sous le regard sceptique de son frère. Vous en faites tous une tête. Ceci est sensé être un jour heureux! Personne n'est encore mort à ce que je sache!

"- Toi, t'en perds pas une pour te taire! Cingla le véritable guerrier de Zêta.

"- Ho, toi, laisse-moi un peu tranquille! Allé, musique Maestro, ordonna Bud d'un air faussement hautain à Mime.

Le jumeau se leva alors d'un pas leste malgré l'alcool ingurgité. Mime, amusé et curieux de ce que cet étrange jeune homme allait faire, s'éloigna de la table sortit sa lyre de nulle part et commença un air un peu plus joyeux mais tout aussi qualitatif que ses anciennes prestations.

Bud alla jusqu'à Hilda, lui proposa sa main, souriant comme un démon, et devant le regard effaré de cette dernière, sans aucune hésitation il la prit par la taille et l'entraîna jusqu'au centre de la grande pièce, et commença à tourbillonner sous les cris qui devinrent bientôt des rires de la jeune femme.

Tourbillonnant comme le vent, valsant à l'improviste, ne suivant pas du tout le rythme imposé par Mime, le couple riait comme des enfants.

Ceux attablés furent contaminés par cette soudaine crise d'hystérie après leur moment de surprise.

"- Regardez! Il lui marche sur les pieds! Vraiment il est pas doué! Se moquèrent-ils.

Le premier à arrêter de rire fut Siegfried qui regardait maintenant Bud avec un brin de colère jalouse.

Quant à Hagen, il prit alors plus gracieusement Freya et l'entraîna vers la piste de danse improvisée, et ils s'élancèrent avec élégance, enlacés, plus respectueux de la musique de Mime.

Fenrir qui s'était détendu avec cette nouvelle agitation poussa un hurlement de joie bestial qui glaça jusqu'à même les feux dans les cheminées. Il fut accueilli par tout un tas de regards hostiles et un brin effrayés des autres. Fenrir, mort de honte, replongea dans son assiette ou il ne restait que quelques os rognés. La musique s'était éteinte ainsi que les rires.

"- Désolé… s'excusa-t-il lamentablement.

C'est alors qu'on entendit une sorte de pouffement venant d'Albérich qui ne pu retenir son rire. Rire moqueur qui renfrogna encore plus le guerrier animal, mais bientôt Albérich fut rejoint de tous les autres dans une nouvelle crise de rire, et Fenrir ne pu s'empêcher de les rejoindre dans leur éclats de joies.

Les danses reprirent avec la musique.

"- Eh ben, entre mon frère avec ses vannes à deux balles et Fenrir avec ses hurlements nous courrons droit à la catastrophe! Dit Syd d'un air faussement contrarié avant de sourire.

"- Eh, c'est trop cool ce que tu as fait là, Fenrir, s'exclama Siegfried, faudra nous apprendre un de ces soir.

"- C'est ça, bientôt on va tous nous retrouver hurlant à la lune!

"- Cesse de faire ton rabat-joie Syd!

"- Tiens, qu'est-ce que tu fais là toi? Ta partenaire t'a viré parce que tu lui cassais trop les pieds?

En effet, Bud était revenu s'assoire à côté de son frère, et maintenant on voyait Hilda au bras de son guerrier d'Alpha, parcourant avec légèreté le planché. A la première occasion, Duhbe avait prit la place de l'ombre.

"- Pourtant on ne pourra pas apprendre à hurler tel un loup en un jour, s'exprima une première fois Albérich. Il y a plusieurs manières de faire, dépendant ce que l'on veut dire.

"- Et comment on veut hurler "qu'est-ce que tu fais ce soir?"? Demanda Bud.

"- Tais-toi un peu, fit Syd.

"- Au fait, qu'est-ce que tu as voulu dire à l'instant? Demanda Thor, tout à coup très intéressé à son tour.

Fenrir fut submergé de question et se retrouva incapable d'expliquer quoi que cela soit. Il rougissait à vu d'œil, ne sachant plus où se mettre.

Hagen et Freya revinrent s'assoire, la jeune femme essoufflée.

"- T'es pas fatigué Mime? De toujours faire le même air? Demanda le blond entre deux gorgé.

"- Oh, tu sais, c'est toujours un plaisir pour moi de jouer, je pourrais faire ça toute la nuit.

Le lendemain matin, on les retrouva tous pour la plupart ronflants, éparpillés tout autour de la pièce. Seule la princesse Freya et son époux étaient ailleurs, ainsi que le guerrier de Delta, et la prêtresse. Siegfried l'avait raccompagnée à sa chambre et était revenu pour un dernier verre qu'il ne finit qu'à moitié avant de s'affaler sur la table. Dans un coin Bud s'était retrouvé endormi dans les bras de son frère; Fenrir s'était couché sur un tapis devant la cheminée que les serviteurs entretenaient toute la nuit sans faire de bruit, et Mime était assis fixant ce feu, comme hypnotisé.

Dans la chambre de noce, dans le grand lit douillet blanc s'agitaient deux silhouettes espiègles sous les couvertures. Hagen avait été réveillé par Freya après peu d'heures de sommeils et continuaient là où ils s'étaient arrêtés.

Le guerrier embrassait sa princesse avec une passion sulfureuse, et ses mouvements étaient brûlants sur la peau de glace de sa bien-aimée. Freya était totalement soumise à la fureur de cet homme de passion, et le laissait avoir tout ce qu'il voulait, donnant tout ce qu'elle pouvait avec une aisance excitante.

Hagen était aveuglé par son bonheur, et ses doigts goûtaient à cette chaire, plongeant dedans, alors qu'il croquait avec appétit dans cette source de plaisir charnel.

Freya haletait, ressentant douleur et allégresse en même temps, les frontières entre les deux étant abolies. Ses cris exprimaient les deux. Elle tremblait sous l'autre, leur deux corps suant, glissant l'un sur l'autre. Leur peau l'une dans l'autre.

Bestialement Hagen assuma son rôle dominant, et s'allongea aux côtés de la blonde, profitant de ce moment de calme avec elle.

Freya caressait doucement le torse ferme de son mari. Ses joues étaient rouges, et elle se sentait un peu courbaturée, pas habitué à se genre d'exercice et de jouissance. Pourtant son visage semblait soucieux.

"- Hagen, souffla-t-elle.

"- Mmm, oui? Fit Hagen, les yeux fermés, embrassant la petite main sinueuse de sa femme.

"- Je voudrais te parler.

"- Tout ce que tu veux.

"- Je voudrais te parler d'Albérich.

La réaction ne se fit pas attendre. Le guerrier de Bêta se redressa comme sur un ressort, le regard incrédule. Mais qu'est-ce qu'elle lui voulait avec ce gnome? Là, dans leur lit, lors de leur nuit de noce? Elle était tombée sur la tête?

"- Mais, mais, bredouilla-t-il, prit de court.

"- Ecoute-moi, s'il te plait, c'est très important.

"- Mais, tu veux en parler, là, maintenant, sur le champ?

"- Oui.

Hagen soupira, se reposant doucement sur la poitrine de sa bien-aimée. Elle lui caressa doucement les cheveux, tout en parlant. Mérak eut dû mal à se contenir, mais la laissa finir…

Pendant ce temps, dans le dortoir, l'ombre de Zêta s'éveillait petit à petit. Il trouvait son lit bien moins confortable qu'avant, mais il s'y sentait étrangement bien plus à l'aise, sentant une chaleur agréable et reposante. Ce n'est que quand il revint un peu plus vers le monde rigide d'Asgard qu'il sentit son oreiller plus vivant qu'à l'accoutumé. Perplexe, il cligna des yeux relevant la tête, et fit une tête déconcertée. Normal que son polochon bouge: c'était sur le corps de son frère qu'il roupillait. Pourtant une vague de froid le prit quand, pendant un moment, ce corps ne bougeait plus. Bud resta immobile un moment. Pourquoi ne bougeait-il plus? Pourquoi était-il froid comme ça?

Non, se mit à gémir son être, non, je ne veux pas qu'il parte, maintenant, tout de suite. NON!

"- Bud?

Il sursauta, et tourna la tête. Mime qui avait le feu dans son regard, l'air froid.

"- Oui? Fit-il, la voix enrouée par le sommeil.

"- Arrête de trembler. Si tu as froid, viens près du feu, conseilla Mime en contemplant les flammes.

Bud se releva, s'étira, et doucement, il passa son jumeau sur ses bras, et le transporta. Son frère était flasque, inerte. Il entra dans le couloir froid, et se dirigea vers leur chambre. Quelle heure était-il? Le château semblait endormi, sans vie. Il ne rencontra personne sur le chemin, et il ouvrit la porte de leur chambre, la maudissant de grincer comme un sifflet.

Il allongea le corps sur le lit, le tout sans l'avoir réveillé. Sa respiration était visible, descendant du le bas de sa gorge, jusqu'à sa poitrine.

Bud remarquait que son frère, depuis un certain moment, était beaucoup sur les nerfs. Il était soucieux. Mais là, il n'affichait rien. Son visage était neutre, imbécile. Bud eut soudain la grande envie de l'étreindre, lui montrer que même s'il était parfois pénible, et semblait être plus un fardeau à long terme qu'un véritable cadeau, il pouvait quand même lui montrer qu'il pouvait être digne de sa confiance.

Bud le connaissait mieux que Syd ne se connaissait lui-même, mieux que Bud ne se possédait.

Mais cela ne faisait pas si longtemps que Syd était travaillé. Bud laissa son frère se reposer seule, et repartit. Il avait faim.

(à suivre…)

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