Chapitre 1
C'était la nuit. Nami soupira pour la énième fois de la journée, puis fixa son regard mélancolique sr les étoiles. Encore une nuit, suivie d'un nouveau jour, et ainsi de suite. Tout cela était si monotone...
_ Nami?
La navigatrice ne prit pas la peine de se retourner, et bougea seulement légèrement la tête. Elle n'avait pas la force d'entamer une conversation maintenant, même avec Robin.
_ Ça va, Robin. Je vais me coucher dans cinq minutes.
Son regard retourna vers les étoiles, et elle s'efforça de ne rien laisser paraître de sa tristesse. Robin n'était cependant pas dupe, et Nami put l'entendre pousser un soupir imperceptible.
_ Comme tu veux.
Ses pas résonnèrent sur le plancher du Sunny, et, alors qu'ils s'éloignaient de plus en plus, Nami laissa échapper une larme qui alla s'écraser sur la rambarde du pont.
Rien n'était plus pareil, désormais. Elle n'avait plus goût à rien, mais tentait malgré tout de donner le change. Qui s'était vraiment rendu compte de sa tristesse? Personne. Robin? Oui, mais sans imaginer son étendue.
Nami soupira encore. Quand était-elle devenue aussi triste? Lors de la dernière bataille, elle s'était aperçue qu'elle était faible, bien trop faible, et voir tous ses compagnons se battre avec ardeur, sans devoir attendre de l'aide de quiconque, l'avait proprement déprimée. Et puis il n'y avait pas que ça...
La navigatrice se détacha finalement de la rambarde, et alla se coucher sur la pointe des pieds. Elle s'apprêtait à entrer dans la chambre lorsqu'elle entendit un léger bruit. Qu'est-ce que cela pouvait bien être? On aurait dit des bribes de voix volontairement étouffées, et, curieuse, la jeune fille s'approcha de l'endroit d'où sortait ces sons étranges.
_ … je sais, mais on ne peut pas la laisser comme ça. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas pu admirer son si beau sourireeeeeeee!
_ Ferme-la, cuistot à la manque. Si c'est pour dire des âneries pareilles, va te coucher, personne ne te regrettera.
_ Tu me cherches, marimo?!
Nami secoua la tête, désabusée. Elle n'avait même plus la force de sourire devant les chamailleries habituelles de Sanji et Zoro. Pourtant, cela la faisait bien rire, avant...
Elle ne pouvait s'empêcher de revoir ce visage, et cela lui trottait dans la tête journée après journée, nuit après nuit. Pourquoi était-elle si faible? Pourquoi avait-il fallu qu'il se sacrifie pour la protéger? Pourquoi ne pouvait-elle pas s'empêcher d'être un fardeau pour tout le monde?
_ Nami? Qu'est-ce que tu fais là?
L'interpellée fit volte-face pour découvrir un Sanji visiblement inquiet, et se composa un sourire des plus convaincants avant de répondre :
_ Oh, rien... Je n'étais pas fatiguée et je regardais les étoiles... Mais je vais me coucher, maintenant. Bonne nuit!
_ Bonne nuit...
Elle s'éloigna rapidement et se fit violence pour ne pas hurler. Elle n'arrivait même pas à être convaincante! Mais qu'est-ce qu'elle était devenue?! Une bonne à rien, un poids? Oui, ça devait être ça.
Haru... Pourquoi avait-il eu besoin de donner sa vie pour elle? Était-elle donc si vulnérable?
Un mois auparavant
_ Nami! Regarde ça!
_ Il faut que je retourne au bateau, Haru! Je ne suis pas là pour très longtemps, les autres doivent m'attendre!
_ Mais arrête, ça fait des mois que je ne t'ai pas vue, tu peux bien rester là quelques instants encore!
_ Encore dix minutes, et puis je te laisse, babouin dégénéré!
Son ami lui fit une grimace, et passa nonchalamment son bras autour de son épaule. Nami frissonna d'aise. Ça faisait si longtemps...
Elle lui assena une petite tape sur la main.
_ Tu te crois où?
Il lui fit un clin d'œil.
_ Ben tu pars bientôt, j'en profite, espèce de sorcière!
_ Désolé d'interrompre vos festivités, les jeunes... Est-ce que la petite demoiselle aurait l'amabilité de me suivre gentiment?
Nami fronça les sourcils, aussitôt imitée par Haru. Une escouade de la Marine leur faisait face, et un homme imposant regardait les deux jeunes gens avec sévérité.
_ Et pourquoi ça? Demanda Haru avec une colère mal dissimulée.
_ Chapeau de paille, ça te dit quelque chose? Hmm? Allez fillette, suis-nous sans faire d'histoires.
_ Ça vous dérangerait de mieux lui parler?
L'homme, qui s'était déjà détourné, se retourna lentement. Haru s'était levé, et semblait manifestement sur le point d'exploser.
_ Et tu vas faire quoi sinon, petit avorton? Les autres, emparez-vous d'elle.
_ Non! Nami, va-t'en, dépêche-toi!
Nami regarda son ami d'un air désespéré. Elle en avait assez de fuir sans arrêt.
_ BOUGE!
_ ATTRAPEZ-LA!
En un instant, elle était sur ses jambes, et courait à en perdre haleine. Au loin, elle entendait les bruits des sabres déchirer l'air, puis un cri perçant qui lui dressa les cheveux sur la tête.
