LE DEIN

Sa coque était noire. Ses canons des cavernes pouvant cracher le tonnerre. Le long de ses parois blindées se dessinait la forme d'un dragon, plus sombre encore que le métal. Ses yeux rouges éclataient comme un feu au milieu de la nuit.

Son allure générale évoquait celle des cuirassés. Mais une version étroite, gracile presque, voilée dans une coque noire comme le drap de la nuit. 250 mètres de longs, 10 mètres au maître-bau, un tonnage de près de 44 000 tonnes, une imposante tourelle avant comportant un terrifiant canon de 600 mm. Son armement ne s'arrêtait pourtant pas à ce monstre tubulaire. Dix canons de calibre 155. bardaient ses flancs. À l'avant comme à l'arrière, des cellules de lancements verticaux contenaient de multiples missiles, attendant le jour où ils jailliront vers leur cible telles les Valkyries des anciens temps.

Il immergea de la brume, pareil à un fantôme. Sa proue élancée déchira les flots tel l'aileron d'un requin. Pourtant, un adversaire de taille se dessina face à lui.

C'était là le Titan de l'époque. Le Yamato. Un colosse armé de neuf canons de 460 mm, arborant un chrysanthème à la proue. Il était le monstre de son ère, même face à lui. Au-dessus d'eux, la demi-lune semblait admirer la confrontation imminente.

Le monstre noir s'anima à une vitesse stupéfiante pour un navire de cette taille. Il obliqua à droite et les deux machines de guerre se longèrent dans le silence des vagues.

Bientôt, un appel de lumière fut lancée depuis le Yamato, intimant au navire inconnu d'annoncer ses couleurs et de couper les moteurs. Comme si David pouvait donner des ordres à Goliath...

Aussitôt sa puissance demandée, le monstre prit encore plus de vitesse et s'éloigna du Yamato, ignorant ses appels.

Deux croiseurs se rapprochèrent alors de lui avec l'intention évidente de lui bloquer le passage. Mais pour le cuirassé noir, ils étaient aussi lents que des tortues.

Les deux navires semblèrent s'être s'arrêtés tant le monstre était passé si vite entre eux deux. Rapidement, il se volatilisa dans la brume nocturne, laissant derrière lui une flotte sidérée.