POV Conan

-Je suis enceinte.

C'est une des phrases venant de Shiho Miyano qui m'a le plus surpris. Quand elle me l'a dit, j'ai beugué. Qu'est-ce que j'étais censé dire ? Félicitations ? Elles n'étaient pas de rigueur cette fois ci. Ou peut-être l'étaient-elles. Mais je n'ai pas pu les lui offrir.

POV externe (pour le reste de la fic')

Conan et Haibara avaient grandis dans l'ombre de l'organisation, toujours pas réduite à néant. Conan avait eu vingt et un ans il y a trois semaines, et ce jour-là, une chose exceptionnelle s'était passée. Il avait eu une relation sexuelle avec sa meilleure amie. On a tendance à voir ces relations de mauvaises façons, pouvant détruire une amitié, mais certaines fois, elles peuvent conduire à de belles histoire.

L'alcool avait un peu coulé ce soir-là. Ai était assise en tailleur dans le canapé face à Conan à l'autre bout, les jambes étendues le long du sofa bleu pétrole. En face du sofa se trouvait une baie vitrée qui donnait sur les toits de Toyo, et on pouvait distinguer dans la nuit les nombreux immeubles illuminés. Entre ladite fenêtre et eux, une télévision, et une table basse en verre encombrée. La cuisine sur leur gauche qui était de type « cuisine américaine », c'est-à-dire séparée de la pièce principale par un bar, donnait dans les tons de bois marron clair. Haibara reprit un air sérieux, après plusieurs heures de rires.

-Tu crois que l'organisation me recherche encore ? demande Ai.

-Je ne sais pas... Mais une chose est sure, elle existe toujours, souffla Conan.

-Je sais. Chris Vineyard a eu une prétendue fille, et elle est morte. Et voilà une nouvelle actrice. Mais toujours Vermouth, avec le même âge.

-Et Vermouth ne cessera jamais de te poursuivre, je pense. Toutes nos confrontations avec l'organisation le prouvent. Tu sais trop de choses sur eux pour qu'ils te laissent en liberté.

-Maintenant, on ressemble à nos alter égos en plus.

-Ouais.

-Ça craint.

Ai amena son verre à ses lèvres, et bu quelques gorgées du breuvage qui coula le long de sa gorge. Elle décroisa ses jambes, et s'allongea comme son meilleur ami, avec les jambes à moitié affalées sur les siennes.

-Et Gin ? demanda-t-elle en remuant en cercle son verre.

-Il est buté, et à cheval sur la trahison. Mais ça va quand même faire plus de quinze ans, il a pris de l'âge. Et puis, on ne l'a pas vu depuis deux ans et demi.

-Une quinzaine d'années que tu traques l'organisation, et on ne l'a pas vue depuis deux ans. Toujours envie d'un antidote ?

-Très drôle Ai, railla-t-il en s'adossant contre le dossier du sofa et en mettant les jambes de la jeune femme sur ses genoux, et en la caressant avec son pouce. Tu sais très bien que j'ai abandonné cette idée il y a longtemps, et que maintenant, je veux détruire l'organisation pour une autre raison.

Le visage d'Ai s'assombrit quelques secondes, avant qu'elle ne reprenne :

-Vivre une deuxième fois l'adolescence, quelle chance.

-Bah... je le voulais pour Ran, mais elle a trente ans. Je me vois mal débarquer maintenant en mode « je suis de retour ! ».

-Et elle est mariée. Et elle a une fille.

-Tu aimes remuer le couteau dans la plaie, hein ?

-Tu ne me connais pas encore, Kudo ? dit-elle en se redressant et en allongeant son buste sur ses jambes, se rapprochant de Conan un sourire aux lèvres, l'esprit un peu embrumé. De toutes façons, tu l'as oubliée.

Elle inspira profondément.

-On est censés avoir trente ans.

-De ce point de vue, c'est plus comme si on en avait gagné dix.

-Tu t'imaginais comment à trente ans ? lui demanda-t-elle.

-Marié à Ran, je suppose.

-Des enfants ?

-Deux. Et toi ?

-Je n'avais pas d'avenir de toutes façons.

Conan prit un air pensif. Si sa sœur n'avait pas été tuée par Gin, Ai serait toujours à l'organisation, et elle n'aurait pas rétréci. C'est ce que le commun des mortels pourrait appeler un mal pour un bien, mais le simple fait qu'il puisse voir cet évènement de cette façon lui donnait envie de vomir. Elle le ramena de ses pensées qui le dégoûtaient.

-En fait, tu m'as donné un avenir.

Elle regarda Conan dans les yeux, un regard sincère imprimé dans le regard. Elle se jeta dans ses bras et surpris d'abord, il referma doucement son étreinte, tandis qu'elle lui murmurait :

-Merci. Tu aurais pu me haïr tout ce temps, alors merci.

-Je ne pourrais jamais de haïr, Ai.

Il l'appelait rarement par son prénom, ils avaient pris l'habitude de s'appeler « Kudo » et « Haibara ». Même si Kudo n'était qu'une ombre du passé du jeune homme, elle continuait de l'appeler comme ça. Peut-être cette culpabilité qui la rongeait de l'intérieur et qu'elle maintenait inconsciemment en utilisant un nom qui n'avait plus lieu d'être. De la culpabilité ? Ridicule. C'était une responsabilité. Elle était responsable du rétrécissement de son ami. On dit que le temps répare les blessures du cœur, et c'est en partie vrai. Surement qu'avec le temps la petite fille qu'elle était avait en partie guérie. Conan y aidait tous les jours.

Ai se décrocha de son meilleur ami, et posa son front contre le sien. Leurs deux souffles se mélangeaient à un rythme calme, et leurs deux nez se frôlaient alors qu'ils avaient les yeux fermés. Ai bougea la tête légèrement.

-Qu'est-ce que tu fais ? demanda Conan dans un souffle.

-Je lâche prise, dit-elle dans un souffle.

Les lèvres de la métisse frôlèrent légèrement celles du détective, tandis qu'il descendait ses mains sur les hanches de son amie. Elle posa doucement ses lèvres sur celles du jeune homme, comme si elle se testait, et comme si elle le testait. Au bout de quelques secondes, comme s'ils s'étaient mis d'accord silencieusement, et que Conan avait finalement abandonné son appréhension, elle se décolla lentement de lui, et le regarda dans les yeux. Cette fois, ce fut lui qui se délecta des lèvres de son amie, pareilles à des cerises si savoureuses qu'il éprouvait le désir d'y goûter une nouvelle fois. Se cherchant à nouveau avec gourmandise, leur baiser se prolongea, devenant de plus en plus fougueux, déclenchant une tempête de sensation chez les deux amants. La jeune fille aux cheveux auburn posa ses mains un peu en arrière des oreilles de Conan, contractant les deux dernières phalanges comme si elle ne voulait plus le lâcher, et lui entrelaça ses doigts fins dans les cheveux d'Haibara, l'embrassant le long de la mâchoire, lui mordillant l'oreille et s'enivrant de l'odeur de sa partenaire.

(Passage très oléolé, je précise)

Quand ils se séparèrent, elle se relava, et l'entraina en lui attrapa la main. Une fois sur leurs quatre jambes, il releva sa main, croisée à celle d'Ai, au niveau de leurs visages. Alors qu'elle avait le visage tourné, et le cou dégagé, il en profita pour lui déposer une myriade de baisers dans le cou, avant de descendre au niveau de la clavicule, ce qui accéléra la respiration de la chimiste et satisfit le détective.

Sans qu'elle ne sache vraiment comment, elle se retrouva colée à mur frais, contrastant avec la chaleur du corps de Conan contre le sien. Un frisson lui parcouru l'échine alors qu'il lui chuchotait des choses tout à fait torrides à l'oreille. La bretelle de son débardeur glissa le long de son bras gauche, mais n'y resta pas longtemps, le haut retiré délicatement par des mains douces qui ne touchaient presque pas la peau de pêche, la frôlant de peur de la froisser, coupant leurs baisers plein de d'ardeur, qui reprirent la seconde d'après, les deux amants emportés par leur passion. Les mains de la chimiste descendirent au niveau de la ceinture du détective, la débouclant et s'attardant un peu plus à ce qui se trouvait en dessous.

Conan se raidit légèrement avant de se décontracter, appréciant les caresses de sa compagne, son souffle chaud et son appétit dévorant. Il embrassa le cou de la jeune femme désormais dénudée de son débardeur, se rapprochant du point le plus sensible de sa poitrine, entrainant des gémissements de la part de la chimiste. Elle entreprit de défaire les boutons de chemise de Conan, glissant le long de son torse sensuellement, et le dénudant, appréciant sa fine musculature, et sa peau frissonnante. Quelques secondes ils s'arrêtèrent, se regardèrent, sans se juger, juste pour s'apprécier l'un l'autre, puis reprirent là où ils s'étaient arrêtés, consumés par leur passion libérée.

S'entrelaçant et s'embrassant, ils finirent bientôt nus tous les deux dans une chambre. Ils ne savaient pas vraiment où ils étaient, juste avec qui. C'était tout ce qui importait à ce moment-là. Ils s'allongèrent sur le lit, leurs corps s'entremêlant en libérant la tension accumulée pendant ces années, fusionnant comme des âmes sœurs. Elle avait connu d'autres hommes, mais Conan, c'était une chaleur qu'elle n'avait jamais connue, il lui donnait de l'amour en même temps qu'il lui faisait.

(Fin passage oléolé -ce mot est juste génial)

Le lendemain, Ai se releva en appui sur ses mains. Conan était allongé sur le ventre, la tête posée sur l'oreiller, et il ronflait doucement. La moindre appréhension qu'elle aurait pu avoir disparu instantanément quand cette respiration se stoppa, et que la personne à laquelle elle appartenait lui attrapa la main pour l'attirer à elle.

-On n'a pas le temps de trainer, chuchota-t-elle après plusieurs minutes de calme total.

Conan se tourna vers elle.

-C'est nul.

Ai souri en rigolant légèrement dans un souffle.

-Je sais. Mais on a du boulot.

Ils se levèrent tous les deux. Le jeune détective ouvrit les rideaux en grands, dévoilant une vue sur les toits de Tokyo, en haut d'un immeuble. Le soleil venait de se lever, mais des nuages obscurcissaient l'horizon. On entendait la pluie battre contre la fenêtre, et elle floutait le paysage qui s'offrait aux deux amants. Ils se dirigèrent dans la cuisine, et paniquèrent de manière quasiment immédiate en voyant l'heure : ils étaient en retard. Courant partout dans l'appartement, la sonnerie retentit alors qu'ils n'étaient pas prêts. Ai sorti de sa chambre en sous-vêtements :

-Mais il est toujours obligé d'arriver en avance ?

-Ch'en chais rien, il doit aimer cha ! répondit Conan avec une tartine dans la bouche.

-Tu vas lui répondre ?

-Oui !

Conan sauta jusqu'à l'interphone tout en enfilant son pantalon. Il appuya sur un bouton.

-Oui ?

-Et bien, qu'est-ce que vous faites ?

-On descend, monsieur l'impatient.

« Monsieur l'impatient » relâcha le bouton de son côté, coupant ainsi la communication. De son côté, Conan râlait en l'imitant avec une voix aiguë, ce qui fit rire Ai. C'est en courant toujours qu'ils descendirent les escaliers, l'ascenseur prenant trop de temps pour arriver. L'entrée de l'immeuble étant en verre, ils voyaient très bien la voiture qui les attendaient, avec le conducteur qui tapotait sur le volant, agacé.

Les deux jeunes entrèrent à l'arrière de la voiture précipitamment. Le conducteur dit dans le vide :

-Vous en avez mis du temps.

Conan pointa le tableau de bord du doigt :

-Euh, regarde l'heure, Akai, on a que quatre minutes de retard, c'est toi qui était en avance.

Le conducteur aux cheveux noirs, qui portait toujours son bonnet, se retourna en s'appuyant sur le dossier d'à côté :

-Je… Vous ressemblez à rien.

Ai plissa ses yeux. Oui, en effet, les cheveux de Conan ne ressemblaient à rien, elle avait l'air d'être debout depuis trente seconde et ils avaient un style moisi ce jour. Conan répondit :

-On s'est levé en retard. Et on a couru.

-Très bien, déclara l'agent du FBI en démarrant la voiture.

Ils allèrent tous les trois dans un bâtiment qui ressemblait à s'y méprendre à un immeuble de bureaux. Ils montèrent dans l'ascenseur, et Ai les quitta un étage en dessous de la destination finale de Conan et Akai. Les portes s'ouvrirent en grand, et Masumi les accueillis avec les poings sur les hanches :

-Vous êtes en retard, on vous attend !

-C'est une manie de famille ? demanda Conan. On a seulement quelques minutes de retard !

-Tu travailles au FBI, Shinichi Kudo. Tu ne peux pas te permettre d'arriver en retard, ajouta Jodie qui venait de sortir de la porte des escaliers, essoufflée. Akai souleva un sourcil :

-Qu'est-ce que tu faisais ?

-Je… vous bloquiez l'ascenseur, alors j'ai décidé de prendre les escaliers.

-Ah Ah ! Elle est encore plus en retard que moi ! cria à moitié Conan en la pointant du doigt.

Une personne sortit de la pièce du fond, l'air impatient :

-Bon alors ? Vous arrivez ?

Akai se redressa. Il venait de passer en mode FBI. Les quatre personnes reprirent leur sérieux, et entrèrent dans la pièce pour résoudre des crimes. A l'étage du dessous, Ai faisait ce pourquoi elle était douée : de la biochimie moléculaire au service du FBI. C'était la condition. Ils seraient en permanence protégés, mais ils devaient travailler pour eux.