Chloé. C'est joli, non ? C'est un prénom qui vous glisse sur la langue, comme en laissant un léger goût de sucre. Chloé. Cela sonne comme un prénom doux, pour une jeune fille délicate. Mais en même temps, c'est un prénom court qui donne une impression joyeuse. Douce et joyeuse. Que demander de plus pour une petite fille ? Chloé, « jeune pousse » en grec ancien.

Chloé, c'est moi. Et désolée de vous dire que je ne suis pas le genre de fille qui correspond au prénom. Joyeuse, parfois. Douce n'est pas un mot compris dans mon vocabulaire. Et si vous aimez les jeunes filles qui savent se tenir, qui sont délicates et charmantes, qui ne disent jamais un mot plus haut que l'autre, vous pouvez passer votre chemin. Chloé, c'est moi. Et je suis capricieuse, manipulatrice, impérieuse, exigeante, et rancunière. Si cela ne vous dérange pas, alors je suis enchantée de faire votre connaissance. Puisque vous savez déjà mon prénom, passons au titre. Chloé, fille benjamine de Poséidon et d'Amphitrite, une Néréide. Chloé, déesse de la faune et la flore marine. Chloé, déesse de l'océan. Chloé, héroïne de cette histoire. Sans mauvais jeu de mot, bien sûr.

- C'est scandaleux ! hurla Héra.

Ça devenait intéressant. Si Héra s 'y mettait, nous pourrions peut être apprendre des choses. Nous ? Oh, pardon, voilà que je manque à mes devoirs. « Nous » c'est tout les Dieux mineurs qui s'étaient réunis afin d'écouter la réunion des douze Olympiens. Auquelle nous n'étions point conviés, évidemment. A mes cotés, Morphée, Hécate, Janus, Eros, Iris, Hébé – la déesse de la jeunesse -, Hestia – la déesse du foyer et de la famille – Eole – le dieu du vent -, Eris – déesse de la discorde –, Hygie – déesse de la santé -, Léto – déesse de la naissance -, Métis – déesse de la prudence et de la ruse -, Némésis, Nyx – déesse de la nuit -, Corail, ma soeur – déesse des divinités marines -, et pour finir mon frère Triton, dieu des tempêtes et des tsunamis. Certes, il y avait des dizaines d'autres Dieux mineurs, ainsi que des demi-dieux, des enfants de Dieux mineurs, des enfants de demi-dieux, enfin tout un monde qu'il serait beaucoup trop long de citer. Et ne serait point intéressant, étant donné que j'ai donné le nom de toutes les personnes présentes à cette séance d'espionnage en bonne et due forme. J'ai toujours trouvé cela scandaleux que je ne sois pas au conseil Olympien. En même temps, j'avais hérité d'un travail pitoyable « flore et faune marine ». Pas très classe, hein ? Encore, c'est le terme de fonction. Certains héros, ces vaniteux, ne se privent pas de me surnommer « Déesse des Algues et du Varech ». Si un jour ils prennent la mer, je jure sur le Styx de les couler et de les faire avaler par une ou deux bêtes marines qui sont sous mon commandement. Sous prétexte que je ne suis pas une déesse très importante !

Réprimant un soupir, j'ai collé mon oreille contre la porte afin de saisir ce qui opposait les Dieux. Si seulement je le savais ! Le conseil avait été réuni en urgence par Zeus ce matin, à l'aurore. Et personne ne savait pourquoi. Si seulement Papa m'autorisait à y assister ! Mais les Olympiens étaient des égoïstes. D'ailleurs, cela me fait un peu honte de le reconnaître, mais quand Cronos remontait au pouvoir, j'avais été tentée... J'aurais pu prendre la place de mon père. Être plus puissante ! Mais heureusement pour moi, Triton veillait. Triton veille toujours. C'est l'ainé de la famille. Mon père, Poséidon, et ma mère, Amphitrite s'étaient mariés un peu après la guerre de Troie. Ils étaient vraiment amoureux. Maman était une Néréide, et vivait dans l'Océan Pacifique. Papa et elle se sont rencontrés à une fête organisée par Dionysos. Coup de foudre immédiat. Ils ont eut trois enfants : Triton, Corail et moi. Autant, si je m'entend bien avec Triton, je ne peux pas supporter Corail, cette pimbêche. J'ai essayé de m'en débarrasser aux Enfers, mais ma cousine Perséphone m'en a empêchée. Elle s'entend bien avec Corail, elle. Bref.

- Persée Jackson doit...

Par Zeus! Je n'ai pas entendu la suite. Persée Jackson est mon nouveau demi-frère préféré. Un sang-mêlé très prometteur. Je ne l'ai encore jamais vu, je ne sais même pas si il connait mon existence, mais je l'aime bien. D'ailleurs, je lui ai déjà donné quelques coups de pouce durant ses quêtes. Je ne sais pas pourquoi je me suis attachée à lui. J'ai déjà eu plein de demi-frères et sœurs, mais j'ai l'impression que Persée et moi, on se ressemble. Alors, étant donné que les Dieux principaux ne peuvent pas trop l'aider, moi je m'en occupe. Une fois, dans la baie des Sirènes, j'ai empêché son amie fille d'Athéna de se noyer en la maintenant à la surface. C'est aussi moi qui ai envoyé Héphaïstos faire un tour sur l'ile de Calypso « par hasard » le jour où Persée était coincé dessus. Une autre fois, j'ai coulé une fille d'Arès qui allait l'attaquer par surprise pendant un entrainement. Après cela, que ces stupides sang mêlés osent dire que je ne suis point importante ! Enfin, tout les sangs mêlés ne sont pas stupides. Mes enfants ne le sont pas. Loin de là ! En plus désormais, grâce à Persée, ils ont une place à la Colonie des Sang-Mélés. Ils ont un joli bungalow, pas très loin de la plage. Je l'ai faut construire par les fils d'Héphaïstos. J'ai cinq enfants dans le monde, et trois à la Colonie. Opaline, Adam et Penelope sont à la Colonie. Elénée, ma fille cadette, est en Françe, avec son père et Thiryos, mon benjamin est en fuite. Il faisait partie de l'armée de Cronos, et quand celui ci a été déchu... J'ai eu peur pour Thiryos, alors je lui ait ordonné de se cacher. Je ne le laisserais pas à Hadès, je le jure sur ma couronne. Je veux le faire arriver sain et sauf en Françe, auprès du père d'Elénée qui est un Clair Voyant. Je suis sûre qu'il l'aidera. Mais, Thiryos ne veut pas quitter le sol américain...

Battant des paupières pour chasser ces pensées néfastes, je me concentre de nouveau sur la réunion. C'est Zeus qui parle désormais. Je ne perçois que la phrase « nous nous devons d'agir » avant que la réunion soit levée. Douze trônes grincent sur le sol, attirant un sentiment de panique chez les Dieux mineurs. Nous nous dispersons rapidement, feignant de vaquer à nos occupations. Surtout Morphée, Hécate et Janus qui faisaient partie de l'armée de Cronos. Désormais, ils passent la moitié de la semaine aux Enfers afin d'accomplir leurs peines, et quand ils sont sur l'Olympe, ils tentent de se faire discrets. D'un pas vif, je me dirige vers les jardins de l'Olympe afin d'assister au Tournoi de Tir à l'Arc qui doit avoir lieu bientôt.

- Chloé !

- Surprise, je me retourne. C'est Papa qui m'a rejoint, dans son habituelle tenue mortelle.

- Papa, je le salue.

- J'aimerais te parler, commence Papa. Est ce que tu as remarqué des... changements récemment ?

- Des changements ?

- Dans la flore marine.

- Fronçant les sourcils, je cherche à comprendre où il veut en venir. Depuis la mort de Pan – paix à son âme – la flore marine n'est plus ce qu'elle était, mais elle se porte plutôt bien.

- Je n'ai rien remarqué, Papa. Désolée.

- Même pas dans l'Océan Atlantique ?

- Papa, où veux tu en venir ?

Papa semble mal à l'aise. Il m'attrape le bras et m'entraine dans un coin plus tranquille des jardins. Avant de parler, il jette un coup d'œil autour de lui, vérifiant que l'on ne nous épie pas.

- Depuis quelque temps, des choses s'agitent dans le Tartare...

- Cronos ?

- Non... Quelque chose de plus ancien... Gaïa.

- La reine mère ?

- C'est cela... On pense qu'elle se réveille... Et si c'est le cas, cela serait fort embêtant. A coté de cela, la guerre contre Cronos n'aura été qu'une brise avant la tempête.

- Pourquoi tout ce qui devrait ne plus être se réveille en ce moment ? je grommelle.

- 2012, répond mon père.

- Pardon ?

- 2012. La Sybille avait prévu la fin du monde humain en 2012. Il est normal alors qu'à l'approche de cette funeste date, les fléaux se réveillent. Gaia va faire bouger des choses au niveau terrestre, mais aussi maritime. Demeter et Dionysos surveilleront, mais en tant que Déesse de la Faune et de la Flore marine, il est de ton devoir de surveiller les fonds marins. Notre royaume.

- Je descends au Palais de ce pas pour envoyer des émissaires dans tout l'océan.

- Sois prudente ma fille. Il n'est pas exclu que la mer affronte la terre sous marine. Protège les humains du mieux que tu peux, et essaye d'éviter les batailles.

- Je le ferais, ai je assuré.

- Et n'en parle à personne, surtout.

- Ce n'est pas mon genre, papa. Tu le sais bien. Muette comme une carpe !

Mon père m'adresse un dernier sourire avant de s'éloigner. Réprimant un soupir, je ferme les yeux et me concentre. L'espace d'un instant, je ne suis plus qu'une brise marine dans l'air. Quand je rouvre les yeux, je suis dans le palais de mon père, au fond de l'océan Atlantique. Devant moi, des Néréides s'inclinent. C'est Corail leur déesse, mais elles me doivent un minimum de respect tout de même. Je me dirige vers mes appartements afin de réfléchir aux animaux que j'enverrais faire des rapports. Après tout, la reprise des forces de Gaïa ne doit pas être dispersée. J'espère juste que nous n'aurons pas à subir de batailles, nous sortons tout juste de la guerre contre Cronos, et je dois dire que l'armée de Poséidon ne s'en est pas sortie indemnes. Nous avons perdus beaucoup de guerriers et de créatures. Ainsi que des lagons, détruits par la flotte de Cronos. Saleté de guerre.

Violemment, j'envoie une puissante vague contre la lave en fusion. Un volcan sous marin vient de surgir dans la baie de Long Island, comme ça au beau milieu de l'après midi. Et évidemment accompagné d'un calamar géant. Qui va savoir pourquoi, ne répond pas à mes ordres, moi sa déesse. Papa est injoignable, et Triton, Corail et moi commençons à fatiguer. Une nouvelle coulée arrive, aussitôt combattue par une vague de la part de mon frère. Saleté de Gaïa ! Si cela continu, à force de faire bouger la mer, un tsunami s'écrasera sur New-York et ses environs. Pourquoi la Terre s'obstine t-elle contre cette côte ?

Et soudain, j'ai une illumination. La Colonie des Sangs-Mélés. Les demis-dieux. Nous sommes en plein été, et ils y sont tous. Gaia veut les noyer afin d'affaiblir notre camp avant le début de la guerre. Il y a bien mes enfants, ceux de Triton, ceux de Corail, et Persée là-bas, mais je doute que cela soit suffisant. Réprimant un juron, je ferme les yeux afin de réapparaitre sur la plage de la Colonie. Les dryades s'inclinent respectueusement devant mon arrivée. Mais pas le temps pour les mondanités. Il faut que je vois le centaure Chiron et Dionysos. Quelques sangs-mêlés en armure me lancent un regard étonné. Je les ignore. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur eux. La colonie est resplendissante et comprend désormais une trentaine de bungalow. Elle a bien récupéré depuis la dernière guerre, il y a un an. Poussant un soupir, je me dépêche d'atteindre la Grande Maison avant que mon frère et ma sœur perdent leurs forces sous l'eau.

Dans une pièce de la Grande Maison, Dionysos et Chiron sont en plein jeu de carte. De la belote, je crois.

- Chloé, me salue Dionysos. Que me vaut le déplaisir de ta visite ?

- Il faut évacuer la Colonie, je marmonne. Il y a actuellement une bataille sous marine, et je doute que nous réussissions à contenir les vagues longtemps.

Chiron fronce les sourcils. Il est vrai que depuis la chute de Cronos, le monde était relativement en paix, alors je me doute bien que l'annonce soudaine d'une si grosse bataille qu'elle entraine l'évacuationd de la Colonie doit surprendre. Enfin, je crois.

- Combien de temps, madame ? interroge Chiron les sourcils froncés.

- Une demi-heure, tout au plus, je répond.

- C'est insuffisant, répond le centaure. Nous sommes environ deux cents désormais.

- Que faire alors ? j'interroge. Je ne suis pas Zeus !

Un coup de tonnerre retentit au loin. Mon oncle n'a pas apprécié ces paroles. De toute manière, que peut-il me faire ? Je suis immortelle, et je suis la favorite de mon père, bien que celui ci ne l'avoue pas devant Corail. Il apprécie que je ne sois pas une petite sous-fifre obéissante comme ma sœur. J'ai du caractère, moi. J'ai hérité du caractère de mon père. Et je sais qu'il en est fier, bien qu'il mette un point d'honneur à mettre tout ses enfants à égalité. En apparence, du moins.

- Et si les Sangs-mêlés se battaient ? demande négligemment Dionysos en sirotant sa boisson mortelle. Après tout, il y a pas mal d'enfants de la mer ici.

- Mes trois enfants : Opaline, Adam et Penelope, le fils de Triton, James et les deux filles de Corail, Néréa et Ondine.

- Et Percy, ajoute Chiron.

- Cela fait donc sept. C'est un bon chiffre, commente Dionysos.

- Te fiches tu de l'avenir de la Colonie, Dionysos ? je demande, agacée. Confier à des sangs-mélés une mission divine ?

- A vrai dire oui, je m'en fiche, répond celui ci. Et si la mission est si divine que ça, pourquoi tu ne t'en occupe pas toi même, déesse ?

- Notre ennemi est puissant. Et je ne suis pas mon père !

- Tes pouvoirs sont trops faibles, en somme.

- Très bien ! fis je en fermant les yeux afin de me calmer. Chiron, allez annoncer à la Colonie que les Sangs-mêlés vont se battre contre des vagues. Que les enfants de la mer et les chefs de bungalow viennent me rejoindre. Nous allons tenter d'éviter le maximum de noyades.

Pendant que Chiron se précipitait en dehors de la Grande Maison, je me suis laissée tombée sur une chaise. Pas très divin, certes, mais j'étais fatiguée de tout ces efforts au fond de l'eau. « Comment allez vous ? » ai je demandé à mon frère. « Pas si mal que ça. Tu es à la Colonie ? Tant mieux. Ils vont essuyer une méchante vague. » « Je m'en occupe » ai je répondu.

- Tu passeras le bonjour à Ariane de ma part, a commenté Dionysos en sirotant sa boisson.

- Tu sais nager, j'espère, lui ai je répliqué, sarcastique.

- Je suis le père des dauphins, ma jolie, a t-il répondu en souriant.

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, Chiron est revenu accompagné de plusieurs jeunes qui se sont tous assis autour de la table, au plus grand mécontentement de Dionysos.

- Héros, voici la déesse Chloé, fille de Poséidon, déesse de la Faune et de la Flore marine.

J'ai vu Persée froncer les sourcils. Il n'espérait tout de même pas être le seul enfant de Poséidon ? Mon père n'est certes pas le Dieu le plus fertile, la palme revenant à Zeus, mais il ne pratiquait tout de même pas la politique de l'enfant unique. Je me suis redressée dans ma chaise, afin de mieux faire face aux demi-dieux.

- Une bataille fait rage actuellement dans la baie. Mon frère et ma sœur ont pu calmer le jeu, mais une vague va déferler sur la Colonie. Si nous sommes réunis ici, c'est pour la protéger, ai je commencé.

- Mais... a commencé une fille blonde à la droite de Persée. Nous ne pouvons rien contre un tsunami !

Elle me disait quelque chose, mais quoi ? Impossible de m'en rappeler !

- Si vous vous présentiez avant de parler, cela serait plus aisé pour la communication, ai je répondu.

- Annabeth Chase, fille d'Athéna.

- Ah oui ! Tu fais la fierté de ta mère, mon enfant, ai je répondu.

Ce qui était vrai. Athéna ne jurait plus que par sa jeune fille. Annabeth par ci, Annabeth par là... Depuis que celle ci avait participé à la construction de l'Olympe, Athéna concurrençait la Reine Héra au niveau de la vanité. Cela nous faisait bien rire, mon ami Eros et moi. Apollon avait même rédigé un poème dessus. Faudrait que je le retrouve d'ailleurs. Le poème, pas Apollon.

Annabeth a rougi, avant de replanter son regard dans le mien.

- A quoi pensiez vous, dame Chloé ? a interrogé un jeune garçon aux yeux bleus extraordinaires et à la chevelure brune. Il ne devait avoir plus de treize ans.

Se souvenant qu'il ne s'était pas présenté, il s'est aussitôt empressé de réparer cette erreur en bégayant.

- Jaa-aames Cococorner, fils du Dieu Triton. James Corner, a t-il repris un peu plus assuré.

Il ressemblait beaucoup à mon frère, outre le fait qu'il n'était pas bleu et n'avait pas d'écailles.

- A quelque chose de tout simple, il faut que vous utilisiez vos pouvoirs pour canaliser la vague, ai je répondu en haussant les épaules. Tous nos pouvoirs combinés devraient suffir.

- Mais, on ne sait pas faire cela ! Maman, a ajouté la jeune fille avant de baisser les yeux.

J'ai dévisagé ma fille : je ne l'avait pas revue en « vrai » depuis sa naissance. Penelope Lustig, la fille d'un très mignon chef cuisinier. J'avais connu son père il y a quinze ans. Et à vrai dire, elle lui ressemblait beaucoup. Les mêmes yeux noisettes, la même chevelure blonde, le même nez mutin, le même regard doux. Penelope était adorable, réellement. Elle était le genre de jeune fille qui vous faisait fondre au premier regard. Malheureusement, elle n'était pas une très bonne combattante, ne se débrouillant que dans la discipline de la course de chars. Et la natation, évidemment. Elle n'est pas une fille de la mer pour rien.

- Chiron ? ai je interrogé. C'est bien vrai ? Aucun des jeunes ici présents ne maitrise leurs pouvoirs magiques ?

- Et bien... a répondu celui ci. Percy se débrouille un peu, Connor et Travis, deux enfants d'Hermès, arrive a téléporter de légers objets

- On a réussi avec un caillou la dernière fois ! a cru bon d'ajouter un des deux garçons.

- Maya, la fille de Demeter maitrise très bien les pouvoirs élémentaires de sa mère. Et sinon... Jake, fils d'Héphaïstos, maitrise un peu le feu et pour finir, Nico le fils d'Hadès maitrise très bien ses pouvoirs, en plus d'être un bon guerrier, a fini Chiron.

- Et les enfants d'Ares ? D'Athéna ? D'Aphrodite ? D'Hecate ? De Morphée ?

- Rien.

- Aucun pouvoir ?

- Aucun.

Consternée, j'ai laissé mon regard dériver autour de la table. Je ne pourrais jamais contenir seule une vague d'une telle envergure. Triton et Corail était coincés au fond de l'eau, papa était je-ne-sais-où, et les enfants de la mer ne seraient pas capable de maitriser une gouttelette. La colonie était fichue.

- Nous ne maitrisons peut être pas nos pouvoirs, est intervenue la fille d'Athéna, mais néanmoins, nous sommes capables de nous battre !

- Contre un tsunami ? Franchement, fille d'Athéna, croit tu vraiment que ton épée sera efficace contre de l'eau ?

- Non. Mais nous pouvons organiser un plan de bataille, mettre ce que nous pouvons à l'abri, délimiter un périmètre de sécurité. Pendant que vous, vous tentez d'apprendre à ceux qui le peuvent à maitriser l'eau.

- En quelques minutes ?

- Avec tout le respect que je vous dois, dame Chloé, nous n'avons aucune autre solution.

- Faites donc cela, ai je soupiré. Cela sera mieux que rien.

La jeune Annabeth est sortie, entrainant à sa suite les enfants d'Hermès, la fille d'Ares, la fille d'Aphrodite, le fils de Dionysos, le fils d'Apollon, et tout les autres enfants des Dieux mineurs. Dans la pièce, il n'est resté que Dionysos, Chiron, Persée, Opaline, Adam, Penelope, James, Ondine, Néréa et Maya, à qui j'avais fait signe de pas bouger.

- Tu ne vais les aider pour l'organisation ? ai je demandé à Chiron.

- J'ai une entière confiance en la jeune Annabeth, a t-il répondu simplement.

- Bien ! a déclaré Dionysos. J'aimerais bien rester, mais il faut bien que quelqu'un fasse un rapport à Zeus, étant donné que tu semble occupée, Chloé. Bonne chance !

Sur ces mots, il a disparu, laissant une odeur de raison derrière lui.

- D'accord. En dix minutes, je dois vous apprendre à maitriser un océan. Il semblerait que les Parques me prennent pour Héraclès, ai je soupiré.

- Ne dites pas ça, maman ! s'est emporté une jeune brune à la gauche de Persée. Nous sommes plein de volonté et nous apprenons vite. Puis, la théorie c'est pas mon truc. Je préfère la pratique !

La jeune fille qui venait de parler était ma fille, Opaline. Derrière son doux prénom se cachait une force de la nature. Elle était d'un caractère impulsif et insolent, elle ne tenait jamais en place, et ne supportait pas que quelqu'un la contredise. Que cela soit physiquement ou moralement, nous nous ressemblions. Les mêmes boucles brunes et les mêmes yeux verts, les yeux de son grand-père. Si Opaline avait été une déesse, elle aurait sans aucun doute été celle de la fougue. C'était le mot qui la décrivait le mieux. J'ai pris une grande inspiration, cherchant mes mots pour expliquer leurs pouvoirs.

- Quand vous saurez face à l'océan, il ne faudra jamais oublier que vous devez le dominer. Si vous montrez des signes de faiblesse, il vous abattra. Il faut toujours rester le maitre. Dites vous que vous êtes l'océan... Vous n'êtes... Vous n'êtes qu'une continuation de l'océan. L'eau est en vous, vous êtes l'eau. L'océan, c'est comme... comme... un chien. Un chien que vous allez menez du bout des doigts. Assis. Debout. C'est un peu pareil. C'est comme si vous écriviez avec vos doigts la symphonie de l'océan. Lui et vous, ce n'est qu'une personne. Alors, si vous voulez que la vague se rabatte, ou monte, ordonnez le lui. Avec fermeté, et en tendant la main, pour que l'océan puisse reconnaître son maitre... Est ce que vous voyez ce que je veux dire ?

Autour de moi, les demi-dieux semblaient troublés. Un peu abattus même. Ils ne semblaient pas comprendre. Aux grands moyens, les grands remèdes. J'ai fermé les yeux, et laissé mon esprit monter jusqu'à l'Olympe. Dans la bibliothèque, Athéna était assise et feuilletait un ouvrage colossal.

- Chloé, m'a t-elle salué froidement. Elle ne me portait pas dans son cœur, et j'avoue que c'était réciproque. Après tout, j'étais la fille de son ennemie.

- Athéna. J'aurais besoin de ton aide.

- Toi ? Toi, qui pourrait devenir la déesse de la fierté, tu implore mon aide ?

- Ce n'est pas pour moi. C'est pour les enfants de la mer.

- Crois tu franchement que je t'aiderais ?

- Cela rendrait service à ta fille. Et cela serait une sage décision de laisser choir les rancœurs personnelles pour aider une communauté.

- Je t'interdis de me faire la morale sur des questions de sagesse, fille de Poséidon. Et si je t'accorde cette requête, c'est uniquement pour ma fille. Et c'est la première et dernière fois, Chloé.

D'un geste de la main, elle m'a chassée et mon esprit est revenu brutalement à mon enveloppe corporelle. Les demi-dieux semblaient tout de suite plus éclairés. Merci Athéna.

- Je crois que j'ai compris, a murmure Néréa, la fille de Corail.

- Est ce que les esprits de l'eau vont nous aider ? a interrogé sa sœur Ondine, qui ne devait avoir plus de onze ans.

- Si tu leur ordonne, oui. Après tout... Ta mère est leur déesse. Corail, fille de Poséidon, déesse des êtres et divinités marines.

J'ai vu la détermination se peindre sur le visage des enfants. Chiron a semblé le remarqué aussi, car il s'est relevé et les a dévisagé un à un.

- Héros, a t-il tonné. Au combat !

Ils sont tous sortis de la pièce. J'ai attrapé Persée par le bras pour le retenir.

- Persée, tu es un fils de Poséidon, un fils des trois Grands.

- Toi aussi, a t-il dit, un peu gêné je pense.

- Je le sais bien. Ce que je veux dire, c'est que tu as de grands pouvoir. Plus grands encore que ceux de tout mes enfants et mes nièces et neveux réunis. La réussite de cette mission pèsera sur toi et moi.

- Super, cela ne me stresse pas du tout.

J'ai souri, et j'ai lâché son bras.

- Va, sang-mêlé. Héros, je veux dire.

Il m'a adressé un faible sourire avant de s'éloigner rapidement. « Combien de temps avant l'arrivée de la vague ? » ai je demandé à Triton. « Dix minutes, je dirais. » a t-il répondu. Mais Corail l'a interrompu. « Non ! Pas du tout. Moins de cinq minutes Chloé. Prépare toi et surtout ne... » La communication entre Corail et moi fut coupée. Surprise, j'ai tenté de la recontacter. En vain.

Des cris m'ont empêché de continuer mes tentatives. J'ai fermé les yeux et me suis retrouvée sur le plage des Sangs-mêlé, avec une gigantesque vague qui arrivait. Plus de trente mètres. Les demi-dieux se tenaient face à elle, avec tout leurs artéfacts magique. J'ai jeté un coup d'œil à Persée. Il a serré la main de la fille d'Athéna dans la sienne avant de se tourner vers la vagues.

J'ai lancé un ordre. Un seul.

- Enfants de la mer... Attaquez.

Avant que la vague ne s'abatte sur nous.