PROLOGUE
L'immense bâtiment fend les flots noirs alors que la lune énorme et ronde reflète sur le pont du navire les ombres de la nuit. Tout en haut de la vigie les hommes guettent, à l'affût, protégeant le sommeil de leurs frères.
Le calme règne, moite et lourd, alors que la brume prend doucement possession du navire. Ennemie invincible et fourbe. Vigilance est le maître mot, car dans les eaux hostiles du nouveau monde, l'ennemi est partout, prêt à surgir à la moindre négligence.
Tous sont sur le qui-vive, prêts à donner l'alerte. Pourtant, personne ne semble voir la petite embarcation qui file rapidement et sans un bruit vers le géant des mers.
La petite chaloupe poursuit sa route jusqu'à la coque du bateau auquel elle se colle, silencieusement. Un petit harpon perce dans le bois un trou qui passera surement pour de l'usure. Une silhouette s'extirpe du canot inconnu et grimpe le long de la coque, jusqu'au bastingage, avec l'agilité et la rapidité de l'habitude. La forme sombre se glisse sur le pont avant de se fondre dans la brume, se soustrayant à la vigilance des hommes de garde.
Il est si simple de s'infiltrer sur ce navire, la silhouette peine à retenir son sourire victorieux.
Rapidement, elle se faufile jusqu'à la porte qui mène aux ponts inférieurs. Devant, elle se trouve un enchevêtrement de couloirs, éclairés par les lampes à huile qui tanguent lentement, sous le roulis des vagues. La forme file, progressant avec aisance dans le labyrinthe, presque trop rapidement pour qu'il lui soit inconnus.
Elle s'enfonce dans les méandres du navire, glissant vers sa destination. Plus que quelques couloirs.
La silhouette s'arrête subitement, quelqu'un approche. Elle se plaque au mur, effaçant le bruit de sa respiration et la fluctuation de son énergie vitale. L'inconnue se concentre, c'est elle ou lui. L'autre est presque sur sa position, ce n'est qu'une question de seconde. Elle prend une grande inspiration.
« Marco ! Tu m'as fait peur ! »
Le commandant de la deuxième division reprend son souffle et les quelques flammes qui lèchent ses poings disparaissent lentement. Le premier commandant répond.
« Désolé. Je ne t'avais pas vu. »
Le plus jeune le regarde abasourdi.
« Tu ne m'avais pas vu ?! »
L'autre se rend compte de son erreur, il se reprend rapidement.
« J'allais voir père. J'ai quelque chose d'important à lui dire. »
L'autre reste dubitatif quelques secondes avant de retrouver son sourire crétin et de répondre.
« Ah, t'inquiète. Au fait, sympa le style ninja ! J'espère pour toi que Tatch ne te verra pas comme ça sinon il va te charrier pendant longtemps ! »
Le bras droit hoche la tête froidement avant de reprendre sa route, surprenant le plus jeune qui reprend tout de même son chemin. Il ne voit pas le sourire victorieux qu'arbore son supérieur.
Ace poursuit sa route dans les méandres du Moby Dick, réfléchissant. Qu'est-ce que Marco peut bien faire dans les couloirs au milieu de la nuit, habillé en ninja. Si sa avait été Tatch ou Haruta il aurait compris mais Marco... Il marche vers sa cabine, avant il sursauter violemment, surpris par la porte de la cabine du premier commandant qui s'ouvre avec fracas. Marco qui en sort rapidement tombe sur le jeune commandant plus surpris que jamais.
« Marco ? Je croyais que tu allais voir Père ! Comment tu as fait pour revenir ici et te changer aussi vite ?! »
Le grand homme blond le regarde quelques instants, les yeux cernés et les sourcils froncés.
« De quoi tu parles Ace ? Je ne suis jamais allé voir Père. »
« Je te jure que je viens de te croiser dans le couloir en revenant du garde-manger ! »
Le phénix ne s'attarde pas sur le crime avoué par son commandant, au lieu de ça il se concentre sur la situation pour le moins étrange. S'il est ici et qu'un autre lui se dirige actuellement vers la chambre du capitaine, cela ne peut vouloir dire qu'une chose.
Ils se regardèrent dans les yeux avant de prononcer d'une même voix.
« Il y a un intrus abord. »
« Ace, réveille les commandants et déclenche l'alarme. Je vais à la chambre de Père. »
« D'accord, fais attention. Je ne sais pas comment il a fait, mais il était toi, on ne sait pas de quoi il est capable. »
Ils se séparèrent rapidement, fonçant chacun dans une direction différente. Qui que soit cet inconnu, il n'allait pas faire long feu.
