Mon Réveil, Mon Amour, Mon Existence, Ma Liberté

Disclaimer : pas à moi.

Note 1 : séquelle de Mon Sommeil, Ma Folie, Mon Réveil, Mon Amour. Mieux vaut lire cet OS d'abord même si c'est pas vraiment indispensable.

Note 2 : Je vous le jure ! Cette histoire se finira très vite. Un prologue, 3 chapitres et un épilogue. Le 3ème chapitre est en cours de finition. L'épilogue reste à écrire mais ça ira vite ! J'ai mis près d'un an à écrire cette histoire à cause des recherches qu'elle a nécessitée.

Dédicace : à Touta pour la béta. A Kitty pour m'avoir motiver à écrire.

Bonne lecture !!!

~*~

Je suis maintenant un shinigami.

Un véritable shinigami. Un vrai de vrai. Je suis mort. De mes propres mains, ou plutôt de mes propres dents. Du coup, je paye.

Je dois faucher des vies. Faire en sorte que ceux qui doivent mourir meurent et s'en aillent. Où ? J'en sais absolument rien et je m'en tape royal. Mais ils doivent partir. Et pas squatter comme je le fais. En même temps, c'est pas par choix. On m'a désigné. Qui ? J'en sais rien non plus. Apparemment ceux qui se suicident ne s'en vont pas. Ils restent jusqu'à ce qu'ils aient fini de payer. Un peu comme dans les contes de fantômes qui restent à cause d'œuvre inachevé. Enfin, je dis ça mais je suis sûr de rien. Toutes les personnes qui se suppriment ne finissent pas shinigami. Enfin, je crois.

Moi en tout cas, je dois rester et récolter les âmes et les faire partir. Et ceci jusqu'à ce que je récolte l'âme de celui qui m'a poussé au suicide…

Heero Yuy.

Jusqu'à ce qu'il meure, je suis condamné à rester sur cette terre, mort-vivant, immortel.

Mon monde à moi se résume à deux chose : mon taf et Heero.

Mon taf : faire en sorte de récolter les âmes et les envoyer ailleurs. Tiens d'ailleurs là, c'est ce que je suis entrain de faire. Je suis dans un hôpital. Un homme d'une quarantaine d'année vient de mourir d'une crise cardiaque. Trop de stress et de cigares d'après les toubibs. Lui et moi sommes sur le toit de l'hôpital et je contemple pensivement les lumières de la ville. Lui me regarde, hébété.

« Je suis mort ?

-Ouais.

-Vraiment mort ?

-Ouais.

-… C'est pas possible !

-…

-Je suis encore là. C'est une mauvaise blague, c'est ça ? C'est qui qui vous envoie ? Mon ex-femme ? C'est elle hein ? Elle me foutra donc jamais la paix !!! Combien elle vous a payé ?

-…

-Bon ça suffit, je retourne à l'intérieur. Et je vous jure que vous le paierez tous les deux. »

Typique des morts récents. Le déni. Ils refusent toujours d'accepter le fait qu'ils sont morts. Dans ces cas-là, je les laisse faire. De toute façon, ils se rendent vite compte de la réalité des choses. Genre là, il va vraiment avoir du mal à ouvrir la porte.

Il tend la main vers la poignée et la traverse. Il se secoue la tête, genre « je viens d'avoir une hallu et j'ai tout simplement raté la poignée ». Il réessaie plusieurs fois. Moi, j'attends qu'il se rende compte que, non, c'est pas une blague. Mais apparemment, ce gars est plutôt têtu et j'ai pas que ça à foutre. Je me dirige donc vers lui et le pousse violemment contre la porte. Porte qu'il traverse comme si c'était bêtement un hologramme. Je me concentre pour dématérialiser mon corps et traverse de même.

Il était là, de l'autre côté, les yeux écarquillés de terreur.

« Co… Comment est-ce possible ?

-T'es mort mec. Pas tout à fait fantôme, mais t'es plus humain.

-Plus… humain… »

Il fronce les sourcils en baissant la tête. Attention, phase deux. Après le déni…

« Qu'est-ce que vous m'avez fait ? »

… La colère. C'est toujours pareil. Et c'est toujours sur ma gueule que ça retombe. Comme si j'y pouvais quelque chose. Si vraiment j'avais un quelconque pouvoir sur la vie des gens, ça ferait perpète que Heero serait mort… Enfin, là, ce type se met à me hurler dessus.

« Pourquoi vous avez ça ? Pourquoi moi ? Hein ? Ca vous éclate de tuer des gens ? Un père de famille ? J'ai rien fait pour mériter ça ! Espèce de fils de pute ! »

Il arme son poing et essaye de m'en mettre une. Sauf que son poing me traverse le visage. Et c'est franchement désagréable. Quand un mort essaye de nous toucher mais qu'il nous traverse, on ressent tout. Absolument tout ce qu'ils ressentent. Toutes leurs émotions. Elles m'envahissent. Me pénètrent. Me violent. Et là, la colère de cet homme me submerge et sans que je m'en rende compte, je lui rends son coup.

Si un mort ne peut pas me toucher sans mon consentement (ils le peuvent si je le permets), le contraire n'est pas vrai. Privilège de Shinigami. Alors quand je lui rends son coup de poing, je lui en mets réellement une. Il recule donc sous le coup, surpris. La colère me quitte. Et lui se tient la joue. Mais bon, ce type est mort, il aura pas de bleu ni rien. Il n'a sans doute pas souffert du coup. Il a dû sentir une forte pression qui lui a fait tourner le visage. C'est sûrement le fait que j'ai pu le toucher et pas lui qui a du le surprendre. Logique.

« Et ouais mec, tu peux pas m'en mettre une mais moi, oui. T'es mort parce que t'as déconné avec ta santé. Si tu dois t'en prendre à quelqu'un, c'est pas à moi. Si tu crois en un dieu, c'est à cause de lui, sinon, c'est pour ta pomme. Point barre. Maintenant, moi, je suis là pour que tu te tires parce que t'as plus rien à foutre sur cette terre. Si tu vois un tunnel, prends-le. Pigé ? »

Il semble moins en colère. Phase deux terminée. Phase trois ?

« Alors c'est fini ? »

Il gémit. Je sens que la phase trois va s'enclencher. Le marchandage.

« Ouais.

-Ma femme et mes enfants ! Que vont-ils devenir ?

-J'en sais rien.

-Mon travail était notre seul revenu. Comment ils vont faire pour vivre sans moi ?

-…

-Qui payera les factures ? Qui payera l'école privée de Yoan ? Et Elisabeth, mon petit génie du piano, qui payera ses cours ? Comment ma femme pourra-t-elle joindre les deux bouts maintenant ? Elle n'a jamais travaillé. Elle n'a aucune qualification ! Comment elle pourrait trouver un travail ? Comment ?

-…

-Et si mon ex-femme revient pour lui pourrir la vie ? J'ai un petit capital. Elle va vouloir tout récolter. Et Susan n'est pas prête à l'affronter.

-…

-Je peux pas les laisser comme ça ! Non ! Je ne peux pas ! Je pourrais pas revenir ? Promis, je ferais plus attention à ma santé… Je… je ferais des efforts pour être plus… plus présent… et… Je ferais tout ce que vous voudrez. Laissez-moi plus de temps !

-Typique.

-Je vous demande pardon ?

-Typique j'ai dis. Vous êtes tous là à chialer sur le sort de votre famille alors que ce que vous voulez c'est vivre sous le prétexte que vous êtes indispensable. Désolé mon vieux mais c'est trop tard. T'es mort et bientôt enterré. Ta femme t'oubliera sûrement dans les bras de ton meilleur pote. Quant à tes mômes, ils s'en remettront. Et ton ex-femme récoltera certainement tout ton héritage. De toute façon t'y peux plus rien. Fallait vivre avant !

-… »

Il ouvre la bouche pour rétorquer, mais finalement il la ferme. Il cligne des yeux avant de m'envoyer un regard que je qualifierais de bovin. Genre à moitié larmoyant, mais sans larmes.

« Alors je suis vraiment mort…

-Ouais.

-Et je pourrais vraiment pas retourner vers ma femme et ma famille ?

-Non. »

Il baisse la tête et regarde ses mains. Il les tourne et les retourne avant de laisser tomber les bras.

En avant pour la phase quatre. Celle que je supporte le moins. La dépression, l'abattement. En avant pour la pleurnicherie, les mouchoirs et la rétrospection. Et là, c'est le plus saoulant. Y a des morts qui chouinent plus que d'autres. Et j'espère franchement qu'il va être moins chiant que les autres. Et qu'il va vite passer à la dernière phase, l'acceptation. Qu'il se casse enfin !

« Vous croyez vraiment que je vais pas leur manquer ? Qu'ils peuvent vivre sans moi ?

-…

-Et moi ? Je peux pas vivre sans eux. Est-ce qu'ils vont aller bien malgré tout ? Est-ce…

-Oh putain ! Arrête de pleurnicher, ça changera rien ! Ils vont vivre un point c'est tout. Plus ou moins bien comme la plupart des gens. Malheureux ou non, ça changera rien pour toi.

-… Vous êtes pas censé être un ange qui remonte le moral des personnes qui viennent de mourir en les rassurant sur le sort futur de leurs proches ?

-C'est un mythe. J'suis pas un ange. J'suis un shinigami. Moi, j'vous délivre et j'vous livre. Quant à vous rassurer sur l'avenir, allez consulter un devin. Alors, dépêchez-vous de vous tirer d'ici, j'ai autre chose à foutre !

-…

-…

-… Je passe par cette porte là ?

-Ouais.

-Et où est-ce que je vais aller ?

-Dans une grande machine à laver à recycler les âmes. Félicitation ! Vous allez être réincarné.

-Réincarner ? En quoi ?

-En sangsue ou en moule, au choix.

-… Vous savez, vous devriez changer de comportement ou arrêtez de guider les âmes. Vous êtes vraiment pas fait pour ça.

-… C'est pas comme si j'avais le choix. »

Sur ce, il franchit la porte. Ouais, je suis désagréable. C'est mon taf de récolter des âmes jusqu'à ce qu'il meure, mais y a pas écrit dans mon contrat que je dois faire preuve de patience, et de compréhension, et de gentillesse. Je fais mon taf parce qu'il faut que je le fasse.

Ouais, il faut que je le fasse. Au début, j'ai essayé de m'y soustraire, de pas les délivrer de leur enveloppe charnelle. Tout simplement parce que j'avais pas envie de jouer selon leurs règles. Et parallèlement, j'avais une guerre à terminer. Et puis peu à peu, les voix de ceux que je devais délivrer envahirent mon esprit. Des cris et des hurlements. En temps normal, j'en aurai eu rien à foutre si j'avais pu les ignorer. Sauf qu'au bout d'un moment, c'était tout mon corps qui résonnait.

Alors, pour avoir la paix, je fais mon taf. Je récolte les âmes et les dirige vers la porte. Je sais pas vraiment s'ils vont être réincarnés après avoir franchi cette porte. Ça, c'est ma théorie. Je me dis que c'est plus fun de penser qu'on se réincarne que de partir en enfer ou au paradis. Enfin, je dis ça, mais c'est sûrement parce que je bosse en tant qu'humain dans une entreprise de recyclage avec Hilde et Howard… Déformation professionnelle, hein ? En tout cas, ça reste un truc chiant à faire. Parce qu'en plus, je dois pas seulement récolter les âmes sur L2. Nan, ça aurait été trop simple. Non, je dois parfois traverser littéralement l'espace pour délivrer une âme. Mais bon, j'ai réussi à m'arranger avec les H2. C'est moi qui me balade dans l'espace pour récupérer les déchets qui trainent et qui peuvent être recyclés. Du coup, ils me voient pas trop. Et mon extrême jeunesse est mise sur le compte du « passer une grosse partie de sa vie en apesanteur freine le vieillissement ». Jeter toutes vos crèmes antiride, Duo Maxwell a trouvé la solution !!! Quelle foutaise !

Plus jeune je me suis toujours targué d'être un shinigami, Dieu de la Mort, qui fauche les vies avec une faux thermique. Je me prétendais être la main droite de la Mort elle-même. Et j'en étais plutôt fier.

Quelle connerie !

Etre un shinigami, c'est chiant. Récolter des âmes, c'est saoulant. Etre un mort-vivant, c'est gênant.

Je ne dors pas, je ne mange pas, je ne bois pas, je n'ai jamais froid, ni chaud. Je pourrais essayer de me faire mal, je ne ressens pas la douleur.

J'ai vraiment tout essayé. Dormir : impossible, les voix de ceux que je dois délivrer m'en empêche et de toute manière, je ne ressens pas la fatigue. En fait, je crois que mon corps est incapable de ressentir la fatigue. Normal puisqu'il est mort…

Manger : les aliments n'ont aucun goût, aucune saveur. Je pourrais manger du chocolat, une pizza ou bien une chaussure, le goût reste le même.

Boire : idem. Je n'ai jamais soif. Je peux m'enfiler trois litre d'eau ou de coca ou de pur whisky, aucun changement. Même goût.

Je ne ressens ni la chaleur, ni le froid. Je pourrais me promener avec une combinaison de ski, bonnet, écharpe et grosse moumoute en plein été avec une température approchant les 40, si je le voulais… ou plus exactement si je pouvais passer inaperçu avec un accoutrement pareil. Idem pour le froid, je pourrais me promener nu en arctique.

Quant à la sensation de douleur, j'avoue, pour me soustraire du taf de shinigami, j'ai essayé de mourir pour de bon. Me planter un couteau dans le cœur… sauf qu'il ne battait déjà plus. Me couper encore une fois les veines… sauf que je n'avais plus de sang à verser. Me tirer une balle dans la tête… j'avoue que celle-là a été hardcore. Il a fallu quand même un bon mois avant que je puisse sortir de chez moi, le temps que je cicatrise ou plutôt que les tissus de mon visage se reconstruise sans la moindre cicatrice.

J'avais envisagé la décapitation, l'immolation par le feu, tout les trucs les plus gore que l'on voit dans les films d'horreur, mais la balle dans la tête m'avait convaincu que de toute évidence, je pourrais pas mourir du tout.

Autre inconvénient, c'est que je suis théoriquement mort. Et je ne devrais donc avoir aucun impact sur les vivants. J'aurai dû rester caché. J'aurai dû leur faire croire que j'avais disparu. Je ne devais donc pas continuer la guerre. Or, après qu'il m'ait délivré, j'ai continué comme si j'étais encore vivant. Je me foutais alors des règles. Grossière erreur. J'avoue.

En tant que shinigami, je devais juste récolter les âmes. L'âme de ceux qui meurent reste emprisonnée dans l'enveloppe charnelle. Et mon boulot, c'est de les en délivrer. Puis attendre qu'elles veuillent bien emprunter ce foutu tunnel. Mais un shinigami n'a pas le droit de vie ou de mort sur les mortels. Ils n'ont pas le droit d'interférer dans la vie des vivants sous peine de prolonger ou raccourcir anormalement leur espérance de vie. Et si cela arrivait, le shinigami en paierait le prix. Et lorsque j'ai fait explosé pour la première fois un mobil suit avec son pilote, j'ai payé le prix. Et quel prix !

Une douleur. Intense. Surhumaine. J'avais eu l'impression que mon corps immortel s'embrassait sur place. J'avais l'impression que des flammes blanches me consumaient de l'intérieur. Et, aussi vite qu'elle était arrivée, cette sensation s'est dissipée. Et n'est resté qu'un sentiment de vide.

Apparemment, la personne que j'avais tuée ne devait pas mourir ce jour-là. Et j'ai ressenti toute ce qu'elle avait dû ressentir en l'espace d'une seconde. Même pas.

Je disais plus tôt que je ne ressentais pas la douleur. Je devrais préciser. Je ne ressens aucunement la douleur infligée pas moi-même ou par les vivants. Uniquement celle des morts que je vole. Ceux que je tue.

Autant dire que la fin de cette guerre a été un calvaire. J'ai vraiment essayé de tuer le moins de monde possible, d'avoir le moins d'impact possible sur le destin des autres. C'était vraiment pas évident. Heureusement pour moi, ceux dont l'espérance de vie avait malencontreusement rallongée, ceux qui s'occupaient d'ôter leur vie (je sais vraiment pas comme ils s'appellent et très franchement je m'en balance un peu) tentaient de les tuer différemment. Genre un accident de voiture, de navette. Maladie foudroyante. Crise cardiaque. Et bien d'autre. Et évidemment, c'était à moi de les délivrer. Parce que j'étais responsable…

Lorsque la mini terroriste a voulu remettre ça avec son coup d'état à la manque, j'avais vraiment les boules. Après la guerre, j'avais fais profil bas. Genre je me mouille pas, je reste avec les Sweepers et je me la joue tranquille. Et là, il fallait reprendre les armes. Heureusement, on avait tous décidé de tuer personne. De toute façon, j'en avais vraiment pas envie. Et bon, je m'en suis pas trop mal sorti. Et c'est à ce moment là que j'ai compris que je pouvais plus rester dans le monde des vivants.

Parce que vivre dans ce monde est épuisant. D'un, il allait falloir que je disparaisse bientôt de la vie de mes « amis » actuels : Hilde et Howard. Parce que le souci majeur est que mon corps ne vieilli pas. La plaie ! Je vais rester au stade pré-adulte tout le restant de mon existence dans ce monde. Un gamin de 15 piges. Et quand on approche théoriquement de la vingtaine, et bien on peut limite encore faire illusion, genre maturation tardive, mais les doutes commenceraient vite à surgir. De deux, c'était vraiment épuisant de faire attention à chacun de ses actes, à la moindre parole pour ne pas se trahir et influer sur leur futur, sur leur mort.

Et ouais, ça va faire bientôt 5 ans que j'attendais ma délivrance.

Et ma délivrance, c'est Heero Yuy.

La mort de Heero Yuy.

Mon obsession. Ma damnation. Ma promesse de libération.

Heero que je surveille encore. Que j'épie. Témoin de tous ses petits bonheurs et de tous ses petits malheurs. Que je vois entrain de vivre. De s'épanouir. De devenir un homme. Et quel homme ! Lui seul me donne chaud. Lui seul me fait froid dans le dos. Lui seul me donne faim. Faim de lui. Lui seul me donne soif. Soif de lui. Lui seul me fait souffrir.

Et chaque jour qui passe le rapproche un peu plus inexorablement de sa mort. Et j'espère juste qu'Elle arrive bientôt…

~*~

La suite ? La semaine prochaine !

En attendant… j'ai vraiment besoin d'avis ! Gros bisous et bonne année !!!!!!!!!!!!!